Inceste et protection de l'enfant.

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Coccinelle
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Inceste et protection de l'enfant.

Message par Coccinelle »

Sujet lourd mais ici on peut aborder des choses dures et problématiques alors je me lance.

Le but n’est pas de lire des phrases du genre «oh que c’est horrible et dégueulasse», naturellement ça l’est, c’est quelque chose dans la société et de tout temps qui est un tabou non sans raison. Seuls «les dieux» ont eu le droit d’outrepasser cette règle, et les conséquences quelques soient les récits mythologiques, sont toujours désastreuses.

On en entend parler dans les faits divers relativement régulièrement, j’entend toujours ces histoires avec une boule au ventre. Finalement en réalité, ça touche toutes les classes sociales, tous les niveaux d’éducation, toutes les origines. L’inceste est un fléau familial et sociétal. A peu près 10% de la population a connu l’inceste, en gros chaque personne connait au moins 1 personne ayant vécu cela.

Qu’est-ce que l’inceste?

S'agissant de la définition de l'inceste, les parlementaires ont retenu ceci :

 
"Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d’incestueux lorsqu’ils sont commis au sein de la famille sur la personne d’un mineur par un ascendant, un frère, une sœur ou par toute autre personne, y compris s’il s’agit d’un concubin d’un membre de la famille, ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait."
  Habituellement, l'inceste est défini de la façon suivante :
  - "Relation sexuelle entre deux personnes qui sont parentes ou alliées à un degré qui entraîne la prohibition du mariage par les lois civiles ou religieuses." (Dictionnaire de l'académie française)

  - "Conjonction illicite entre les personnes qui sont parentes ou alliés au degré prohibé par les lois" (Dictionnaire Littré)

 Dans notre législation et pour faire simple, les articles 161 à 164 du code civil interdisent le mariage entre les ascendants et descendants (père/fille ou mère/fils), les frères et soeurs, l'oncle/la nièce et la tante/le neveu.

  Le mariage est également interdit entre beau-père/belle-fille et belle-mère/gendre (après décès du précédent conjoint ou divorce).

  Le mariage est donc interdit entre personnes liées par le sang (cas 1 à 3), ou entre personnes  très proches et dès lors assimilables (cas 4).

Quelle punition?
La loi en tient compte dans la fixation de la peine maximale encourue, par le biais des circonstances aggravantes qui font montrer d'un cran cette peine :

  - le viol sans circonstance aggravante est puni au plus de 15 ans de prison (art. 222-23 du code pénal).

  - le viol est puni de 20 ans de prison, notamment si la victime est âgée de moins de 15 ans, et/ou si le viol est commis par "un ascendant légitime, naturel ou adoptif, ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime" (art. 222-24 du code pénal).

  Sont des descendants/ascendants les enfants, les parents et les grands-parents.

  Les personnes "ayant autorité" sur un mineur sont par exemple un oncle et une tante à qui l'enfant est confié pendant des vacances .
  Dans ces situations la loi est plus sévère car elle considère qu'il est plus difficile pour les mineurs de s'opposer à ceux qui au quotidien exercent une autorité sur eux, ou, à l'envers, qu'il est encore plus choquant que des adultes profitent de leur situation privilégiée auprès de mineurs pour les agresser sexuellement. 
  Elle l'est aussi parce que la proximité affective entre le mineur et l'adulte agresseur rend souvent le viol encore plus traumatisant d'un point de vue psychologique.

Depuis le 16 septembre 2011: l’inceste n’existe plus au yeux de la loi française.
«Considérant que, selon le requérant, en ne définissant pas les liens familiaux qui conduisent à ce que des viols et agressions sexuels soient qualifiés d'incestueux, ces dispositions portent atteinte au principe de légalité des délits et des peines ; qu'elles porteraient également atteinte au principe de non-rétroactivité de la loi pénale plus sévère»
lien: http://www.conseil-constitutionnel.fr/c ... 99681.html

Donc dorénavant l'inceste est qualifié de viols avec circonstance aggravante.L’inceste n’est pas puni par la loi en tant que tel, seul le viol et les attouchements sont punis, l’inceste est juste considéré comme un facteur aggravant.

Ainsi en absence de viol, les relations sexuelles entre parents n’est pas interdite, le mariage est interdit mais des relations sexuelles consenties entre parents restent autorisées puisque pas interdites, je vous laisse réfléchir à cela.
cf fait divers: http://www.slate.fr/story/64967/inceste-pere-fille



