Le doute

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Thibaud
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Le doute

Message par Thibaud »

Aujourd'hui j'ai eu un doute, ce genre de doute que l'on ne peut réprimer, le doute qui t'envahie comme un voile, le doute qui t'angoisse, qui te serre le ventre et le coeur.
Je ne pouvais échapper à ce doute, alors j'ai voulu me faire douter sur ce que je prenais comme certitude dans ma vie.
J'ai douté sur ce que je doutais déja, et je me suis demandé, mais pourquoi on doute?
Le doute est l'essence de l'homme, il est la conception même de ce qui nous caractérise.
Descartes disait "je doute donc je suis" car douter c'est se sentir "être".
Tout tourne autour du Doute: la recherche de la vérité, que nous cherchons tous c'est supprimer cette notion de doute, c'est pour cela que c'est une chimère, car on ne peut s’ôter de tous nos doutes.
S’ôter d'un doute, comme en justice; "au delà de tout doute raisonnable", le doute dans la tête d'une sportif, le doute en politique, en économie, le doute est le liens entre tout ce qui caractérise notre société.
On doute en l'avenir, on doute dans la famille, on doute sur la sincérité des gens...
Et douter c'est dur, car celui qui sait douter de sa propre conception des choses, se remets en question profondément.
Douter sur soi, sur ses capacités, sur sa vie en général, c'est se juger, et la conséquence est souvent dure à digérer.
Et plus on commence à douter plus les événements s'enchainent, et le cerveau entre en ébullition.
c'est le point de non retour, tu sais à ce moment la que ca va durer longtemps.
Le doute s’immisce comme des parasites entre nos neurones et fragilise le bel assemblage de notre cerveau.
Douter c'est une force mais c'est aussi une arme à double tranchant, qui se retourne souvent contre celui qui le manipule.
Bref, aujourd'hui j'ai eu un doute...
Ps: Doutez mes amis, vous verrez, c'est fantastique !
ps2: c'est sorti comme ca de ma tête, il n'y a pas de construction j'en suis désolé
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Re: Le doute

Message par Hoppy »

Je dois alors faire partie de ceux qui trouvent que douter n'a rien de fantastique! J'ai la "maladie du doute" et cela ne me rends pas heureuse. Je doute de tout, tout le temps, je doute de douter même pour dire.

Si l'adage de Descartes est véridique alors "je suis" vraiment mais alors vraiment trop. Le doute est l'essence même de l'homme, cela nous fait peut-être nous sentir vivant mais qu'est ce que c'est dur alors!

Après avoir assumer un statut de revendeur de RAF - cf:
► Afficher le texte
J'attends le RAD maintenant :mrgreen:
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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Si tu souhaites lancer un débat il serait bien de construire quelque chose. Ce n'est pas parce que cela sort comme ça de ta tête que tu dois le poster ainsi et juste d'excuser de la chose. Si chacun poste ainsi, le forum va devenir un grand n'importe nawak.
Et quitte à parler de Descartes, autant citer correctement la citation, car il a dit "je PENSE donc je suis" (cogito ergo sum), seule chose qui ne puisse être remise en cause par le doute. Ce n'est pas du tout la même chose.
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Thibaud
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Re: Le doute

Message par Thibaud »

Zyghna a écrit :Si tu souhaites lancer un débat il serait bien de construire quelque chose. Ce n'est pas parce que cela sort comme ça de ta tête que tu dois le poster ainsi et juste d'excuser de la chose. Si chacun poste ainsi, le forum va devenir un grand n'importe nawak.
Je ne m'excuse pas de ne pas avoir ouvert un débat, mais de ne pas avoir écrit un texte bien structuré.
Ouvrir le débat sur un sujet aussi vaste que le doute, je ne prétend pas en avoir les connaissances nécessaires pour en orienter le développement.
J’exprimais ici un état d'esprit, un questionnement, ce qui est important. il n'y a pas de tentative de vouloir créer un chaos, mais plutôt orienter ca comme un "brainstorming", trop orienter un premier post le conduit souvent à le brider et le priver d'un développement inattendu, quel intêret de l'orienter dans une direction que l'on connait ou que l'on souhaite? Laissons le aller vers une tournure inattendu .
Mais si je ne respecte pas l'idée du forum, je m'en excuse vraiment, et je peux modifier ce post pour le rendre plus en adéquation avec l'esprit, il n'y a aucun problème à cela.
Zyghna a écrit : Et quitte à parler de Descartes, autant citer correctement la citation, car il a dit "je PENSE donc je suis" (cogito ergo sum), seule chose qui ne puisse être remise en cause par le doute. Ce n'est pas du tout la même chose.
Plusieurs choses à cela:
L'expression exacte est "Je pense donc je suis" dans le discours de la méthode en 1637, pas de traduction latine !
L'expression latine "Cogito Ergo Sum" n'apparait que dans les "Principes de la philosophie" en 1644, il utilise avant l'expression "ego sum, ego existo" (je suis, j'existe) dans Méditations métaphysiques en version latine de 1641.
Sur le fond:
Descartes dit que l'on ne peut mettre l’existence en doute, car douter est déjà penser, donc exister:
"Je sais que j'existe du fait même que je doute", Le doute ayant pour conséquence la première des vérités : celle du moi pensant
L'expression je doute donc je suis est la première des vérités de Descartes
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Zyghna
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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Et bien voilà, c'est déjà mieux quand c'est plus structuré!

