Populaire

[Cyrano]

Je me pose une question depuis pas mal de temps sans être arrivé à trouver une réponse satisfaisante :

A votre avis, que ce soit en matière d'art, de musique, de cinéma, de télévision, de littérature, quel est le facteur déterminant de l'offre proposée en général ?

Sont-ce les diffuseurs qui orientent nos préférences ? Ou au contraire ne font-ils que réagir à ce que nous voulons voir, entendre, lire ?

[Lawliet]

Perso, je pense que ce n'est pas noir ou blanc. Comme tout. L'homme est construction "sédimentée" de milles facteurs déterminants. Et de cette construction nait des espaces de libertés ou spontanéïté flirt avec conscience et volonté. Tout ceci est une danse parfois rythmée parfois incompréhensible de l'être-sujet.
Selon les tolérances et la disponibilités des individus, l'un peut-être plus ouvert à quelque chose d'encore mineur ou marginal. Ce qu'on retrouvera plus facilement dans les temperament aventurier.
Après il y'a aussi les dynamiques de groupes, qui fourniront sensations rassurantes et sécurisantes pour qui entrera dans les rangs. C'est le phénomène de mode.
Les gens de la com et du marketing ont appris ses différents mécanismes avec lesquels ils travaillent pour trouver le bon hameçon pour la bonne cible.
Pour la question des idées, des opinions, etc. plus volatiles, c'est un peu la même choses, en science politiques, on dit que les mass-medias on un rôle de gate kepper, on parle de leader d'opinions dans les groupes, etc. etc. Ici il est question de légitimité.
Voilà c'que j'en pense, vite fait avant d'aller déjeuner. Et j'inaugure ainsi mon premier message en ces lieux!!!
Merci Cyrano pour ce sujet intéressant.
quelle est la question derrière la question? sincèrement?
Question évidemment indiscrète, que je me permet néanmoins, mais n'hésites pas à boter en touche.
Bonne journée

[Cyrano]

Que nenni ! Je ne botterai pas en touche !

Déjà, permets moi de te souhaiter la bienvenue.

Voici les émission avec les 5 plus gros taux d'audience en 2010 (j'ai retiré la coupe du monde)

1 ==> BIENVENUS CHEZ LES CH'TIS- TF1
2 ==> LES ENFOIRÉS - La crise de nerfs- TF1
3 ==> TF1 20 HEURES - Laurence Ferrari (R. Domenech)
4 ==> ASTERIX AUX JEUX OLYMPIQUES- TF1
5 ==> MENTALIST - L'alliance de Cléopâtre TF1

Les 5 plus gros succès en librairie 2010 :

1 ==> Marc Levy
2 ==> Guillaume Musso
3 ==> Anna Gavalda
4 ==> Florence Aubenas
5 ==> Maxime Chattam

Les 5 films les plus vus en 2010 :

1 ==> Harry potter et les reliques de la mort
2 ==> Les petits mouchoirs
3 ==> Inception
4 ==> Shrek 4, il etait une fin
5 ==> Alice au pays des merveilles

Les 5 artistes musicaux les plus vendus en France en 2010 :

1 ==> Shakira
2 ==> Stromae
3 ==> René la taupe
4 ==> Sexion d'assaut
5 ==> Ke$ha

Devant cette liste, je suis un peu consterné et me demande simplement qui est responsable...Le consommateur ou le diffuseur ?

[Fabs le vaurien]

je rejoins volontiers lawliet (bienvenue soit dit en passant) en considerant que ce n'est pas l'une ou l'autre option dans ce qui te questionne...(y'a rien de cartésien là) et si tu souhaite trouver un responsable (terme indiquant ta consternation), je te souhaite bien du courage dans la mesure où comme tout problème, il faille nécessairement l'aborder comme un système...on touche ici donc à la fois une problématique d'ordre philosophique, mais économique et sociologique..question en suspens, la consommation est elle l'unique écran social ?

[TourneLune]

Simplement que les gens cherchent avant tout le divertissement. Ou en tous cas que c'est ce qui rassemble le plus les gens.

[Fabs le vaurien]

« panem et circenses ». Du pain et des jeux.
Quand le pain est abondant et les jeux divertissants (divertere : détourner de) ça marche et le peuple se tient à carreau.

[Mlle Rose]

Franchement, moi j'aime Chattam et Harry Potter et je ne vois pas en quoi c'est "consternant".

Chattam est un des seuls auteurs qui m'embarque au point que je finisse ses livres, parfois je ne peux même pas le poser et je le finis d'une traite, Chattam est l'un des responsables de mes insomnies actives.

Quant à Potter, il me replonge dans l'imaginaire de mon enfance... quand je rêvais que j'avais des pouvoirs magiques (j'en rêve encore parfois).

J'aime Asterix aussi.... ça me rappelle des souvenirs plutôt heureux de mon enfance.

