À quand remonte votre sentiment de décalage, de différence...

Cette section est ouverte à tous les membres : elle doit permettre un partage d'expériences autour des problématiques liées à la découverte de la douance.
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saliaskim
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par saliaskim »

Je viens de tomber sur un e-mail échangé avec une amie en 2001, j'avais 18 ans. C'est pas très bien écrit mais ça me choque de retrouver ce genre de réflexion aussi loin en arrière et ça exprime pas trop mal ce sentiment de différence
Tu vois il y a une image complètement stupide qui me vient souvent à l'esprit... des fois je me vois comme une petite danseuse au fond d'une scène de spectacle... cette petite danseuse qui s'efforce de dépeindre une histoire que personne n'écoute, cette ptite danseuse muette, oubliée qui demeure derrière les autres... qui danse pour elle , pour pouvoir exprimer quelque chose de beaucoup plus fort que la simple mise en scene imaginée par l'auteur du spectacle... cette petite danseuse qui s'efforce de sourire pour donner bonne impression au public parce que sinon, ça nuirait a l'image du spectacle... mais des larmes coulent ds ses veines... et quand le spectacle se termine, tout le monde applaudit... et la petite danseuse rentre chez elle... seule

Loupiote
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par Loupiote »

Bah moi, je me sens en décalage depuis ma première classe de maternelle en fait, je devais avoir à peine 3 ans. J'ai des souvenirs très très précis de cette période, dans lesquels je prenais un malin plaisir à démontrer par A+B à mes pauvres petites camarades de classe à quel point elles étaient idiotes. Et leur incompréhension renforçait chaque fois un peu plus mon sentiment de mal être.

A 4 ans je trouvais les enfants de mon âge immatures. C'est grave quand même. Je trouvais leurs jeux stupides, et leurs raisonnements inexistants. Je me vois encore les regarder d'un air ahuri et dégouté.

J'avais 2 copains seulement, ils étaient plus grands que moi, et je suis passée au CP avec eux. Je me souviens parfaitement, lors d'une récréation, avoir regardé mes anciens camarades de classe dans leur cour de récréation de maternelle, et de m'être dit : "bon sang! Comme je suis contente de ne plus être avec ces bébés!". Ce qui ne veut pas dire que je trouvais les élèves de CP très matures malheureusement lol.

Je me souviens des tests qu'on m'a fait passer en maternelle, et des adultes autour de moi qui visiblement vantaient mes mérites devant ma mère, mi-incrédule, mi-fière. Et dans ma tête, je me souviens que je me disais : "C'est donc ça que vous cherchez? Mais y a pas besoin de me faire passer des tests ! Si vous m'aviez demandé, je vous aurais dit, moi, que je sais résoudre des problèmes, faire des jeux de raisonnement, et qu'en plus j'adore ça !!". MDR

Ce sentiment ne m'a jamais lâché depuis.

Pourtant, on a beau me dire depuis toujours que je suis une fille mure, j'ai toujours trouvé ça tout à fait incongru. Je me perçois comme étant normale, ce sont les autres qui sont immatures.

Bref, un vrai décalage...

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Tab
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Tab »

Je vais témoigner d'une anecdote, on verra pour les autres par la suite, mais qui m'a beaucoup fatiguée à l'époque...
Je précise, je ne sais pas du tout si je suis + ou - !! Je passe le test vendredi...

C'était au collège, et au collège, les filles avaient toutes un attrait pour un groupe ou un chanteur... elles en étaient fan. Hystériques. Au point de collectionner chaque magazine, chaque carte postale, chaque image de leur idole. C'est une course à qui aura la pile d'images la plus imposante à son actif.

-Je me souviens d'une fille, la chef du groupe (grande... très grande !), elle était fan des "NKOTB", je ne savais pas ce que c'était !! j'ai fait comme si, et dans les magazines j'ai réussi à découvrir que c'était les "New Kids On The Block". Je me sentais bête... mais bête !-

Un jour, on me pose LA question, je ne m'y étais pas du tout préparée... :pale: "et toi ?? c'est qui ton idole ???"... euh... (dans ma tête, ça a été très vite, pour être comme elles, il fallait que je trouve vite mon idole !!) Et le groupe "A Ha" m'est venu à l'esprit. Je ne connaissais pas du tout. J'ai raconté un tas de truc au sujet de ce groupe, je ne sais pas comment elles ont fait pour croire tout ce que je déblatérais...

Et bien dès le lendemain j'ai eu un tas de photos découpées, car c'était ça le truc : dès que tu tombais sur un groupe ou chanteur qui était l'idole d'une de ces filles, il fallait que tu découpes pour leur donner... et réciproquement. L'échange des "trésors"... :worried:

Je ne savais pas quoi faire de tout ça. Des années plus tard, je suis tombée sur toutes ces images de A-Ha... j'ai tout jeté. Car je n'en avais rien à faire. Tout ça pour faire comme les autres. Essayer d'avoir les mêmes hobbies :lol:

Et vous, vous faisiez quoi pour essayer d'être comme les autres ? si vous avez essayé un jour bien sûr :think:

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Za
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Za »

Tab a écrit :Et vous, vous faisiez quoi pour essayer d'être comme les autres ? si vous avez essayé un jour bien sûr :think:
Ah ça oui j'ai essayé, particulièrement en 4ème et 3ème (parce qu'en 6ème-5ème j'étais en classe EIP où je pouvais tranquillement me passionner pour les égyptiens, la naissance de l'écriture etc - mais alors le choc en passant en 4ème "normale" !!!).
Mais en fait, la prise de conscience qu'il fallait que je modifie des trucs pour pouvoir m'intégrer s'est faite dès la primaire.
► Afficher le texte
C'est important cette vision "interne" du décalage, car ce n'est pas parce que nous le ressentons en mal que les autres le voient effectivement comme un problème. Ça arrive bien sûr, mais je crois que souvent c'est nous, finalement, qui nous collons cette étiquette de "pas pareil, rho la honte".