Le soucis de Descartes, à mon sens, c'est qu'il impose en certitude le fait que penser implique que nous sommes, que nous existons en tant que construction intellectuelle, limite indépendamment de tout sentiment. Et cela a conditionné toute une pensée à imaginer qu'il existait un "moi" qui puisse être circoncis.
Mais le doute reste là, lancinant, d'une chose insaisissable qu'on nous fait miroiter. Un doute, profond, violent, patient, que le moi n'est pas moi mais "nous", nous en tant que multiplicité à l'intérieur de nous-mêmes, nous en tant qu'humain indissociable des autres humains, puisque c'est à travers les autres que nous naissons, évoluons, existons.

Douter c'est être? Je pense que l'on devient vraiment lorsqu'on lâche le doute, lorsque le doute n'a plus de raison d'être, lorsque le doute ultime devient acceptation de ce que l'on est, pas de ce que l'on voudrait que les autres voient de nous, lorsqu'on accepte l'infinité de nos incertitudes. Lâcher-prise disiez-vous? :p
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Kliban
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Re: Le doute

Message par Kliban »

L'argument cartésien n'est ni existentiel - ce serait quelque peu avant la lettre - ni logique - ce n'est pas un raisonnement.

Pour Descartes, si je me souviens bien, le rapport de "je pense" à "je suis" est un rapport d'immédiateté - et c'est ce qui a été extrêmement difficile à comprendre pour ses contemporains. Le ergo, "donc", de la formule des Principes est trompeur - et je ne sais plus dans quels Réponses aux Objections Descartes insiste bien sur ce que "je pense, je suis" s'entend sans médiation, comme une consécution immédiate. "Je pense" vaut ici de "je doute", dans la mesure où c'est le doute même qui se heurte à l'impossibilité de douter de "je doute", constaté dans l'immédiat de son énonciation : aucun dieu trompeur ne pourrait empêcher que "je doute" soit faux. Ce n'est donc pas un raisonnement, c'est la première de toutes les certitudes possibles, celle qui résiste au travail méthodique de sape par le doute radical

Il est difficile de réfuter cette partie de l'édifice cartésien - pas infaisable, mais c'est probablement assez compliqué : en fait, il faudrait pouvoir étendre l'expérience de pensée d'un brain in a box (Matrix, en gros) à la simulation non plus du monde externe seulement mais d'éléments du fonctionnement interne : volonté, arbitre, sens de soi, etc. Et cela pose des tas de problème, parce que nous avons beau dire, nous croyons en un "je".

Certes pas un "je" substance - c'est ce que l'on a le plus reproché par la suite à Descartes : de passer de "je pense" à "je suis une chose pensante". Mais un "je" identité ("moi", éventuellement parmi "nous", mais ayant un statut particulier parmi "nous") qui est encore le support d'actes appropriant ("mes" pensées, "mon" appartement, "mes" enfants"), certes divers dans le rapport au propre (on n'a pas ses enfants en propre comme on a sa voiture, c'est à souhaiter !).

