Dire sa douance : comment et à qui

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Korydween
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Korydween »

Je viens de lire ton témoignage, Mockingbird, et c'est vraiment bien que tes amis le prennent comme ça. Pour ta famille, bien sûr que c'est dur qu'ils ne comprennent pas, mais si au moins ils te soutiennent (financièrement) dans tes choix, c'est déjà ça !
En revanche, ton dernier paragraphe me fait un peu bondir, en particulier ce passage :
Mockinbird a écrit : A mon avis, cela renvoie aussi à la maladie, et vu que vous avez commencé en parlant de "problèmes", peut-être qu'au lieu d'entendre un "il se croit plus intelligent" agressif, l'entourage entendra un "Ah mais il était malade ?! Et maintenant il sait ce qu'il a, ouf !" avec plus de compassion.
Je suis une fervente croyante en la force des mots et qu'il faut appeler un chat un chat. Ramener la douance à une maladie, c'est comme ramener les gauchers, les synesthètes, les personnes qui ont les yeux verrons à des malades : c'est dire qu'une particularité, une caractéristique, est une maladie. Or, il me semble que ces personnes là ne sont pas malades, pas plus que ne le sont les surdoués. Une maladie est quelque chose de péjoratif, pour laquelle on prend des médicaments. Même s'il y a des difficultés à être surdoué (comme à être gaucher, synesthète ou avec des yeux verrons), je ne vois pas ça comme quelque chose de péjoratif et il n'y a pas de médicaments pour ça (et tant mieux ! :whew: )
De plus, si tu le présentes comme ça, les gens vont automatiquement faire le rapprochement avec « mais tu vas guérir alors ? »... Non, on ne guérit pas d'être surdoué ! 

Enfin, je suis d'accord et consciente que les termes « surdoué », « HQI »... sont souvent mal compris et sonnent comme « je suis trop intelligent ». Mais si nous, les surdoués, ceux que ça concerne en premier, ramenons ça à une maladie on n'est pas sortis du sable ! Je pense que c'est au contraire à nous de mener le combat pour faire changer le sens de ces mots. Faire comprendre à l'opinion publique que non, un surdoué n'a pas forcément la vie toute rose, n'a pas un master es maths option concerto de piano à 12 ans et qu'il est juste différent. J'ai conscience que ce n'est pas facile, que certaines personnes ne voudront pas entendre les explications, mais je reste intimement convaincue que déplacer le diagnostic dans la case maladie n'est pas la solution. Je ne suis pas malade, je suis différente, et je suis certaine que je ne suis pas la seule. Je refuse que l'on ait de la compassion pour moi sous seul prétexte que je suis surdouée, et j'attaquerai à la tronçonneuse tous ceux qui me regarderaient avec une larme au coin de l'œil si je leur dit que je suis surdouée !
Et pour être parfaitement honnête, quitte à être dure, je trouve ça vexant et particulièrement énervant d'être rangée dans une case « malade ».
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TourneLune
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par TourneLune »

Je me suis toujours demandée si on pouvait faire la comparaison surdoué dans un monde de "normaux" avec normal dans un monde de déficient mentaux, en insistant bien non sur le sentiment de supériorité, mais sur le décalage, l'incompréhension, la difficulté à trouver des repères et à se construire, à trouver des référents, à grandir tout simplement. Avec des gens vraiment bienveillants, ça peut peut-être passer mais de façon générale, j'ai peur qu'ils ne prennent juste ça comme le fait qu'on les voit comme des débiles mentaux ^^
Je pense aussi que si l'aspect maladie peut aider à faire passer le message ( le pauvre!!!), preuve en est le succès des livres abordant le thème sous cet angle-là dans le commerce, il n'aide pas vraiment dans le fond à se faire accepter. Il n'y a rien à guérir, ce n'est pas un défaut ou un handicap, c'est une particularité qui a ses inconvénients et ses avantages.
On peut essayer de comparer à quelqu'un de trop grand qui , s'il ne le sait pas, a sans cesse mal à la tête parce qu'ils se cognent à des portes trop basses pour lui. Quand il sait qu'il est trop grand, il sait d'où vient son mal de tête et comment le faire cesser en se baissant. Mais il devra toujours faire l'effort de se baisser et parfois, il peut oublier.
On doit pouvoir trouver des images moins simplistes et plus parlantes....

Je pense aussi qu'il faut éviter l'écueil de l'intelligence différente vs l'intelligence supérieure. L'intelligence est différente ET supérieure, c'est la valeur de la personne qui ne l'est pas. Le résultat produit par cette intelligence n'est pas forcément supérieur non plus, certaines choses sont facilitées, d'autres sont compliquées ( accès à la compréhension de certains concepts plus facilement, mais c'est plus difficile de gérer le quotidien, de s'organiser, d'être efficace, du coup, on n'est pas forcément meilleur).

Après, y a des raccourcis qui peuvent aider avec certaines personnes, tant pis si ils sont faux mais ils continuent à faire persister des idées fausses, c'est un peu dommage. Tant que possible, je crois qu'il faut essayer d'être le plus juste et le plus cohérent possible, en fonction de la capacité de compréhension, d'acceptation et de bienveillance de l'interlocuteur. Et là, difficile de donner des conseils.
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sanders
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par sanders »

Tournesol a écrit :Je me suis toujours demandée si on pouvait faire la comparaison surdoué dans un monde de "normaux" avec normal dans un monde de déficient mentaux, en insistant bien non sur le sentiment de supériorité, mais sur le décalage, l'incompréhension, la difficulté à trouver des repères et à se construire, à trouver des référents, à grandir tout simplement. Avec des gens vraiment bienveillants, ça peut peut-être passer mais de façon générale, j'ai peur qu'ils ne prennent juste ça comme le fait qu'on les voit comme des débiles mentaux ^^
Bah je sais pas Tournesol, les quelques exemples d'enfants non déficients nés de parents déficients ou d'enfants entendants nés de parents sourds que je connais ont montré une grande culpabilité de la part des enfants et un désir de "réparer", "d'aider" leurs parents.
Ce qui montre pour moi une conscience de la différence et qu'ils ont placé "le manque" clairement du côté de leurs parents. Ceci dit, ils ont eu aussi autour d'eux d'autres adultes non déficients ou entendants, du coup ils n'étaient pas plongés dans "un monde".
Par contre, le récit d'adultes sourds racontant leurs souvenirs lorsqu'ils étaient enfants est édifiant : ils ne côtoyaient que des adultes entendants et pensaient ... que les enfants sourds étaient voués à mourir, qu'eux mêmes mourraient jeunes ! Mais c'est de l'inverse que tu voulais parler.

Je trouve que cette question de " dire sa douance et à qui " fait partie du chemin de la découverte puis de l'acceptation.

Elle permet aussi de réfléchir à deux choses il me semble.
La première est : qu'est-ce que la douance signifie pour moi ? Il y a la définition et tout ce qu'elle comporte d'éclaircissements mais aussi de limitations, qu'est-ce que cela signifie donc. Il y a mon histoire et ce que le bilan a pu révéler de mes forces et faiblesses et là intervient le pour moi.
La seconde est "qu'est-ce que je compte faire avec ça ? Et de la réponse à cette question découlera naturellement si je souhaite en parler (ou pas) et à qui. Cela pourra être la(le) compagn(on)e, la famille, les amis, les collègues, ... mais aussi un neurologue, un kiné, un psy, ... ou personne.

