Asperger au féminin

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Twist
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Re: Asperger au féminin

Message par Twist »

[mention]TourneLune[/mention] Souvent, mais en vrai ça dépend. C'est souvent dans les extrêmes, soit la personne va avoir une imagination vraiment ultra débordante, genre capable de se créer ses propres univers entiers etc, soit effectivement un déficit d'imagination, comme c'est mon cas. Par exemple plus jeune j'avais du mal à jouer à faire semblant (pas un échec complet, mais c'était très répétitif et j'y voyais peu d'intérêt), pour les dessins j'adorais dessiner (et j'aime toujours tout ce qui touche aux travaux visuels), donc on pourrait se dire que j'ai de l'imagination du coup, mais non, les dessins enfant étaient toujours très répétitifs et c'était de la copie de ce que je voyais ou lisait, très peu d'imagination, donc. En général pour le diag d'autisme on essaye surtout de voir si la personne a suffisamment d'imagination pour "faire semblant" ou deviner l'intention de qqun. Après c'est qqc qui se travaille, j'ai fait beaucoup de progrès à ce niveau-là, mais c'est intellectualisé.
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Rozz
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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

A moins d'avoir survolé un peu trop vite ce topic, il ne m'a pas semblé voir de liens vers l'AFFA (Association Francophone de Femmes Autistes) https://femmesautistesfrancophones.com/, un site qui présente de nombreux articles et également des témoignages. Dernièrement, l'AFFA a posté un lien vers cet article: https://comprendrelautisme.com/une-info ... cificites/ sur les spécificités des femmes autistes.

J'ai vu qu'une vidéo de Julie Dachez (alias Super Pépette sur sa chaîne Youtube) a déjà été évoqué, je recommande fortement ces vidéos qui sont une excellente vulgarisation du sujet.
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Re: Asperger au féminin

Message par Mikirabelle »

Deux thèses de doctorat en psychiatrie / médecine
Même faculté, même directeur de thèse, même année : 2018.
Des exemples de diagnostics issus du même CRA (Amiens).

...Deux approches pour le moins différentes de la problématique des femmes en demande de diagnostic TSA.

Syndrome d'Asperger : un diagnostic désirable ? À propos de quelques demandes diagnostiques formulées par des adultes au CRA d'Amiens / Guillaume de Bucy

L'autisme au féminin, un diagnostic difficile‎ : à propos de la construction d'une échelle diagnostique / Sabrina Melal
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Re: Asperger au féminin

Message par Mikirabelle »

Hors-sujet
C’est un peu hors-sujet, mais pas tant que ça...
Disons que ça fait suite à la première des thèses mentionnées précédemment, qui use et abuse de la fameuse « hystérie » féminine comme explication fourre-tout.
https://www.nouvelobs.com/justice/20191 ... unaux.html
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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

Mikirabelle a écrit : jeu. 31 oct. 2019 20:20
Hors-sujet
C’est un peu hors-sujet, mais pas tant que ça...
Disons que ça fait suite à la première des thèses mentionnées précédemment, qui use et abuse de la fameuse « hystérie » féminine comme explication fourre-tout.
https://www.nouvelobs.com/justice/20191 ... unaux.html
D'ailleurs, le retard de la France au sujet de l’autisme est en grande partie dû à la psychanalyse, dans le livre Autisme la grande enquête de Sophie Le Callennec et Florent Chapel, ce sujet est évoqué. ("En France, les psychanalystes dressent un mur entre les autistes et les approches validées partout ailleurs. Malgré les recommandations des plus hautes autorités de santé et au mépris des résultats de toutes les études scientifiques, la plupart des « soignants » persistent à considérer ce handicap, pourtant d’origine essentiellement génétique, comme le fait d’une « mauvaise mère ». « Faites le deuil de votre enfant », s’entendent dire ces parents désespérés.")
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Re: Asperger au féminin

Message par Léo »

Je poste le lien là car c'est une jeune fille qui parle mais ce n'est pas, je pense, le sujet même de son intervention sur son autisme asperger
https://www.franceculture.fr/emissions/ ... embre-2019