Au final, je me suis "quittée", au moins en partie, pour m'intégrer, jusqu'en 1ère je dirais. Puis ça s'est progressivement estompé, heureusement.
J'ai donc essayé de m'intéresser à la musique qu'écoutaient mes copines, au maquillage, aux magazines et aux fringues(non, pas pu), aux petits mots sur les agendas et cetera.
Avec plaisir j'ai découvert que j'y trouvais souvent des choses très intéressantes : j'avais des potes qui écoutaient des choses qui m'ont plues, je me suis passionnée pour les nuances de vernis à ongles et de fards à paupières (vu que j'adore les trucs irisés), j'ai découvert que beaucoup appréciaient les dessins géométriques multicolores, minutieux et compliqués que j'adorais faire en cours...pas besoin de m'étaler sur le travail de symétrie qu'ils impliquaient...
Heureusement, on ne m'a jamais reproché de ne pas m'intéresser à un sujet. Je gardais juste d'autres domaines pour moi toute seule, et j'avoue que je les ai un peu délaissés - dommage. Mais sur le coup, ça ne m'a pas coûté, car j'ai vu que je pouvais me faire des amis, même si je gardais moins d'aisance que beaucoup dans ces relations étrangement codées jusqu'au début du lycée.
Je remarque aussi que les garçons étaient généralement beaucoup plus souples concernant les sujets qu'il convenaient ou pas d'aborder. Manque de bol, j'étais assez tétanisée face à eux, à l'époque, genre en mode réponse combat-fuite :mrgreen:
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
J. Prévert

Ianthe

Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Ianthe »

Mes premiers souvenirs sont ceux relatifs à mon électrisation à 2ans et demi. Quand je me souviens de ce jour-là, j'ai l'impression que je me sentais déjà spéciale et incomprise, mais pas parce que j'étais une enfant. Je savais que mes parents ne comprendraient pas l'étendue de ce qu'était mon imaginaire : j'avais des jeux étranges avec moi-même qui ont d'ailleurs servi de préambule au drame (ce qui maintenant que j'y pense doit toujours exister en moi sous la forme plus méthodique et gérée d'introspection constante).

Ce n'était qu'une impression jusqu'à ce que je me rappelle un souvenir fort qui date de peu avant mes 3 ans, à Bruxelles pour me faire opérée suite à mon électrisation. Je hurlais dans la salle d'attente, j'étais paniquée, pas parce que j'avais peur de mourir mais parce que je savais que je vivrais un moment affreux (et il le fut)... Et y avait ce clown qui essayait de me faire rire, qu'est ce que je le détestais, comment j'aurai pu tomber dans son panneau? Je savais déjà ce qu'était un clown ou alors ma mère m'a expliqué ce que c'était que ça. Si je m'en souviens, ma mère m'a dit "il est là pour faire rire les petits enfants qui souffrent d'être à l'hôpital". Je suis heureuse qu'elle m'aie toujours dit la vérité enfant.
Il tournait ma douleur en dérision, comment pouvait-il s'imaginer que son ridicule était supérieur à ce que je ressentais? Et j'ai été frustrée de ne rien pouvoir exprimer de ça, frustrée d'encore une fois être prise pour une enfant...Avant de pouvoir gérer mon indignation toute neuve, j'ai vite été tirée au bloc opératoire par les médecins puis on m'a foutu ce masque à oxygène avant l'anesthésie générale. Je me souviens avoir été contente d'expérimenter ce truc vu à la télé.

(Je me suis rendue compte il y a qqes jours, entre autre dans le cadre de ma thérapie, que si je détestais à ce point les personnes qui s'y prenaient maladroitement quand qqun faisait une crise, avec un manque de lucidité sur la situation, c'était probablement relatif à ce très fort souvenir. C'est ce que j'avais dit de ces gens à ma thérapeute : "ils tournent ma douleur en dérision".)

Du coup mon sentiment de décalage date de mes deux ans au moins. :roll:

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soma
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par soma »

Je me suis toujours senti décalé pour ma part.
Quand j'étais tout petit j'ai eu un accident dans les escaliers très grave qui a entrainé beaucoup de séquelles neurologiques par la suite. Alors tout jeune je me suis demandé pourquoi moi? Pourquoi suis-je si différent? Pourquoi ais-je autant de mal à tisser des liens avec les autres? Pourquoi suis-je toujours le dernier en sport même en faisant des efforts? et cetera et cetera... Ce sentiment s'est amplifié avec les années, alors que l'école était pour moi juste une source d'angoisses et de chamboulements émotionnels, je me suis senti encore plus à la ramasse quand on m'a demandé ce que je voulais faire après mon bac. Comme si la vie collective et la scolarité n'étaient pas assez horribles comme ça et qu'il fallait encore aller chercher à se complexifier la vie d'avantage pour un avenir qui ne m'intéressait de toute façon pas...

Aujourd'hui le sentiment est moindre dans le sens où même si j'ai pas le boulot de mes rêves au moins je suis inséré dans la société mais clairement je ne me suis jamais senti comme tout le monde dans ma vie :nesaitpas:

Ethel
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Ethel »

