Rencontre avec les dieux

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Miss dans la lune
Mud Drifting
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Re: Rencontre avec les dieux

Message par Miss dans la lune »

Oui Za, et c'est justement parce que ces valeurs sont des croyances et non des évidences, qu'elles seraient sacralisées. Je les vois comme le socle d'une société, qui s'y réfère régulièrement pour un rôle de cohésion comme tu dis, mais aussi pour donner du sens à son existence tout en visant une perfection surhumaine.
Cyrano a écrit :Et pourquoi ne pas juste dire qu'il est des choses simplement humaines ? Inscrites profondément dans l'identité de notre espèce ?
Si l'on prend pour exemple, les valeurs que cite Akhenaton, justice, égalité, liberté, je ne suis pas certaine qu'elles soient profondément inscrites dans l'identité de notre espèce, et qu'elles soient partagées par tous. Je les vois plus comme des principes élaborés méthodiquement et logiquement, dans le but de nous extraire de notre animalité et de nos instincts.
Je pense que nous sommes soumis à une dualité tiraillante entre la loi du plus fort et notre besoin de vivre dans un monde sans souffrance, et que les « valeurs » que l'on se donne, permettent de garder un cap.
Elles sont « sacralisées », dans le sens où l'on en a fait des totems, pour les garder en mémoire, comme un leitmotiv.
(Et peut importe l'objet du sacre, ça peut être la religion, la science, le droit...)

olivier-louis

Re: Rencontre avec les dieux

Message par olivier-louis »

Kliban relève, fort judicieusement : " « Sacré » relèvera donc d'une émotion souvent intense qui met celui ou celle qui l'éprouve comme en contact avec une réalité qui le ou la dépasse, et qui lui paraît plus digne d'être vécue et conservée que d'autres réalités. La croyance et les systèmes politiques qui s'organisent autour de cela par la suite sont, à mon sens, totalement dérivés et lénifiés par rapport au phénomène initial. "

Peut-être est-ce là la question (cachée) que pose Akhénaton !

Le problème de la notion de "sacré" est qu'elle introduit toujours une césure : elle distingue ce qui est de son ressort propre et ce qui est du ressort du profane. Raison pour laquelle, je préfère parler du "numineux", mais pas au sens d'Otto ou de Jung, plutôt dans l'acception que le terme "numem" signifie en latin : volonté en acte, donc "divinité"... Mais on peut aussi l'appeler "tartiflette" si on préfère ! ;) Cela ne me choquera pas !

Du coup, en acceptant l'idée d'une relation au numineux, il est possible de parler de rencontre, quel que soit le lieu, quelle que soit l'occasion. Et surtout quelle que soit la formalisation de cette rencontre : une simple croyance, une religion systématisée avec ses dogmes, etc.

En fait, ce qui est en dessous de cette rencontre, et qui en constitue aussi la matière, pourrait s'appeler la "foi" : confiance et certitude semée de doutes, amour sans attente d'un retour.

La foi n'est pas la croyance : autant cette dernière cherche à s'imposer comme un mode de lecture du monde, autant la première est désintéressée. Si je crois, c'est que je veux adhérer à un modèle explicatif qui me convient et auquel je peux espérer agréger les autres. Si j'ai la foi, c'est que je suis dans l'ouverture sans question, dans la réception et dans le don. Si je crois, je veux convaincre et pour ce faire, je cherche - mais en vain - à démontrer. Si j'ai la foi, je veux simplement être et témoigner par ma seule vie. Si je crois, j'attends aussi une rétribution de mon adhésion (un intérêt dégagé de mon capital religieux) que ce soit sous la forme d'un bienfait, d'une place VIP au paradis, etc. Si j'ai la foi, je n'attends rien : je jouis de la surabondance qui s'offre à moi quand elle se manifeste, et je jouis de moi dans la relation à l'Autre.

C'est sans nul doute ce qui distingue le fidèle - au sens propre - du croyant : l'un vit pour lui-même dans une relation ouverte et riche au lumineux ; l'autre vit le numineux dans une relation close qui repose sur des dogmes.

Non pas que le fidèle soit "a-dogmatique" : les dogmes sont nécessaires, tout comme les textes sacrés, pour féconder en enrichir l'expérience intellectuelle et spirituelle. Mais ils ne peuvent réduire la foi à un simple conformisme, et ce pas plus que les rites et les liturgies. Ce sont des leviers d'action et de réflexion, voire de communication entre individus, et entre individu et l'Autre, quel que soit le nom qu'on lui donne. Et sur ce point, le charbonnier peut être plus grand connaisseur du numineux que le Docteur en Sorbonne...

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