Je me base sur une discussion que nous avions eu lors d'un cours de psychiatrie sur les psychoses, névroses, et notamment, le suicide a été abordé. Avant d'aller plus loin, il y a trois types de personnes englobant le suicide: le suicidaire, le suicidant, et le suicidé. On parle de suicidaire lorsque la personne pense au suicide. On parle de suicidant lorsqu'il y a eu tentative de suicide. On parle de suicidé lorsque la personne s'est suicidée.
Si je parle de ça, c'est que, selon les statistiques, il y a plus de suicidants chez les adolescents, et de suicidés chez les personnes âgées. Les débats ont été bon train face à ce constat. Il y a ceci qui est ressorti qui m'avait marqué:
Les adolescents, en tant que davantage suicidant, cherchent plus la tentative que le suicide réel que les personnes âgées, qui, elles, font tout pour ne pas rater l'acte. A supposer que les adolescents, eux, envoient davantage un signal d'alerte. Deuxièmement, il y a une frontière entre ceux qui ont des pensées suicidaires, et ceux qui se suicident. Les suicidaires ne passeront pas forcément à l'acte.
Ceux qu'on nous a expliqué, c'est que selon quelques recherches, il s'avérerait que le risque de suicide est de l'ordre de l'acquis (facteur génétique). Dans le sens où, il y a des personnes qui seront nés comme étant très potentiellement sujet au risque de se suicider, et d'autres qui n'auront pas cette caractéristique et qui en resteront "qu'au" stade du suicidaire, sans passer à l'acte.
J'en viens au tout dernier point : Les professionnels sont plutôt d'accord pour dire qu'un suicide, ça ne se sait pas. A savoir que les personnes ayant l'intention de passer à l'acte n'en parlent pas aux autres. Lorsqu'une personne parle de se suicider, il y a de bonnes chances pour qu'elle ne le fasse pas (appel à l'aide). Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas intervenir auprès d'elle et que le risque est de zéro, au contraire. Pourquoi? Parce que le suicide serait plus de l'ordre de l'impulsif que du réfléchi. Les personnes se suicidant seraient dans un état de déconnexion avec la réalité avec laquelle elles n'ont plus prises. Cela se fait donc souvent sans préparation. Ça arrive sans crier gare. Je parle du général, donc, il y a toujours des exceptions.
Aussi, dans tous les cas, le suicide n'est pas que la personne ne désire plus vivre. Lorsque l'idée du suicide se pose, ce n'est pas pour cesser de vivre, mais pour cesser la souffrance. Lorsqu'on n'entrevoit plus de solution, qu'on se sent dans une impasse insolvable, le suicide apparait comme la seule forme de soulagement possible à la souffrance. En témoignage rapporté par l'intervenant, il expliquait que les suicidants, souvent, expriment leur envie de vivre, mais, le désir d'arrêter leur souffrance. Pour la plupart, ils sont "heureux" de ne pas en être mort (de leur tentative), puisque ce n'est pas réellement ce qu'ils cherchent.Cyrielle a écrit :Un psy qui travaille auprès des adolescents disait que l'important est d'amener les suicidants à se demander s'ils veulent vraiment arrêter de vivre, ou "seulement" arrêter cette vie, c'est à dire changer de vie.
Pour la réflexion personnelle, elle se trouve sur la question du courage ou de la lâcheté... J'ai l'impression que c'est un débat sans fin et stérile, non constructif, personnellement. Cela dépendra forcément de la vision, valeur, idéologie, de la personne qui aborde le débat, angle sous lequel on se pose, détails sur lesquels on insiste... Comme "est-ce que le verre est à moitié vide, ou à moitié plein?". Et ça banalise grossièrement ce que signifie se suicider. Je me demande si la question ne trouve pas sa source dans les idéologies religieuses (le péché). Se suicider, ce n'est pas juste un acte qu'on pose. Ce n'est pas juste de l'ordre de la morale, et encore moins du bien ou du mal, de la faiblesse ou de la force. C'est un réseau de paramètres qui peut s'étendre à "l'infini", qui ne peut s'arrêter à une vérité. C'est un prisme. C'est un acte dramatique, qui n'est pas seulement à l'origine d'une souffrance (celle du suicidé), mais de tous ceux qui l'entourent, souffrance qui s'étend à la société, et finalement, à l'humain. Je trouve ça, personnellement, déplacé, d'aborder la notion de courage ou de lâcheté, en particulier lorsqu'on pense à ceux qui ont effectivement perdu leurs proches dans ces conditions.