Intro
Le cours commence par lister les tests utilisés en France (WISC, WAIS, WPPSI) et précise que ce sont, EFFECTIVEMENT, de bons prédicteurs de réussite scolaire et professionnelle. Il nous place en tant que futurs psychologues et tout le cours vise à poser la question : si on obtient tel score, qu’est ce que cela veut dire et, surtout, qu’est ce que cela ne veut PAS dire ?
Le facteur g de Spearman
Il présente ensuite le modèle factoriel de l’intelligence (le well-known facteur g), qui est le modèle le plus consensuel de l’intelligence. Ce modèle présuppose qu’il existe une aptitude générale à l’intelligence, et que donc l’intelligence forme un continuum unidimensionnel, qui pourrait être résumé avec un seul score. Qui mesurerait ce « facteur général », qui lui-même influerait tous les tests d’intelligence, en gros, le facteur g serait une corrélation entre tous les tests d’intelligence (entendre « test d’intelligence » comme « subtest »)
Sauf que.
La multidétermination
Il y a une autre explication que l’"aptitude générale à l'intelligence" à une corrélation entre tous les tests. Il pourrait très bien y avoir une multitude de déterminants qui influencent les tests de la même manière. Il fait une analogie avec le sport, on peut très bien être globalement « bon en sport », mais finalement être hyper bon au tennis et nettement moins bon en natation.
Là intervient le concept de réification. Réifier un trait, c’est considérer qu’un concept socialement défini, comme l’intelligence ou l’anxiété, pourrait s’identifier à une « chose » localisée précisément dans le cerveau, et qu’on pourrait mesurer cette chose. Or l’intelligence n’est PAS mesurable. On mesure des performances à des tests d’intelligence. Dont les résultats sont conséquences de plusieurs déterminants. On est face à un système complexe en fonctionnement. (et non pas la mesure d’une « chose » : l’intelligence)
Exemple de déterminant : la motivation. Si on a aucune motivation, même si on est très intelligent, on va foirer le WISC/WAIS parce qu’on n'en a rien à caner et pas envie d'être là, tout simplement. Autre exemple : l’attention. Si, dès qu’il y a un bruit ou un mouvement derrière la fenêtre, on est distrait, on va foirer le test. Même si on est intelligent. Les TDA/H foirent statistiquement plus les tests (et pour cause : passation de 2h...)
Quelques déterminants
La suite du cours détaille de manière non exhaustive, mais assez complète à ce jour les fameux déterminants, et comment ils influent sur les scores (et/ou sur les autres déterminants) (je pourrais vous faire un topo dessus si ça vous intéresse, mais dans une zone protégée, ceux qui n'ont pas passé le test ne doivent pas y avoir accès) :
- Les mécanismes attentionnels de bas niveau
- Le contrôle attentionnel
- La mémoire de travail
- Les connaissances déclaratives (sémantiques, je sais que), et ces dernières sont très liées au profil socio économique (et ont une grosse influence sur l’ICV sur les scores de WISC, donc non, les tests d’intelligence ne mesurent pas QUE l’inné… d’ailleurs, une autre partie du cours, et tout ce qu’on apprend en psychologie du développement tend à montrer, que, comme souvent, la vérité n’est probablement pas dans un clivage inné/acquis, mais bien dans un autre paradigme où les deux interagissent… cf l’épigénétique, autre sujet archi passionnant)
- Les connaissances procédurales (je sais comment, liées au milieu culturel et à l’expertise). Exemple : on lit de gauche à droite en France. La logique des matrices de Raven va de gauche à droite. Des personnes issues de culture où on lit de droite à gauche vont plus chuter à ces tests. Sont-ils moins intelligents ?
- L’effet Flynn est principalement attribué à l’augmentation des connaissances procédurales.
- La metacognition
- Les compétences sensori-motrices. J’ai demandé à mon prof s’il y avait une raison particulière pour que la mémoire de travail ne soit évaluée que via des tests faisant appel à l’audition dans la WAIS. Réponse : ces tests sont très imparfaits et globalement mal conçus, la logique voudrait qu’on varie les modalités sensorielles. ^^
- La capacité à utiliser complètement les différentes aires cérébrales (pas de lésion) ; Il souligne bien que les liens entre anatomie et performances au test ont fiat l’objet de quelques travaux, mais sont pour le moment purement spéculatifs.
- Le déterminisme génétique. (et les parts du déterminisme génétique et de l’environnement sont impossibles à évaluer compte tenu des variabilités interindividuelles). Certaines études montrent une différence de performance entre les sexes. Mais corrélation ou cause ? quels en seraient les déterminants ? Ils pourraient bien être sociaux plus que génétiques…
- Les stratégies que nous avons dans nos répertoires (les processus mis en œuvre pour résoudre un problème) : une personne dyslexique n'appliquera pas les mêmes stratégies qu'une personne sans déficit, c'est ici qu'interviennent ( ou non...) les compensations.
- Les déterminants situationnels :
- o Le contexte dans lequel on passe le test
o La motivation
o Le stress
o Le psychologue lui-même
Idée fondamentale finale :
les scores d’intelligence ne caractérisent pas un individu, ils caractérisent l’interaction entre un individu et un contexte donné.
Plus le subtest et/ou la tâche est complexe, plus les déterminants sont nombreux et eux mêmes à interactions complexes.
L'intelligence en contexte
Même si le facteur g existe, et que les (sub)tests corrèlent entre eux. Le facteur g, ce qui corrèle entre tous les tests, c’est toute cette architecture cognitive (les déterminants listés ci dessus en tant que système en interaction) dans son contexte. Le facteur g, ou score de QI représente l’efficience moyenne de cette architecture cognitive d’
un individu donné à un instant donné.
Comme de nombreux aspects de l’architecture cognitive peuvent évoluer au cours du développement (et du vieillissement !), la performance sur les tests d’intelligence n’est pas fixe. En revanche, les différences entre individus sont assez stables dans le temps : les individus les plus efficaces restent globalement les plus efficaces. Il y a des relations dynamiques complexes entre le système composé de tous ces déterminants et son environnement…
Ce qui a des conséquences importantes pour la prise en charge (
ne pas oublier la finalité clinique des tests…) : un enfant HP peut régresser si son environnement ne lui donne pas les possibilités de se développer, un enfant en retard intellectuel peut progresser si on adapte l’environnement.
Conclusion
Et donc, ces déterminants listés plus hauts sont plus ou bien moins évalués par les subtests, qui correspondent finalement à une situation standardisée dans laquelle on va évaluer le fonctionnement global, ce qui explique aussi les améliorations et adaptations successives des tests. Les tests sont imparfaits, construits AUSSI pour être vendus, et que leur mise en oeuvre soit simple et familière à ceux qui les font passer... Mais ce n’est pas parce que c’est imparfait que cela ne sert à rien (cf paragraphe ci-dessus)
Complément
Pour ceux qui veulent, j’ai un échange spécifique avec l'EC responsable du cours sur la mémoire de travail et sa mesure, mais je vais plutôt le fournir en MP pour ceux qui le souhaitent. Je peux également faire un topo sur les différents subtests de WISC/WAIS. En revanche, il serait peut être pertinent de ne l’ouvrir qu’au testés, car sinon cela donne des indications sur la construction et les épreuves du test. (et donc fausserait les résultats)