:)
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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

Au passage, je pense qu'il faudrait arrêter avec ce délire des traits autistiques, soit on est autiste soit on ne l'est pas, on naît avec.... Pour une définition de l'autisme: ce n'est pas une maladie mais un fonctionnement neurologique particulier. Cela se distingue par un trouble de la communication sociale (ex: difficulté à comprendre le non verbal, à initier et maintenir une conversation, également prendre tout au 1er degré,...) , une hyper/hypo sensibilité sensorielle (qui peut être très handicapante), ainsi qu'un caractère restreint et répétitif des comportements (intolérance aux changements, stéréotypies, etc...), des intérêts ou des activités. Le tout dans une continuité depuis l'enfance de ses particularités (même si en surface bon nombre apprennent à s'adapter et faire semblant). Et bien souvent, une hyperfatigabilité, handicapante également.

L'autisme est un amplificateur, tout est exponentiel, extrême (au niveau sensoriel, émotionnel, intellectuel, etc...). Les autistes ne sont pas "dans leur bulle" mais dans une surcharge d'informations, il n'y a pas de filtres, le cerveau absorbe tous les détails.

Les autistes ne manquent pas forcément d'empathie. Beaucoup ont une hyper empathie émotionnelle mais un manque d'empathie cognitive (avoir le bon comportement au bon moment). Mais étant donné que l'autisme est un fonctionnement neurologique différent, la logique, la manière d' analyser, de ressentir (aussi bien émotionnelle que sensorielle), d’interagir, de se comporter, sont bien évidemment, dès lors, différents. (D'ailleurs, pour ceux que ça intéresse, pour avoir un autre point de vu sur l’autisme, je conseille vivement 'Questions sensorielles et perceptives dans l'autisme et le syndrome d'Asperger" d'Olga Bogdashina).
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yokainoshima
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Re: Asperger au féminin

Message par yokainoshima »

Merci pour ce fil et les différents retours.

Le syndrome d'Asperger semble vraiment méconnu chez les femmes. C'est dommage, car en lisant les témoignages de femmes diagnostiquées tardivement, on se rend compte du temps perdu pour vivre ces différences mieux.

Je sors un peu chamboulée de chez ma psy, qui après m'avoir posé la question de savoir si je me savais hqi, vient de me demander de lire... la différence invisible. J'ai fait celle qui ne connaissait pas...

Ce qui m'interroge, c'est la vie de mère d'une femme Asperger.Je n'ai pas trouvé grand chose, si ce n'est quelques témoignages assez bref. Et comment ont elles pour développer la sociabilité de leur enfant?
Autre question, en cas de diagnostic +, avez vous des retours d'experience sur le fait de l'avoir dit au travail? Etait ce positif avec par exemple un aménagement du lieu de travail (bureau isolé, lumière plus faibles ...)?

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Louise
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Re: Asperger au féminin

Message par Louise »

Rozz a écrit : ven. 6 déc. 2019 18:31 Au passage, je pense qu'il faudrait arrêter avec ce délire des traits autistiques, soit on est autiste soit on ne l'est pas, on naît avec....
Disons qu'il y a quand même une notion de continuum / spectre.
Combien de mômes, cumulant les traits autistiques (c'est pas de la provoc, mais je vois pas comment le dire autrement...) terrain génétique et/ou développemental de leurs deux parents, dépassent le seuil clinique (alors que leurs parents sont sous les radars, phénotypes subcliniques)?

Du coup, comment appeler ces critères, qui, s'ils ne sont pas suffisants pour être diagnostiqué, sont pourtant bien présents? Tout comme le HP, pour moi ça fait bien plus sens la notion de continuum sur plein de critères, et au final un puzzle qui colle ou ne colle pas en terme de pattern, plutôt qu'une approche catégorielle. Mais bon. La MDPH a une approche catégorielle. Les dynamiques identitaires (et il y en a une très forte dans le monde de l'autisme sans DI) ont aussi tendance à les renforcer (les approches catégorielles).