Et les réponses à ces deux questions sont vouées à évoluer puisque je suis en constante évolution.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par TourneLune »

Oui, je pense que mon image n'est pas comparable à tes exemples parce que ce n'est pas un enfant et ses parents, avec des référents extérieurs comme lui mais un enfant face à un monde, sans référent. Peut-être que c'est difficile à imaginer, je ne sais pas...

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Mockinbird
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Mockinbird »

Or, il me semble que ces personnes là ne sont pas malades, pas plus que ne le sont les surdoués. Une maladie est quelque chose de péjoratif, pour laquelle on prend des médicaments.
Je me suis alors mal exprimé. Je ne me pense pas malade. Depuis le diagnostic je ne me suis jamais senti aussi sain d'ailleurs. Et le but de mon propos était de ne pas dire "je suis malade" mais de faire en sorte que ce soit inconsciemment associé comme ça. Ce qui, je pense, ne revient pas tout à fait au même. Et évite l'association à "fou" si on dit "psy" ou "orgueilleux" si on dit directement "surdoué". Par ailleurs je pense le diabète ou l'hypertension illustre très bien qu'on peut-être associé à la maladie sans pour autant en guérir, etêtre tout à fait bien avec autrui comme ça. Si l'image est plus parlante, elle est sans doute préférable à "malade" tout court alors. Et cela débouche juste sur un "du coup je dois faire attention aux sucres ou au sel" comme je pourrais dire un "je dois faire attention aux émotions qui stagnent dans une pièce".

Mais j'insiste sur le fait que je pense que cela ne doit servir que d'introduction à la douance pour ouvrir le débat de manière constructive et non directement limité par les préjugés. Il est plus facile à mon avis de passer d'un "j'ai des critères que certains classeraient dans la maladie" vers un "mais je ne suis pas malade parce que c'est mon cerveau qui fonctionne comme ça" puis information sur la douance, que d'un "je suis surdoué" vers un "mais en fait c'est pas du tout ce que vous croyez".
j'attaquerai à la tronçonneuse tous ceux qui me regarderaient avec une larme au coin de l'œil si je leur dit que je suis surdouée !
Je pense que tous n'ont pas encore la possibilité d'être aussi confiant en eux (juste la confiance "normale", je ne dis pas "sur-confiance") pour faire ça. Surtout s'ils ont déjà eu à affronter les autres pour pouvoir être un brin eux-mêmes. Affronter encore, pour un résultats qu'ils connaissent déjà ?
Et pour être parfaitement honnête, quitte à être dure, je trouve ça vexant et particulièrement énervant d'être rangée dans une case « malade ».
On est d'accord. Mais je le répète, mon propos est juste de permettre une introduction au dialogue pour faciliter l'évolution des mœurs par l'instruction. C'est une introduction qui en vaut bien une autre j'en conviens :-)
On doit pouvoir trouver des images moins simplistes et plus parlantes...
C'est vrai, j'en conviens.
L'intelligence est différente ET supérieure, c'est la valeur de la personne qui ne l'est pas. Le résultat produit par cette intelligence n'est pas forcément supérieur non plus, certaines choses sont facilitées, d'autres sont compliquées.
On est donc d'accord sur ce point. Mais l'expliquer à quelqu'un dont l'intelligence ne lui permet pas, à l'annonce u diagnostic, de faire ce distingo essentiel, c'est s'assuré de le mettre dans une position où il percevra que l'un est intelligent et l'autre "pas".
Après, y a des raccourcis qui peuvent aider avec certaines personnes, tant pis si ils sont faux mais ils continuent à faire persister des idées fausses, c'est un peu dommage. Tant que possible, je crois qu'il faut essayer d'être le plus juste et le plus cohérent possible, en fonction de la capacité de compréhension, d'acceptation et de bienveillance de l'interlocuteur. Et là, difficile de donner des conseils.
En écrivant mon précédent post, je pensais justement à ceux qui n'ont pas une bonne capacité d'acceptation et de compréhension justement. Avec les autres, comme mes amis, qui sont à la fois bienveillants et suffisamment intelligents pour voir plus loin que le bout de leur nez, la chose s'en trouve grandement simplifier.
Nous avons voté. Et à sept voix contre cinq, nous avons décidé que nous ne sommes pas schizophrène.

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lobo
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par lobo »

Pas évident de savoir à qui en parler et comment...

J'en ai parlé en premier à mes parents , femme et enfants. Ils sont doublement concernés car, d'une part je vis avec eux et, d'autre part, génétiquement il serait logique qu'il y ait d'autres cas dans la famille.

Mon frère aussi, qui s'est senti intéressé. Je vais certainement en parler à d'autres membres de la famille.

J'ai toujours commencé par dire que je m'y était intéressé par ma fille, puis que j'avais fini par me faire tester et que c'était positif.

J'en ai parlé aussi à mon voisin, un mec super, qui a une écoute incroyable.

Là où ça se complique un peu, c'est dans mon groupe de musique. Je bosse beaucoup avec eux, ce sont des gens ouverts et intelligents. J'ai envie de leur en parler, mais je me retiens car j'ai peur que ça se retourne contre moi. En effet, dans la musique il y a beaucoup de partage et d'amitié mais aussi de la compétition. ça pourrait amener une discussion intéressante, leur permettre de mieux comprendre mon fonctionnement, mais le danger c'est qu'à un moment donné ça donne lieu à des vannes ou de la jalousie. Et ça j'aurais du mal à le supporter.

Donc, pour l'instant motus avec eux. Je vais voir si je peux en parler peut-être à une seule personne du groupe, celle qui est la plus sympa. Déjà, à partir de sa réaction je saurai si je peux continuer à en parler ou pas.

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Calypso
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Calypso »

A qui le dire ?
Je pense qu'il faut bien y réfléchir avant, anticiper toutes les réactions possibles de ces personnes. Au final il y'a beaucoup plus de probabilités que ça ne se passe pas bien que l'inverse.
Personnellement j'en ai parlé à 3 amis, avant d'avoir passé le test, dont un que je regrette parce que malgré toute sa gentillesse et sa bonne volonté, il ne me juge pas mal, il ne le prend pas mal, mais j'ai beau essayer d'expliquer il ne comprend pas. Il suffit de voir sa réaction quand je lui ai dit le résultat : "hypothèse confirmée pour moi aussi : t'es la best". Enfin après tout un après midi à en parler au point de m'épuiser bien que lui l'ai vécu comme une conversation intéressante et profonde, ça marche pas.
Alors en parler à d'autres, clairement moins ouverts et gentils que lui ? c'est peine perdue.
Les 2 autres amis à qui j'en ai parlé sont à mon avis, surdoués aussi.
La famille, même si c'est génétique, même s'ils souhaitent mon bonheur, ne le comprendraient pas.
Ma psy elle même ne m'a pas encouragée à en parler, elle m'a même dit qu'au final j'ai raison de me méfier de certaines réactions.
Qu'il vaut mieux que j'apprenne à me connaitre et à utiliser cette empathie très présente pour modifier les rapports et les échanges, ce qui apporterait un mieux, sans nommer "celui dont on ne doit pas prononcer le nom".