Je pense que tant qu'on continue à croire à ce "je" là, on peut en effet continuer à affirmer que le doute n'a pas de fin - notamment parce que ce "je" là ne peut être certain d'aucuns des attributs par lequel il se définit : ses appropriations peuvent toutes lui être enlevées - et c'est douloureux, assurément - et son identité ne tient qu'à des croyances sur un magma psychique bien plus divers que ces récits en lesquels il accepte de se reconnaître psycho-socialement. (désolé, je fais beaucoup de raccourcis, donc c'est un peu dense ou trop rapide...).

Les théorèmes, si l'on veut, seraient ceux-ci :
Tant que je doute, il y a un "je" pour relancer le doute et réaffirmer les identités et les séparations appropriantes (au sens où "à moi" suppose "pas à toi" mais aussi des choses "pas à moi").
Le doute se lève en même temps que le "je".

Et ce qui se lève alors, c'est la structure identitaire-appropriante du "je" ("je suis telle ou telle chose", "ceci est à moi"). Ne resterait qu'une très sage ignorance (Nicolas de Cues) qui ne sait pas même qu'elle ne sait rien, mais qui a levé tout doute et connaît la merveille de ce qui est en deçà de la logique permettant de dire (et donc de rater) ce qui est. Lâcher-prise, disait-elle ;).

(du moins c'est comme ça que je vois les choses :P)
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Miss dans la lune
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Re: Le doute

Message par Miss dans la lune »

Kliban a écrit : "Je pense" vaut ici de "je doute", dans la mesure où c'est le doute même qui se heurte à l'impossibilité de douter de "je doute", constaté dans l'immédiat de son énonciation : aucun dieu trompeur ne pourrait empêcher que "je doute" soit faux. Ce n'est donc pas un raisonnement, c'est la première de toutes les certitudes possibles, celle qui résiste au travail méthodique de sape par le doute radical
On ne peut pas douter qu'on est en train de douter c'est ça? mais comment pourrait-on douter que l'on est en train de penser? pourquoi passer par le doute pour affirmer que l'on pense? en quoi la certitude du doute est-elle plus forte que la certitude de la pensée?


Je pense que tant qu'on continue à croire à ce "je" là, on peut en effet continuer à affirmer que le doute n'a pas de fin - notamment parce que ce "je" là ne peut être certain d'aucuns des attributs par lequel il se définit : ses appropriations peuvent toutes lui être enlevées - et c'est douloureux, assurément - et son identité ne tient qu'à des croyances sur un magma psychique bien plus divers que ces récits en lesquels il accepte de se reconnaître psycho-socialement. (désolé, je fais beaucoup de raccourcis, donc c'est un peu dense ou trop rapide...).
En langage "miss dans la lune":
Si on enlève une roue à une voiture, est-t'elle encore une voiture? beuh...moui...
Et si on lui enlève la carrosserie les roues et le moteur? beuh...
Et ce qui se lève alors, c'est la structure identitaire-appropriante du "je" ("je suis telle ou telle chose", "ceci est à moi"). Ne resterait qu'une très sage ignorance (Nicolas de Cues) qui ne sait pas même qu'elle ne sait rien, mais qui a levé tout doute et connaît la merveille de ce qui est en deçà de la logique permettant de dire (et donc de rater) ce qui est. Lâcher-prise, disait-elle ;).
ou comment se transformer en caillou... Quelle sérénité peut-on trouver dans dans la dépersonnalisation, j'allais presque dire la psychose volontaire? enfin surtout à quel prix, parce que j’imagine bien qu'un caillou est plus serein qu'un homme. (Zyghna pas taper, c'est pour rire). Mais bon, on s’éloigne du sujet...

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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Un caillou ne tape pas Miss dans la lune ^^
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Re: Le doute

Message par Tatou »

Thibaud a écrit :(...) Doutez mes amis, vous verrez, c'est fantastique !
Fantastique… Je ne sais pas et je n'imagine pas, un instant, ne pas douter.

«Je» doute, «je» questionne. Entre guillemets, parce que le processus m'échappe, j'ai l'impression qu'il est inhérent à mon fonctionnement. Je déroule chaque pelote et l'observe sous tous les angles que me permettent mes moyens. Et je m'observe la dérouler. Et quand elle est déroulée, quand les fils sont une masse informe que je regarde de mille endroits différents, il ne reste plus de mots, c'est un indicible sentiment de vide, dénué de sens. Je ne sais pas si le «silence éternel des espaces infinis m'effraye», mais j'en reste intimement coi.

Le doute s'impose en moi trop souvent pour en apprécier la présence lancinante ; et comme Zygh, j'aurais tendance à penser que le doute m'éloigne.