Et qu'un diagnostic,
1/ en l'absence de marqueurs biologiques, à part quelques gènes clairement impliqués dans 30% des austismes dit "sévères", se fait par le dépassement de plusieurs seuils (comme pour le HP, finalement) sur un test arbitrairement défini
2/qui lui même évolue et s'adapte aux résultats de la recherche et aux classifications : le DSM-5 a fait basculer un certain nombre d'enfants dans la cas "autisme" et pourtant les mômes sont les mêmes (et a d'ailleurs intégré les atypicités sensorielles dans les critères diag, elles n'y étaient pas avant)...ce sont les catégories diagnostiques qui changent, s'affinent, se reforment... je pense que la prochaine étape verra une meilleure intégration des phénotypes féminins.

Comme l'étiologie est complexe, multidéterminée, et il faut bien le dire, toujours en cours de définition, et que les phénotypes sont multiples, on est loin de quelquechose d'aussi binaire. D'ici 30-40 ans, certains auront peut être changé de dénomination / diagnostic... sans pour autant que leurs particularités perceptives soient différentes.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Louise pour son message (2 au total) :
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Re: Asperger au féminin

Message par Différente »

Je ne suis pas certaine qu’il existe un continuum entre haut potentiel et autisme. Pour moi l’autisme est vraiment à part avec ses déficients, ses normaux et ses sureffcients...
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Re: Asperger au féminin

Message par Youpla »

[mention]Différente[/mention] , je crois que [mention]Louise[/mention] parlait de continuum entre un autiste et un non-autiste. Qu'il n'y a pas une délimitation claire mais un continuum, comme on peut aussi l'observer pour les HP.

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Re: Asperger au féminin

Message par Louise »

Yepe absolument, je ne crois pas à un continuum HP- autisme, mais à un continuum sur l échelle des fonctions exécutives, sur celle des difficultés relationnelles, sur celle des atypicites sensorielles, sur celle des stéréotypies etc... qu on pourrait résumer à un continuum pas autiste - autiste... qui est quand même encore vachement réducteur!

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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

Je ne suis pas d'accord non plus sur cette théorie du continuum... C'est tellement vague. C'est pour moi un non sens... C'est mélanger tout dans le même sac. L'autisme est très particulier avec un mode de pensée particulier qui est indissociable de la composante que j'ai énuméré dans la définition que j'en ai donné, après chacun à sa personnalité et ses particularités en tant qu'individu, enfin c'est un sujet sans fin soumis à la subjectivité de chacun...

En même temps, autiste ou non autiste nous sommes tous humains avant tout, donc normal de partager des particularités, sauf que dans l'autisme elles sont extrêmes et cumulées.
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Re: Asperger au féminin

Message par UnPosteur »

@Rozz Je ne comprends pas comment il pourrait ne pas y avoir de continuum, si, comme le souligne Louise, les symptômes se situent sur des continuums et que c'est le franchissement d'un seuil qui fait le symptôme ?

Je n'ai peut-être pas bien compris, ce n'est pas un sujet que je maîtrise. J'essaie d'y voir un peu plus clair.

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Re: Asperger au féminin

Message par Différente »

Tout dépend ce que l’on entend réellement par le terme continuum et sur quelle(s) dimension(s) on se base. Encore une fois je ne trouve pas les mots pour m’exprimer mais je comprends ce que dit Rozz.

Tout le monde a des traits autistiques, regardez autour de vous, certaines personnes n’aiment pas qu’on les touche, d’autres ont besoin de routines, etc. Il n’en reste pas moins que cela n’a rien à voir avec le monde dans lequel je vis personnellement...
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Re: Asperger au féminin

Message par UnPosteur »

@Différente Tu veux dire qu'il existe autre chose que les traits autistiques que tu mentionnes ? Des "symptômes" qui n'existent pas du tout chez les non-autistes et totalement chez les autistes ?

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Re: Asperger au féminin

Message par Différente »

Ohhh oui ! Mais j’ai toujours le même problème : il n’existe pas de mots pour l’exprimer... [mention]Rozz[/mention] est ce que cela t’arrive ? De vivre des choses mais de ne pas pouvoir les expliquer par des mots ?