C'est normal qu'on ait envie de le communiquer, de dire que non on n'est pas fou, qu'on n'est pas de mauvaise volonté, que non on ne peut pas changer, mais commencer à dire ces choses amènerait à devoir dire pourquoi et ce pourquoi risque fortement de modifier les rapports qu'on a avec ces autres. J'imagine des moqueries à la première erreur commise "heureusement que t'es surdouée sinon qu'est ce que ce serait ! ahahah". Ou réveiller des complexes d'infériorité au moindre terme un peu plus soutenu que la normale et provoquer soit un malaise, soit de l'agressivité. Ou instaurer une distance plus grande, certains se sentant à tors inférieurs, n'oseront plus parler, ou pèseront chaque mot, malaise, malaise quoi. Ou on va nier l'existence du surdon "ouai ouai, on est tous surdoué quoi", "moi aussi au test sur m6 j'ai eu plus de 130".
Bref. Je suis pour ne pas trop en parler en fait.

Quant à la manière de le dire, je suis pour utiliser le bon mot, ne pas prendre de chemin détourné, c'est du surdon, je suis surdouée, voilà, c'est pas grave, c'est pas sale, c'est pas contagieux. :P

petit HS perso : j'en ai parlé à ma mère ce midi, esprit d'auto-contradiction ?

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arizona
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par arizona »

Je n'en ai parlé qu'à des gens avec lesquelles je parle déjà de choses intimes. Et je l'ai dit de la même façon que je pourrais expliquer pourquoi j'aime un pays, ou que éh, j'ai fait un truc génial hier, j'ai sauté à l'élastique ( exemple débile parce que je n'ai jamais, et je ne sauterais jamais à l'élastique ).
Donc l'explication se limite à : j'ai fait un truc marrant, j'ai été voir un psy, et j'ai passé un test, et ça me fait réfléchir sur plein de choses, et c'est génial parce que ce que j'aurai mis X ans à faire toute seule, à comprendre toute seule, à faire évoluer toute seule, va se faire en X:10…
Et c'est à peu près tout, parce que je reste persuadée que le fait de se savoir surdoué ne change que notre perception de comprendre, de voir notre réalité, et de mieux comprendre nos interactions avec les autres.
Je reste persuadée que tout le monde est différent, et que être surdoué n'est qu'une de mes différences. Certains ont leur différence inscrite dans leur corps, d'autres inscrites dans leur histoire, d'autres inscrite dans leur environnement, et chacun doit faire avec, surdoué ou pas. Je reste persuadée aussi, que la démarche la plus intéressante n'est pas que les autres me comprennent, mais de moi, chercher à comprendre les autres, et à savoir qui ils sont.
Après, une fois dit que j'ai fait "truc" qui me permet de comprendre des "choses", la réaction est : éh mais c'est génial ! Bref, la même que si je dis que j'ai sauté en élastique, ou que j'ai découvert un auteur super intéressant. Après, tout dépend de l'interlocuteur. Certains ne sont pas intéressés par le saut à l'élastique, donc la conversation s'arrête là, et c'est très bien ainsi, parce que j'ai exprimé une évolution, ou potentielle évolution, et qu'ils en sont enchantés pour moi, mais qu'ils ne se sentent pas obligés de me poser mille questions, ce qui me conforte dans l'idée que on est bien à l'aise dans notre relation. D'autres veulent savoir ce que l'on peut ressentir, et quelles sont ces "choses " sur lesquelles du coup je réfléchis, et je réponds à leur questions.

J'ai passé le test il y a 5 mois, et quand je découvre un nouveau truc, ou bien que quelque chose a changé chez moi, je le dis de même, parce que ça m'enthousiasme, et que je suis contente d'avoir passé un cap. Exemple, mon rapport au temps a enfin changé, - je n'aimais pas mon rapport au temps, et je n'arrivais pas à le modifier, et c'est fait… ça s'est fait tout seul, comme toutes ces choses là, un peu comme si on passait une commande : cher cerveau, veuillez s'il vous plaît modifier ceci. Et puis on y pense plus, surtout pas, et on attend que la commande arrive. Et ça, je le dis, toujours à ceux avec qui je parle de choses intimes, comme si je disais : j'ai un amoureux !
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Si nous n'étions pas d'ici, nous serions l'infini.
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Rakgi »

J'ai une question à poser à ceux qui, longtemps après avoir été diagnostiqué, veulent toujours le dire : Pourquoi ?

J'ai toujours eu le sentiment d'être différent mais je ne sais pas vraiment si on se doit d'expliquer aux gens sa différence. On ne leur doit rien. Je l'ai pourtant dis à 3 amis. Parmi elles, 2 n'ont pas réagi et l'autre légèrement plus intéressé a fini par me dire le fond de sa pensée : mais ce n'est pas juste que tu possèdes quelque chose en plus (cela dit, nous sommes toujours en contact).
Je l'ai également dit à mon père et ma belle-mère. Et à part me dire "bah t'es intelligent mon fils" et parfois entendre quelques pics comme "tu as bonne mémoire toi" par ci par là rien de plus. Mais au final entendre ce genre de remarque me gène terriblement.

Bref, je peux comprendre qu'après avoir été diagnostiqué on ai envie de le crier sur tout les toits mais si c'est pour être confronté aux stéréotypes du surdoué et ne pas chercher au fond ce que ça signifie alors non merci, je préfère garder ça pour moi.

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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Calypso »

L'envie n'est pas tant de le crier sur tout les toits que de vouloir expliquer le pourquoi du comment, de vouloir dissiper des malentendus.
Quand on t'a toujours fait certains reproches que tu n'as jamais trop compris, "défauts" que tu as tenté d'améliorer en vain, qu'on te conseille souvent de faire une thérapie, voire de consulter un psychiatre, et que là un professionnel te dit : vous n'avez aucun problème psy, vous n'avez pas besoin de thérapie, vous n'avez aucun dysfonctionnement, au contraire, j'avoue que l'envie est grande de dire à tout le monde que non, j'ai pas un pet au casque. Mais en effet, ce n'est pas une bonne idée, ça n'aidera pas, les réactions seront hostiles si elles ne le sont pas encore, surtout balancé avec rancoeur.

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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Pier Kirool »

lobo a écrit :J'ai envie de leur en parler, mais je me retiens car j'ai peur que ça se retourne contre moi. En effet, dans la musique il y a beaucoup de partage et d'amitié mais aussi de la compétition. ça pourrait amener une discussion intéressante, leur permettre de mieux comprendre mon fonctionnement, mais le danger c'est qu'à un moment donné ça donne lieu à des vannes ou de la jalousie. Et ça j'aurais du mal à le supporter.
SI il y a gros besoin d'explications, tu peux je pense passer par les signes, le type de fonctionnement (arborescence, touche à tout, créativité, hypersensibilité), sans donner la source...le QI, le HP, le WAIS, tout çà... Des fois, dire, "Je suis comme çà", ça aide...
Calypso a écrit :Bref. Je suis pour ne pas trop en parler en fait. Quant à la manière de le dire, je suis pour utiliser le bon mot, ne pas prendre de chemin détourné, c'est du surdon, je suis surdouée, voilà, c'est pas grave, c'est pas sale, c'est pas contagieux. :P petit HS perso : j'en ai parlé à ma mère ce midi, esprit d'auto-contradiction ?
Oui ! Mais tu comme çà ; c'est pas si grave puisque tu le sais... :-)
Calypso a écrit :L'envie n'est pas tant de le crier sur tout les toits que de vouloir expliquer le pourquoi du comment, de vouloir dissiper des malentendus.
Là aussi, choisir auprès de qui l'on "se doit" de dissiper les malentendus est majeur. Ca revient à trier les gens vraiment importants, et il n'y en a (peut-être) pas tant que çà. Auprès de qui souhaite-t-on vraiment être bien compris ?
Arizona a écrit :Après, tout dépend de l'interlocuteur.
Tu as échappé aux jaloux, aux méchants, aux moqueurs, et c'est bien !
Rakgi a écrit :J'ai une question à poser à ceux qui, longtemps après avoir été diagnostiqué, veulent toujours le dire : Pourquoi ?
Sur la forme, cela part comme du Cyprien
► Afficher le texte
Sur le fond je suis assez d'accord, au début, c'est feu d'artifice, donc méfiance dans le choix des interlocuteurs à cette période (cf les interlocuteurs si-dessus); j'ai fait je pense au moins une erreur, et "on" se sent très bête, c'est le moins qu'on puisse dire ; par la suite, il est possible que l'envie et le besoin diminuent et donc on a moins envie...
"La vraie science est une ignorance qui se sait" (Voltaire)

