La conversation étant à la fois intéressante, et à la fois divergente (vergente) du sujet initial, nous la poursuivons ici sur le conseil de Lady Sky et de l'équipe de modération.
Initialement, il s'agissait pour chacun d'évoquer les premiers souvenirs où nous nous étions aperçus d'un sentiment de décalage avec les autres, pairs et / ou entourage. Cette conversation a conduit quelques intervenants (Nyx, doodle, Kliban, notamment - si j'ai commis un oubli, toutes mes excuses, envoyez-moi un mp pour râler -mais sans gros mots - et je rectifierais ... ) à évoquer des souvenirs d'enfance parlant non seulement de décalage, mais aussi de l'incompréhension que nous avons rencontrée de la part de nos parents...
Ce sujet de discussion a donc pour but l'échange autour du thème : Partageons nos savoureux souvenirs d'enfance, les décalages entre nos questions et les réponses de nos parents, qui parfois ne nous comprenaient pas toujours. Quels étaient nos ressentis d'alors, avons nous trouvé des stratégies de compensation, comment éventuellement éviter ça en tant que parent. Et comme on n'est pas sectaires, on ne jettera d'ailleurs pas de cailloux sur les parents qui viennent faire part des difficultés rencontrées pour comprendre leur(s) enfant(s) et satisfaire à leurs questions, car les parents sont bienvenus!
Nyx a écrit :Moi, depuis toujours je crois. Depuis que j'ai été capable de penser.
J'étais une enfant très timide alors forcément ça n'aide pas.
Mais en remontant à mes souvenirs les plus lointains, je crois que je suis devenue timide justement parce que je me sentais incomprise. Vers l'âge de 2-3 ans quand j'ai commencé à parler j'imagine. Moi aussi je trouve ça bizarre mais ma mère et mon carnet de santé confirment...
(je dis "je crois" car jai eu un flash back des sentiments qui m'ont conduit au silence, mais la mémoire n'est pas non plus la source la plus fiable)
Je me souviens que quand j'avais 5 ans à peu près, les adultes ne m'écoutaient pas, ils reformulaient tout ce que je disais pour l'adapter au langage d'une petite fille qui s'exprime mal.
C'était presque comme s'ils ne m'entendaient pas, ils déformaient tout parce que leur esprit ne pouvait pas concevoir que ce que je disais puisse être sensé. Pour donner un exemple:
*Flash Back*
Une fois j'étais avec ma cousine plus âgée, et mon grand père nous apprenait des mots de je ne sais plus quelle langue. Et pendant ce temps, je jouais avec des cacahuètes ou je ne sais trop quoi trouvé sur la table, en leur faisant jouer le rôle d'un grand père étranger qui apprenait à sa petite fille des mots de français. Alors pendant qu'on demandait à mon grand père "Comment on dit ceci? comment on dit cela?", j'en profitais pour demander du vocabulaire pour pouvoir faire les petites voix des cacahuètes. "comment on dit papy?" etc. puis j'étais dans une conversation dans mon petit monde et la petite fille cacahuète dit à son papy cacahuète "comment ça s'appelle ..." j'avais déjà la suite de ma phrase mais il manquait cette expressions.
Alors imaginez une petite fille de 5 ans qui demande "Comment on dit "comment ça s'appelle"?"
Avec la ponctuation passe encore mais à l'oral c'est un peu ambigu, donc j'ai eu droit à une tonne d'interprétation "quoi? tu demande le nom de la langue? je comprends pas, qu'est ce que tu veux savoir?"
_ mais non, je demande comment on dit "comment ça s'appelle"
etc. j'avais beau répéter, c'est comme si on ne m'entendait pas. Et ça m'a fait ça plein plein de fois, les maitresses, les parents, la famille, et les autres.
Voilà pour la petite autobiographie... et donc toujours ce sentiment de décalage jusqu'à aujourd'hui.
Tiens moi aussi, c'est bizarre. Même jusqu'à aujourd'hui, la plupart de mes amis ont 1 an de moins. Mais depuis que j'ai eu le bac j'ai commencé à me faire des amis plus vieux aussi, avec toutes les réorientations on ne regarde même plus les âges.Kan a écrit :Je ne sais pas si ça a directement quelque chose à voir avec ce topic. Mais c'est quelque chose qui vient de me venir à l'esprit :
Quand j'étais plus jeune ( il me semble vers la période école primaire-collège) je préférais jouer avec des enfants plus jeunes que moi.