Comment en arrive-ton là?
C’est bien là toute la question. Je n’ai pas de réponse universelle, mais j’ai pu au travers des différents témoignages que j’ai lu et avec le filtre de mon histoire personnelle, retrouver quelque éléments communs dans les histoires familiales de chaque victime.
Il faut d’abord un agresseur, qui peut tout à fait paraitre normal, avoir une sexualité «visible» considérée comme habituelle. Un manipulateur, une ancienne victime qui s’est identifiée à son agresseur et perpétue les agressions, un pervers, un malade.....
Ces criminels existeront toujours, il est difficile de lutter contre ça. L’agresseur est responsable de ses actes. Je ne pense pas qu’il puisse y avoir une prévention de ce côté là, ou en tout elle sera limitée.
Il faut aussi un contexte familial particulier, dans lequel les générations, et les genres ont une fâcheuse tendance à être mélangés dans un imbroglio où personne ne connait son rôle et sa place exacte, où l’enfant n’a plus sa place, il devient une extension de l’un des parents, parfois confondu avec les grands parents, où une chose est travestie et tient lieu d’objet fétiche transmis entre génération et entre genre, sans jamais être nommé, sans jamais être dévoilé à l’extérieur...(c’est aussi ce qu’on nomme le climat incestuel). Dans ces familles, il y a quelque chose qui met mal à l’aise sans jamais pouvoir le nommé.
Et puis il faut une bonne dose de déni, mécanisme de défense qui pour s'accommoder de la réalité tend à travestir la réalité.
Tout ça tend à perpétuer un fonctionnement familial, qui de fait protège l’agresseur et «écrase» les enfants victimes, le silence devient d’or et nécessaire à la survie de la famille en tant qu’entité unique où chaque «membres» n’est qu’une extension de celle ci, l’individu n’existe pas et tout tend à réduire à néant les regains de vie que pourraient avoir les enfants en tant qu’individu. Je pense que à ce niveau il peut y avoir une prévention, et qu’un travail d’éducation et de la société peut permettre de diminuer ces phénomènes là.


La responsabilité de la famille
Ainsi la famille, et je ne parle pas de l’agresseur en tant que tel (qui est bien entendu le coupable), joue un rôle dans l’établissement d’un terrain favorable où l’inceste sera permis ou tout du moins inconsciemment ignoré.
C’est le déni qui permet tout cela. Cela peut paraitre incompréhensible pour quelqu’un d’extérieur de comprendre comment on peut ne pas voir, pourtant dans ces familles c’est bien ce qui se passe la plupart du temps.
Personne n’est là pour protéger l’enfant ou les enfants, sous prétexte de ne pas avoir vu.
Le déni est puissant, l’enfant peut même y participer en «oubliant», en «occultant» le mal qui lui a été fait.

Il n’y a pas de fatalisme dans mon discours, je constate ce que j’ai pu lire. Au contraire le fait d’en parler, de nommer l’innommable, peut aider ces familles et les victimes, justement la société et la justice doit aussi sortir de ce déni et de ce silence.

Je tenais aussi à remettre un lien sur les lois de protection contre les enfants:
Art. 223-6 du Code Pénal : la non-assistance à personne en danger et la non-dénonciation de péril sont pénalement sanctionnées (5 ans de prison- 75000€ d’amende)
Art. 434-3 du Code Pénal : devoir de signaler les cas de  maltraitance sur mineur (privations, mauvais traitements, atteintes sexuelles infligées à un mineur de moins de 15 ans) Sanctions encourues : 3 ans de prison- 75000€ d’amende.
Les adultes proches ou moins proches ont donc une obligation vis à vis des enfants. Il faut signaler pour protéger les enfants, pour leur donner un endroit sécurisé où s’exprimer, où des soins leur seront donnés. Ne restez pas aveugle, même si cela demande une bonne dose de courage.

Les conséquences pour le survivant

Elles sont multiples;
pour les actes incestueux en eux mêmes: dépression, troubles de la personnalité, stress post traumatiques, honte, comportements auto destructeurs, mémoires traumatiques (douloureuses même très longtemps après le drame), troubles dissociatifs, dépersonnalisation, déréalisation, sexualité difficile, troubles addictifs, estime de soi désastreuse, échec scolaire etc...
pour la non assistante de la famille: construction d’un faux self, difficulté à faire confiance, incompréhension, incapacité à se sentir aimée, colère auto centrée, transmission d’un secret de famille étouffant .....
dans de nombreux de cas: lorsque la victime des années après sort du silence, c’est toute a famille qui lui tourne le dos et la traite de menteuse, qui défend son fonctionnement si délétère, souvent en protégeant le coupable, cela rajoute une couche aux traumatismes initiales.
Si l’entourage a le courage de soutenir et de dénoncer, des soins appropriés peuvent être prodigués, et les conséquences seront moindres.

L’inceste ou la pédophilie tue une partie de l’enfant, qui le place dans une solitude et une douleur, auquel un enfant ne peut faire face. Il est primordial d’offrir aux survivants un lieu d’écoute et de soin, de les croire, et de les protéger.


Inceste et pédophilie: un crime contre l’humanité?
Beaucoup d’associations se battent actuellement pour que l’inceste soit reconnu crime contre l’humanité. Il est absolument injuste que l’inceste en France ne soit pas reconnu juridiquement, que les victimes se voient parfois dans l’incapacité d’être reconnus en tant que tels car il existe un délai de prescription: 10 ans en cas d’attouchement sans viol après les faits ou après les 18 ans de la victime si les faits ont eu lieu avant, et 20 ans en cas de viol......lorsque l’on sait que beaucoup de victimes retrouvent leur mémoire traumatique jusqu’à 20 ans après les faits, cela fait froid dans le dos de savoir qu’elles ne peuvent plus rien faire.




