Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

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O'Rêve
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Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par O'Rêve »

J’ai vu différents sujets sur l’amitié, les relations aux autres, la solitude. Mais je n’ai pas l’impression que le sujet ait été abordé sous l’angle « du sentiment d’être en arrière plan ».
C’est pourquoi, je poste ce nouveau sujet. Si je suis passée à coté d’une rubrique où il pourrait coller, merci de le rediriger vers le sujet adéquate.

D’aussi loin que je me souvienne, aux différents âges de la vie, j’ai fréquemment eu le sentiment d’être ce que je nomme « en arrière plan », qui évoque pour moi l’impression de me retrouver au second plan lorsque je me retrouvais en présence de deux autres amies, le sentiment de m’être sentie seule alors que j’étais en compagnie d’autres personnes , le fait de me sentir la personne « de trop » en présence d’un duo.

J’aimerai avoir vos retours à ce sujet. Avez-vous ressenti également cette forme de mise à l’écart, de distance dans vos relations amicales?

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O'Rêve
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Re: Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par O'Rêve »

A l’école primaire, je recherchais la compagnie d’une petite fille que je nommerai « N ».
N. et moi avons fréquenté les mêmes classes à l’école maternelle. Puis nous avons poursuivi les mêmes classes à l’école primaire. Et dans ces relations de petite fille, j’ai fréquemment eu le sentiment d’être « la troisième ». Je m’explique : enfants, nous jouions le plus souvent par trois. Étrangement, les petites filles qui intégraient le groupe passaient du statut de « l’amie préférée » de N. à quelques mois plus tard à celui « d’ennemie jurée ». De mon coté, je n’étais ni « l’amie préférée » de N., ni celle des petites filles qui rejoignaient puis quittaient le groupe. J’étais là, je suivais le mouvement, totalement dépendante de N.
N. était la chef du groupe. N. décidait qui était autorisé à rejoindre le groupe ou qui devait quitter le groupe.

A l’arrivée au collège, je me suis de nouveau retrouvée dans la même classe que N., me retrouvant à nouveau dans cette position de « troisième ». Pourtant les classes avaient changées. Il y avait de nouvelles têtes. Mais je restais attachée à N., qui d’une certaine manière me rassurait. Car j’étais d’une grande timidité.
Puis en cours de collège, N. a déménagé. J’ai cherché à me joindre à de nouveaux petits groupes de filles, mais je n’ai pas vraiment retrouvé une amie ou des amies. Je me sentais là encore présente, mais à l’écart, en retrait.

Au lycée, j’oscillais entre deux groupes de duos de filles, avec qui je m’entendais bien et me sentais bien. Mais je gardais néanmoins cette impression d’être « la troisième ». J’avais pourtant le sentiment que certaines relations devenaient plus intimes, que je commençais à nouer de vraies relations.

Puis j’ai quittée ma ville natale pour poursuivre des études supérieures. Deux années d’école préparatoire, au cours desquelles je n’ai pas vraiment réussie à me faire d’amies. Je passais de bons moments avec certaines personnes. Mais alors que je voyais de nouveaux duos d’amitié se former, je sentais que je restais en marge de ces nouvelles alliances. A nouveau en retrait.
Je continuais en revanche à voir des copines du collège-lycée et de belles amitiés ont continué à se construire, à s’enrichir.

Vint l’entrée en école supérieure. Une nouvelle vie. Au cours de laquelle je me suis laissée portée par les fêtes étudiantes, l’alcool... Le contexte festif et la désinhibition associée m’ont aidé à nouer des relations. Nous nous retrouvions fréquemment à 5 : 5 filles qui s’entendaient bien.
Assez rapidement, nous avons envisagé une colocation. Je me suis mise en colocation avec deux des filles. Les deux autres copines ont pris un logement ensemble. Et je me suis à nouveau retrouvée avec ce sentiment d’être « la troisième ». « La troisième » dans la maison où j’habitais. Et « la troisième » face aux deux copines qui cohabitaient ensemble. A nouveau j’oscillais entre les deux groupes, me sentant parfois de « trop ».
Avec l’arrivée de la fin des études et le début de l’activité professionnelle, nous nous sommes toutes éloignées. Les années passant, nous nous sommes perdues de vue.