Difficile à dater ! En famille, il n'existait pas de décalage sensible, sinon celui lié à l'âge et au sexe (je vous parle d'un temps....) A l'école, du plus loin qu'il m'en souvienne, je refuse de sortir en récréation pour rester avec mon institutrice que j'adore et qui, parfois, m'expulse de la classe en douceur. Je me revois devant le grillage à regarder dehors la place vide, sans ressentir, d'ennui ou de tristesse, juste une vacuité que mélancolique. En classe, il y a décalage, mais sans exclusion. J'ai une copine dans la classe, et une amie dans l'autre grande section, avec laquelle je fais le trajet du retour vers la maison en discutant. Je ne me souviens pas que nous ayons joué. J'ai aussi un "fiancé" dont je ne suis pas amoureuse (mais j'envisage de l'épouser pour des raisons pratiques), et je suis amoureuse d'un garçon de l'autre classe, ce qui me permet de trouver un certain intérêt à la récréation quand je dois la passer dans la cour, puisque je peux profiter des jeux type trappe-trappe pour lui sauter dessus.
Au primaire, le décalage persiste, mais je ne crois pas m'être sentie rejetée. J'ai une meilleure amie de deux ans plus âgée et nous tournons autour de la cour en discutant de grandes questions philosophiques... (je ne sais pas de quoi nous parlions, en fait, je me souviens juste d'avoir débattu beaucoup de l'existence de dieu. Il m'arrivait cependant de jouer avec les autres enfants (généralement sous la houlette d'un adulte), et d'y prendre plaisir. Les années suivantes, toujours cet équilibre instable entre l'envie sporadique d'être comme et avec les autres et le recours à une amitié (j'ai rencontré ma meilleure amie en 6ème), ou une camaraderie privilégiée si nécessaire ; puis une solitude accrue à la fac où je ne me lie avec personne, mon énergie étant tendue vers celui qui m'attend à la fin des cours.
C'est autre chose quand je reprends mes études à 40 ans. Là, je me sens bien avec les autres, quoique toujours en retrait. Mais ce retrait est facilement explicable par l'écart d'âge, et c'est confortable.
Aujourd'hui, j'arrive mieux à me sentir appartenir à un groupe, dans le cadre du militantisme politique ou associatif, mais le décalage persiste. Ce n'est pas une question d'intelligence, il y a beaucoup de gens plus intelligents que moi dans ces groupes. Peut-être plutôt cette féroce manie de l'introspection permanente qui fait que je suis déjà en décalage avec moi-même. Passant une partie de mon temps et de mon attention à m'observer et à me jauger, j'ai du mal, forcément, à être pleinement dans l'échange. Quand par bonheur je m'oublie, et ça arrive de plus en plus, sauf en période de stress particulièrement intense, c'est le bonheur !
Mais, encore une fois, je ne me sens pas exclue, ni rejetée. La plupart des gens m'aiment bien ou m'ignorent.

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Daysofwonder
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Daysofwonder »

J'ai un souvenir datant de la garderie (en Suisse = crèche), donc je devais avoir 4 ans.

On utilisait des "pinçons" (on devait faire des trous sur des lignes pour les découper), et entre jeunes bambins, on se montrait l'avancement de nos œuvres. J'étais étonnée parce que les autres enfants n'arrivaient pas à se mettre à la place des autres, et ils montraient systématiquement leur travail à l'envers (eux voyaient le "beau côté", mais du coup les autres voyaient le mauvais côté). Au début je faisais donc l'inverse, préférant leur montrer le "beau côté", puis je me suis rattachée à la norme.

Sinon un autre souvenir remontant encore plus loin peut-être, à 2-3 ans: j'adorais les mots mystérieux. Un ami d'enfance plus âgé ne comprenait pas comment je faisais alors que je n'étais pas censée savoir lire. Je lui ai donc expliqué, naturellement, qu'il ne servait à rien de savoir lire pour faire des mots mystérieux. Fallait simplement retrouver les mêmes suites de lettres dans la grille...

Plus âgée, par contre, je faisais partie des groupies de Leonardo DiCaprio ou de certains boys bands. Et je ne crois même pas que c'était pour entrer dans un moule... Aïe!

(j'aurais été capable de dire "oui moi aussi, ce que j'écoute comme musique c'est assez classique.. genre Céline Dion quoi...". Mea culpa Za! Mais ton anecdote m'a bien fait rire).

Et je n'ai jamais attaché de l'importance à ma façon de m'habiller - encore moins de me maquiller, mais ça je le mets sur le compte d'une autre de mes "différences"...

Syntheplayer
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Syntheplayer »

Il y a eu deux moments révélateurs pour moi. Le CM1, et aprés une depression dans laquelle je suis tombée à l'age de 15 ans (et c'est trop jeune pour faire une dépression. Vraiment.)

Les premiers souvenirs datent aussi de la maternelle : de l'absence d'amis la premiére année à de vagues incompréhensions des jeux et façons de faire (le social, toujours le social.), jusqu'à mon projet de vie particulièrement décalé (entre des pompiers, docteurs, vétérinaires, maitresses d'école ou autres choses classiques, il y en avait une qui voulait être paléontologue (dès 4 ans). Moi.). Sinon, j'avoue, à cette époque, c'étaient surtout les adultes qui me considéraient différemment. Avec le recul, je me rends compte que j'étais effectivement assez particulière, mais petite, je ne savais pas si c'était de la timidité, une incompréhension, un sentiment de différence effectivement ou alors juste un désintérêt.
Par contre, j'étais solitaire. Dés le début. J'avais beaucoup de cousins, deux ou trois amis, avec qui je m'adaptais souvent, mais par contre, c'était insupportable pour moi que je les vois trop souvent. Soit, j'etais contente quand ils venaient chez moi, mais autant quand ils partaient. Et quand il y avait du monde plusieurs jours de suite c'était très difficile pour moi.

Le premier moment de prise de conscience, le CM1. C'est l'année de mon "saut de classe" non-officiel. Donc, j'etais en CM1, j'étais en classe double-niveau avec les CM2 et je faisais leur programme. Ça ne m'aurait pas tant marqué si je n'avais pas été plus efficace que les vrais CM2, comprenant plus vite et mieux qu'eux. Donc, j'ai vite été "la petite fille qui a plus d'un an d'avance intellectuellement". Comme les CM2 profitaient de mon jeune age pour me copier dessus, j'ai été placée pour les devoirs dans un coin complètement à part des autres. Ça m'a complètement bouleversée d'être mise à l'écart comme ça, qu'on dise : "les CM1, par là, les CM2, par ici, et toi, tu viens là." Là, j'ai compris "quelque chose". Et de ténu, mon sentiment de "difference" est devenu tangible. Les autres devenaient pré-adolescents, avaient des intérêts à mille lieues des miens, jai eu encore plus de problèmes pour comprendre le monde social, et m'adapter est devenu plus difficile, au point de m'isoler volontairement, avec mes deux trois amis qui me suffisaient. Mais en même temps, je ne voulais jamais montrer que je finissais plus tôt et faisais souvent semblant de travailler alors que j'avais fini depuis une bonne demi-heure.
Autre souvenir marquant : quand mon maitre de CM2 a corrigé mes divisions et qu'il est resté trés longtemps dessus avant de me demander : "mais pourquoi est-ce que tu arrives les difficiles et pas les faciles ?" (Oui, j'arrivais celles à 2 chiffres, mais pas à 1. J'ai toujours eu des problèmes de ce genre en maths, ou, là, je n'étais pas en avance.). Je suis restée muette, je ne savais pas répondre.

