Ce que ce sujet n'est PAS : un débat sur le féminisme (pour cela, voir ici), sur la question du rapport hommes-femmes en général (sujet à créer, si je ne m'abuse - une discussion est en cours ici) ou une liste de stéréotypes ou de clichés. Il vise à recenser ce qui est supposé ou communément admis (sources à l'appui) sur la différence entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la douance en particulier.
Le sujet a notamment été évoqué dernièrement lors du compte-rendu de la passation du test (WAIS) par deux membres.
etLe Renard a écrit : L'IVT, lui, a carrément des cors aux deux pieds par rapport aux trois autres, incohérent avec la vitesse à laquelle j'ai donné toutes les réponses aux autres exercices. Et là elle dit que c'est parce que je suis un mec. Huh ? "Oui, c'est parce que ça vous a ennuyé". Ah bah oui.[...]. Elle dit que beaucoup de mecs se gaufrent à cet exercice qui ne stimule pas les neurones, alors que les femmes, elles, ont culturellement plus l'habitude de subir depuis l'école primaire.
D'où un premier postulat : les hommes se rebiffent plus facilement que les femmes contre un "ordre" considéré comme absurde ou sans intérêt, et ce serait dû à un facteur culturel.Le Renard a écrit : En somme, elle a dit que les filles, dès toutes petites, sont plus conditionnées à s'impliquer malgré les aberrations qu'on leur fait subir. De ce fait, par exemple, les petites douées sautent moins aux yeux dans une école primaire que les petits doués, ces derniers exteriorisant plus facilement leur mal-être. D'ailleurs on entendait parler récemment d'une fratrie où les deux filles surdouées n'avaient jamais eu droit de passer le test ("parce qu'elles s'en sortent très bien comme ça"), alors que les deux garçons avaient été diagnostiqués + et aidés.
Et un postulat annexe : les hommes surdoués se repèrent ainsi plus facilement que les femmes.
Lorsque Solenn trouve l'explication à un problème de matrice assez complexe, la psy exulte :
D'où un deuxième postulat : les femmes sont perçues comme moins douées en logique.Solenn a écrit : et elle me dit "ah la journée commence bien, c'est super, je suis super contente" puis "comme quoi, les filles hein" (là j'ai pouffé intérieurement qu'une psy, qui fait passer des WAIS de surcroît, ait encore quelquepart le schéma, "les gars sont forcément meilleurs en logique que les filles" ^^)
Je me réfère ensuite au résumé d'un livre fait par lady space (Smart Girls, A new Psychology of Girls, Women, and Gifted), qui ne traite pas directement des femmes surdouées mais de celles "scolarisées dans des filières d'excellence" aux États-Unis (sachant que la différence culturelle peut jouer). Les exemples étant cités en détails dans ce très bon résumé, je me contenterai ici de lister les postulats que l'on peut en tirer.
Postulat n°3 : en milieu scolaire (et même familial, surtout de la part des pères), les femmes sont moins félicitées que les hommes > la performance des hommes serait donc considérée comme plus importante (et donc plus digne d'être soulignée) que celle des femmes.
Postulat n°4 : les femmes tendent à privilégier leur statut social et leur "avenir familial" plutôt que leurs études.
Postulat n°5 : en situation de concurrence avec un homme, une femme a tendance à s'effacer plutôt qu'à lutter.
Postulat n°6 : s'il faut mettre de côté la "carrière" (le travail intellectuel) pour faire face à une situation difficile dans la famille par exemple, ce sont en général les femmes qui le font.
> Le troisième postulat me parait être le plus pertinent pour le sujet qui nous intéresse car il rejoint l'exemple cité par Le Renard de la fratrie de deux garçons et deux filles.
Sinon, Tournesol (ici) nous parle d'un article intitulé : "Lorsque l’enfant surdoué est une fille. Spécificités du féminin à la lueur du bilan psychologique"
Ce qui implique plus ou moins que l'enfant surdoué est d'abord, par défaut, un garçon. Je sais, je sais, ce sont eux qu'on remarque le plus, etc., mais cet a priori m'agace un peu...
Deux postulats directs peuvent être tirés du résumé de l'article (qui est en réalité la thèse d'une psychologue pour enfants)(pour le reste, il faudrait lire toute la thèse et j'avoue que ne vais pas faire ça maintenant...) :
Postulat n°7 : "les enfants aux hauts QI [sont] en réalité également répartis entre filles et garçons"
Postulat n°8: "les filles [ne vont] généralement pas mieux qu’eux sur le plan psychologique, bien qu’elles ne consultent pas"
Le livre de Cécile Bost apporte des exemples, quelques réflexions, mais rien de vraiment nouveau par rapport à ce qui a été dit. Dans le chapitre 1 "Le surdon : des malentendus à dissiper", une partie est intitulée "Le surdon n'est pas l'apanage des hommes" (p.25), on trouve cependant :
Postulat n°9 : si les femmes sont en général plus sensibles que les hommes, les femmes surdouées le sont encore plus (elles tendent donc à somatiser davantage que les hommes).
Postulat n°10 : les femmes surdouées partagent 4 caractéristiques communes : "forte détermination, capacité de prise de risque, esprit entrepreneurial, volonté d'atteindre leurs objectifs" (pas de sources pour appuyer cette soi-disant généralité).
Pour le reste, elle reprend le postulat n°4 énoncé plus haut, en ajoutant la dimension que ce choix est fait sous la pression sociale (sachant que cette "pression" peut aller jusqu'à "l'assassinat pour atteinte portée à l'équilibre de la société", là encore sans sources). D'où :
Postulat n°11 : la norme sociale défavorise, voire condamne, la femme qui cherche à s'affirmer par elle-même (via un travail intellectuel et une carrière professionnelle - comme s'il n'y avait que ça pour s'affirmer par soi-même-) au lieu de se cantonner à son rôle d'épouse et de mère.
D'où encore :
Postulat n°12 : la femme a tendance à s'inhiber pour ne pas se faire remarquer et/ou à jouer la carte de la séduction pour occulter les capacités intellectuelles
Dans le chapitre 2 "Et maintenant, on fait quoi ? Comment aider ?", une partie s'intitule "Le cas particulier des femmes surdouées" (p. 186)(encore une fois, le général est masculin, si on s'intéresse au féminin, c'est "en marge".), rien de très nouveau non plus, mais quelques pistes d'action pour les femmes : pour celles qui ont une famille, la communication doit se mettre en place dans le couple pour "trouver un terrain d'entente sur la façon dont seront traitées les tâches domestiques et l'accompagnement au quotidien des enfants" (encore le ménage et les enfants comme domaines dédiés) et, de manière générale dans la société, il faudrait que la notion d'excellence et de valorisation puisse aussi s'appliquer aux "mères de famille au foyer qui développent des talents parallèles remarquables au sein d'associations" -je salue le fait que l'excellence ne se trouve pas uniquement dans le domaine professionnel, mais n'y a-t-il que les associations pour offrir autre chose ?
J'arrête ici ce fastidieux relevé avec quelques conclusions personnelles :
- dans les différences homme-femme vis-à-vis de la douance se retrouvent celles qui existent dans tous les autres domaines
- on n'est pas sorties de l'auberge...
À vous les studios !