Je me demande pourquoi. Est-ce que d'autres se sentent concernés ?
Mais à l'école primaire je me souviens que trainais de temps en temps avec ceux de la classe en dessous. Et dans ma famille j'ai toujours été plus proches de mes petits cousins que des grands. J'ai toujours pensé que j'étais immature ou que j'avais 1 ou 2 ans de moins dans ma tête, mais en fait je crois plutôt que j'avais l'impression d'être jugée avec les grands, et pas avec les petits. Enfant j'étais gentille, innocente, beaucoup trop généreuse, dénuée de toute malveillance. Je n'ai jamais compris la méchanceté alors plus mes amis étaient jeunes, plus ils étaient innocents comme moi.
Et j'ai remarqué qu'encore aujourd'hui je suis capable de raisonner en enfant. Des fois j'ai des patients enfants et je les comprends mieux que leurs parents. J'ai l'impression que j'entends les enfants. Quand ils racontent leur charabia, pour moi ça a un sens, puis j'entend les parents dire "il est dans son monde" ou "elle raconte n'importe quoi", des trucs comme ça...
D'ailleurs je ne fais pas que raisonner comme un enfant: j'ai la concentration d'un enfant, je regarde des dessins animés et je vais à Disneyland, il m'arrive de parler à des peluches ou à tous les objets en fait... à une époque je pensais être une femme-enfant sauf que je suis sage et patiente. Donc je suis juste... un peu bizarre.
Zyghna a écrit :C'est normal de parler à 2-3 ans...
Nyx a écrit :Oups je ne savais pas, on m'a dit que je parlais avant de savoir marcher et qu'à 2 ans je faisais des phrases complètes alors que les autres balbutaient des mots... Enfin je ne sais pas l'âge, mais je sais que mon entourage était étonnée par un décalage... Peut être pas si important en fin de compte
Tipiak a écrit :Nyx, il y a beaucoup dans ce que tu dis qui me rappelle ma propre histoire.
Le sentiment d'être perpétuellement immature, et le fait d'être incompris par les adultes...
Un jour, dans mon enfance, j'ai voulu savoir d'où venait l'envie de pleurer, à partir de quelle "graduation de tristesse" on pleurait. Mais comme j'étais petit (genre 4-5 ans), je n'ai pu dire que "Maman, ça vient d'où le pleurer?"
Réponse:
-Hein? la purée? on la fait avec des pommes de terre...
-Non, le pleurer, quand on pleure!
-Bah ça vient des yeux
-Non, pas ça, mais quand on pleure!
-Bah les larmes sont fabriquées par les yeux, on pleure quand on est triste...
Et là j'ai abandonné.
Ou alors, des fois à la télé ça parlait de rougeole, ou d'autres maladies.. A chaque fois je demandais :
-Maman, c'est quoi la rougeole?
-Bah c'est une maladie...
-(en mon fort intérieur : merci, je sais, ils viennent de le dire dans la télé, prends-moi pour un jambon!) Oui, mais ça fait quoi cette maladie?
-Bah ça nous rend malades
Et re-abandon. Moi je voulais juste savoir les symptômes par lesquels on reconnaissait cette maladie, mais je connaissais pas le mot symptôme. Ou alors ma mère n'avait ptêt pas la réponse, ou jugeait celle-ci inappropriée à mon âge, je ne sais pas...
Et sinon, je vais aussi à disneyland, je regarde my little pony et Corneil et Bernie, et quand je fais les courses, je m'achète souvent des jouets.
Pour ce qui est le fait d'avoir l'impression de mieux comprendre les jeunes patients que leur parents... Comme je compatis... Pis c'est délicat d'expliquer le fonctionnement de son propre enfant à quelqu'un sans le faire se sentir nul comme parent.
Mais je conçois tout à fait qu'on puisse toujours raisonner comme un enfant : Petit, je trouvais les adultes tellement à côté de la plaque et incapable de me comprendre, que je me suis juré de ne jamais oublier ce que c'est d'être un enfant. Et je pense avoir un peu réussi. (D'ailleurs, je ne comprends pas qu'on puisse accepter de marcher sur les lignes entres les dalles, ou sur autre chose que la bordure du trottoir ou le muret quand il y en a un...)
Merci donc pour ton témoignage, il me fait me sentir moins seul
Nyx a écrit :Ouah c'est exactement ça! Je me suis fait la même promesse! De ne jamais oublier ce que ça fait d'être un enfant, parce que j'avais l'impression que les adultes avaient oublié et qu'ils étaient devenus totalement différents.