Jane
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Jane »

Bonjour à tous,
Je lis avec beaucoup d'intérêt vos diverses expériences et opinions sur cette question qui me préoccupe actuellement. Et je constate qu'ils convergent à peu près tous vers le choix de faire profil bas. En ce qui me concerne je ne suis qu'au stade de la réflexion car, tout juste diagnostiquée (2 semaines), je n'ai partagé l'information qu'avec mon cher et tendre époux qui traverse tous ces événements à mes côtés, ma psy (qui me semble un poil déstabilisée) et... mon prof de yoga et de méditation ! (j'y reviendrai)

Plus particulièrement, je me pose la question de l'importance que je dois accorder à mon rôle potentiel dans l'évolution des préjugés dont est victime la population des surdoués. Dans mon parcours (très récent), la circulation de l'information a été absolument cruciale : si des gens du service public (merci France Inter) n'avaient pas jugé utile d'aborder la question de la souffrance des adultes surdoués à une heure de grande écoute, jamais je n'aurais été révélée à moi-même. Et j'ai cru comprendre, sur ce forum, que je n'étais pas la seule dans ce cas précis. Jamais je n'avais entendu parler de cette population et de ses caractéristiques. En outre mes propres a priori sur les surdoués m'auraient de toute façon empêcher d'explorer ce champ d'investigation.

C'est pourquoi, dans ma façon d'envisager la question d'informer ou pas mon entourage, comme sur la façon de procéder d'ailleurs, je garde en tête l'existence de tous ces autres qui, comme moi il y a si peu de temps, sont dans le brouillard. Quand on y pense, statistiquement, nous ne sommes pas si rares. Ce serait tellement plus facile, à long terme bien sûr, si le phénomène était mieux connu de tous (des surdoués comme des non surdoués). Et je me dis que si les surdoués eux-mêmes ne s'expriment pas sur leur identité ils ne seront jamais entendus dans leur réalité et leur justesse. Car qui s'en chargera ?

Je ne peux évidemment baser mes réflexions que sur ma seule expérience à ce jour. La voici : suite à des méditations qui devenaient de plus plus compliquées à gérer sur le plan émotionnel mon prof, intrigué, m'a proposé une petite discussion en tête à tête afin d'essayer de comprendre ce qui se passait. L'hypothèse de la douance venait de surgir inopinément dans ma vie quelques semaines auparavant et assez naïvement (je m'en rends compte aujourd'hui) je l'ai évoquée. Il s'avère que j'ai eu l'énorme chance d'avoir face à moi un interlocuteur informé. Une de ses grandes amies est elle-même surdouée et à cette époque-là il en savait probablement plus que moi sur le sujet. Il a eu une super réaction, bienveillante : je ne l'ai ni effrayé ni agacé. Une réaction de prof de méditation certes mais je crois aussi, surtout, une réaction informée.

Alors je me prends à rêver d'un cercle vertueux. C'est le même combat que doit mener chaque minorité évidemment. Il s'agit toujours d'informer, de revendiquer son existence, de lutter contre les malentendus, d'éduquer... Car, la plupart du temps, c'est l'inconnu qui fait peur ou met mal à l'aise. Il s'agit de réfléchir à plus long terme, de penser aussi aux générations suivantes. En outre, selon les pays ou les cultures la douance est perçue de manière différente : les américains inscrivent bien leur appartenance à Mensa sur leur CV et, si on ne fait rien, les britanniques vont penser que les surdoués ressemblent tous à Sherlock grâce au succès phénoménal de la série. ; ) Rien ne me paraît donc figé.

J'ai parfaitement conscience qu'il est très douloureux et difficile d'affronter individuellement l'intolérance. Mais puisque de toute façon j'en fus la victime toutes ces années sans comprendre même pour quelles raisons, je me dis qu'aujourd'hui j'ai une vraie motivation pour continuer à y faire face. (mais non, je ne suis pas surdouée ET masochiste) Et je crois que ma participation à cette évolution des mentalités peut en partie se jouer sur le fait que je dévoile ma douance et tenir aussi à la façon dont je la présente à mon entourage dans le but de dissiper certains clichés. Il ne s'agit pas de la revendiquer haut et fort mais plutôt d'une révolution à toute petite échelle, à une échelle humaine à laquelle je pense. Mon mari associait encore il y a 3 mois surdon et enfance... il y a donc des choses simples que nous sommes en pouvoir de modifier. Rien que par la diffusion de connaissances basiques telles que : les surdoués existent et ils ne ressemblent pas à ce que vous croyez. Car plus nous nous affirmerons tels que nous sommes, avec simplicité, plus notre situation s'améliorera. Non ?

Pour conclure j'ajouterais que j'admets mon inexpérience totale et assume l'aspect naïf/idéaliste (au choix) du questionnement que je partage aujourd'hui avec vous dans le but d'alimenter le débat... Qu'en pensez-vous ? Est-ce une idée totalement saugrenue ? inapplicable ?
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Mlle Rose
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Mlle Rose »

En fait le profil bas, je crois que c'est au début.

Perso, me concernant, maintenant tout le monde le sait, et tout le monde s'y est fait, j'en parle ouvertement, comme je parle ouvertement de celle de mon fils. Etant en paix avec ça, n'ayant pas de revendication particulière par rapport à ça et n'ayant pas tendance à grossir des chevilles dès que j'en parle, je n'ai reçu et ne reçois aucune manifestation d'intolérance, aucune raillerie, aucun sarcasme.
En fait on vient me voir dès qu'on soupçonne un enfant d'en être dans le coin.
Mes collègues aussi le savent, elle savent que je m'occupe d'un forum et d'un site sur le sujet. Elles m'envoient les enfants concernés ou potentiellement concernés (je leur envoie les enfants qui ont une déficience mentale, que je suis personnellement incapable d'aider tant je ne comprends pas comment ils fonctionnent - je ne connais que la théorie, mais ça fait mince je trouve pour être réellement efficace...).
Quelques uns des parents de mes patients le savent.

Je crois qu'en fait, la manière dont l'autre perçoit ce qu'on lui annonce (et donc la réaction associée) dépend beaucoup de la manière dont on l'a intégré en soi. Attendre d'être totalement à l'aise avec n'est pas idiot (mais je me répète je crois, j'ai déjà dû le dire plus haut).

Une petite tentative de temporisation donc :)
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lobo
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par lobo »

Jane a écrit :Bonjour à tous,
Je lis avec beaucoup d'intérêt vos diverses expériences et opinions sur cette question qui me préoccupe actuellement. Et je constate qu'ils convergent à peu près tous vers le choix de faire profil bas. ...

