Les sens et le monde abstrait

[Lucifer]

Michel Onfray a écrit : "La négation des sens est à la source de toutes les folies, les méchancetés et les maladies qui peuplent la vie humaine. L'affirmation des sens est la source de la santé physique, morale et théorique. Le renoncement, la résignation, l'"abnégation", l'abstraction rendent l'homme mausade, renfrogné, sale, lubrique, lâche, avare, envieux, sournois, méchant ; le plaisir des sens, à l'inverse, rend serein, courageux, noble, ouvert, expansif, compatissant, libre, bon." (dans L'art de Jouir)

Que pensez-vous de ces affirmations ?

Les sens ne sont-ils pas la première source d'agitation ? N'est-ce pas eut qui causent nos états excessifs de joie ou de dégoût ? N'est-ce pas eux qui nous poussent à l'excès ? A l'envie d'avoir toujours plus ? Le plaisir qu'ils nous prodiguent n'est pas la raison de tant d'actes de folies, de manipulations, de trahisons ?
N'est-ce pas justement la résignation, l'abstraction qui nous rend plus serein ? Qui nous permet de rester modérer tout en nous permettant de profiter de ce que l'on n'a ? Le renoncement ne nous permet-il pas de devenir un homme sage, enclin à la patience. L'abnégation ne nous apporte-t-il pas plus de plaisir qu'un plaisir immédiat.

Si aimer son corps est essentiel, aimer le monde des idées et le travail sur soi me semble être une clé indispensable au bonheur et au progrès

[Mlle Rose]

Onfray aime bien provoquer, je pense qu'il a conscience au fond de lui que l'on ne peut fonctionner que sur ce mode.
La psychiatrie classe d'ailleurs les personnalités avec un modèle qui ressemble pas mal à :
- le tout émotions/sens/pulsions = psychotiques
- le tout réflexion/analyse = névrosés
- les personnalités équilibrées
- les personnalités borderline qui basculent de l'un à l'autre sans trouver jamais le point d'équilibre.
Onfray se classerait donc d'office dans les personnalités psychotiques (ou dans ceux qui font des moulinets avec leurs bras pour aller "contre" un pseudo politiquement correct systématiquement pour montrer qu'ils existent).

Enfin il faut un juste milieu, c'est comme tout, c'est la dose qui fait le poison. L'un sans l'autre....

[Cyrano]

Les sens ne sont-ils pas la première source d'agitation ?

Moi j'appelle ça être vivant. J'ai déjà eu l'occasion de discuter ici, de ce que je pensais de la mesure. Je me sens enfermé dans des carcans bienséants. J'aime vivre selon mes sens. Et mes sens me disent parfois que ce qu'il me faut, là, maintenant, c'est ma cheminée, un verre de glenfidish 21 ans, et Nietzsche. Vivre selon ses sens ne veut pas dire sauter sur la voisine parce que sa croupe me sied ou même hurler dans la rue.

Je pense que beaucoup gagneraient à s'écouter un peu plus et, de temps en temps, à laisser aller.

[Maluna]

C'est marrant j'avais envie d'ecrire sur les sens justement
Je pense etre quelqu'un de tres sensuel au sens litteral du terme (peut-etre aussi au sens commun mais ce n'est pas a moi d'en juger ) c'est a dire que je crois etre tres guidee par mes sens, tres a l'ecoute meme si par ailleurs je sur-intellectualise aussi beaucoup. Je ne sais pas si c'est contradictoire, complementaire, c'est en tous cas je crois source de pas mal de conflits interieurs parce que les 2 sont peut-etre un peu too much... L'equilibre hummm, du coup n'est pas toujours tres facile a trouver...

Je complete

Rester a l'ecoute de ses sens permet je trouve de de rester ancre quelque part dans le monde, rester connecter a soi-meme, a ce qui nous maintient en vie comme le disais Cyrano , a ce qui donne du sens a sa vie, en general, mais aussi au quotidien par les petits comme les grands plaisirs que les sens nous offrent : etre transporte par quelques notes de musique, sentir une odeur qui nous fait voyager, regarder, toucher, gouter. Bien sur sur les sens peuvent aussi etre source de perceptions negatives mais j'avoue que pour moi les sens sont surtout associes au plaisir que je peux en retirer

[antihero]

Je pense qu'Onfray n'a rien d'autre à proposer qu'une société fascisante excluant les névroses et leurs causes. Je crois que c'est là ce qui lui hérisse le poil : réfreiner les penchants, nier l'asservitude de l'homme à ses sens semblent être des modes éducatives qui l'ont profondément traumatisé.
Etant lui-même à la recherche d'une conception "juste" des penchants humains, l'auteur propose à une société reflexive et(/donc ???) névrosée d'explorer ses penchants dans le but de "remplir" l"existence au lieu de la "mettre à distance" comme la philosophie le préconisait.
...après tout, le renoncement peut très bien être perçu comme une plaisir immédiat...

[Mercure]

J'ai toujours "ressenti" Onfray comme un "m'as tu vu"... Je reste dans le "sens", non ? Le sens contraire, peut être...

antihero, j'abonde dans ton sens (sans mauvais jeu de mot,ici!).