Pourquoi je parle de cela?
Parce que cela compte pour moi, parce que c’est un sujet encore très tabou qui étouffent littéralement les victimes, parce que parler pourrait permettre de faire évoluer les mentalités et les lois françaises.
Je parle de ce sujet aussi pour que chaque adulte que nous sommes comprennent la responsabilité qu’il peut avoir à ne pas vouloir voir, à ne pas se bouger pour protéger et défendre le droit de ces enfants, qui restent innocents quoi que peut leur faire croire leur entourage et le bourreau.
Nous avons un devoir vis à vis de la protection du droit des enfants, de nos enfants, de ceux qu’on connait de près ou de loin.
C’est vrai, faire un signalement n’est pas quelque chose d’anodin, mais ça peut sauver la vie d’un enfant. Je crois qu’il vaut mieux quelques signalements sans preuve, et peut être à tort (de toute manière une enquête sera menée) que de laisser un seul enfant dans la souffrance muette qu’il endure.
Ici il est question d’inceste et d’agressions sexuelles mais je crois qu’au fond c’est la protection de l’enfance dont il s’agit aussi. Je ne veux pas participer au déni de la société vis à vis de faits aussi graves, alors je me mouille un peu sur ce sujet.

Si vous voulez partager des idées, des croyances, des embryons de solution pour combattre ce fléau ou juste apporter quelque chose qui permettrait de mieux comprendre la chape de plomb qui pèse sur les enfants et victimes, merci à vous.
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shunbabyx

Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par shunbabyx »

Je souhaite mettre le doigts sur un point qui me semble crucial dans le " traitement " de ce type de problème : la prise en charge sociale une fois que ce type d'acte est dénoncé.

Voilà la société ne peut pas être dans chaque famille à surveiller ce qui s'y passe, on est bien d'accord. Cependant, on sait (quand on étudie un peu les dossiers des " cas " les plus courants, c'est à dire ceux qui malheureusement se répètent trop souvent), comme le dit coccinelle, que certains facteurs concourent à rendre ce genre de situation possibles, si ce n'est probables.
Quand un proche, un membre de la famille, un ami (ou un éducateur, un prof ...) va voir les services sociaux, pour signaler une très forte présomption de violence sexuelle sur mineur de moins de 15 ans (pas forcément un inceste, mais bon on est quand même dans de la pédophilie, ça reste très grave), et que cette dénonciation est accompagnée de signes déjà constatés par les services sociaux comme étant potentiellement des signes de maltraitances graves, comment sont pris en charge ces dossiers ?

Quand les services sociaux ne font rien, que peut-on faire pour protéger ces enfants ? Je pose la question car vraiment, c'est un obstacles à ce que les gens dénoncent ce genre de pratiques.

post édité par la modération : sujet généraliste, merci de vous décentrer de votre cas personnel

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Hoppy
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Hoppy »

Coccinelle a écrit :Depuis le 16 septembre 2011: l’inceste n’existe plus au yeux de la loi française.
[...]
Donc dorénavant l'inceste est qualifié de viols avec circonstance aggravante.L’inceste n’est pas puni par la loi en tant que tel, seul le viol et les attouchements sont punis, l’inceste est juste considéré comme un facteur aggravant.
Je n'étais pas au courant de ça, je suis passée complètement à côté :silence:

Cela m'a donc tout de suite fait penser à une chose dont tu as parlé a posteriori:
Coccinelle a écrit :Ainsi en absence de viol, les relations sexuelles entre parents n’est pas interdite, le mariage est interdit mais des relations sexuelles consenties entre parents restent autorisées puisque pas interdites, je vous laisse réfléchir à cela. cf fait divers: http://www.slate.fr/story/64967/inceste-pere-fille
Il y a donc, dans l'inceste bien deux problématiques à distinguer, celle de l'agression incestueuse et celle de l'étique :?: quand celui-ci est consenti. Il y aurai presque deux partie à faire (je sors ma double feuille prête pour la dissertation, thèse-antithèse-synthèse :saoul: Je fais de l'humour car c'est un exercice qui a toujours été compliqué pour moi, organiser ma pensée)

http://www.7sur7.be/7s7/fr/1504/Insolit ... fils.dhtml

Quand je vois ce genre d'exemple comme celui de mon lien ci-dessus, je ne parviens pas à me satisfaire d'un "oh... s'ils sont heureux comme ça après tout", non je n'y arrive absolument pas.
Trop de choses me dérangent, je ne sais pas si c'est une question d'ouverture d'esprit (parce qu'il me semble tout de même qu'en toute lucidité, je suis quelqu'un d'assez ouvert) mais à ce sujet je bloque complètement. C'est... je sais pas... Mon éthique peut-être, le poids de la société qui a joué sur mon éducation je sais pas...


Je vais un peu digérer toutes les informations que tu nous as donné Coccinelle et je reviendrais :levi
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Mlle Rose
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Mlle Rose »

Si l'on est confronté à un doute concernant un danger potentiel pour un enfant, il suffit de taper sur google "signalement enfant en danger" pour connaître la procédure et tous les professionnels de l'enfance sont censés la connaître. Il y a trois possibilités de recours.
Rares sont les risques qu'aucun d'entre eux ne soit pris en compte, sauf si la personne effectuant le signalement ne bénéficie pas d'un crédit suffisant (il est bien normal que certaines choses soient vérifiées afin d'éviter à une famille tranquille d'être injustement décortiquée à cause d'une seule personne. Des cas d'affabulations qui ont pour simple but de nuire existent).