Plus particulièrement, je me pose la question de l'importance que je dois accorder à mon rôle potentiel dans l'évolution des préjugés dont est victime la population des surdoués.
Jane, pour ma part j'ai l'impression que le plus sage serait de se comprendre un peu mieux avant de chercher à l'expliquer aux autres. C'est marrant d'ailleurs que tu parles d'aider toute la population surdouée. Il semble que l'envie de changer le monde et de faire le bonheur de l'humanité fasse justement partie du "pack". :-)

(PS : tu fais de la méditation ? Je serais curieux de te lire sur le sujet car j'ai commencé à m'y intéresser et ça me plaît beaucoup )
Pierre Kirool a écrit : SI il y a gros besoin d'explications, tu peux je pense passer par les signes, le type de fonctionnement (arborescence, touche à tout, créativité, hypersensibilité), sans donner la source...le QI, le HP, le WAIS, tout çà... Des fois, dire, "Je suis comme çà", ça aide...
Oui c'est vrai, en fait j'attend de savoir un peu mieux "comment je suis" pour pouvoir en parler. Par contre, dans un groupe de jazz comme le mien, je dirais que tout le monde est déjà "hypersensible, créatif, touche à tout". J'ai donc peur que ça n'ai pas vraiment de sens de leur présenter la chose comme ça. Si je leur dis, ce sera sans détour. Peut-être plus par envie de partager que par nécessité. Ce sont vraiment des gens intelligents et ouverts. Je ne crois pas qu'ils soient forcément HPI, mais peut-être...Le sax est particulièrement intelligent. Son frère est neurologue, je pourrais peut-être aborder la question par là...

A vrai dire, la chose que j'aimerais parfois leur expliquer, c'est ma difficulté à me concentrer sur des détails répétitifs.

Il y a le bon moment aussi. Pas forcément top d'arriver :

" C'était cool le concert"
- Ouais. Tiens à ce propos je suis surdoué :rock:
- Ah ouais ? C'est marrant. Bon, on va bouffer ?

Jane
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Jane »

Melle Rose,
Merci beaucoup d’avoir ajouté ton témoignage : je le trouve réjouissant car en effet non seulement il nuance les autres opinions partagées jusqu’ici mais il correspond exactement à ce que j’essayais d’exprimer plus haut. (enfin dans ma propre lecture évidemment !) Il apporte la preuve qu’il est possible d’affirmer sa particularité sans faux-semblant et sans heurt ET, par cette attitude-même, claire et apaisée, constituer une aide vis-à-vis des autres (puisque les gens qui t’entourent connaissent ainsi la question et t’amènent les pauvres âmes en errance).
Dans cette section comme dans les livres que j’ai consultés il est assez souvent déconseillé de parler de sa douance en dehors d’un cercle très choisi d’interlocuteurs. Et, ce que j’interprète comme une espèce de tabou autour du surdon me fait bondir depuis ma découverte il y a quelques mois. Réaction peut-être bêtement liée à mon histoire et aux souffrances associées aux secrets. Pourtant, je ne peux m’empêcher de trouver dommage d'être victime de réactions intolérantes car (pour une part) désinformées tout en choisissant de maintenir ce silence désinformateur.
Même si j’imagine que ta situation est le fruit d’un long cheminement, avec ses douleurs, ses difficultés, je trouve que ce que tu en présentes est vraiment chouette. Respect. Ca met du baume au cœur…

Lobo,
lobo a écrit : Jane, pour ma part j'ai l'impression que le plus sage serait de se comprendre un peu mieux avant de chercher à l'expliquer aux autres.
Oui, bien sûr.
lobo a écrit :C'est marrant d'ailleurs que tu parles d'aider toute la population surdouée. Il semble que l'envie de changer le monde et de faire le bonheur de l'humanité fasse justement partie du "pack". :-)
Ben oui encore. Ca ne fait pas partie du tien ? :P
En ce qui concerne la méditation, je n’ai commencé sa pratique que l’année dernière. Je suis donc novice mais c’est vrai que je trouve l’exercice vraiment fascinant !

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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Sphax »

Jane a écrit :Melle Rose,
Merci beaucoup d’avoir ajouté ton témoignage : je le trouve réjouissant car en effet non seulement il nuance les autres opinions partagées jusqu’ici mais il correspond exactement à ce que j’essayais d’exprimer plus haut. (enfin dans ma propre lecture évidemment !) Il apporte la preuve qu’il est possible d’affirmer sa particularité sans faux-semblant et sans heurt ET, par cette attitude-même, claire et apaisée, constituer une aide vis-à-vis des autres (puisque les gens qui t’entourent connaissent ainsi la question et t’amènent les pauvres âmes en errance).
Dans cette section comme dans les livres que j’ai consultés il est assez souvent déconseillé de parler de sa douance en dehors d’un cercle très choisi d’interlocuteurs. Et, ce que j’interprète comme une espèce de tabou autour du surdon me fait bondir depuis ma découverte il y a quelques mois.
Oui mais attention je pense qu'il y a là une forme de nuance importante à saisir: je ne suis pas certain que Mlle_Rose "affirme" sa différence et elle ne le fait probablement pas comme le ferait une personne qui aurait appris cette douance depuis peu et chercherait des conseils dans les livres sur comment et à qui le dire...

Enfin je ferais mieux de la laisser parler plutôt que de raconter à sa place des trucs que je ne sais pas, mais il y a un juste milieu entre "informer, de revendiquer son existence, de lutter contre les malentendus, d'éduquer" et de n'en parler à personne comme si c'était un secret honteux. Je crois que c'est ce que Mlle_Rose a réussi à faire, mais c'est quelque chose qui prend du temps et qui passe par le dire aux autres, mais uniquement à des gens choisis, progressivement.

Personnellement je n'en suis encore qu'au début de mon périple de surdoué mais j'ai la chance d'avoir un entourage très compréhensif et je crois, pour un certain nombre, concerné par la douance aussi. Donc j'en ai parlé avec eux, pris le temps d'expliquer et ils sont au courant de mes avancées successives. Mais j'en ai pas parlé à tout le monde, je me garde le droit d'informer d'autres personnes moins concernée ou moins intimes au fur et à mesure que l'occasion se présentera. Et si elle ne se présente pas, tant pis.
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par TourneLune »

Je crois qu'il y a aussi une énorme nuance à apporter selon si on travaille en indépendant ou si on travaille dans une hiérarchie assez marquée.

Vu les réactions lors de situations de crise que j'ai eu dans ma famille alors qu'il s'agit de gens particulièrement bienveillants, je suis à peu près persuadée que dans le cadre professionnel où j'ai des chefs et des gens en -dessous de moi, ce serait à un moment ou à un autre utilisé contre moi. Alors on peut parfois passer par dessus mais pas toujours et ça ne dépend pas que de nous. Il y a ce qu'on est capable d'assumer et ce que les autres sont capables d'entendre. On peut toujours assumer mais parfois, les avantages sont juste inférieurs aux inconvénients. Il ne s'agit pas de sortir les grands mots comme un faux self. Il y a un tas de domaines où je ne raconte pas en large et en travers qui je suis et pourquoi je suis comme ça etc... C'est personnel.
Si ça doit se savoir, ben ça se saura, mais je crois qu'au début, on a surtout envie de le dire parce qu'on pense de près ou de loin que si ça nous soulage, ça servira peu ou prou d'excuse pour nos difficultés. Et là, je pense qu'on se met le doigt dans l’œil.