Au collège, ça a été mes camarades qui m'ont fait comprendre. J'ai subi ce que subissent beaucoup de différents : isolement, rejet, harcèlement. 6e, 5e, 4e, 3e... ils s'arrangeaient pour que je sois seule, toujours. En 5e, c'était seulement la mise à l'ecart, en 6e, en 4e et 3e, mise à l'écart, rejet, harcèlement. En même temps, je me sentais mal aussi parce que je ne comprenais rien. Je n'arrivais non seulement plus à m'adapter mais en plus je ne comprenais pas. J'en venais à reprendre des dialogues de livres pour parler, ou à imiter certains camarades. Bien sur, ça ne fonctionnait pas, mais je ne comprenais pas ce que j'avais de si différent. "Pourquoi moi ?". Même avec mon amie d'en dehors de la classe, je ne me sentais pas à ma place. Avec elle non plus, je ne savais plus comment me comporter et je me sentais décalée. Vers 14 ans, la seule "solution" a été une sorte "d'auto-mutilations" légères. À 15, je suis passée aux attaques de panique au collège et aux crises de colère. Je n'en pouvais plus (pas forcemment de ce que je subissais seulement, mais de me sentir décalée à ce point aussi), et quand au lycée, tout a recommencé malgré mes efforts pour m'integrer (sauf que une professeure me harcelait aussi), j'ai tenu trois mois avant de craquer. La dépression qui a suivi m'a fait encore plus prendre conscience, mais c'était vraiment sur un mode douloureux. À 17 ans, quand j'allais chez ma copine, j'étais même obligée d'appeler chez moi pour qu'on vienne me chercher plus tôt, d'inventer des excuses, tellement je souffrais de constater a quel point j'etais différente d'eux, ces jeunes de mon age qui étaient sensé être des amis. (Ma copine avait beaucoup d'amis.). J'ai mis du temps à accepter. Et c'est vrai que je me suis sentie libérée quand mon psy m'a parlé d'une "différence de fonctionnement" sans que je lui parle de ma difficulté, quand j'ai compris que lui aussi la voyait, que ce n'était pas moi qui était folle... Je suis toujours en phase de recherche du "qu'est-ce que j'ai", mais je suis soulagée.

Donc, pour resumer, j'ai un vague sentiment de difference depuis longtemps, mais c'est à 8 ans que c'est devenu conscient, à 11 c'est devenu un probléme, à 15, c'est devenu insupportable. Et normalement, ça devrait devenir plus apaisé ces prochaines années, parce que j'accepte déjà mieux :)

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différen

Message par ckc »

Loupiote a écrit :
Pourtant, on a beau me dire depuis toujours que je suis une fille mure, j'ai toujours trouvé ça tout à fait incongru. Je me perçois comme étant normale, ce sont les autres qui sont immatures.

Bref, un vrai décalage...

Le sentiment de décalage...ouch...depuis, je crois, aussi longtemps que je me souvienne...
Quel âge j'avais quand je me demandais pourquoi mes parents me parlaient en langage " mouflet gosse débile "... Je ne sais plus...
Par contre, je sais que j'avais 3 ans quand on m'a offert le premier instrument de musique : une sorte de petit synthé Bontempi...et je me rappelle aussi de l'un de mes oncles me l'ayant offert ( il a offert le meme avec mes autres cousins, cousines........ ) a dit à ma mère " à son âge on aime bien taper sur les touches et faire du bruit "...
Et moi de rétorquer : " non Tonton! A mon âge on aime déjà la musique !!! "
Et de m'emparer de l'instrument, partir avec, m'assoir dans le canapé, et rejouer naturellement l'air qui passait à la radio...

Oh combien, j'ai ressenti ta dernière phrase longtemps longtemps...
Et j'ai toujours été avec des hommes plus âgés. Voire beaucoup plus âgés.
Inutile de te dire combien de foi on m'a fait le coup du " haaaaaaa tu cherches ton père dans ton mec "...
Soupirs...
Bref...

Le décalage se fait moins sentir depuis que je marche à mon rythme, et choisis les personnes que j'ai envie d'intégrer dans ma vie, autrement que pour des liens sociaux classiques (travail etc)

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Math86
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Math86 »

Le plus ancien que je m'en souvienne, c'est toute ma scolarité de la primaire au lycée, je ne parlerai pas de la suite après le BAC car je me suis alienné pour être "normal".

J'ai toujours été à l'ouest. Ce décalage qui m'a valu de m'écarter des personnes de mon âge à l'époque.
Pas forcément d'ami, toujours le souffre douleurs, les railleries sans queues ni tête.

Mes les pires années sont primaires et collèges. Après au lycée, c'était différent les personnes de mon âge ne me comprenaient pas forcément, je m'entendais bien avec les personnes de deux années de plus que moi.

Le décalage est sûrement dans la manière d'analyser les choses et les résolutions des questions des prof. A force, ça m'a agacé qu'après le BAC j'ai mis mon cerveau en stand by. Très dur au début car les réponses, je les avais de suite donc pour passer le temps en cours, je dessinais et j'écrivais.

Voilà une scolarité de merde niveau amitié.

mais le pire dans tout ça, ce sont les discussion avec les amis actuels et la famille.