Toute personne qui détient des informations concernant un enfant en danger ou en risque de danger doit s’adresser aux autorités compétentes : elle peut s’adresser au conseil général du département de résidence du mineur, contacter le 119, numéro national, anonyme et gratuit géré par le Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED), ou en aviser le Procureur de la République en cas de gravité de la situation.

http://www.allo119.gouv.fr/


Sinon pour en revenir à ce que tu disais Coccinelle, il est certain que l'abolition du "crime d'inceste" est assez lourd de sens. Cela donne matière à réfléchir, aussi, sur la direction que prend la société....
Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. E. de la Boétie
NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

shunbabyx

Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par shunbabyx »

Hors-sujet
J'ai fait les 3 ... Rien n'a été fait, je n'ai même pas eu de réponse ... J'ai contacté les services sociaux du département, envoyé une lettre au procureur et appelé le 119 ...
Donc je ne sais pas comment s'est traité après, et j'aimerais bien connaitre l'envers du décor pour savoir ce qui fait réagir les autorités, si il faut un langage spécial ou quoi ... :-?

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Coccinelle
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Coccinelle »

Tu sais Shun, ce topic n'avait pas pour vocation de dire combien de fois on a signalé, ni de faire un post autocentré, il s'agit ici de réfléchir au rôle que nous pouvons avoir et que la société et la justice devraient avoir dans la protection de l'enfance, et de réfléchir aussi à l'inceste comme fléau de la société et des enfants.

Donc même si tu mets ta deuxième participation en "offtopic" il n'en reste pas moins que tu tires la couverture à toi et ton histoire......ce qui peut parfois un peu agacer

aeyou
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par aeyou »

Coccinelle a écrit : A peu près 10% de la population a connu l’inceste, en gros chaque personne connait au moins 1 personne ayant vécu cela.
(...)
Ici il est question d’inceste et d’agressions sexuelles mais je crois qu’au fond c’est la protection de l’enfance dont il s’agit aussi. Je ne veux pas participer au déni de la société vis à vis de faits aussi graves, alors je me mouille un peu sur ce sujet.

Si vous voulez partager des idées, des croyances, des embryons de solution pour combattre ce fléau ou juste apporter quelque chose qui permettrait de mieux comprendre la chape de plomb qui pèse sur les enfants et victimes, merci à vous.
Merci de te préoccuper de ce qui me semble être le trauma le plus destructeur qui puisse exister, d'autant plus destructeur que les enfants sont jeunes (voire des bébés : oui, cela existe) et qu'il s'agit de traumas intentionnels (contrairement à un tremblement de terre par ex.). Est-ce que tu peux stp dire si ces 10 % sont valables pour tous les pays et citer ta source ? Est-ce un chiffre qui fait consensus ?

Je te demande ça car j'ai vu il y a longtemps (sur aivi.org ?) la citation d'une étude suisse (vers 1991 ?) sur l'inceste menant à des chiffres plus élevés qui s'approchait étonnamment de ceux-ci : 1 femme sur 3 à 5 (selon les auteurs) et 1 homme sur 6 (à 10 ?) subit une agression sexuelle avant 18 ans (cf. Michel Dorais 2008, François Louboff 2008, Muriel Salmona -- mars 2013 -- elle forme des professionnels à la détection des violences, Gérard Lopez -- Janvier 2013...).

D'autres stat' : http://aivi.org/fr/vous-informer/les-chiffres et http://aivi.org/fr/nos-actions/sondages ... ndage-2010

Je ne sais pas (jamais trouvé l'info) si les diverses stat' tiennent compte des personnes vraisemblablement concernées mais qui ne s'en souviennent pas, y compris pendant la période pré-langagière (dont il peut rester des traces sous forme de ressentis corporels, de rêves ou cauchemars à répétition, etc. mais sans la certitude de savoir qui a fait quoi, quand, combien de fois, etc.). Hormis l'alcool et d'autres produits évidemment proscrits pour les enfants, l'une des agressions sexuelles pratiquées sur les bébés a pour but de les faire dormir, si vous voyez à quoi je fais allusion (cf. le compte rendu de colloque rédigé par Louise Lambrichs).

Je ne sais pas non plus si les mutilations sexuelles sont incluses dans ces stat's sur les agressions sexuelles (en famille ou pas), sans oublier la circoncision qui est considérée comme une agression traumatisante par certains (victimes, psys...)... encore un sujet méga-tabou, mais cet été, il y a eu un changement qui a fait du bruit en Allemagne (je crois me rappeler que des médecins ou un établissement entier ont décidé de refuser de la pratiquer -- je tâcherai de retrouver l'info).