Donc le cacher, non, le vivre oui, ça ne signifie en fait pas forcément le dire. Le revendiquer? Arf, pourquoi pas mais faut avoir la personnalité qui va avec et bof, c'est pas la mienne.
Ca ne veut pas dire que ce soit infaisable, l'état d'esprit décrit par Mlle Rose est en tous cas surement un des meilleurs à avoir dans ce cas. C'est une donnée sur soi comme la couleur des cheveux, la taille ou le fait d'être passionné de timbres :P
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par ragged »

Bonsoir tout le monde,

J'aborde le sujet en réaction au long post de Jane du 31 janvier 2014 (tiens, le jour où j'ai découvert le mot douance! A l'heure où elle a posté, je parcourais les librairies à la recherche de Monique de Kermadec!!)

Jane annonce qu'il faudrait dire aux « autres » : les surdoués existent et ils ne ressemblent pas à ce que vous croyez. Car plus nous nous affirmerons tels que nous sommes, avec simplicité, plus notre situation s'améliorera.

J'adore ces mots ! On se croirait une bande d'extra terrestres pacifistes en plein débat sur comment nous révéler aux êtres bizarres qui habitent en masse cette planète !!

Plaisanterie à part, mon questionnement là dessus est très récent mais je suis plutôt prêt à aller dans ton sens, Jane...

Beaucoup d'entre nous ont sûrement subis nombre de rejets injustifiés, de harcèlements, de moqueries, tout au long de leur vie « d'avant » … (et des choses bien aussi, les autres ne sont pas tous des monstres heureusement!)
En découvrant la douance, une de mes violentes réactions a été au sujet de la revanche... Je me répétais « ça y est, je l'ai cette putain de revanche face à tout ces connards qui n'ont eu de cesse de vouloir m'entraver, me désapprendre à vivre ma vie !... »
Et j'avais envie d'aller leur cracher ça à la gueule...réaction stupide et primaire.
Cela aurait été une erreur.
Evitons de le dire à nos ennemis mais aux autres, pacifiquement, comme le suggère Jane, je suis pour à fond...Les gens que l'on fréquentent, amis ou simples relations, c'est mieux s'ils savent...Au moins pour éviter des regards de travers ou des grimaces effarés quand on se comporte à notre façon !
Et puis pour draguer, c'est quand même pas rien d'être surdoué, ça peut éviter de long discours avant de passer à l'acte (salut mademoiselle, je suis surdoué, on y va ?!!!)

A propos du post de Mlle Rose qui a suivi.
Elle est dans une position où tout le monde le sait. Et je trouve cette position super confortable. Pas seulement au niveau de la confiance mais parce qu'une fois que c'est intégré chez les autres, tu peux juste être toi-même..Et honnêtement, qu'est ce que ça fait du bien !

Pour ma part, deux personnes l'ont devinés quelques jours avant que je ne passe le test (je n'ai rien dit, je me sentais pas bien et j'osais rien dire, elles ont trouvés la réponse...elles trouvaient ça "normal" que je le sois)

La première personne à l'avoir su ensuite à eu une réaction de quasi rejet comme si j'avais pété un plomb (on s'était pas vu depuis quelque temps mais on gardait un peu contact). Cela m'a refroidi et mis en colère (allons donc, n'avait-il donc jamais senti chez moi ne serait-ce qu'un peu d'intelligence ???)
Mais finalement, il a été le seul à réagir ainsi jusqu'à maintenant.

Pour tout les autres, ils n'ont pas été étonnés (ce qui, moi, m'a étonné...pourquoi je suis le seul surpris!..Vous auriez pu me prévenir bande de salauds!!).
D'où le sentiment qu'il est préférable de se dévoiler, faire un coming out.
Ceux à qui ça ne plait pas, au revoir.
Pour ceux qui voudrait faire les malins...héhé...on est plus malin qu'eux et il peut être très facile de les calmer puisqu'il y a de fortes chances qu'on les connaisse mieux qu'ils ne se connaissent (en ce qui me concerne, les failles des uns et des autres m'apparaissent très rapidement...ça en est désespérant parfois, notamment pour les relations amoureuses... !)

Au niveau du boulot, comme le dit Tournesol, ça peut être différent suivant le statut frellance ou salarié.
Du coup, je me dis que je peux éclairer sur cette question car je suis les deux !
Pour faire simple, j'étais freelance à 100% et à deux ans d'intervalles, mon plus gros client m'a demandé d'intégrer son équipe à mi temps. Ce sont des gens que j'adore et qui sont dynamiques, j'ai accepté. C'était avant de savoir que j'étais surdoué.
Je me rendais à mi temps à l'agence mais très rapidement, je n'ai plus supporté les horaires de travail, être dans un bureau (alors que le lieu est super dément)...bref, j'ai arrêté d'y aller pour fonctionner avec mes propres horaires, chez moi, et ils ont accepté ça sans problèmes.
Quand je leur ai dit ensuite que j'étais surdoué, ça les a bien fait rire genre « ah bin on comprend mieux ! ».
Mais ça, c'est la réaction des patrons.
Pour les autres employés, il n'y en a qu'une qui le sait et elle n'a pas été surprise donc pas de problème de ce côté là.
Les autres, j'hésite ... J'ai eu de mauvaises expériences sur la jalousie et la compétition et les coups bas dans une autre boite de créa il y a longtemps mais je ne vais pas m'arrêter à ça. Comme le disais Jane, les choses doivent évoluer. Je pense que je le dirais aux autres au fur et à mesure, pas de raison que ça se passe mal, de toute façon, tout le monde a remarqué que j'étais un peu...à part ! Je sens peu d'animosité.
Tout ça pour dire que même au sein d'une entreprise, surtout si l'on était déjà apprécié avant, il ne faut pas se priver de le révéler...S'il y a des jalousies, faut les débrancher tout de suite, quitte à être sec ... Mettre les putains de points sur les putains de i !!

SInon, je pense avoir trouvé une méthode (testé en soirée l'autre jour) pour annoncer doucement la douance :

- je parle d'abord de l'hyperesthésie ( ... Whao ! t'as les cinq sens super dévellopés ! C'est génial! ... ) :rofl:
- j'enchaine sur la pensée en arborescence, sans forcément la mentionner mais en expliquant le cheminement des idées qui suit l'hyperesthésie ( ... whaow ! mais t'as le cerveau qui s'arrêtes jamais ! ... ) :o
- A ce stade, ceux qui ont un peu de jugeote commence à comprendre. :^)
- Je parle ensuite du fait que, suite à ces deux premiers points, je suis obligé de travailler la nuit pour ne pas être déconcentré par le monde extérieur sinon mes pensées partent dans tout les sens sur la folie de l'homme contemporain, la conquête de l'espace, les premiers hommes sur terre, les grands mystères inexpliqués...etc..  :whew:
- J'explique que c'est une sorte de super activité, de la surefficience intellectuelle...mais que c'est cool... :ensoleillé:
- là, plus besoin de continuer, normalement, on devrait me poser la question : hey, mais t'es un surdoué ou quoi ? :o
- et je réponds : Oui madame ! On y va ?
- fin de l'annonce de la douance, merci... :rock:

Un dernier truc quand même :

Imaginez que vous vous mettez à la place d'un individu lambda, qui a une vie moyenne, ni plus ni moins, et que quelqu'un que vous connaissez un peu vous annonce qu'il est surdoué... !
Y a de quoi à avoir les boules, quand même, non ? :evil:

Je terminerais par une réaction au dernier post de tournesol que je viens de relire : dernier paragraphe : rien à redire... c'est ça ! :-)

A bientôt !
Tout commence aujourd'hui, tout continue demain...