Comme ils ne savent pas que je souhaite passer le WAIS, la pire des choses dans le décalage et quand ta sœur de 17 piges (alors que j'en ai bientot 32), te dis :"Arrêtes de sortir ta science, tu me gonfles" d'un ton sarcastique
Proverbe Japonais : "le succès, c'est de tomber sept et se relever huit"

borska

Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par borska »

Comme ça a été dit précédemment, le décalage frappe sans doute tout le monde. Mais toujours et encore, difficile de savoir comment il est vécu par l'autre et donc de savoir si on est dans la foutue norme ou pas.
Personnellement, ce sentiment, je ne l'ai pas compris avant l'âge jeune adulte. Je le ressentais mais presque à mon insu, si toutefois ça veut dire quelque chose. Disons, sans le comprendre. Mais pour survivre mentalement, il faut des stratégies. Alors allons-y gaiment, cerveau! Et donc vers l'âge de 9 ans, je me suis dit que j'étais sans doute un garçon en fait (je ne suis pas transexuelle ou particulièrement transgenre). Ca m'a angoissée pendant des mois. Puis ado, je me suis dit que j'étais sans doute plus bête, immature, coincée, que les autres si je ne pouvais pas être super légère et aussi à l'aise qu'ils avaient tous l'air d'être. Après, j'ai pensé que j'étais peut-être Asperger. Et finalement aujourd'hui, je ne souffre plus de ce sentiment de décalage, car j'ai appris à vivre avec. Mais je sais qu'il est là et bien là. Quant à savoir si c'est une coquetterie de l'esprit ou une réalité, j'espère que le test m'apportera un bout de réponse.

Tétra
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Tétra »

C'est marrant ça, c'est une question que je me suis posée y a pas très longtemps.

J'ai pas tellement de souvenirs d'avant mes années lycée, sur le plan scolaire je veux dire. J'ai juste quelques bribes en pagaille, mais c'et assez révélateur de mon état d'esprit à ce moment là.

Par exemple, je me souviens pas avoir tellement vu la différence de niveau quand j'ai passé le CE2. J'avais aucune difficulté et je comprenais pas pourquoi les autres en rencontraient autant. Pendant les temps de pause j'étais très souvent dans mon coin, trop occupée à dévorer le livre qu'on étudiait pour penser à me faire des potes. Et puis de toutes façons on me parlait pas, et ça m'allait très bien comme ça.

Au collège le fossé s'est creusé, je me sentais complètement à côté de la plaque. Je comprenais pas l'engouement général pour leurs machins Diddle. Je vous jure que c'était une plaie ce truc, y en avait partout, sur tout et n'importe quoi, tout le monde y allait de sa petite collection. À 10 ans j'étais déjà has been. J'avais envie de leur parler de Zola et Verlaine, mais j'ai vite senti que ça passerait vraiment pas. Je vous parle de ça mais ça reste des exemples, y a plusieurs trucs à côté qui ont fait que j'ai jamais réellement su m'intégrer à cette époque là, mais c'est des comportements tellement généraux que c'est super dur pour moi de vous les décrire.

Bref, au lycée je commence à m'intégrer, je sais pas comment je deviens populaire mais j'le fais, et sans rien changer dans ma manière d'être ou de penser ou... Sans chercher à le devenir quoi. J'ai toujours pas d'amis mais j'ai des potes, les garçons galopent derrière moi et je suis invitée à toutes les soirées. Une fois j'ai demandé pourquoi j'étais si "connue" au bahut. On m'a répondue qu'on me trouvait marrante, et qu'on aimait bien ma manière de penser. C'était en terminale ça. Les mecs m'ont pas crue quand je leur ai dit que j'avais jamais eu de potes avant. Moi même j'avais du mal à y croire. Dingue non?

Arrivée à la fac, là où je connaissais personne, ça se bousculait au portillon pour venir me parler. Si bien que quand moi j'étais en dernière année, les primo entrants me connaissais déjà, alors que j'avais aucune idée de qui ils pouvaient bien être. Et je pige toujours pas comment c'est possible ce truc.

Et là vous vous dites que je tape un gros hors sujet, que je fais l'amalgame entre popularité, intégration, et acceptation.
J'y viens.

En gros, bien qu'à partir du lycée les gens aient eu aucun mal à m'intégrer dans leurs groupes, bien que je faisais partie de ces gens à côtoyer absolument, bah y avait toujours un petit truc qui faisait que les gens me gavaient quoi. Toujours ce sentiment de pas être sur la même longueur d'onde. C'est dingue de se dire qu'on correspond à tout un tas de gens sans que ce soit réciproque.

Et encore aujourd'hui, j'ai pas d'amis en vrai, j'ai juste des potes. J'ai juste des gens qui m'aiment bien pour je n'sais quelle raison, mais avec qui je peux pas échanger comme j'aimerais le faire dans l'idéal. J'ai l'impression de pas pouvoir exposer mes pensées, mon ressenti ou mes idées de manière naturelle, brute, parce que je sais qu'ils comprendront pas ce que je veux dire. Et le plus énervant c'est que ça me parait tellement, mais tellement évident!

Du coup voilà, je suis peut être un peu à côté de la plaque (génial pour une première réponse depuis mon arrivée ici), mais j'ai essayé de rendre ça le plus compréhensible et cohérent possible.

Et je viens de me rendre compte que je répondais pas à la question, alors je dirais que j'me sens vraiment pas en phase avec les autres depuis le collège, avant ça je sais pas si je m'en rendais vraiment compte.

Sureperdu
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Sureperdu »

Ce sentiment de décalage, de différence, je le ressens à peu prêt tous les jours. Enfant je le ressentais également mais je pense que c'est plus car j'étais un peu le souffre douleur de mes petits camardes.

Aujourd'hui en quoi j'ai l'impression d'être en décalage ? A vrai dire, avant que la question de la douance ne vienne à mes oreilles, je pensais que j'étais quelqu'un d'aigri (même si je suis plutôt quelqu'un de joyeux) voire même un c***ard car je trouvais (et trouve toujours) que les gens sont mal-élevés, qu'ils sont égoïstes et bêtes.