Pour élargir la connaissance de l'inceste et des climats incestuels, on peut lire Racamier.
Coccinelle a écrit :
Ces criminels existeront toujours
Ceci me paraît discutable puisqu'on sait très bien que les agresseurs sont toujours et forcément d'ex-victimes d'agressions sexuelles, ou du moins d'ex-"maltraités autrement" (cf. auteurs pré-cités et d'autres). Donc... si on arrive à convaincre tous les adultes qui ont été maltraités de trouver la force de regarder ça en face et de se soigner avant de faire le moindre mal à un(e) mineur(e)... ça pourrait bien finir par devenir très rare. Mais il faudrait aussi y mettre les moyens (ça vaudrait le coût en terme de santé notamment).

Par ailleurs, de plus en plus de psy reconnaissent que Freud a d'abord découvert que de nombreuses patientes avaient été victimes d'agression sexuelle (en famille ou pas) ; puis il a inventé sa théorie selon laquelle l'enfant fantasme des relations sexuelles avec le parent de sexe opposé : idée beaucoup plus acceptable... par les adultes. Tant que les psychanalystes en resteront là et diront à leurs patient(e)s qu'elles/ils ont des fantasmes (de viol...), les victimes continueront à aller mal.

Il y a eu en particulier un rapport de l'INSERM de plus de 400 pages vers 2005 évaluant aussi sérieusement que possible l'efficacité de diverses thérapies, notamment la psychanalyse et les TCC ; des extraits sont cités notamment dans un livre d'Isabelle Aubry (présidente d'AIVI) : j'ai retenu que la psychanalyse ne montrait une "présomption d'efficacité" que pour les troubles de la personnalité, alors que les TCC avaient prouvé leur efficacité dans de nombreux troubles (alimentaires, addictions ou dépendances...).
Mais il y a un tel lobby des psychanalystes en France que ce rapport a été retiré du domaine public !
Je précise que j'ai moi-même longtemps cru à la psychanalyse et que je ne jette pas tout à la poubelle, mais Alice Miller a vraiment réfléchi sur la psychanalyse et ses réflexions sont très convaincantes (pas uniquement sur à propos des théories sexuelles de Freud).

Une pétition circule depuis des propos affligeants de Rufo (qui n'en était pas à son coup d'essai) en décembre 2012 (entre autres affirmations : "la majorité des enfants abusés vont bien" !!!).

Cela fait plus de 30 ans que je progresse dans ma connaissance des maltraitances et de la dissociation qui en découle, et j'ai fait le tour des thérapies les plus prometteuses pour guérir des troubles de l'attachement et des traumas les plus graves (je ne dis pas que je les ai toutes essayées, mais j'ai tenté d'obtenir des % d'efficacité, ce qui est difficile) : Aurore Sabouraud-Séguin (ou Séguin-Sabouraud) a écrit "il n'est pas question de guérison, mais de reprise du cours de la vie". Sympa, comme perspective, non ? A ma connaissance, les meilleurs résultats donnent seulement 50% de "guérison" ou "amélioration". Ca veut quand même dire que 50% des victimes restent en souffrance tout leur vie.
Muriel Salmona affirme avec beaucoup de détails instructifs qu'on peut traiter les victimes, mais encore faut-il supporter les effets secondaires des nombreux médicaments prescrits. Elle explique aussi très bien le processus de disjonction chez la victime, qui sert de fusible pour l'agresseur. Elle permet vraiment d'adopter un regard totalement différent sur le comportement des victimes et de la société.

Concernant des embryons de solutions, je crois qu'il faudrait convaincre les dirigeants de donner la priorité budgétaire à la formation de psys et à la protection de l'enfance, mais actuellement, il y a surtout du bénévolat dans les nombreuses asso qui luttent contre l'inceste, pour la protection de l'enfance, etc. (en plus de faire connaître les faits en citant nos sources, mais le déni est quasi-systématique). La prévention des violences me parait infiniment plus intelligente que cette obsession de la prévention des suicides, qui ne sont "que" une conséquence des violences en tous genres.

Je trouve regrettable que les actions en faveur des plus faibles ne soient pas prioritaires et rémunérées à leur juste valeur. Quand je pense à l'argent gaspillé pour envoyer des sondes dans le système solaire, ou même qu'on soutient la culture pendant "qu’un enfant (ou plus !) meurt tous les jours sous les coups de ses parents" (Lopez 2013), je me désole qu'on marche sur la tête.

Je précise aussi que les signalements au 119 donnent parfois des réactions décourageantes. J'ai donc choisi de téléphoner à une asso dont je sais qu'elle creuse ensuite en tâchant de protéger l'enfant qui aurait appelé.

Si vous voulez plus de références ou des pistes plus concrètes , je peux vous en fournir (livres de Dr Catherine Bonnet, de Serge Garde...).