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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Jane »

Ragged,
Ça me réjouit de te voir réagir avec tant d'enthousiasme aux réflexions que j'ai déposées ici il y a 2 mois ! Je suis heureuse de constater que quelqu'un a été touché par l'état d'esprit « pacificateur » (comme tu l'écris) qui les guidait. :$ Et je trouve remarquable que tu sois parvenu à refréner la violence de ta première réaction pour y substituer une attitude plus constructive.
Ton approche décomplexée de la question m'épate et dénote parmi les autres témoignages. Merci d'avoir partagé ton expérience ! Une nouvelle pelletée de grains à moudre...

Ton intervention me donne aussi l'occasion de me relire ainsi que les quelques commentaires qui précèdent le tien.

Sphax,
Je crois que j'ai enfin cerné la faille que tu pointes dans mon raisonnement ! (J'ai été un peu longue : on a beau être surdouée... :P ) Je vais donc essayer d'affiner mon propos.
En fait, je crois que j'ai en effet mêlé deux types d'affirmation de son identité : la première se faisant à l'échelle individuelle ( celle que je souhaitais évoquer) et une seconde à l'échelle collective. Car bien sûr, la lutte contre les préjugés, les revendications, l'éducation se font au niveau politique, au sens premier du terme. C'est un « combat » de société qui relève donc plutôt du militantisme. Et par conséquent sa prise en charge doit être faite par un groupe : c'est le rôle des lobby, forum, association... Une association est bien sûr constituée de volontés personnelles et rassemble la somme d'engagements individuels mais, encadrés et multipliés, ceux-ci prennent une autre dimension je crois. Et le regroupement constitue certainement aussi une protection.
Je n'ai pas su tracer une limite explicite entre ces deux manières différentes (mais pas incompatibles) de dire sa douance dans le but de diffuser l'information de l'existence et de la nature des surdoués dans la population. Présentée ainsi, j'espère ma réflexion plus juste et plus claire...

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lobo
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par lobo »

Je voudrais rebondir un peu sur ces questions de savoir à qui , quand et pourquoi dire sa douance.

J'ai revu un copain photographe l'autre soir , et je lui ai parlé de ma découverte de la douance, tout ça.

J'ai été agréablement surpris car il connaissait beaucoup de choses à ce sujet, et cernait tout de suite les sujets dont je lui parlais. Donc, j'ai trouvé ça hyper agréable de partager ça avec lui, j'ai ressenti une forme de soutien, de reconnaissance.

Et puis je lui ai dit que je souhaitais en parler aux musiciens avec qui je travaille, et il me l'a vraiment déconseillé. :shake: :shake: Tout de suite il m'a dit que ça allait susciter de la jalousie et que ça risquait juste de créer de nouveaux problèmes. Il m'a dit : utilise ça pour tout défoncer, amène des morceaux qui vont faire kiffer tout le monde, mais ce truc là tu le garde pour toi.

Et je suis sûr qu'il a raison. Il a confirmé ce que je ressens instinctivement. Pourquoi je n'arrive pas à leur dire depuis 6 mois, c'est qu'en fait sous la camaraderie et le plaisir de la musique je sens qu'il y a aussi une intense compétition donc : danger. Moi pas bouger. Moi attendre. :spidermanicone:

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Loubel
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Loubel »

Je n'ai pas de procédure à suivre...j'ai envie de dire, je sens à qui le dire ou pas. J'arrive aujourd'hui à le ressentir, car j'ai (malheureusement et heureusement) fait mes expériences avec ce "coming out" du type un peu particulier.

Au début de ma découverte, je pense que j'étais un peu "trop contente" d'avoir enfin trouvé "le truc" qui explique pourquoi je suis "si bizarre". Car oui, depuis que je suis sur terre^^, je suis "bizarre et mystérieuse"^^. J'ai des comportements qu'on ne comprend pas vraiment, j'ai des façons de penser qui ne sont "pas comme celles qu'on a normalement", je fais expressément toujours les choses pour "sortir du lot", je ne peux jamais être "dans les normes", c'est toujours un peu "compliqué" avec moi...

J'avoue, de manière tout à fait naïve, je l'ai dit directement à tous mes "amis proches" en leur expliquant l'état des choses en ce qui me concerne. Leurs réactions variaient de "Ah bon" "On le savais" "C'est quoi?" "On va aussi faire des tests^^" à "(silence)" "(parler derrière le dos)" "(regards moqueurs)". Il n'y a que peu de gens parmi mes "amis proches (de l'époque)" qui ont marqué un véritable intérêt par rapport à ce sujet. Je pense, ou j'ai ressenti avant tout que je leur fournissait une explication à mes "bizarritudes" qui ne leur convenait pas vraiment (je pense qu'il auraient préférées un truc plus dramatique du style "cas psycho" ou autre).
Il y a beaucoup de gens qui se sont distancé de moi, m'attaquaient, se moquaient de moi...en gros, je n'avais plus droit à l'erreur, je ne pouvais plus participer aux discussions, j'ai même été banni de certaines "plateformes de communication" pour des propos trop directes/arrogantes/hautaines/méprisantes/humiliantes (tout était bon pour devenir une reproche)...soit, même en ne disant rien (car je faisait attention de ne rien dire et de rester humble), j'arrivais à créer des tensions...donc rien n'avait changé en gros.

Je pense que les gens réagissent ainsi parce qu'ils ont peur, peur d'être "nul" "et "ridicule" face à moi et donc préfèrent la distance au lieu de profiter de ce que je pourrais apporter. Selon moi, l'appellation est déjà difficile "à faire passer" et évoque déjà une espèce de "supériorité" face à l'autre. J'aimerais en tout cas en trouver une autre...si possible.

De l'autre côté, j'ai également fait des expériences très positives. A mon boulot par exemple, je me suis confié à mon supérieur lors de mon évaluation annuelle. Ca lui semblait une évidence (il disait même qu'il le savait déjà et m'a engagé en fonction de ça). Je me suis également confié à certaines collègues plus "proches" que d'autres. Ils étaient épatés par cette nouvelle et j'ai du tout expliquer et re-expliquer. J'ai été très touché par leur intérêt et leur tolérance et gentillesse.

Aujourd'hui, je reste très prudente face aux gens. Je ne raconte pas les choses de façon "claire" à tout le monde. J'en parle pas du tout si "rien de particulier" se fait remarquer (pex: quelqu'un me dit que je suis "étrange"). Je dis honnêtement ce qui en est, si on me pose explicitement la question.
En fait, j'ai élaboré la stratégie suivante: parler aux gens dans leur langage et leur fournir l'info qu'ils ont besoin d'avoir pour comprendre (et ceci varie en fonction du public, amis, contexte etc ). Ca fonctionne assez bien.
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par ragged »

@ Jane :
merci pour ton commentaire. Je crois que mon approche décomplexée est en rapport avec la surprise qu'a été pour moi la découverte de la douance et l'enthousiasme que cela a généré en moi !
Ceci dit, la violence dans mon esprit est toujours présente, pas par rapport aux amis et connaissances ou collègues, mais par rapport à ceux qui ont tentés de me couler (pervers narcissiques, manipulateurs et harceleurs) : il est certain que je n'irais pas leur balancer mon nouveau "titre" au visage...Seulement, je repense trop souvent à eux et ça me pourrit, j'aimerais aller les remettre à leur place, les mettre en face de leurs mensonges, de leurs défauts, de leur jalousie et que ce soit à leur tour de couler...Je sais que c'est méchant comme attitude mais ça m'insupporte de penser qu'ils continuent de vivre sans se prendre la tête, en mentant aux uns et aux autres sur ce qu'ils ne sont pas....
J'aimerais les faire sortir de ma tête une bonne fois pour toutes, ne plus dialoguer avec eux quand je suis sous la douche, en train d'essayer de m'endormir etc.... (mais je coris qu'il ya un topic au sujet des PN, non ?)
Pour revenir un peu plus dans le sujet, je continue de croire que tu as raison : il faut le dire. Au moins, ça peut permettre de faire le tri...mais ça reste à nuancer, comme le sous entend le post de lobo...

