Douance et psychosociologie

Pour des raisons de cohérence de l'ensemble et pour présenter à nos visiteurs une information fiable et claire, cette section est réservée en écriture aux surdoués diagnostiqués.
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Le Ludoptère
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Douance et psychosociologie

Message par Le Ludoptère »

Allez, je lance un nouveau pavé dans la mare.

Le "HPI", un syndrôme de notre société ?

La description des "surdoués" révèle que ceux-ci partagent un certain nombre de traits. Ces caractéristiques sont liées à un fonctionnement neuro-machintruc spécifique, qu'il n'est pas aberrant de supposer possible en d'autres époques et dans d'autres civilisations. Dés lors, ma question est de savoir quelles sont les caractéristiques intrinsèques du surdoué, et quelles sont les caractéristiques liées à l'environnement.

Dans les fondamentaux, on peut poser que les deux qualités qui peuvent être posées comme base sont :
- le turbinage sous le chapeau
- la sensibilité

Plus d'informations du monde, plus de traitement d'informations. Apparemment de manière naturelle.
Des personnes avec un tel fonctionnement existent-elle mettons dans des tribus de peuples premiers ? Et dans ce cas, comment se traduit leur "douance" ? Est-ce que c'est eux qui sont choisi pour devenir chaman ou druide ou je ne sais quoi ? Ont-ils ce sentiment de décalage vis à vis d'u monde ou bien sont-ils intégrés dans leur société ?

Une des caractéristique qui revient dans les ouvrages de vulgarisation de psychologie clinique à notre égard font état (évidemment puisque c'est de la psycho clinique) du mal-être du surdoué. Cet état de mal-être est-il plus présent dans notre société moderne ? Ou juste plus visible ? Ou est-ce que c'est juste que l'on ne s'en est jamais rendu compte avant ?

J'auras tendance à supposer que notre monde moderne exacerbe certains aspects du surdoués qui peuvent mettre en souffrance.

Tout d'abord, dans le rapport à l'information. Nous vivons aujourd'hui dans une société dite "de l'information". L'information est partout, accessible en permanence. Et, qui plus est, une information formalisée, c'est à dire déjà décrite. Ce n'est pas juste une perception du monde, elle est déjà en partie décortiquée. Un peu comme si on nous donnait des noix déjà ouvertes. Sachant qu'on adore les noix. On n'a plus à se casser la tête à l'ouvrir.

Cette avalanche permanente d'information dans notre monde, information pour lesquels nous avons une capacité d'assimilation et de traitement élevé, renforce certaines difficultés : sachant que l'on peut facilement, à partir d'une information simple, aller trouver des informations supplémentaires autour de cette information (recherche internet), le fonctionnement de la pensée en arborescence se retrouve accentué et avec une perspective d'infini (représenté par les 72 onglets de pages internet ouverts en même temps au fil des liens hypertextes). Par ailleurs, il nous semble presque évident que ce monde informatisé a été construit et créé par et pour des modes de fonctionnement qui sont proches de nous. En regardant les pionniers de la science informatique, on trouve systématiquement des surdoués. Un peu comme si le monde moderne était "la revanche des geeks" (geek au sens traditionnel, pas sa déformation actuelle). Bon, je me rend compte que ce que je décrit là est assez réducteur, et que le mode de fonctionnement est bien plus multiforme que ça, mais je pense que ça joue quand même en partie.

Par ailleurs, un autre point important est le contexte de "crise de civilisation". Nous vivons dans un monde anxiogène : entre les guerres, les crises financières, écologiques, politiques, les perspectives du "monde de demain" se resserrent. Alors, avoir des difficultés pour trouver du sens dans tout ça n'est finalement pas quelque chose d'exceptionnel. C'est même plutôt la norme. Les questions existentielles, le "à quoi bon ?" quand on remplit les paperasses administratives pour je ne sais quelle bouse, ne sont pas, je crois, symptomatiques du surdoué mais deviennent presque une norme.

Il en va de même avec la perte des repères moraux et de valeurs. Les repères conceptuels traditionnels (état, famille, religion, ...) n'ont plus l'air aussi absolus qu'ils ont pu l'être par le passé. La relativisation prospère. Du coup le caractère de remise en question permanente des choses est d'autant facilité.