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Coccinelle
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Coccinelle »

Je vais mettre quelques liens de sites et associations (que j'ai contacté moi même qui sont réellement sur le terrain et digne de confiance):
http://www.sos-inceste-pour-revivre.org ... -encourues

Pour les chiffres merci aeyou de mettre le doigts dessus, le chiffre que j'ai avancé était un mixe de ce que j'ai pu lire sur aivi, dans des livres aussi sur l'inceste (de la collection que sais-je?) et sur d'autre site.
Je vou mets le lien d'aivi (attention aux âmes sensibles), aivi cite 20% des femmes subiraient au cour de sa vie une gression sexuelle (pas forcément un viol et pas forcément une agression sexuelle incestueuse) et 7% des hommes. 80% des agresseurs seraient connus de la victime et de la famille, 45% des agressions sexuelles seraient subies avant l'âge de 9 ans.
Mais voilà le lien: http://aivi.org/fr/vous-informer/les-chiffres

Pour les pistes sur lequelles travailler:
aeyou a écrit:
Ceci me paraît discutable puisqu'on sait très bien que les agresseurs sont toujours et forcément d'ex-victimes d'agressions sexuelles, ou du moins d'ex-"maltraités autrement" (cf. auteurs pré-cités et d'autres). Donc... si on arrive à convaincre tous les adultes qui ont été maltraités de trouver la force de regarder ça en face et de se soigner avant de faire le moindre mal à un(e) mineur(e)... ça pourrait bien finir par devenir très rare. Mais il faudrait aussi y mettre les moyens (ça vaudrait le coût en terme de santé notamment).
Je ne suis pas pas d'accord sur le poncif que tous les agresseurs ou presque seraient d'ancienne victime, ce n'est pas ce que j'ai pu lire ailleurs (Racamier, Hélène Parat, Suzanne Forrward), certains agresseurs sont d'anciennes victimes mais c'est loin d'être une majorité
Je cite toujours l'aivi.org:
Les agresseurs sont d’anciennes victimes : si, selon plusieurs auteurs, de 30 à 50 % d’agresseurs auraient eux mêmes connu un ou des attentats sexuels dans leur enfance, cela démontre aussi qu'une majorité d'entre eux n'en n'auraient pas été victimes. Il n’existe pas d'études comparatives permettant d'évaluer la situation parmi la population des non agresseurs. Il est donc impossible de conclure à une relation de cause à effet. (10)
lien: http://aivi.org/fr/vous-informer/les-mythes

Du coup, il serait intérressant de travailler à prévenir la génèse de tels pervers mais rien n'est si simple, d'autant que dans le consensus scientifique, les chercheurs ne savent pas encore pourquoi exactement un nombre aussi important d'hommes (mais aussi de femmes) passent à l'acte sur des enfants, je crois que si il y avait plus de sanction, si les enfants devenus adultes et les enfants juste après trouver plus de secours, que le silence soit rompu plus facilement et plus rapidement, ça permettrait bien des sanctions et ensuite une réelle éducation familiale pour limiter ce genre d'atrocité.


Ton analyse sur le versants psychanalytique, et sur les fantasmes de viols, est très bonne, je la partage tout à fait, et j'y ai eu le droit aussi quand j'ai rompu le silence. Ca fait froid dans le dos.

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Niarky
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Niarky »

Je me permets de faire un déterrage de sujet :1cache: .
Je vais tenter au mieux de faire quelque chose de constructif et pas trop brouillon (On se détend :whew: )

Le point qui me touche le plus dans tout ce qui a été dit plus haut: c'est la prévention, ou du moins ce souci de prévention, c'est cette phrase faite par Coccinelle qui m'a fait réagir, et plus particulièrement sur la sortie du silence :
Coccinelle a écrit : [...] si les enfants devenus adultes et les enfants juste après trouver plus de secours, que le silence soit rompu plus facilement et plus rapidement, ça permettrait bien des sanctions et ensuite une réelle éducation familiale pour limiter ce genre d'atrocité.
Ce qui revient souvent (du moins je trouve), c'est le signalement effectué par une personne extérieur. Qu'en est-il du signalement effectué par la victime elle-même ? Particulièrement lorsqu'il s'agit d'un enfant. Est-elle vraiment au courant des solutions qui s'offrent à lui ?
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La prévention donc, je pense qu'il y a un réel manque vis à vis de l’information aux victimes surtout les plus jeunes. C'est un sujet qui passe aux seconds plans dans les écoles, associations sportives et autres endroits où l'enfant peut enfin se sortir de ce cycle de peur, et donc l'endroit où l'enfant est le plus "vulnérable" pour en parler : -> Faire tomber la main mise créer par l'agresseur.

- Celle chez l'enfant :
- A l'école, commencer par une première écoute, une première prévention, je pense qu'il est important d'expliquer aux enfants que ce qu'il peut/pourrait subir de part une personne de la famille (ou même adulte/ado extérieur de la famille), ce n'est pas forcément normal.
- Adapter la prévention à l'enfant.
- Commencer en grande section de maternelle ne serait pas de trop.
- Montrer aux enfants qu'ils peuvent avoir du soutien à l'extérieur, qu'ils ne sont pas seuls : -> Casser la solitude qu'ils ont dans la famille.

- Celle chez l'ado :
- Continuer ce travail de prévention : les solutions, si ils voient un truc.
- Adapter la prévention à ce qu'ils ont en tête : c'est souvent l'âge où il y a la découverte de la sexualité
- Deux à trois préventions par an dans les collèges et lycées
- Montrer comme pour les enfants qu'ils peuvent être écoutés : Casser la solitude mis en place par le déni de la famille et l'agresseur.