Il me semble que tu occultes aussi dans ton raisonnement les motivations des gens dans le choix de leurs divertissements. Ce ne sont sans doute pas les mêmes que les tiennes mais après tout comment émettre un jugement objectif sur ces choses? Appellent-elles d'ailleurs un jugement ?

[Cyrano]

Le sujet de ce topic n'est pas au départ un jugement porté sur les choix populaires mais bien de se poser la question de l'origine de ces résultats.

Certes, ma réflexion est née du fait que je ne me reconnais pas du tout dans ces choix mais la question reste entière.

Je signale au passage que ce n'est pas parce que je ne lis pas Chattam (j'ai essayé promis) ou que je n'écoute pas Shakira que je porte un jugement sur leurs admirateurs.

[Fabs le vaurien]

je suis d'accord avec Melle Rose....la consternation quand au listing est subjective. Mais ça tu vient de le dire.
Il s'agirait peut être plus de questionner les phénomènes de masse d'une part et d'autre part si cela est censé refléter la société ou juste être pris en terme de score de vente. Je crois qu’on a tous la liberté de faire d’autres choix…mais tout ce qui se vend en nombre n’est pas non plus à mettre à la poubelle..
Autre question parallèle, le petit écrivain, musicien, cinéaste, s’il veut « percer », est t il soumis au jeu des concessions, rentrer dans un certain moule pour diffuser son œuvre et la politique de la consommation et du billet vert est elle la seul voix de réalisation d'un artiste? Il y’a aussi des maisons d’éditions, des boite de production indépendantes..voir la diffusion par les nouveaux réseaux de communication.

[Monsieur Noir]

L'explication de Lawliet est la plus proche de la mienne.
Pour avoir une œuvre qui fonctionne en terme d'audience, il faut à la fois surprendre, et ne pas remettre en cause les canons en vigueur. Renouveler ce qui se fait déjà au moment de la publication suffisamment, mais pas trop. Une évolution, quoi. Trop le public ne comprend pas, et l'œuvre devient élitiste et underground. Pas assez, il s'emmerde. Les plus gros succès se situent juste sur ce fil — le renouvellement acceptable pour le plus grand nombre—. Après, il reste le choix du diffuseur qui va soit prendre le risque de publier un truc qui sort un peu de l'ordinaire, au risque que ça ne passe pas, soit préférer s'assurer un retour sur investissement en innovant le moins possible, et en misant sur un public déjà conquis.

Le reste, du point de vue de l'auteur, est histoire d'accès à la diffusion, et ça, ça relève à la fois du bol et de la motivation.
Internet est en train de changer les modes de diffusion, un peu, en rendant l'accès plus facile à une première publication.

[Fabs le vaurien]

Internet est en train de changer les modes de diffusion, un peu, en rendant l'accès plus facile à une première publication.

internet impulse également la démocratisation de l’ échange et l’accès rapide de la culture pour tous

Hors-sujet

Ce sujet m’a évoqué un article de la revue electronique numerama qui explique que profaner un cimetière , ou commettre un homicide involontaire est moins sévèrement ou pas davantage condamné que l'échange de films et de musique sur Internet ( rappelons toutefois que le téléchargement dont je fais mention est illégal et répréhensible) .
Je ferme ce hors sujet qui pourrait faire office d’un débat sur la révision de la législation et également sur une realité sociétale faisant de la culture un luxe si cher qu’on se risquera bien un jour de lui préferer la gratuité de l’ignorance.

http://www.numerama.com/magazine/19648- ... lture.html

[Cyrano]

Je pense que la révolution culturelle doit aussi être impulsée par les décideurs.

Je suis agréablement surpris par la grille de rentrée de France télévisions qui propose en primetime des émissions culturelles.

Sur France 2 l’émission "Secrets d’histoire" présentée par Stéphane Bern consacrée au peintre Claude Monet a été regardée par 2.9 millions de téléspectateurs en moyenne soit 12,5 de part d’audience.

Il y a des raisons de se réjouir de ce score. Les experts chez TF1 ont réuni 7 millions de personnes mais le choix est là...et visible.

Le souci réel ne vient pas du choix des experts (sûrement une très bonne série hein...) mais du choix des experts seulement. Miss Rose regarde Harry Potter mais heu...pas que ! Et c'est là que le bât blesse. L’exclusivité du divertissement instantané fournisseur de temps de cerveau disponible pour Coca Cola détourne les gens de la connaissance et, comme le dit très bien M Black, anesthésie tout sentiment de révolte ou même de questionnement sur le monde qui nous entoure.

[Mlle Rose]

En même temps... la connaissance dispensée par Stéphane Bern.... moi j'aurais préféré les Experts, au moins avec leurs expériences débiles et improbables on rigole (non pas que je veuille systématiquement m'opposer hein, mais je trouve que tu vas un peu vite en besogne parfois Cyrano dans l'établissement de conclusions, examine les variables, il y en a des tonnes certes mais je suppose que les gens quand ils rentrent chez eux le soir après une journée de taf crevante, voire déprimante, ont plus envie de se détendre et de se marrer devant une connerie plutôt que de constater que Stéphane Bern n'a toujours pas décidé de se munir d'une coupe de cheveux non-approximative )

[Lawliet]

woa! ça débite! et c'est cool je suis arrivé au début du débat!
D'abords, merci pour votre accueil!