Et je ne parlerai pas de l'éclatement de la cohésion sociale (je crois que des sociologues parlent de tribus dans notre monde moderne), qui n'aide pas pour avoir un sentiment d'avoir sa place dans la société.

Voilà en gros les éléments qui me viennent en tête sur le sujet. J'en arrive à deux possibilités :
- les caractères des surdoués sont accentués par les symptômes de notre société
- ce qui est décrit comme des caractéristiques des surdoués n'en sont pas. Ce sont des caractéristiques de l'environnement accentuées par un mode de fonctionnement particulier.

J'aurais donc tendance à penser que ce mode de fonctionnement, dans un contexte différent, donnerait des résultats complètement différents. Par exemple, pour reprendre avec les histoires de plus haut, je verrais bien que les "chamans" des peuples premiers soient des gens qui partagent notre mode de fonctionnement, mais pour le coup n'ont rien à voir avec les traits décrits par JSF et consorts.

Voilà pour les petites conneries à deux balles du midi. Je vous rend la parole.
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Mlle Rose
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Re: Douance et psychosociologie

Message par Mlle Rose »

A tes deux possibilités évoquées en conclusions, je répondrais : sans doute pas l'une sans l'autre et inversement.
Tout dépend de quelles "caractéristiques" tu parles.

Si on repart du développement cérébral et de ce qu'il implique factuellement, et tu l'as fait en partie, c'est une caractéristique intrinsèque.
Si tu places cette caractéristique intrinsèque en corrélation avec la multiplicité des vécus des gens, cela donne tout un tas de manifestations qui sont nécessairement disparates au niveau des personnalités, des caractères etc (ceux-là même qui sont "listés" comme s'associant à la douance par les ouvrages de vulgarisation, au moins en France).

Je ne sais pas si tu as lu ce fil, mais on voit bien que l'on ne peut pas prendre une liste de caractéristiques et enfermer une catégorie de gens dedans, d'autant plus lorsque cette liste a été établie par des psys qui ne voient que des gens qui ne vont pas bien (biais majeur).

Maintenant, si l'on considère ta première suggestion :
les caractères des surdoués sont accentués par les symptômes de notre société
Il ne me semble pas idiot de dire que les caractères observés peuvent l'être plus fréquemment parce qu'on les recherche plus, parce qu'ils se voient plus :
1 : on vit dans une société de "retour sur soi", où la psychologie a pris une grande place, ainsi que le développement personnel; examiner les ressentis, rechercher là où pourrait être le mal-être pour l'éliminer et poursuivre sa quête du bonheur (quête quasi obligatoire si l'on regarde un peu ce que l'on voit dans les magazines couramment....) est logique.
2 : on vit dans une société dans laquelle les gens se racontent, et se racontent souvent de manière intime, sur les fora, sur facebook, sur les blogs...ce sont des éléments dont on parle, ils ne sont pas planqués comme ils peuvent l'être dans des sociétés dont la préoccupation majeure se résume à survivre ou dans les sociétés plus anciennes.

Il ne me semble pas idiot de dire non plus que si l'on vit dans une société dans laquelle l'égalitarisme est assez présent, où beaucoup de confusions sont faites entre valeur et sur-dotation (que ce soit d'argent, de beauté, d'intelligence...), il est assez logique que l'on cherche à aborder le sujet de la douance sous un autre angle que l'angle du "plus que"; histoire de rétablir l'illusion d'un équilibre entre avantages et inconvénients, il paraît logique que l'on soit tenté d'insister sur les inconvénients pour décrire une caractéristique qui serait plus considérée comme un gros avantage.

Je n'ai pas le temps là tout de suite de développer sur le reste mais je reviendrai.
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Le Ludoptère
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Re: Douance et psychosociologie

Message par Le Ludoptère »

Bon, j'ai recogité un peu sur le sujet, et j'ai eu 2-3 lectures qui m'ont donné des pistes. Mais bon, c'est encore très brouillon pour l'instant.