@ lobo : .. Il est clair que dans le cadre de ton groupe de musique, cela pourra être mal perçu ! J'ai été gratteux dans un band il y a pas mal d'année, la rivalité était palpable, c'était insupportable... Sans compter ceux qui reprenait des compos à leur compte (mais ça c'est un autre problème..) ... Je n'ai évidemment aucun conseil à te donner car je ne connais pas les zicos avec qui tu joues et quelle ambiance règne dans le band ... Vous êtes potes à la vie à la mort ? Est ce que les autres musiciens sont indispensables à l'accomplissement de ta musique ? Si tu leur dis et que des tensions arrivent et que cela met en péril ton groupe, est-ce si gênant ? Ne peux-tu pas refaire mieux avec d'autres qui sauront ne pas te juger ou entrer en compétition avec toi ?

Finalement, chaque cas est particulier ! (putain quelle remarque intelligente...surdoué ET crétin !)

@ loubel : trés interressant commentaire... Cela nuance pas mal l'idée que j'avais de la "révélation" aux autres... Peut-être qu'il faut y aller plus mollo parce que comme tu dis, ça peut faire flipper certains de ne plus être à la hauteur ou de ne plus savoir comment nous prendre...Et puis ça peut à nouveau ramener à ce sentiment de haine, d'arrogance dont beaucoup ne perçoivent pas la douleur interne qu'elle peut infliger...
Dasn mon précédent post, je parlais de ma méthode de révélation, c'était sur un ton semi comique bien sûr. Je ne me pointerais jamais face à quelqu'un pour annoncer le truc cash...
Comme tu le dis, il faut le sentir.

Entre les commentaires de toi et Jane, je crois que je vais commencer à encadrer un peu plus mes futurs coming out !! Merci !!!
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lobo
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par lobo »

ragged a écrit :mais ça reste à nuancer, comme le sous entend le post de lobo...

@ lobo : .. Il est clair que dans le cadre de ton groupe de musique, cela pourra être mal perçu ! J'ai été gratteux dans un band il y a pas mal d'année, la rivalité était palpable, c'était insupportable... Sans compter ceux qui reprenait des compos à leur compte (mais ça c'est un autre problème..) ... Je n'ai évidemment aucun conseil à te donner car je ne connais pas les zicos avec qui tu joues et quelle ambiance règne dans le band ... Vous êtes potes à la vie à la mort ? Est ce que les autres musiciens sont indispensables à l'accomplissement de ta musique ? Si tu leur dis et que des tensions arrivent et que cela met en péril ton groupe, est-ce si gênant ? Ne peux-tu pas refaire mieux avec d'autres qui sauront ne pas te juger ou entrer en compétition avec toi ?
Ragged, en fait ce sont des mecs avec lesquels il y a une super entente musicale, et aussi un groupe très efficace où chacun a un peu sa spécialité en plus de la musique (compo, relations publiques, leader les répètes, arrangements, sites internet, graphisme ). il y a donc une synergie excellente et ça marche du tonnerre, musicalement et au niveau des concerts, tournées etc.

Maintenant, on reste des bestioles humaines malgré tout donc il y a de la compète comme dans tous les groupes (pour le leadership du groupe, pour la paternité des idées, pour faire aboutir ses compos etc ). Heureusement, le temps et l'expérience ( :sablier: ) m'ont appris que :
1) un groupe comme ça c'est exceptionnel donc il faut le préserver des querelles
2) même si on vit des moments de partage d'émotions intenses, il faut toujours garder une petite distance et ne pas tomber dans le fusionnel total, donc garder parfois le secret sur des choses intimes même si ça démange d'en parler.

En fait, j'ai l'impression que chaque fois qu'il y a de la compétition, ça peut s'avérer risqué de dire sa douance.

Maintenant, comme tu le disais Loubel, cela peut créer aussi de belles surprises d'en parler beaucoup autour de soi (même si tu conclus en disant que maintenant tu es plus réticente aux outings massifs en milieu potentiellement hostile ) :2deg

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ragged
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Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par ragged »

Lobo,

Pour le peu que j'en connaisse sur le sujet de la douance, c'est sûr que si tu leur dis, que ça se passe bien et qu'un jour il y a une dispute ... tu risques de te prendre une phrase retour ! (je l'entends raisonner d'ici la phrase : oh toi c'est bon, c'est pas parce que tu es surdoué que tu peux poser ton Fa dièse où tu veux ! )

Si tu t'entends musicalement et uhmainement avec eux, pas de raison de risquer ça...c'est fragile un groupe, mais quand ça tient, c'est beau !
Bref, changes rien et postes nous une vidéo d'un de tes concerts ! :rofl:
Tout commence aujourd'hui, tout continue demain...

Saeni

Re: Dire sa douance : comment et à qui

Message par Saeni »

C'est une question très épineuse....Personnellement il n'y a que trois personnes avec qui j'en ai parlé : ma mère (qui était déjà au courant et qui voyait bien que j'étais spéciale) mon copain à qui je peux tout dire (et qui est très probablement HP aussi) et une amie à moi que j'ai rencontré au lycée et qui est HP.
Tous les autres et bien...ce n'est pas comme si elles n'étaient pas au courant (mes 4 amies proches du collège) mais on n'en parle jamais. Je vois bien qu'elles ne comprennent pas, et que ça ne servirait à rien d'en rajouter. Elles me trouvent déjà un peu trop "prétentieuse" et bizarre sur les bords, et elles m'acceptent comme je suis, mais je pense qu'elles sont incapables de comprendre le fond du problème. Et dès que la question est abordée de près ou de loin je sens un malaise s'installer. Donc je préfère me taire.
Mais c'est vrai que je peux mal le vivre parfois, surtout avec les personnes qui ne me connaissent pas bien et qui donc ne sont pas du tout habituées à mon étrange comportement. J'ai souvent des remarques désagréables, et des fois j'aimerai vraiment leur faire comprendre. Mais ces personnes sont fermées à tout dialogue, je peux le sentir, et donc encore une fois je me tais.
Je pense que dire sa douance n'est vraiment pas évident car les gens ont des clichés tellement fort encrés dans leur esprit, et sont si peu ouverts qu'il y aura tout de suite malentendus et quiproquo, et que je serai immédiatement qualifié comme la grosse connasse narcissique et prétentieuse de service qui se croit mieux que tout le monde.
Pourtant c'est tellement loin de la vérité. Je ne sais pas vous mais moi j'ai plus tendance à développer un gros complexe d'infériorité plutôt que le contraire.

Mais je me suis résignée à l'idée que la plupart des gens ne peuvent, et ne veulent pas comprendre. Et avoir quelques personnes de confiance autour de moi à qui je peux parler me suffit.

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