C'est fou, je ne pensais pas voir un jour quelqu'un d'autre dire ça.
J'avais même envie de tenir un journal sur les relations enfant-adulte car j'avais peur d'être frappée par cette "amnésie" qui semblait toucher les adultes. Je voulais pouvoir relire mes mots d'enfants le jour où j'aurais moi-même des enfants pour pouvoir comprendre leur langage mais au final ça n'est pas arrivé, je n'ai pas oublié, et je traverse en courant sur les lignes blanches.
Peut être que c'est notre incompréhension des "adultes" qui fait qu'on s'est raccrochés à l'enfance pour ne pas devenir comme eux, d'où le sentiment d'être immature.
doodle a écrit :- Premiers souvenirs (vers 2-3 ans) : penser, réfléchir, systématiser. Très fier de mes trouvailles.
- Premier contact avec l'autre (maternelle/crèche à 3 ans, avant ça seul avec maman) : catastrophe, impossible de trouver ma place, ça fait peur, ça fait mal, ça rend triste et découverte de l'injustice. Ma mère m'a retiré de là direct, je n'y suis retourné qu'un an plus tard. Moins pire par la suite, mais décalé durant toute ma scolarité, avec les élèves comme avec la majorité des professeurs (exception faite de 2,3 profs géniaux, très exigeants... et probablement HQI).
doodle a écrit :Oh mon dieu !Tipiak a écrit :Un jour, dans mon enfance, j'ai voulu savoir d'où venait l'envie de pleurer, à partir de quelle "graduation de tristesse" on pleurait. Mais comme j'étais petit (genre 4-5 ans), je n'ai pu dire que "Maman, ça vient d'où le pleurer?"
Réponse:
-Hein? la purée? on la fait avec des pommes de terre...
-Non, le pleurer, quand on pleure!
-Bah ça vient des yeux
-Non, pas ça, mais quand on pleure!
-Bah les larmes sont fabriquées par les yeux, on pleure quand on est triste...
Et là j'ai abandonné.
Je ne sais plus si ça a été mon cas.
Mais j'ai tout le temps l'impression que c'est ce que vit ma fille de 2 ans.
Hélas, même si je fais de mon mieux, c'est souvent si dûr de comprendre et de répondre.
Mais je ressens tout à fait sa frustration (que même en tant qu'adulte je connais encore) de ne pas pouvoir exprimer sa pensée.
Tu me fais culpabiliser !!!
Je comprends d'autant mieux pourquoi elle a été si pressée de parler et de sophistiquer son langage.
C'est vraiment un truc à cultiver en fait (au moins pour ces enfants là) : leur donner du vocabulaire, des outils.
Marre des amoureux du "Areuh Areuh" qui se plaignent que les enfants parlent trop bien, genre c'est moins mignon. Grrr !
Ah ça, j'ai vécu aussi !Ou alors, des fois à la télé ça parlait de rougeole, ou d'autres maladies.. A chaque fois je demandais :
-Maman, c'est quoi la rougeole?
-Bah c'est une maladie...
-(en mon fort intérieur : merci, je sais, ils viennent de le dire dans la télé, prends-moi pour un jambon!) Oui, mais ça fait quoi cette maladie?
-Bah ça nous rend malades
Et re-abandon. Moi je voulais juste savoir les symptômes par lesquels on reconnaissait cette maladie, mais je connaissais pas le mot symptôme. Ou alors ma mère n'avait ptêt pas la réponse, ou jugeait celle-ci inappropriée à mon âge, je ne sais pas...
Notamment cette réaction : "ils nous prennent (les enfants) vraiment pour des idiots".
...Et d'être outré quand on me disait que j'étais intelligent à cause d'un truc que j'avais dit et qui était pour moi d'une simplicité ou d'une banalité pas croyable (si ce n'est carrément une bêtise).
Alors que quand je m'était creusé la tête et étais un peu fier de moi, là il n'y avait jamais personne pour me dire c'est bien (...dans le meilleur des cas).
Oups, guilty.Pour ce qui est le fait d'avoir l'impression de mieux comprendre les jeunes patients que leur parents... Comme je compatis... Pis c'est délicat d'expliquer le fonctionnement de son propre enfant à quelqu'un sans le faire se sentir nul comme parent.
Et c'est pire quand on est un homme.
Dans mes bras !!!Mais je conçois tout à fait qu'on puisse toujours raisonner comme un enfant : Petit, je trouvais les adultes tellement à côté de la plaque et incapable de me comprendre, que je me suis juré de ne jamais oublier ce que c'est d'être un enfant. Et je pense avoir un peu réussi.