Maintenant avec un peu de recul, je me rends compte que c'est peut-être pas forcément ça, c'est peut-être moi qui suis un peu différent, moi qui ai des aspirations différentes des autres.

Il en résulte néanmoins de sentir comme n'étant pas à ma place dans cette société. Mes valeurs, ma droiture, etc. ne semblent pas correspondre à ce qui importe les gens aujourd'hui.

C'est bizarre car à la fois je suis quelqu'un d'enjoué, joyeux, etc. mais en même temps je fais des crises d'angoisses et je souffre pas mal par épisodes.
C'est bizarre car j'ai beaucoup d'amis et parmi eux de vrais amis sur qui je peux compter mais je me sens tellement seul.
C'est bizarre car j'ai un job génial et apparemment je suis pas mauvais mais pour autant j'ai l'impression d'être un escroc.
C'est bizarre car je sais que je plais beaucoup mais pour autant je suis seul.

Bref oui, ce sentiment de différence je l'ai pas mal :D

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Back2Basics »

:pale:

C'est flippant à quel point j'aurais pu écrire EXACTEMENT la même chose, Sureperdu... :1cache: (exception faite des crises d'angoisse, sinon tout le reste, ça colle parfaitement à mon ressenti aussi... !)

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SylDa
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par SylDa »

Tes 3 dernières lignes s'appliquent aussi vraiment à moi Sureperdu ! effrayant :1cache:
Quelle est la différence entre un corbeau ?

Sureperdu
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Sureperdu »

Ca fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul :)

Du coup nous sommes seuls ensembles ? :D

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par soazic »

Pareil.... :-)

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Riffifi »

Sureperdu a écrit : C'est bizarre car à la fois je suis quelqu'un d'enjoué, joyeux, etc. mais en même temps je fais des crises d'angoisses et je souffre pas mal par épisodes.
C'est bizarre car j'ai beaucoup d'amis et parmi eux de vrais amis sur qui je peux compter mais je me sens tellement seul.
C'est bizarre car j'ai un job génial et apparemment je suis pas mauvais mais pour autant j'ai l'impression d'être un escroc.
C'est bizarre car je sais que je plais beaucoup mais pour autant je suis seul.
Il peut y avoir une grosse différence entre la réalité et le ressenti ; si on trouve ça bizarre, alors du coup c'est intéressant de se poser la question des bases du ressenti en question. Que vient-il nourrir, de quoi se nourrit-il ? est-ce qu'il est porteur de changements ou de sécurité ?
Bref c'est une situation intéressante :P
Où que tu sois, creuse profond. En bas, c’est la source.
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par SylDa »

Sureperdu a écrit :Ca fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul :)

Du coup nous sommes seuls ensembles ? :D
Hé bien je dirais oui ! c'est la base de l'humanité ça :p
Quelle est la différence entre un corbeau ?

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Héloïse »

Vraiment chouettes tout ces témoignages, ça fait du bien de les lire.

Alors ce sentiment de décalage, pareil que pas mal d'entre vous, il est là depuis toute petite.
En maternelle je me sentais trahie quand ma seule amie allait jouer avec d'autres enfants, qui ne m'intéressaient pas. En CP et CE1, apparemment je lisais les Harry Potter toute seule dans un coin de la cour. Les profs on dit à mes parents de me changer d'école. Je ne m'entendais qu'avec ma meilleure amie et les amis de ma grande sœur. Mes parents se sont séparés, changement d'école, mais les relations n'étaient toujours pas naturelles pour moi. J'avais peur, j'avais souvent envie de rire quand les autres parlaient sérieusement...j'étais un peu la confidente/conseillère et j'ai réussi à m'intégrer grâce à ce rôle. Mais j'ai commencé à me sentir inférieure aux autres (si spontanés, si confiants !).
Cinquième, là ça a été l'horreur. J'étais totalement seule, je rougissais dès qu'on m'adressait la parole, on se moquait légèrement de moi et je ressassais la moindre remarque pendant des heures. Je dormais mal tellement j'avais peur d'aller en cours. Toujours quelques amis, dont une hqi, c'est d'ailleurs elle qui m'avait parlé de ça pour la première fois. Ensuite il y a eu pas mal de soucis avec ma sœur (elle est borderline, ma mère aussi, c'était mouvementé) et j'ai attribué mon sentiment de différence à ces événements.
J'ai eu très peur des autres jusqu'à la première où je me suis sentie mieux, notamment grâce à la psy que j'ai demandé à voir. Dans ma classe il y avait des profils un peu originaux, "pseudo-artistes", dus aux options art et musique. J'avais des amis (dont une avec qui je ne me sentais moins seule dans ma bizarrerie et qui a au final découvert en même temps que moi être hqi). Les autres disaient que j'étais perchée mais ça les faisaient beaucoup rire (même les profs) alors j'en rajoutais sur le côté clown maladroit. Je jouais un peu un rôle et me sentais toujours aussi inférieure.
A la fac, je parlais aux autres mais c'était machinalement. L'ennui, des cours comme des conversations m'a déconnecté de tout, le sentiment de décalage est redevenu fort.
Maintenant que j'ai décroché je me sens encore plus à côté, en soirée tout le monde parle d'étude, d'avenir, et je redoute toujours les moments où on me demande ce que je fais. Je ne me sens à l'aise qu'avec les potes un peu marginaux de ma sœur et encore. J'ai des amis, mais c'est plus des camarades de beuverie qu'autre chose, même si je les apprécie véritablement... après j'ai sans doute des rêves de fusion un peu trop utopistes.
En tout cas depuis que ma psy me considère comme hqi et que je réalise que ce décalage est peut-être lié à ça, je déculpabilise. Mais la solitude reste.