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Kliban
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Re: Le doute

Message par Kliban »

Miss dans la lune a écrit :On ne peut pas douter qu'on est en train de douter c'est ça? mais comment pourrait-on douter que l'on est en train de penser? pourquoi passer par le doute pour affirmer que l'on pense? en quoi la certitude du doute est-elle plus forte que la certitude de la pensée?
Pour Descartes, c'est la même - mais en fait sa réelle proposition est (Méditations Métaphysiques 2) : "cette proposition : "Je suis, j'existe", est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou la conçois en mon esprit". Le passage par le doute radical est pour lui méthodologique et n'a pour autre objet que d'arriver à une proposition qui soit indubitable, de façon à pouvoir, à partir de là, reconstruire tout le savoir sur des bases saines. On peut donc tout à fait partir de la pensée. Le noeud du truc, c'est : dès que je forme la proposition "je suis", celle-ci est (selon Descartes) indubitable - ce qui est en réalité bien plus fort que "je doute" ou "je pense" - et j'ai pu m'emmêler là-dessus dans mon précédent. On a besoin d'un cartésien. Help! :P
Hors-sujet
Miss dans la lune a écrit :En langage "miss dans la lune":
Si on enlève une roue à une voiture, est-t'elle encore une voiture? beuh...moui...
Et si on lui enlève la carrosserie les roues et le moteur? beuh...
Ce n'est pas tout à fait comme ça que je verrais la métaphore.

Si on prend un cheval de labours et qu'on lui enlève les oeillères, est-ce encore un cheval de labours ?
Et si on lui enlève le joug et le mors ?
Et si on lui apprend lentement la liberté ?
Est-ce encore un cheval de labours ?
Non. En effet. :-)
Miss dans la lune a écrit :ou comment se transformer en caillou... Quelle sérénité peut-on trouver dans dans la dépersonnalisation, j'allais presque dire la psychose volontaire? enfin surtout à quel prix, parce que j’imagine bien qu'un caillou est plus serein qu'un homme. (Zyghna pas taper, c'est pour rire). Mais bon, on s’éloigne du sujet...
Il n'y a pas de réponse possible à cette question. Il y a l'expérience possible, en revanche. Ce n'est pas celle d'un caillou. ou un caillou très aimant et très libre et très joyeux et plein de rires :).
Edit : Mais la question de ce qu'on veut faire de ce genre de réflexion est indispensable. Pour ce qui me concerne

- si c'est "trouver la paix/le bonheur/la joie/etc." : alors il faut trouver un passage radical hors du doute.
- si c'est "distinguer le vrai du faux/mieux fonctionner collectivement/mieux fonctionner psychologiquement", alors le doute peut être un bon outil, voire pour certains, une voie royale, d'humilité et de découvertes.

Si on mélange ces deux usages, on finit tôt ou tard par raconter n'importe quoi. Le premier usage relève des cheminements qu'on dit spirituels ou parfois mystiques. Le confondre avec le second, qui est un chemin de construction des normes du bien-être individuel et collectif, ça mène à des aberrations (genre la doctrine des péché capitaux, qui relève historiquement exactement de ce type de confusion, quand on transporte dans la gestion morale des sociétés des découvertes du fonctionnement psychique fait dans certains des stades de l'ascèse : ce qui vaut d'un méditant au désert ne vaut pas d'un marchand en sa cité).

Si l'on veut discuter de tout ça sans s'enfermer dans des dialogue de sourd, ça me semble important de distinguer ça - au moins.

(Edité pour corriger certains péchés capitaux typographiques :P)
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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Je pense qu'il serait bon aussi de redéfinir ce qu'est le doute, on a trop souvent tendance à lui coller une image négative le doute paralysant, le doute de manque d'assurance...
Doute, c'est juste dire "je ne sais pas".

Après, forcément que je crois à une existence hors du doute cartésien, donc hors du "je" (mais ça c'est pas nouveau :p), mais pas hors du doute "je ne sais pas", parce qu'au final, on ne sait rien. Et ça c'est une chose dont je ne doute absolument pas!
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Re: Le doute

Message par Kliban »

Zyghna a écrit :Je pense qu'il serait bon aussi de redéfinir ce qu'est le doute, on a trop souvent tendance à lui coller une image négative le doute paralysant, le doute de manque d'assurance...
Doute, c'est juste dire "je ne sais pas".
C'est lié à la question du "savoir" et donc de la "vérité".