Je croyais être le seul.
Obsession qui m'a pris vers l'âge de 5 ans (de mémoire, à peu prêt) et m'a forcé à mémoriser un tas de trucs jusqu'à l'adolescence ou j'ai commencé à lâcher l'affaire. Jusqu'à mémoriser, des sensations, des instants, des images (même un arbre isolé dans la montagne qui est encore avec moi dans ma tête).
Pareil aussi.Nyx a écrit :Ouah c'est exactement ça! Je me suis fait la même promesse! De ne jamais oublier ce que ça fait d'être un enfant, parce que j'avais l'impression que les adultes avaient oublié et qu'ils étaient devenus totalement différents.
C'est fou, je ne pensais pas voir un jour quelqu'un d'autre dire ça.
J'avais même envie de tenir un journal sur les relations enfant-adulte car j'avais peur d'être frappée par cette "amnésie" qui semblait toucher les adultes.
Non mais c'est fou !
Sauf que moi je me rends bien compte que je suis devenu adulte. Et encore heureux en étant papa. Mais je crois que je sais encore bien comprendre les deux. Je suis bilingue, si on veut.
Kliban a écrit :Je ne me suis pas fait cette promesse là (je me suis fait la promesse de ne pas oublier ce qu'on en chie quand on est adolescent, et je n'ai pas trop oublié, du moins pour les ados HQI et/ou stigmatisés). Mais je n'ai pas eu besoin. Ca se voit pitête pas. Mais je suis le même môme qu'à huit ans. Non en fait : je suis un peu plus môme qu'à huit ans - à huit ans, poucrave, j'étais déjà bien enfermé, et là, ça se desserre un brin.doodle a écrit :Pareil aussi.Nyx a écrit :Ouah c'est exactement ça! Je me suis fait la même promesse! De ne jamais oublier ce que ça fait d'être un enfant, parce que j'avais l'impression que les adultes avaient oublié et qu'ils étaient devenus totalement différents.
C'est fou, je ne pensais pas voir un jour quelqu'un d'autre dire ça.
J'avais même envie de tenir un journal sur les relations enfant-adulte car j'avais peur d'être frappée par cette "amnésie" qui semblait toucher les adultes.
Non mais c'est fou !
Sauf que moi je me rends bien compte que je suis devenu adulte. Et encore heureux en étant papa. Mais je crois que je sais encore bien comprendre les deux. Je suis bilingue, si on veut.
Avec les mômes, c'est toujours space. Je n'aime pas du tout les considérer comme ces sucreries gnagnan qui sont à peine des personnes. En général on s'aime bien. Mais je ne rentre pour le moment pas trop dans leur univers - j'ai deux neveux.Parce que c'est très... fusionnel ? Non c'est pas ça. C'est comme si je perdais ma consistance d'adulte, je crois. Je pourrais faire les mêmes conneries sans y penser. Alors il y a un bout de moi qui reste très "il faut préserver la structure voulue par les parents" (surtout quand ce sont les enfants de mon frère, qui a certaines façons de faire quant à l'éducation de ses fils) et une autre du genre "oh et si on se mettait de la peinture plein les mains et qu'on allait faire des dessins avec sur les murs de la chambre des parents ?" - ingénument - pas parce c'est interdit en soi - mais parce que c'est exploratoire (comme c'est un interdit, on le sait vaguement, le faire présente un certain caractère excitant de nouveauté ).
Je viens de me foirer une carrière de baby sitter sur tout AS
doodle a écrit :Tipiak >
Merci !!!
Grace à toi grande révélation : ma fille de 2 ans qui demande tout le temps "pourquoi ?" veut en fait savoir "comment" (ou autre question à deviner). Je fais maintenant un effort de traduction (pifométrique) avant de répondre... et ça y est je sais lui répondre... et elle est ravie.
Merci, merci, mercis !
Tipiak a écrit :Ben... pas de quoi je me réjouis pour elle
Et sinon, ben content de voir que finalement, je ne suis pas si seul que ça à avoir traversé ce genre de frustrations.
Content aussi de voir que finalement, je ne suis pas si fou sous mon scalp que ça non plus.
Sur ce, je vais aller finir pokemon bleu!