Hum, voilà pour moi, désolée si j'ai un peu digressé ! :$

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Gazouille
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Gazouille »

Je pense que pour ma part j'en ai pris conscience, vraiment conscience, que récemment (et parfois j'en doute, j'essaye à tout pris souvent de me dire que je ne suis pas différente, ou plutôt que les autres sont davantage "comme moi" qu'ils n'en ont l'air, que c'est juste enfouis au fond d'eux, aliéné, etc.) mais en revanche ça m'a travaillé inconsciemment (et hélas changée...) très tôt je pense, à partir des premières années de primaires, d'école tout simplement, à partir du moment où j'ai commencée à me frotter plus aux autres, car je pense que je ne ressentais pas de différences flagrantes ou incompréhensions au sein de ma proche famille, jusqu'à devoir aller à l'école.

J'ai encore du mal à cerner ces différences, mon esprit évite de s'attarder dessus (trop douloureux? Protection? Évitement conscient en tout cas...), mais je les ressens d'une manière cuisante du point de vis émotionnel et en ne me sentant proche de personne ou très peu, malgré mes immenses envies/besoins de partages, de complicité, etc.


Je me suis rendue compte vers 20 ans que si j'avais tant changée par rapport à mes premières années de vie, c'est parce que j'avais dû enfant peu à peu rentrée dans le moule pour ne pas être rejetée, ou pas vraiment un moule, plutôt une carapace protectrice, une petite fille qui exprime le minimum et ce qu'on attend d'elle pour ne pas ne plus se sentir aimée. Tout en gardant intact mais enfoui profondément son vrai "elle". Que je peine à ranimer et remonter à la surface aujourd'hui...

Je hais l'école pour cela, ce qu'elle a fait de moi, malgré moi...Ce qu'elle a fait à la petite fille ensoleillée, débordante d'énergie, d'imagination, de spontanéité, de ressources, d'applomb, d'authenticité, que j'étais jusqu'à 6-7 ans.

Etant donc devenue d'un naturel solitaire (étiquette en apparence) adolescente, très réservée et renfermée même si "appréciée", je pouvais garder mes différences loin du regard des autres, elles m'ont été projetées au visage par mes premiers amoureux (tardifs) "tu es vraiment très différente des autres femmes" les premiers qui m'ont cotoyée d'un peu plus près du coup, souvent sur leur initiative....Différences qui ont tantôt fascinées, tantôt agacées, tantôt frustrées sûrement, etc.

Mais je me souviens d'une "amie" (connaissance plutôt mais dans mon "groupe" d'alors) qui m'avait sorti à ma grande surprise en seconde "tu es vraiment différente de nous, je sais qu'on est tous différents les uns des autres, mais toi c'est encore plus que ça. Comme si on était tous des races de chien différentes, des dalmatiens, des bouledogues, etc. mais que toi tu n 'étais en fait même pas un chien. D'un autre monde"). Elle ne l'avait pas dit d'une manière méchante ou blessante, juste comme si elle se parlait à elle-même.
Je ne sais plus ce que j'avais fait ou dit alors pour qu'elle dise ça, vivant alors dans une immense et contraignante (intérieurement) sobriété de mots et de gestes pour ne pas attirer l'attention), je pense que c'est pour cela que ça m'avait d'autant plus surprise...et que c'est resté.
J'étais devenue fantôme, une personne lisse, absente, éteinte pour ne pas être vue, et qu'au cas où l'attention de quelqu'un se porterait sur moi malgré tout, qu'il n'y ait rien qui accroche son regard afin qu'il puisse porter rapidement son attention sur autre chose.

Protégée.

Seule.

Non-existante.

Comment sort-on de ça aujourd'hui...sans que ça explose.
Sans dommages collatéraux...

C'est fatiguant de ne pas être en vie.
J'aimerais revivre avant de mourir...

Et lire tant d'échos à ce qui remue en moi donne bien envie de tous vous rencontrer..Zètes cachés où?!

(Désolée pour le pavé...Et merci pour tous vos témoignages)
"Lorsque je me laisse aller à être ce que je suis, je deviens ce que je pourrais être" (Lao Tseu)

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Différente »

Toute petite, je me souviens qu'il m'arrivait de penser à rien (en voiture par exemple) mais ça fait bien longtemps que je ne ressens plus ce sentiment d'apaisement et de vide...

Ma différence, quelque soit son origine, j'ai surtout commencé à la remarquer à l'adolescence par mes loisirs et ma solitude. Des amis j'en avais, des bons mêmes, mais déjà au fond de moi j'étais solitaire et j'avais cette capacité de prendre du recul sur les choses que les autres n'avaient pas. J'ai commencé à trainer qu'avec des garçons parce qu'avec les filles je m'ennuyais à mourir puis les histoires ça me soulait déjà à cette époque. Les hommes ils sont plus francs, plus directs, ils ne se prennent pas la tête, ont beaucoup d'humour et font du sport.

Je me souviens notamment du jour où j'ai compris "que les autres pensaient aussi" et "qu'ils ressentaient les mêmes sentiments que je peux ressentir tous les jours : joie, peine, colère, etc.", à partir de là j'ai commencé à faire attention aux autres, à mes paroles, à mes actes et à me mettre à leur place. Les amis se confiaient (et se confient toujours autant) à moi parce que je suis "quelqu'un de confiance qui a les bons mots et comprend les gens." Puis petit à petit, le décalage s'est fait et un vérifiable fossé c'est installé à la fac (maturité d'esprit, façon de voir les choses, de prendre du recul, d'anticiper, âme solitaire, etc.).

Je crois que le plus marquant c'est ma vision du couple... Je n’accumule pas les conquêtes, je suis relativement exigeante faut l'avouer mais pas dans le sens où je veux le plus beau, le plus intelligent, etc. Absolument pas même. Je sais simplement avec quel genre d'homme je serai heureuse et comme je me projette assez facilement dans le futur je vois tout de suite quand ça ne peut pas le faire donc à quoi bon essayer ? Au final, j'ai 27ans, j'ai eu que trois relations dans ma vie, la dernière était très fusionnelle et agréable, j'y ai mis un terme parce que je savais que j'allais m'ennuyer dans cette vie de couple. C'est ce qui me fait le plus souffrir, et plus les années passent, plus c'est compliqué, puis je ne m'intéresse qu'à des hommes beaucoup plus âgés (plus matures) et forcément ils sont mariés donc je n'y touche pas.