Douter ce peut être "je ne sais pas".
Mais ce peut aussi être "je crois savoir. Est-ce que je sais vraiment ? D'où vient cette croyance ? qu'est-ce qu'une certitude ? Quelle certitude puis-je avoir ? Qu'est-ce qui est vrai ?". ou encore de façon plus concrète : "on dit que X est Y. Et si on jouait à X est Z, que se passe-t-il ?".

Dans un cas, il n'y a pas de relance. "Je ne sais pas." Point. C'est absolu, net, sans bavure. "Maître, quel est l'essence du zen ? - Je ne sais pas."
Dans les deux autres, il y a un procès de construction d'une norme - celle de la vérité et du savoir conjoint. Ou de destruction de toute possibilité de ce faire si la norme que l'on cherche, on ne parvient pas à la trouver - c'est arrivé.

Lieu commun : Il me semble de toute façon qu'il vaut mieux - en tout cas pour nous qui savons en général nous embarquer dans des navigations conceptuelles complexes - plonger dans le jeu délicieux et troublant de l'enquête portée par le doute que de nous enfermer dans les fausses certitudes - et les faux-selfs. On peut trouver des tas de choses nouvelles là-dedans et parfois des possibilités de croissance. Mais, je crois, presque toujours, la réaffirmation de "je". Ce qui pour un.e bouddhiste n'est pas un vécu propre à le.la contenter.
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Re: Le doute

Message par Miss dans la lune »

Kliban a écrit : -1) si c'est "trouver la paix/le bonheur/la joie/etc." : alors il faut trouver un passage radical hors du doute.
-2) si c'est "distinguer le vrai du faux/mieux fonctionner collectivement/mieux fonctionner psychologiquement", alors le doute peut être un bon outil, voire pour certains, une voie royale, d'humilité et de découvertes.

Si on mélange ces deux usages, on finit tôt ou tard par raconter n'importe quoi. Le premier usage relève des cheminements qu'on dit spirituels ou parfois mystiques. Le confondre avec le second, qui est un chemin de construction des normes du bien-être individuel et collectif, ça mène à des aberrations
Je pense que l'on peut tout de même connecter les deux.
Trouver un "passage radical hors du doute", ne nécessite t'il pas une déconstruction méthodique de toutes croyances et valeurs acquises, qui passerait par le doute "outil". Tout devient alors incertitude ou certitude en fonction des points de vue, du temps, des mœurs -si l'on parle de morale-, du référentiel... Plus de conviction, plus de doutes, seulement les constats que mes sens me laissent percevoir...
(je ne suis pas renseignée sur le zen ou le bouddhisme, ou très peu, mais je ne comprends pas en quoi la désappropriation du "je" est nécessaire)

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Re: Le doute

Message par Zyghna »

(Pas le courage de te répondre ce soir Miss dans la Lune, mais je t'expliquerai le principe de la démarche égotique dans le zen).
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Re: Le doute

Message par Kliban »

Miss dans la lune a écrit :Je pense que l'on peut tout de même connecter les deux.
Trouver un "passage radical hors du doute", ne nécessite t'il pas une déconstruction méthodique de toutes croyances et valeurs acquises, qui passerait par le doute "outil". Tout devient alors incertitude ou certitude en fonction des points de vue, du temps, des mœurs -si l'on parle de morale-, du référentiel... Plus de conviction, plus de doutes, seulement les constats que mes sens me laissent percevoir...
C'est possible. Les non-dualismes indiens (advaïta vedanta) procèdent ainsi. Une méthode de discernement méthodique de tout ce qui ne peut résister au doute.

Mais alors, même ce qui me vient des sens est douteux : je ne peux dire "serpent", parce que ce stimulus que je perçois peut être une "corde". Et je pourrais aussi être en train de rêver : le serpent que je perçois en rêve et qui m'effraie en rêve a encore moins d'existence que la corde. Les constats issus de mes sens sont donc douteux. La seule chose dont on ne peut douter, c'est du magma sensoriel et émotionnel. Mais, du coup, dans cette tradition là, le "je" qui dit : cette perception est "ma" perception est éminemment douteux. De même que ce "je" qui dit "je souffre"... il n'est pas dit qu'IL souffre. Qu'il y ait douleur, oui. Mais que "je" soit affecté par la souffrance ? Douteux.