Cela fait treize ans que j’ai commencé à travaillé. Et mon rapport à l’amitié est toujours empreint de distance. Depuis que je travaille, que j’ai des enfants, j’ai le sentiment de faire de nombreuses connaissances. Mais je n’arrive pas à dépasser le stade de «connaissance amicale». Je n’ouvre pas facilement le monde de mon intimité.
Il y a des personnes qui me renvoient un coté envahissant. Avec ces personnes, je reste froide, car je redoute l’intrusion, j’ai peur de m’épuiser à mettre mes limites par rapport à mon besoin de solitude et de calme. Donc je mets très rapidement des limites infranchissables.
Avec d’autres personnes, je ressens la peur de revivre le sentiment d’être à coté, d’être « la troisième » et d’en souffrir. Quand je me retrouve dans cette position, je me sens décalée, à coté. Maintenant, quand je sens pointer le trio, je fuis.

De mes amitiés d’enfance, j’ai gardé une seule amie (rencontrée au collège), avec qui la relation s’est construite au fil du temps, lentement mais surement.
Nous n’habitons pas la même ville. Nous nous voyons peu (deux fois/an), nous nous appelons régulièrement mais pas très souvent (tous les deux mois). Nous avons des centres d’intérêt en commun, nous partageons des valeurs communes et je pense que c’est ce qui a nourri notre relation au fil du temps. Cette relation est vraie et sincère. C’est une relation qui mêle respect, liberté, partage.
Depuis mon entrée dans le monde du travail, j’ai quelques amitiés qui se dessinent. Ce sont toutes des personnes avec qui je partage des valeurs communes, des personnes que je vois peu, qui habitent dans des villes différentes, mais des personnes qui maintiennent le contact, des personnes avec qui la réciprocité existe, des personnes avec qui le lien existe et se consolide avec les années.

Les amitiés trop proches, trop envahissantes, je crois que je les fuie. Parfois, j’ai le doux désir de construire une amitié de proximité avec des personnes avec qui je pourrai partager plus souvent. Mais je dois me rendre à l’évidence que si certains cotés me font rêver, ma réalité est toute autre. J’ai besoin de mettre une forme de distance, j’ai besoin de temps pour construire et nourrir les relations.

magui27
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Re: Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par magui27 »

Je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, mais je n'ai pas cette sensation de "la troisième" mais simplement d'être celle de trop (même si je dois avouer que quand on est trois, le sentiment d'être de trop est beaucoup plus important). Je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mes relations amicales avant le collège. Je me suis lié d'amitié avec deux camarades de ma classe durant près de 7 ans, mais je me suis rendu compte vers le début du lycée que j'étais juste quelqu'un avec qui passer du temps pendant les récrés... Cela a été très difficile quand je m'en suis rendu compte.
Je me soupçonne depuis de ne pas me lier trop avec les gens afin de ne pas reproduire ce schéma.
Je rêve malgré tout de me lier d'une réelle amitié avec quelqu'un... Mais cela est vraiment compliqué. Pour ne pas me retrouver de trop, j'incline un beaucoup d'invitations (celle où je pense qu'il va être difficile de s'intégrer)...
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W4x
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Re: Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par W4x »

Il me semble qu'une partie de la réponse peut être contenue dans ta question... dans une certaine mesure ton comportement et tes ressentis en amitié peuvent être induits par ton vécu. A force de te sentir "la 3e roue du duo" tu t'es peut-être progressivement inscrite dans ce mode de fonctionnement lorsqu'il s'est représenté, non?
Ô'Rêve a écrit :Les amitiés trop proches, trop envahissantes, je crois que je les fuie. Parfois, j’ai le doux désir de construire une amitié de proximité avec des personnes avec qui je pourrai partager plus souvent. Mais je dois me rendre à l’évidence que si certains cotés me font rêver, ma réalité est toute autre. J’ai besoin de mettre une forme de distance, j’ai besoin de temps pour construire et nourrir les relations.
Une partie de la réponse n'est-elle pas contenue là-dedans? ;)
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O'Rêve
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Re: Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par O'Rêve »

Je pense que tu vois juste quand tu écris que mon comportement et ressentis en amitié peuvent être induits par mon vécu, et que je me suis inscrite dans un mode de fonctionnement.