Et important d'indiquer à l'enfant/ado, que si il parle, c'est normal que l'adulte soit puni. La conséquence d'un signalement peut être la destruction du foyer -> La victime peut s'accuser des futurs maux avec l'idéologie de la famille parfaite.
-> La Déculpabilisation pour la victime et les "conséquences" du faite de parler me parait aussi un énorme point à soulever.

A côté de ça du coup est ce que quelqu'un sait si des choses sont déjà mis en place sur la prévention avec les enfants ?
(J'ai beau chercher dans mes souvenirs, je ne me souviens vraiment pas qu'on m'est déjà parlé des solutions qui pouvaient être apportés si on était victime d'inceste). J'imagine qu'il y a déjà des "instructions" pour les maitresses ? Profs ? Infirmière d'école ? CPE ? Les surveillants ?

- Celle chez l'adulte, en entreprise par exemple, je vois énormément de flyers sur les violences conjugales, sur les problèmes d'argents, sur le bien être au travail mais la partie "parles-en si vous voyez des choses" n'est même pas soulevé. J'ai découvert le 119 un peu par hasard, et je me dis qu'à la télévision, que dans les journaux, dans les magasines, je n'ai pas fais attention à une quelconque information concernant le sujet, rien de transcendant en tout cas. Je sais que ça existe car j'ai été "curieuse", mais pour qu'une personne de "tous les jours" soient touchés, que faudrait-il faire ?

Même question, est ce qu'il y a des choses qui sont déjà mis en place ? Et est ce que vous pensez que des choses sont possibles à mettre en place quand on est une personne lambda touchée par le sujet, type glisser l'idée à la médecine du travail pour que des préventions soient mises en place ?

Je pense vraiment que sortir un enfant du cycle lavage de cerveau est un travail à temps plein et lourd.

J'ai 2 visions en ce moment sur le sujet :
- Le côté positif: le bien être de l'enfant est un sujet récurrent, peut être que les gens vont enfin se sentir concernés par le sujet de l'inceste : Ouvrir les yeux sur la souffrance de l'enfant.
- Le côté pessimiste: n'est-il pas illusoire de croire qu'un jour les choses changeront ? Comment faire comprendre à un agresseur qu'il va détruire une personne ?

J'ai beau réfléchir et tourner les idées en boucle dans ma tête, je n'arrive pas à y voir une solution concrète et qui pourrait peser dans cette balance de violence. Surtout que j'imagine qu'il doit y avoir déjà un travail énorme d'effectué dans les associations.

J'ai volontairement plus creusé du côté de l'enfant que de l'adulte victime, même si il y a un sujet énorme sur les solutions de reconstruction.
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Choupinne
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Choupinne »

Niarky a écrit :A côté de ça du coup est ce que quelqu'un sait si des choses sont déjà mis en place sur la prévention avec les enfants ?
(J'ai beau chercher dans mes souvenirs, je ne me souviens vraiment pas qu'on m'est déjà parlé des solutions qui pouvaient être apportés si on était victime d'inceste). J'imagine qu'il y a déjà des "instructions" pour les maîtresses ? Profs ? Infirmière d'école ? CPE ? Les surveillants ?
Quand j'étais enfant en primaire, je me souviens qu'a l'école j'avais eu une règle en plastique, avec dessus un numéro (peut-etre le 119 ?) et qui parlait d'enfance maltraitée etc... un genre de goodies de prévention quoi. Mais du coup comme c'était une règle, ben je m'en suis servi un peu, si bien que le message est rentré (et que je m'en souviens encore :) ). Je me rappelle même avoir menacé mes parents d’appeler le 119 alors que je m'étais fait engueulé. Après, est-ce que j'aurais eu le courage de le faire ? Probablement pas, et sans doute encore moins si j'avais été sous la domination de parents violents.
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
- Choupinne

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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Pimprenelle »

je sais pas encore faire la fonction "citer" alors dsl j'ai copié/collé

"J'imagine qu'il y a déjà des "instructions" pour les maitresses ? Profs ? Infirmière d'école ? CPE ? Les surveillants ? "

pour te répondre en tant que prof des écoles et bien NON, il n'y a aucune instruction, rien d'obligatoire dans le parcours de formation. Le concours était accessible avec une Licence, maintenant un Master, de n'importe quelle discipline, donc ceux/celles qui ont eu qq cours de psycho c'est déjà ça mais pour les autres... rien n'est non plus prévu dans la formation initiale après concours, formation "éclair" de 1 an (1 an pour toutes les disciplines de la petite Section au CM2).