Je dis souvent que je perçois, conçois et ressens le monde à ma manière mais cela ne s’arrête pas à des éléments factuels. Dans mes approches, mes représentations, mes visions je suis très souvent en décalage et j’arrive peu à me faire comprendre.

Tu peux regarder les travaux de Laurent Mottron peut être que ça te donnera des éléments des réponses.

Je suis navrée de ne pas être plus claire... les problèmes des communications des autistes prennent tous leurs sens ici dans mon cas, c’est exactement ce genre de situations qui me démunissent. Je l’ai également vécu avec une neuropsychologue : impossible de me faire comprendre, ironie du sort puisque j’essayais justement de lui faire comprendre que j’avais des problèmes de communication mais qu’ils n’étaient pas tangibles. Je me comprends...
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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

Totalement en phase avec ce que tu dis Différente... Oui j'ai souvent du mal à exprimer clairement ce que je vis, je pense également que le fais d'être en surcharge aussi bien émotionnelle que sensorielle complique grandement les choses pour verbaliser de façon claire et simple. Et là, j'ai du mal à le dire clairement!

Ce qui me dérange avec cette idée de continuum, c'est qu'il donne l'idée que l'autisme n'est que pathologies... sauf qu'il n'en est rien, il y a des forces, du positif dans ce fonctionnement, la sensibilité très particulière, une lucidité bien souvent accrue, une manière d'analyser les choses (en privilégiant naturellement le fond à la forme...), une mémoire parfois hors norme, une capacité d'apprentissage et de réappropriation des informations tout aussi hors norme, et même une créativité plus poussée chez certains ... Le souci c'est de pathologiser cette différence en occultant les qualités pourtant bien présentes.
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Re: Asperger au féminin

Message par Rozz »

yokainoshima a écrit : ven. 6 déc. 2019 22:35
Ce qui m'interroge, c'est la vie de mère d'une femme Asperger.Je n'ai pas trouvé grand chose, si ce n'est quelques témoignages assez bref. Et comment ont elles pour développer la sociabilité de leur enfant?
Autre question, en cas de diagnostic +, avez vous des retours d'experience sur le fait de l'avoir dit au travail? Etait ce positif avec par exemple un aménagement du lieu de travail (bureau isolé, lumière plus faibles ...)?
Tout dépend si les enfants sont TSA, si ce n'est pas le cas, l'école aide naturellement à se socialiser. Si ils sont TSA, il existe des outils pédagogiques souvent à bases de scénarios sociaux pour apprendre les bases à ces enfants. Et il faut savoir que bon nombre de parents autistes diagnostiqués sont de formidables parents car ils font en sorte de faire passer les besoins de leurs enfants en premier et se renseignent dans les moindre détails sur la meilleure manière de s'adapter pour que leurs enfants soient épanouis. Enfin, ils existent des associations pour autistes qui peuvent apporter bon nombre de renseignements ainsi que des forums dédiés à l'autisme.

Pour ce qui est du travail, étant à mon compte, je ne pourrais donner de retour personnel, mais les retours d'autres personnes autistes sont variés... Aussi bien positif que négatif malheureusement lié aux stéréotypes dû à l'ignorance sur ce sujet... Certaines personnes préfèrent donc garder sous silence leur autisme bien souvent jusqu'à épuisement. Mais je pense qu'il est important de faire reconnaître ses droits et demander des aménagements, si cela est nécessaire bien sûr. En cas de problèmes, il y a des associations (encore une fois!) telles qu'Alliance Autiste qui peut apporter renseignements sur ces droits.
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Re: Asperger au féminin

Message par Louise »