Alors si je ne dis pas trop de conneries, ce qui est considéré comme "constitutif" du surdoué, c'est un bidule neuro-machintruc à base de myellinisation dans tous les sens, avec des réseaux neuronaux qui dépottent sec dans les lobes pariétaux. Et donc avec de l'hyperphrénie et de le l'hypersensibilité. Ça fait du coup une grande capacité d'observation et d'association (vite dit).

Un des bouquins que je suis en train de lire actuellement est une "histoire populaire des sciences", qui se concentrent sous tous ces anonymes qui ont révolutionné le monde petit à petit. Pour le dire vite, la thèse défendue est que le progrès scientifique a plus évolué par ces anonymes que par les figures mythiques de la sciences. Mais là n'est pas le propos. Par contre, lorsque l'auteur parle par exemple des connaissances de navigations des peuples polynésiens, ou des connaissances animales et végétales des chasseurs-cueilleurs, il cite je ne sais plus quel auteur de je ne sais plus quelle époque qui déclare que "parmi tous les chasseurs, il y en qui passent plus de temps à cogiter et à se poser des questions", mais qui chassent quand même. En somme, ce que je retiens, c'est que les surdoués naissant dans une communauté de chasseurs cueilleurs préhistoriques n'aurait peut être pas tant de sentiment de différence et de décalage que cela : son rôle social, d'inventeur, de penseur, de développeur de techniques pourrait être reconnu et valorisé. Et quand on voit la nécessaire mémoire de folie qu'il fallait pour les peuples à tradition orale, le ciboulot qui tourne au taquet est bien utile.

Par contre, il va sans dire que le raisonnement mathématico machin truc n'est sûrement pas un critère pertinent pour "mesurer" quoi que ce soit chez un de ces "surdoués primitifs".

Bon, c'était que des réflexions en vrac discutables de tous bords. C'était juste pour essayer de creusouiller un peu sur le sujet.

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Kayeza
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Re: Douance et psychosociologie

Message par Kayeza »

Le Ludoptère a écrit :En somme, ce que je retiens, c'est que les surdoués naissant dans une communauté de chasseurs cueilleurs préhistoriques n'aurait peut être pas tant de sentiment de différence et de décalage que cela : son rôle social, d'inventeur, de penseur, de développeur de techniques pourrait être reconnu et valorisé.
Ça, ça me plait bien... Peut-être qu'aujourd'hui, on a trop tendance à tout compartimenter : les "intelligents" entre eux dans les grandes écoles, les "manuels" entre eux chez les artisans, etc. C'est l'hyper-spécialisation qui aide peut-être le progrès mais qui fragilise aussi... Peut-être que dans une société moins compartimentée, les surdoués seraient mieux acceptés ? On peut rêver...
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Le Ludoptère
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Re: Douance et psychosociologie

Message par Le Ludoptère »

Bah j'imagine que dans une société traditionnelle, il y a pas mal de coutumes basées sur du "c'est comme ça" ou "les dieux ont dit que", et je suppose que si le surdoué a ce caractère de remise en question même dans ce type de société, alors ça doit pas être toujours évident de supporter qu'il contredise le grand chef, etc. Je pense que ça ne doit pas être forcément rose.

Après, dans pas mal de mythes et de sociétés, les "hommes médecine" ou autres "druides", c'est à dire ceux qui avaient une vaste connaissance du monde et de la nature, vivaient souvent de manière isolée, n'avaient pas de fonction "publique" ou politique, mais étaient écoutés pour leur connaissance et leur sagesse. Après je ne dis pas non plus qu'il y a identité entre "hommes médecine" et surdoués, mais qu'il y a des intersections et des rencontres.

Je reste quand même à me questionner sur les traits "intrinsèques" du surdoués et ceux liés à un contexte social, en essayant d'imaginer comment peut vivre un surdoué dans une société très différentes (et j'aime bien les questions autour des société dites "primitives".
Hors-sujet
Sur la notion de "castes d'activités", l'auteur du bouquin que je lis soutien la thèse que l'établissement d'une élite scientifique de savants a plus freiné le progrès scientifique qu'il ne l'a soutenu.

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