Pour compléter le tableau de mes amitiés en école primaire, je dois dire que je me retrouvais parfois dans des situations très délicates et oppressantes. Le souvenir le plus marquant reste le jour où N. et une autre petite fille m’ont enfermée dans le placard d’un couloir de l’école. C’est un maitre d’école, qui m’a entendu, alors que je paniquais pour sortir et a ouvert la porte du placard. Je reste également blessée par de nombreux moments où je me retrouvais isolée, et par les nombreuses moqueries de N. à mon égard. D’une certaine manière, je me mettais en situation de victime et je subissais une forme de harcèlement aux cotés de N.
Je pense que cette première relation « d’amitié », si on peut appeler cela comme ça a été très négative. Toute la difficulté vient du ressenti qui n’a pas été validé du coté parental lorsque j’exprimais ma souffrance dans la relation. Mon père qui travaillait en milieu hospitalier me rappelait alors combien j’avais de la chance d’être en bonne santé et que ce n’était rien de grave ce que je vivais en comparaison des enfants malades qu’il voyait quotidiennement.
Ma mère de son coté n’entendait pas non plus ma souffrance, son seule soucis à cette époque étant ma réussite scolaire. Si je réussissais scolaire, c’est que j’allais bien.
Mon ressenti n’ayant pas été validé, j’ai reproduit par la suite le même mode de fonctionnement.
Bien plus tard, je me suis retrouvée dans une relation toxique (avec une femme) au niveau professionnel, il y a plusieurs années, me retrouvant à nouveau à la place de la victime. Je pense qu’il n’y a pas de hasard. Ce mode fonctionnement n’ayant pas été décrié lorsque j’étais enfant, pourquoi penser qu’il était malsain ?
De plus, ayant développé une personnalité en faux self, j’avais tout à fait le profil pour me faire manipuler.
Je pense que pendant longtemps, les gens que j’ai côtoyés ont palpé ce faux-self et n’ont pas forcément cherché ma compagnie. Mon comportement ne devait pas non plus les inciter à mieux me connaître : j’étais effacée, restais en retrait, ne m’impliquais pas trop.

Aujourd’hui cela est différent. Un accompagnement thérapeutique m’a permis de découvrir cette facette de ma personnalité (avant le diagnostic de douance) et m’a aidé à me retrouver. C’est entre autre en développant mon coté « créateur » au niveau professionnel que j’ai commencé à me sentir plus libre et authentique à un niveau social et professionnel. Il reste du chemin à parcourir, mais je me sens beaucoup mieux et je me sens enfin à ma place. Je me rends compte que les regards changent et ça me fait du bien. (le regard que je me porte a lui aussi changé).
Mais j’ai le sentiment que la peur n’est pas totalement partie, et je que suis telle une sentinelle guettant les signes d’une possible relation toxique.
Je compte bien sur la découverte récente de ma douance pour réussir à me libérer définitivement de cette peur. Qui sait…peut-être une des dernières pièces du puzzle qui me manquait ? Mais cela reste à voir. Le temps parlera…

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Sand
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Re: Amitiés et sentiment de se retrouver "en arrière plan"

Message par Sand »

J'ai une expérience un peu différente de la tienne, néanmoins ce sujet m'a évoqué certaines questions et a mis le doigt sur certaines choses aux niveau de mes relations amicales que je ressens également.