Du coup, le monde, qui est le lieu où l'on identifie des formes sur lesquels on pose des noms, des attentes, des savoirs, est considéré comme largement illusoire (pas pour tous les mouvements, mais je passe) : rien ne peut y résister au doute. Et dans ce monde, il y a "moi" - qui n'est pas tout à fait "je" : "moi", c'est "je" quand il dit "je souffre", "je veux ça", "je sais que c'est vrai" : quand il s'approprie des bouts du monde et en exclut d'autres.

Dans ce genre de chemin, alors, on essaie donc de savoir ce qu'est ce "je". Pas ceci, pas ceci, pas ceci. Au final de ce type de "doute", ne reste qu'une expérience d'un "je" qui est sans forme ni identité ni appropriation - rien de ce que nous avons coutume d'appeler "moi". Et qui est une grande liberté.

Mais il y a d'autres voies qui ne passent pas par ce genre de méthode, le zen par exemple (Zyghna ?).
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Zyghna
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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Puisque nous sommes dans le non-dualisme, autant y rester, cela permettra de mieux appréhender cette notion de doute et d'ego à travers le prisme du zen.
Donc déjà le "je" est une construction, un concept, et de fait, n'existe pas en tant que tel. L'être humain est en perpétuelle évolution, ce qu'on nomme "je" n'a pas de réalité autre que celle de l'instant présent.
Toutes celles et ceux qui se sont frottés à la douance et ont totalement revisité leur vie passée et actuelle devraient en comprendre pleinement l'idée.
On pourrait vite arriver au nihilisme, mais on s'arrêtera à la vacuité. Le "je" n'existe donc que dans l'instant présent et n'existe que par sa dépendance au reste du monde. Nous sommes des êtres en perpétuel changement, en perpétuelle interaction, avec les autres humains, avec l'environnement, avec tout ce qui est ou n'est pas, tout ce qui a été ou adviendra.
Quand on regarde le monde ainsi, il ne reste plus de place pour le doute. Le "je" n'a plus d'intérêt en tant que tel puisqu'il est l'impermanence même.

C'est la démarche égotique, le fait de vouloir qu'il y ait absolument un "je" qui soit strictement différent de l'autre, qui crée le doute. Un "je" tellement important que sa disparition panique, alors même que ce "je" ne peux être définit ou saisit, tel un Dieu.
Alors oui il reste un "je" au final, mais seulement le "je" de l'instant présent, celui qui agit, qui s'ajuste au monde en étant ouvert sur le monde.

Il n'y a pas de "je suis", donc plus de doute. Mais comme au final on ne sait rien, tout est doute.

Le zen part du postulat que nous avons créé les concepts afin de comprendre le monde, mais que ces concepts sont incomplets, inefficaces, et qu'ils nous font appréhender le monde de manière erronée. C'est le monde des illusions. Le cheminement dans le zen consiste à se défaire de ces concepts pour voir le monde tel qu'il est vraiment, d'où le principe des koans, ces énigmes apparemment insolubles qui visent à atteindre la quintessence du doute. Alors le doute est partout, le doute a disparu (ouais c'est cool la pensée non-dualiste ^^).
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Miss dans la lune
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Re: Le doute

Message par Miss dans la lune »

Merci Kliban et Zyghna pour ces deux visions non-dualistes, l'Advaïta védanta et le zen. La première déconstruisant une à une les croyances, la seconde postulant que nos concepts sont de fausses croyances, pour un objectif similaire: le doute ultime, d'où la disparition de celui-ci.

En fait ce n'est pas une désappropriation du "je" comme je l'avais compris au début (d'où la métaphore avec la voiture désossée à qui il ne reste plus rien à la fin, que j'avais faite plus haut), seulement du "je suis" (du "je identité" comme dit kliban). Et ça c'est beaucoup plus acceptable (voire totalement). (je refuse de douter de mon expérience du "je".)

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Zyghna
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Re: Le doute

Message par Zyghna »

Cela serait peut-être plus simple de faire une distinction claire entre "je suis", qui appelle généralement un complément (je suis ceci ou cela, comme ceci, comme cela, etc.) et "j'existe" qui est un fait un peu plus brut.

Pour reprendre le cas du zen, on admet un "j'existe" mais pas un "je suis".
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