Rozz a écrit : lun. 9 déc. 2019 11:01 Ce qui me dérange avec cette idée de continuum, c'est qu'il donne l'idée que l'autisme n'est que pathologies... sauf qu'il n'en est rien, il y a des forces, du positif dans ce fonctionnement, la sensibilité très particulière, une lucidité bien souvent accrue, une manière d'analyser les choses (en privilégiant naturellement le fond à la forme...), une mémoire parfois hors norme, une capacité d'apprentissage et de réappropriation des informations tout aussi hors norme, et même une créativité plus poussée chez certains ... Le souci c'est de pathologiser cette différence en occultant les qualités pourtant bien présentes.
Je suis d'accord.
Un continuum est un continuum. Ce n'est pas une théorie. Il n'est pas forcément normal vers pathologique, ou déficitaire vers surefficience, c'est un mot qui veut juste dire ça s'étale d'un point A à un point B, à peu près définissable et objectivable.
Par exemple, une hyperacousie ou une hyposensibilité tactile ne se placent pas dans ces dimensions (normal/pathologique ou déficitaire/surefficience).
Le mouvement neurodiversité, et en effet, l'approche de Mottron au Canada sont très intéressantes dans le sens où elles ne sont pas déficitaires et rejoignent l'approche sociale du handicap (je viens de mettre sur ma liste des rêves peut être réalisables une thèse au Canada dans l'université de Mottron ^^).
Mais aujourd'hui, autisme c'est un diagnostic. Un diagnostic (qui a des conséquences) se pose sur la base d'éléments tangibles, pas sur un sentiment identitaire. Je suis d'accord qu'aujourd'hui ce diagnostic se base encore beaucoup sur la base d'éléments déficitaires, mais cela évolue, j'ai l'impression.

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Re: Asperger au féminin

Message par lady space »

Je trouve vos explications très claires.

C'est d'ailleurs une question qui m'est venue en te lisant, Différente : et si le problème de communication ne venait pas uniquement de toi ? Ce n'est que pure spéculation de ma part, mais je me demande si la neuropsy que tu évoques n'a tout simplement pas compris que tu étais certes en train de communiquer avec elle (donc pour elle, ce que tu disais était tout à fait normal et suffisant) mais que tu aurais eu bien plus de choses à dire si seulement il n'y avait pas ce problème de verbalisation.

Et le souci que tu pointes, Rozz, est à mes yeux un classique du monde psycho-médical : on se focalise tant sur les problèmes qu'on en oublie les leviers que possèdent les gens pour les résoudre. Et, dans le cas du syndrome d'Asperger, je vois surtout une incapacité à penser simultanément les notions de "handicap" et "capacités hors normes". Je veux dire que là, où il est relativement facile d'imaginer une personne malvoyante ou à mobilité réduite et dotée de grandes capacités cognitives, il devient quasiment impossible d'imaginer spontanément que cela peut être le cas aussi pour une personne présentant un trouble envahissant du développement, du spectre autistique. En fait, c'est de manière tout à fait inconsciente, mais le personnel médical a globalement tendance à oublier qu'un patient n'EST pas juste le trouble ou la maladie qu'ils ont à traiter eux, mais une personne complète, avec ses forces et faiblesses, ses particularités.

Toujours encore à mon avis très personnel, le véritable problème n'est pas l'idée du continuum en soi, où un certain nombre de traits que tout le monde peut présenter "basculeraient" vers le syndrome en raison de leur intensité et de leur nombre, leur accumulation, qui les rendent compliqués à gérer, mais le fait que le terme de syndrome, trouble prend le pas sur tout le reste. Comme si les points forts disparaissaient au moment du "basculement" qui n'en est même pas un. Parce que la personne qui reçoit un diagnostic de TSA est la même qu'avant, on a juste changé d'optique et donné un nom (encore assez mal défini d'ailleurs, surtout pour les femmes) à quelque chose qui était là avant et que ce mot et le diagnostic sont censés permettre de mieux comprendre, histoire de pallier à certaines difficultés. Sauf que, du coup, on part effectivement sur une idée de pathologie qui bouche la vue sur tout le reste. Et je trouve ce mécanisme dommage car le résultat est que le diagnostic recherché par la personne dans le but d'avancer, de mieux comprendre certaines difficultés risque de finir par l'enfermer dans une vue centrée sur la pathologie.