Je m'explique : j'ai eu à différents moment de ma vie des relations amicales fortes avec quelques personnes de mon sexe, des filles donc. A chaque fois pourtant c'etait du "one-to-one". Je n'ai donc pas eu le sentiment d'être la troisième pièce d'un trio. Pourtant, à chaque fois, nous faisions également parties d'un groupe, et dès lors que nous nous retrouvions au sein du groupe, j'avais souvent l'impression d'être un peu "à l'ecart. Quand nous faisions des trucs à 2, pas de souci, et dès que nous étions plus, j'avais l'impression que d'autres comptaient plus que moi. Par exemple, avec C. que j'ai connu vers 20 ans (j'en ai 36 presque) j'ai eu l'impression que c'etait ma "meilleure amie" au début. Puis assez vite je me suis rendue compte que même si nous avons (encore) une belle relation toutes les deux, elle avait déjà une "meilleure amie" et je n'étais qu'une amie de plus... et que du coup, dès lors qu'on se voit avec notre groupe d'amis, je ne suis pas du tout privilégiée dans ses relations.
Et pourtant, je me rends compte que j'avais, je ne sais pas pourquoi vraiment, une très forte envie d'être proche d'elle et d'être considérée par elle d'une maniere privilégiee.

Avec M. (que je considère comme ma soeur, que je connais depuis 30 ans) il y a eu différentes phases. Aujourd'hui je sais que j'ai une relation privilégiée avec elle (je suis marraine de son fils, j'ai ete temoin à son mariage... ) mais jusque là, j'ai aussi toujours eu l'impression qu'elle avait constamment certaines amies avec lesquelles elle avait des relations plus "privilégiees" qu'avec moi... (elle les voyait plus, se comportait de maniere plus proche avec les autres qu'avec moi). Cela je pense car je suis qqun qui reste un peu en retrait, qui observe beaucoup (plus encore par le passé) et qui n'est pas tres tactile.

Pourtant aujourd'hui, je suis quasi la seule qui est restee constante avec elle. Et maintenant je me rends compte que malgre la distance (elle est partie loin) et le fait qu'on se voie peu, on a réellement une relation particuliere, qui n'appartient qu'à nous, et que j'ai une place importante dans sa vie. Et vice versa.

Je crois que pendant longtemps j'ai eu un peu un faux self aussi. Et que du coup les autres n'avaient pas trop de prise pour pouvoir s'attacher à moi.

C'est compliqué tout ça, je suis toujours un peu en reflexion là dessus, et j'essaie aussi d'accepter que les relations amicales peuvent etre multiples. J'ai moi meme des relations proches avec quelques amies, et c'est normal qu'elles aussi de leur coté en aient avec plusieurs personnes. (pourtant, par egocentrisme peut etre, j'ai longtemps pensé que tout devait tourner autour de moi, ou alors que moi , je pouvais avoir plusieurs relations fortes avec des personnes, mais j'avais du mal à accepter de ne pas être la seule pour elles... Un peu schizo ? etrange ? egocentrée ? peureux ? je multipliais peut etre aussi les amities fortes de peur de n'en avoir qu'une et d'etre déçue ? )

Encore maintenant, c'est un grand sujet, bien que toutefois j'ai l'impression d'y voir de plus en plus clair, et je commence à accepter les différents "niveaux" d'amitiés...

Ô'Rêve a écrit:
Les amitiés trop proches, trop envahissantes, je crois que je les fuie. Parfois, j’ai le doux désir de construire une amitié de proximité avec des personnes avec qui je pourrai partager plus souvent. Mais je dois me rendre à l’évidence que si certains cotés me font rêver, ma réalité est toute autre. J’ai besoin de mettre une forme de distance, j’ai besoin de temps pour construire et nourrir les relations.[ /quote]

Je me reconnais aussi là dedans je dois dire. C'est pareil pour moi, j'ai besoin de temps pour construire et nourrir une vraie relation, et je remarque que parfois il y a des gens qui apparaissent dans les vies de mes amis , et j'ai l'impression que tout de suite ils deviennent tres proches. Et ca me fait envie. Mais ce n'est pas mon mode de fonctionnement.
"There is a crack in everything. That's how the light gets in."

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