Sur paris, plusieurs écoles se partagent un-e assistant-e sociale, un-e psychologue scolaire et un médecin (plusieurs écoles c à d environ un millier d'élève...).
On est très loin de la prévention, à des années lumière même.
Quand il nous apparait une situation de maltraitance, AS et médecin arrivent en urgence sur l'école. L'enfant est entretenu avec le médecin et la présence des parents est obligatoire... ça c'est plutôt pour les cas de violences physiques (œil au beurre noir, traces de coups ce câble...).
Si c'est une suspicion de viol suite à des propos tenus par l'enfant là c'est la Brigade des Mineurs qui s'en charge.
Tout cela est catastrophique, dramatique, les mots ne sont pas assez forts, cette société ne met RIEN en place pour protéger nos enfants.
Évidemment qu'il faudrait de la prévention, former les enseignants à ces sujets. Aussi créer les conditions favorisant la parole sur ces sujets. Inimaginable d'aborder ces thématiques en classe entière... et que faire après si un enfant a besoin d'en parler ? avec ses 25 camarades autour ? à qui et où va t'il se confier ?
Pour exemple, les médecins scolaires sont chargés, entre autres, de :
- la prévention dentaire
- les dépistages visuels et auditifs
Cela devrait être la responsabilité des familles afin que ce médecin en soit déchargé et puisse se concentrer sur les priorités (ils n'ont même pas le temps pour les difficultés graves d'apprentissage, c'est dire, quand on signale un élève avec des gros troubles type langage, motricité etc, cela peut prendre plusieurs mois avant qu'il puisse voir l'élève en question.)
Même chose pour les psychologues scolaires. Déjà précision, il ne sont pas forcément diplômé d'un titre de psychologue. Ce sont d'abord des enseignants ayant suivi une formation et certification de l’Éducation Nationale, ce qui est très différent. Il ne font pas de suivi thérapeutique mais reçoivent les familles, parfois les élèves seul (avec autorisation parentale obligatoire). Et ils sont sur l'école environ 1 journée et demi par semaine... et donc de ce côté là aussi même pour les élèves en grande difficulté scolaire, plusieurs mois d'attente.
Il faudrait un minimum d'un psychologue pour 10 classes. Et pourquoi pas aussi pédopsychiatre.
Que ces professionnels soient en permanence sur l'école et disponible pour les enfants quand ils le souhaitent et sans autorisation parentale obligatoire.

Que des petits groupes de parole, encadrés, pensés, puissent être créer pour évoquer ces sujets même avec les plus jeunes enfants je pense que c'est possible. On peut dire à un enfant de 3 ans que son corps lui appartient, que certaines parties sont privées et que personne n'a le droit de lui imposer quoi que ce soit au sujet des parties privées de son corps, même pas un regard.
On peut leur expliquer que les relations d'amoureux se passent entre enfants ou entre adultes mais pas adulte et enfant ensemble, etc, etc
Dans un contexte préparé et sécurisant, tous ces messages peuvent passer et ils peuvent le comprendre, l'intégrer petit à petit.
Mais il faudrait pour ça que la question de la maltraitance des enfants soit réellement une priorité...
Ce sujet me fait enrager depuis des années...

Car après je pourrais vous raconter aussi ce qui se passe, quand des situations de maltraitance sont signalés, mais en fait ça va être court car il ne se passe RIEN !!!!
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur Pimprenelle pour son message :
Grabote
ça dépend, ça dépasse... et c'est tant mieux :P !

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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Pataboul »

Salut.
Y a-t-il quelqu'un ici qui a une vision éclairée sur ce qui est considéré comme crime ou délit en matière de violences sur enfant?
Je me demande aussi comment est déterminée ou qualifiée la non assistance, si c'est différent quand c'est la police qui ferme les yeux.

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Léo
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Re: Inceste et protection de l'enfant.

Message par Léo »

@Pataboul Ta question date du mois de juin... je débarque sur fond d’actualité donc pas en avance... je faisais une recherche sur le forum et je suis tombée ici alors étant donné l’actualité et le fait que ce sujet m’intéresse, je n’ai pas de réponse très éclairante à t’apporter hormis que les signalements possibles, dans un contexte scolaire, médical etc, le sont parfois concernant des soupçons seulement de violences mais on imagine bien la difficulté à évaluer en amont et puis, si une enquête est ouverte, ce sera alors là qu’on ira chercher les preuves de la violence commise... la nature des violences sera mesurée à l’occasion de plusieurs convocations (medico,psy,police...) mais le traitement ou disons ce qui définit la violence comme « vraiment violente », d’un point de vue légal/juridique reste compliqué notamment en matière d’inceste et de viol... puisque comme on peut le voir en ce moment, c’est systématiquement à la victime de prouver qu’elle n’était pas consentante ...(sans parler du délai de prescription quand l’enfant est devenu adulte)

Je poste quelques liens juste là à ce sujet :

J’ai trouvé cette émission éclairante sur la manière dont le sujet est traité historiquement et socialement. L’aspect juridique/légal y est bien abordé également.
https://m.youtube.com/watch?v=iAbtjTaBo ... KY_8Y4_-2I

Ici aussi, l’intervention de cette ancienne juge est pertinente me semble-t-il
https://m.youtube.com/watch?fbclid=IwAR ... e=youtu.be

Autre temps... si proche... édifiant et glaçant je trouve... En 1986, le premier témoignage télévisé d'une victime d'inceste, Eva Thomas, suscitait des réactions sidérantes... les site de l’lNA et France info l’ont mis en ligne. Vous retrouverez facilement le lien.

Edit : je vous recommande cette série de podcasts très bien faite, vraiment vraiment https://louiemedia.com/injustices-2/ou- ... e-une-nuit
"Soudain, la jeune fille, le plus tranquillement du monde, entreprit de se curer le nez avec les doigts." Witold Gombrowicz

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