Du coup, je me demande moi aussi si j'ai réussi à m'exprimer clairement, étant donné qu'il y a beaucoup plus de choses qui cohabitent dans ma tête que ce que je pourrais jamais exprimer, parce que dire ou écrire implique toujours aussi de faire un tri, de laisser des éléments de côté pour privilégier ce qui est prioritaire dans un contexte donné. Priorité sur laquelle on peut se tromper bien évidemment...
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Re: Asperger au féminin

Message par yokainoshima »

Rozz a écrit : lun. 9 déc. 2019 12:06 Tout dépend si les enfants sont TSA, si ce n'est pas le cas, l'école aide naturellement à se socialiser. Si ils sont TSA, il existe des outils pédagogiques souvent à bases de scénarios sociaux pour apprendre les bases à ces enfants. Et il faut savoir que bon nombre de parents autistes diagnostiqués sont de formidables parents car ils font en sorte de faire passer les besoins de leurs enfants en premier et se renseignent dans les moindre détails sur la meilleure manière de s'adapter pour que leurs enfants soient épanouis. Enfin, ils existent des associations pour autistes qui peuvent apporter bon nombre de renseignements ainsi que des forums dédiés à l'autisme.

Pour ce qui est du travail, étant à mon compte, je ne pourrais donner de retour personnel, mais les retours d'autres personnes autistes sont variés... Aussi bien positif que négatif malheureusement lié aux stéréotypes dû à l'ignorance sur ce sujet... Certaines personnes préfèrent donc garder sous silence leur autisme bien souvent jusqu'à épuisement. Mais je pense qu'il est important de faire reconnaître ses droits et demander des aménagements, si cela est nécessaire bien sûr. En cas de problèmes, il y a des associations (encore une fois!) telles qu'Alliance Autiste qui peut apporter renseignements sur ces droits.
Là l'enfant ne semble pas présenter de signer de TSA, l'inquiétude porte plus sur la façon d'apprendre ce qui a trait à la socialisation quand on est ignorant de cet aspect. C'est vrai que l'école à un rôle à jouer, mais est ce suffisant? Surtout si à la maison il n'y a qu'un modèle...

Je comprends bien la difficulté d'en parler ou de ne pas en parler. L'épuisement je l'imagine que trop bien et j'anticipe le besoin de mettre en place des mesures de préservation pour éviter ou limiter autant que possible cette fatigue.
La question du handicap invisible est vraiment délicate en entreprise, avec souvent un discours très ambivalent et une ignorance qui conduit a trop de méprises.

Ce qui me frustre le plus c'est l'absence d'écoute, sans même aller parler de handicap, la difficultée à faire part d'une demande d'aménagement ou juste de bienveillance. On est pas tous pareil, le sensible aura besoin qu'on prenne en considération sa sensibilité, celui qui devient parent, de sa fatigue, etc.

Merci pour le nom de l'association que je ne connaissais pas.

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Re: Asperger au féminin

Message par Hanuman »

Rozz a écrit : lun. 9 déc. 2019 11:01
Ce qui me dérange avec cette idée de continuum, c'est qu'il donne l'idée que l'autisme n'est que pathologies... sauf qu'il n'en est rien, il y a des forces, du positif dans ce fonctionnement, la sensibilité très particulière, une lucidité bien souvent accrue, une manière d'analyser les choses (en privilégiant naturellement le fond à la forme...), une mémoire parfois hors norme, une capacité d'apprentissage et de réappropriation des informations tout aussi hors norme, et même une créativité plus poussée chez certains ... Le souci c'est de pathologiser cette différence en occultant les qualités pourtant bien présentes.
C'est oublier que l'autisme est un terme issu d'une nosographie, donc par essence une maladie, un trouble, un problème. Le crédo de base de la médecine psychiatrique, vieux reste de médecine militaire, c'est que s'il n'y a pas de problème… il n'y a pas de problème. Donc pour être diagnostiqué autiste il faut déjà l'avoir souhaité ce qui généralement résulte des difficultés préalablement rencontrées par le patient. Par définition encore la médecine, ici psychiatrique et accessoirement son annexe psycho, vise à résoudre les problèmes et beaucoup moins ce qui marche très bien tout seul.