Je suis seule, terriblement seule, pourtant mon rêve le plus cher c'est de fonder une famille.
HQI-TSA

« Je me heurte parfois à une telle incompréhension de la part de mes contemporains qu'un épouvantable doute m'étreint : suis-je bien de cette planète ? Et si oui, cela ne prouve-t-il pas qu'eux sont d'ailleurs ? » - Pierre Desproges

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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par Sureperdu »

Vos témoignages, Gazouille et Différente, me parlent beaucoup... Je serais tenté de dire "malheureusement" dans la mesure où ce sont des expériences de vie que je partage aussi.

C'est assez remarquable que beaucoup des témoignages révèlent que l'école, globalement de la petite enfance jusqu'à la fin du lycée, nous ait autant impactée. "Normal" vous me direz, vu que c'est la période où on nous sommes confrontés à nos très chers semblables et qu'on est censé se construire... Sauf que quand je discute de cette période avec des amis n'ont étiquetés "douance" ils n'en gardent que peu de souvenirs, limite c'était anecdotique.
C'est pourtant l'inverse pour quasi tous les gens que je connaisse présentant des traits de douance (étant heureux ou pas aujourd'hui).

Pour moi, l'école c'était comme si c'était hier et je n'en garde que très peu de bons souvenirs. L'école n'a fait que me révéler ma différence et pire : la révéler à mes petits camarades...
Différente a écrit :Je crois que le plus marquant c'est ma vision du couple... Je n’accumule pas les conquêtes, je suis relativement exigeante faut l'avouer mais pas dans le sens où je veux le plus beau, le plus intelligent, etc. Absolument pas même. Je sais simplement avec quel genre d'homme je serai heureuse et comme je me projette assez facilement dans le futur je vois tout de suite quand ça ne peut pas le faire donc à quoi bon essayer ? Au final, j'ai 27ans, j'ai eu que trois relations dans ma vie, la dernière était très fusionnelle et agréable, j'y ai mis un terme parce que je savais que j'allais m'ennuyer dans cette vie de couple. C'est ce qui me fait le plus souffrir, et plus les années passent, plus c'est compliqué, puis je ne m'intéresse qu'à des hommes beaucoup plus âgés (plus matures) et forcément ils sont mariés donc je n'y touche pas.

Je suis seule, terriblement seule, pourtant mon rêve le plus cher c'est de fonder une famille.
Même combat...

Puis au delà de ça, je me sens terriblement seul dans les intérêts des gens au jour le jour. Les soirées à refaire le monde, discuter de tout et de rien me manquent. Les gens parlent de Public, Closer, etc., ont besoin de se montrer en train de faire des duckfaces devant les chutes niaviagra là... mais qu'est ce que je m'en fous de ça p****n, y a tellement de chose passionnante dans la vie, on est vraiment réduit qu'à ça ?

Bref, si certains voient cette différence comme une force j'avoue avoir assez souvent du mal à le voir ainsi pour ma part :D

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creac
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Re: A quand remonte votre sentiment de décalage, de différence..

Message par creac »

Bonjour à tous

Depuis quelques temps je fais remonter ma mémoire dans le temps, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus trouver d'images.
Ce sentiment de solitude et d'incompréhension revient dans mon quotidien, comme dans mes 1eres années de vie.

Le sentiment de solitude et différence, je le pensais lié au sentiment d'être "'enfant unique" car pas de frère ou soeur pour partager le quotidien, jeux ou querelles éventuelles. Je n'exclue pas le fait qu'être enfant unique ait amplifié ce sentiment de solitude, mais ce n'est pas la seule "cause" à mon sens, l'argument HP à aussi sa place ici.

Aussi loin que je peux remonter dans mes souvenirs, je me vois surtout à l'école. Les images sont celles d'une petite fille de 3 ou 4 ans seule dans son bac à sable à gratter avec ses pieds pour trouver le plus "doux" de tous les sables. L'autre image plus ancrée et nette, est celle d'une âme récoltant des petites feuilles colorées dans les buissons qui entouraient la cour de l'école. Je revois les autres enfants, là bas dans la cour s'amuser sans moi. Je suis dans l'observation, dans mon monde, j'essaie de comprendre le fonctionnement du monde, des autres.
La dernière image, est celle où je suis dans mon lit et suis persuadée de venir d'une autre planète. J'ai moins de 5 ans à ce moment là.

Ce sont les plus lointains souvenirs sur ce sentiment de différence, décalage, solitude, regard sur les autres qui me semblent à l'époque si différents de moi.

Au quotidien, depuis l'annonce du bilan, j'essaye de travailler sur "mon cas" :) en ôtant tous les masques mis depuis un certain nombre d'années afin de me connecter avec mon vrai "moi". Cela n'a pas que du positif et me demande parfois s'il ne faudrait pas garder quelques masques.
Lors de rencontres, échanges, conversations avec la famille ou entourage, je prends parfois un petit moment de recul et d'introspection en me demandant à moi meme : "quel sentiment ressens tu ?" "est ce que ça t'intéresse ? " (généralement, si je prends le temps de me poser la question, c'est que je m'ennuie). Je prends conscience depuis peu a quel point je m'ennuie souvent dans les conversations, que je perds du temps, que je me force aussi.

est ce bien d'en prendre conscience ? Comment vivre le moins possible ces situations inintéressantes ? faut il faire passer le message à son interlocuteur en deviant de sujet ? Vais je devenir associable ? Jusqu'à maintenant je mettais mon masque de la fille "à l'écoute". J'avoue avoir du mal désormais, mais je crois que ce masque est nécessaire.

J'ai dévié un peu de sujet...
Chaque jour, chaque nuit, mon esprit s'enfuit.

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