En fait je dirais qu'il y'a plusieurs questions qui se télescopent ici

La première, de Cyrano, interrogeait sur les facteur de popularisation d'une œuvre de l'esprit, avec derrière celle de savoir si ça venait de l'offre ou de la demande.
Ce à quoi a été répondu : y'a plein de facteurs.
Ensuite est apparu la question du pourquoi des merdes sont-elles populaires. Avec sous-entendus, par rapport à des trucs mieux. Ce à quoi réponse : les merdes des uns peuvent être les perles d'autres, parce que faisant écho différemment selon sensibilité, histoire de chacun, etc. (je résume comme un bourrin hein, mais ça fait pas de mal des fois)
Après y'a eu du coup question de la légitimité d'un jugement, puisque subjectif. Ce à quoi réponse : c'est pas le sujet. Je crois que c'est tout.

En substance, les questions qui restent sont :
- qui est responsable?
- qui peut juger de ce qui est bon, pour qui?

Ahah! La réponse la plus courte serait probablement 42...

Il y'a plusieurs dimensions, me semble t-il. L'individu, le reste du monde, le temps.
L'individu est libre, conscient de sa propre existence, capable de se projeter, etc.
Le reste du monde (les autres quoi), nous sont imposés, organisés en tribus, et toutes autant d'autres individualités mais différentes.
Le temps, défile inexorablement, et nous rapproche à chaque instant de la fin de la partie, le truc que si on a des idées, personne n'est jamais revenu pour confirmer ce qui avait derrière.

Alors la question, au final, c'est : que fait-on, individuellement, face à des programmes TV qui nous stimulent pas?

Ma réponse serait de dire, on s'efforce à comprendre d'où l'on vient, on tente de vibrer avec chaque instant, et on essaye de s'organiser pour influencer l'avenir dans le sens que pense juste, afin de pouvoir assumer notre histoire, jusqu'à sa fin.

Maaais.... c'est mon point de vue

[Mlle Rose]

Ah, j'ai oublié de te souhaiter la bienvenue Lawliet, pitètre que tu pourrais nous en dire plus sur toi et nous pondre une belle présentation dans la section dédiée un de ces 4 matins

[Lawliet]

Merci Mlle Rose. On est bien accueillis ici, ça réchauffe.
Je vais encore attendre un peu avant de me présenter, j'ai d'autres chats à fouetter pour le moment. Ceux là n'attendent pas, et c'est vrai que j'aime à entretenir un peu de suspens.

[Lucifer]

Je pense que ceux qui sont à la télévision veulent faire de l'audience sans se prendre la tête. Quand j'étais une enfant peut-être que j'ai été influencé et qu'aujourd'hui je supporte certains programmes. Je ne le pense pas. Je n'aime pas bienvenue chez les chtis car je trouve ça vraiment lourd comme film. J'aime Harry Potter, les histoires de magie m'ont toujours attiré. Et ainsi de suite.

La télé pourraient essayé d'élever l'esprit critique des auditeurs mais elle ne le souhaite pas. Elle se contente toujours de proposer un programme un peu moins bon, et les gens apprécient toujours un peu plus.

[bebel]

Je pense que l'être humain est naturellement paresseux intellectuellement. Il recherche des idées et des émotions primaires, dénuées de considérations trop complexes. C'est ce qu'on lui donne.

Mais ce n'est pas une fatalité. Certains savent appater le chaland avec des recettes de base, pour ensuite les emmener en douceur vers quelque chose de plus complexe, de plus profond. Ces artistes sont pour moi les plus dignes d'admiration.

Je pourrais citer nombre de cinéastes, en particulier de l'age d'or hollywoodien, mais je ne prendrai qu'un exemple récent et ambigü: Inglorious Basterds de Tarantino, que je viens de regarder. Ce film reprend les recettes qui plaisent particulièrement aux ados: violence grand guignolesque et humour décalé. Le "message", s'il y en a un, n'est ni clair ni politically correct. Cependant, c'est un film essentiellement de dialogues (dépassant souvent le quart d'heure), avec des luttes psychologiques et une tension palpable, de longues séquences en français ou en allemand qui violent la recette du tout en anglais (et sans accent étranger) nécessaire au public US. On se trouve face à un réalisateur qui n'a pas forcément grand chose à dire, mais peut amener ses spectateurs vers un cinéma d'auteur qu'il ignore aujourd'hui pour les films formattés à grand spectacle. J'ai même l'impression que c'est le but de Tarantino. Peut être, qui sait, le spectateur conquis d'Inglorious Basterds aura envie de revoir Christoph Schwartz dans le nouveau Polanski, mettant le pied du côté de la force obscure du cinéma. Et puis petit à petit se dirigera-t'il peut être vers Bergman et Bresson?