Le passage à la notion de neuro-divergence n'est peut-être pas que sémantique et sans rapport avec cet état de fait.

Ensuite la notion de continuum autistique est liée elle aussi à la nosographie. Ce que remontent depuis 5 à 10 ans les études génétiques qui s'accumulent sur les TND c'est que la nosographie catégorielle actuelle ne fonctionne pas : le mappage des gènes impliqués dans les TND fait apparaître à la fois trop de mutations (de deux cents à x centaines, avec des impacts unitaires faibles en termes de prédiction quant aux pathologies étudiées, souvent inférieurs à 2%) mais aussi des clusters communs à ces différents troubles, ce que les niveaux de comorbidité entre TSA, TDAH, TOC, Dys_ trop élevés laissaient déjà présager.

Le message des méchants généticiens aux gentils psychiatres c'est : "vous avez salopé le boulot, il est impossible de faire des recherches sérieuses sur la base de votre nosographie catégorielle ! Merci de prendre en compte et de faire le ménage.". Ce qui lorsque que l'on sait comment se monte le DSM à chaque itération n'est pas si étonnant. Bref le glissement du catégoriel vers le continu c'est la phase intermédiaire de réponse des psychiatres aux généticiens, à défaut de faire sauter les cloisons entre les sous-comités en charge séparément de chacun des troubles évoqués et de remettre tout à plat. Fin du match dans quelques années.

Au delà du classement futur et des noms des troubles et pathologies qui en résulteront la question c'est : "A quel moment considère t'on que l'individu est atteint ?". La génétique cartographie et détecte progressivement les mutations à défaut d'avoir le casier de rangement correct dans lequel déposer ses découvertes. Elle pointe du doigt le fait que les mutations ad novo existent bel et bien mais que dans la grande majorité des cas les mutations sont héritables, issues du génotype des parents quand bien même le phénotype de ceux-ci ne le laisserait apparaître aucun trouble. La psychiatrie historiquement tranche en disant que le phénotype du patient doit être très marqué (ce qui dans les tests se traduit par le fait que l'on travaille sur des échelles, avec des seuils franchis en combinant des intensités graduées dans les items). In fine qui est "autiste" ? Le porteur sain ? Le porteur à moitié sain qui ne franchit pas les seuils des échelles de référence et se contentera donc de traits autistiques ? Celui qui fait carton plein ? En l'absence d'une définition de l'autisme qui sorte du pur champ de la psychiatrie, la notion de continuum, parce qu'elle absorbe une réalité physique différente de la grille de lecture psychiatrique, semble a priori un cache-misère parti pour durer.

Enfin ce que tu évoques dans ta description de l'Autisme c'est Une des formes de l'autisme, la moins malchanceuse, celle qui ne s'accompagne pas de déficience mentale voire qui octroie quelques étonnantes capacités (parfois, pas toujours). Si le besoin d'être valorisé.e et considéré.e autrement que comme une sorte de produit défectueux semble pertinent et légitime, généraliser et laisser entendre que l'autisme c'est forcément des "super pouvoirs" associés j'ai du mal à le concevoir et je pense au contraire que cela contribue à véhiculer une image erronée de l'autisme, de la réalité du grand nombre de ceux qui, autistes aussi, n'ont pas le bonheur que tu as peut être et qui pour le coup sont profondément et uniquement dans le handicap.
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Re: Asperger au féminin

Message par Invité »

Merci pour ce message très clair. As-tu des références à conseiller sur les travaux récents de génétique à propos de l'autisme? Pour le moment, je n'ai lu que cet article.

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madeleine
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Re: Asperger au féminin

Message par madeleine »

Merci Hanuman tu m'ouvres des perspectives très intéressantes ! Pourrais -tu, si tu as le temps, nous transmettre quelques liens vers les études génétiques que tu résumes ?
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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