Nyx a écrit :Ouah on est plusieurs en fait
C'est marrant de voir qu'on est plusieurs à avoir vécu ça ^^
Je pense que quand on devient parent on est obligés de devenir adulte quelque part, parce que même si on comprend les enfants, on est le parent de quelqu'un. Et je pense que c'est cool pour ta fille, parce que même si tu ne la comprends pas toujours (pas encore), tu comprends quand même qu'elle essaye de dire quelque chose et ne t'inquiète pas, ça va justement la pousser à développer son vocabulaire, pour arriver à se faire comprendre. Et je pense que bientôt la barrière de la langue va passer et là tu pourra comprendre de mieux en mieux ce qu'elle veut dire.doodle a écrit :Pareil aussi.
Non mais c'est fou !
Sauf que moi je me rends bien compte que je suis devenu adulte. Et encore heureux en étant papa. Mais je crois que je sais encore bien comprendre les deux. Je suis bilingue, si on veut.
Enfin j'imagine en tout cas. Tu es un cas intéressant : je me suis toujours demandée comment je serais en tant que parent. Moi, ou quelqu'un d'autre parce que je ne savais pas que d'autres avaient mon "super-pouvoir" ^^
Je me disais que peut être le fait d'être bien compris par ses parents va pousser l'enfant à développer sa pensée, se sentir soutenu etc. Alors j'espère que ça t'arrivera, pas juste pour confirmer ma théorie, mais parce que ça doit être génial de sentir que ton enfant se sent compris et peut continuer s'exprimer
Je n'aurai pas d'enfants avant un moment alors c'est intéressant de voir quelqu'un qui a un peu la même histoire dans le rôle du papa.
Avec mon père je jouais à faire des maths quand j'étais petite, je me souviens une fois il m'avait appris à compter de 5 en 5, je ne sais plus quel age j'avais, j'étais à la maternelle je crois, et il a appelé ma mère pour lui montrer, il était tout content et ma mère nous a regardés d'un air amusé "mais qu'est-ce qu'il fait faire à notre fille?". Mais c'était le seul sujet où on s'entendait, et quand le jeu que j'aimais bien s'est transformé en devoirs pour l'école tournés de façon compliquée qui m'a valu quelques mauvaises notes, notre seul sujet d'entente s'est transformé en conflit. Depuis, on ne s'est plus vraiment parlés...
Moi aussi c'est exactement ça, pendant un instant je suis dans l'univers de l'enfant, et à ce moment là je vois le parent avec des yeux d'enfants avant de me rappeler que je suis du mauvais côté. Un peu difficile à expliquer, mais je considère les enfants comme notre égal, et je n'aime pas voir les adultes les rabaisser en leur parlant comme à des débiles. Enfin ça m'est égal en fait, mais je n'arrive pas à entrer dans le jeu des adultes "ah la la les enfants, ils font n'importe quoi", quand je vois ça je me dis "ah ces adultes qui ne comprennent rien...". Mais je me tais et je fais semblant d'être une adulte parce que c'est à ça que je ressemble :pKliban a écrit : C'est comme si je perdais ma consistance d'adulte, je crois. Je pourrais faire les mêmes conneries sans y penser. Alors il y a un bout de moi qui reste très "il faut préserver la structure voulue par les parents" (surtout quand ce sont les enfants de mon frère, qui a certaines façons de faire quant à l'éducation de ses fils) et une autre du genre "oh et si on se mettait de la peinture plein les mains et qu'on allait faire des dessins avec sur les murs de la chambre des parents ?"
Elaïs a écrit :Puis-je tout de même répondre si je dis que je ne me souviens pas de quand date mon sentiment de décalage?
Rien que de vous lire me fait me sentir en décalage d'ailleurs
Je n'ai que très peu de souvenirs d'enfance, mon psy m'a demandé une fois quelle petite fille j'étais.pioufff, mystère: Je me suis rendue compte que je n'en savais rien.
Je crois que j'ai tout le temps du me sentir décalée mais je me disais que tout le monde ressentais cela, du coup, si tout le monde ressent le décalage, alors, je ne suis pas décalée!. Vous voyez ce que je veux dire ?
Bref, je crois que je peux tout de même dire que dès la première année de maternelle, je me suis sentie décalée, sauf que je ne m'en souviens plus, et tire cette conclusion du fait que ma mère m'a racontée que j'ai fais une dépréssion lors de mon entrée à l'école.
PS: mon fils me demande toujours pourquoi aussi, j'avais mis cela sur le compte de l'âge. Depuis que je sais pour moi, c'est vrai que j'entends "Comment "à la place de pourquoi et du coup, j'adapte.