Être humilié

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Charles Dodgson
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Re: Être humilié

Message par Charles Dodgson »

Bonjour [mention]Roland[/mention]

Je n'ai pas lu Bourdieu. J'ai entendu parlé de Rousseau et du contrat social y a 25 ans au lycée mais je n'ai pas eu le bac. Je n'ai pas fait philo mais certain de mes vieux amis ont des DEA ou doctorat de philo et j'ai des notions d'auteurs par leur intermédiaire.
Le propos est de moi, l'idée est à personne. Peut être que Bourdieu l'a utilisée.

Ca te semble logique au regard de l'argumentation ?

CD

Roland
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Re: Être humilié

Message par Roland »

Oui complètement, je suis en train de réfléchir à partir de ta citation.. parce qu’après çà.. c'est verrouillé ^^
Toute parole ou acte entrant dans le champ social est une revendication que l’on peut qualifier de « prétention ».
Prendre la parole ou faire entrer un acte dans la communication (je mets le « il n’y a pas de non-communication de côté » -Watzlawick) c’est solliciter une attention. Demander à autrui de nous consacrer quelque chose. De nous confier quelque chose. De faire acte de confiance.
Bourdieu : la fonction créatrice

"La question des énoncés performatifs s’éclaire si l’on y voit un cas particulier des effets de domination symbolique dont tout échange linguistique est le lieu. Le rapport de forces linguistique n'est jamais défini par la seule relation entre les compétences linguistiques en présence. Et le poids des différents agents dépend de leur capital symbolique, c’est-à-dire de la reconnaissance, institutionnalisée ou non qu'ils reçoivent d'un groupe : l'imposition symbolique, cette sorte d’efficace magique que l'ordre ou le mot d'ordre, mais aussi le discours rituel ou la simple injonction, ou encore la menace ou l'insulte, prétendent à exercer, ne peut fonctionner que pour autant que sont réunies des conditions sociales qui sont tout à fait extérieures à la logique proprement linguistique du discours. Pour que l’importance du philosophe soit reçue comme il demande à l'être, il faut que soient réunies les conditions sociales qui font qu'il est en mesure d'obtenir qu'on lui accorde l'importance qu'il s'accorde. De même, l'instauration d'un échange rituel tel que celui de la messe suppose entre autres choses que soient réunies toutes les conditions sociales nécessaires pour assurer la production des émetteurs et des récepteurs conformes, donc accordés entre eux ; et de fait, l'efficacité symbolique du langage religieux est menacée lorsque cesse de fonctionner l'ensemble des mécanismes capables d'assurer la reproduction du rapport de reconnaissance qui fonde son autorité. Cela vaut aussi de toute relation d'imposition symbolique, et de celle-là même qu’'implique l'usage du langage légitime qui, en tant que tel, enferme la prétention à être écouté, voire cru et obéi, et qui ne peut exercer son efficacité spécifique que pour autant qu’il peut compter sur l'efficacité de tous les mécanismes, analysés ci-dessus, qui assurent la reproduction de la langue dominante et de la reconnaissance de sa légitimité. On voit en passant que c'est dans l'ensemble de l'univers social et des relations de domination qui lui confèrent sa structure que réside le principe du profit de distinction que procure tout usage de la langue légitime, et cela bien qu'une des composantes, et non des moindres, de ce profit réside dans le fait qu'il paraît fondé sur les seules qualités de la personne."

Les règles de la sociétée permettent l'humiliation

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Charles Dodgson
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Re: Être humilié

Message par Charles Dodgson »

Bonjour [mention]Roland[/mention]
Hors-sujet

Hors-sujet quand même dans le sujet. Je suis bluffé par ce que tu me rapportes de Bourdieu. Mais tu me rassures car j'en mène pas large de laisser mes commentaires sur ce sujet. Je suis seul dans mon slip et aucun autre n'y peut rien.
Pour l'exemple et dans la même veine, je vais te raconter ma plus grande humiliation d'adulte.
A la fac, en master (psycho), on devait faire un exposé sur un thème de psychologie cognitive. Lorsque mon tour est venu, j'ai débuter mon exposé, écrit quelques équations au tableau, évoqué deux mathématiciens célèbres et en me retournant, je vois la centaine d'étudiant de l'amphi me regarder avec des regards choqués. Le prof était en bascule sur sa chaise et regardait le plafond d'un air songeur. Pris de panique, j'abrège mon propos sans finir ma présentation. Je conclus vite fait et j'attend la foudre.
Là, le prof repose les pieds de sa chaise, se lève, et applaudit. Devant les étudiants médusé, il leur fait signe de se lever également et les invites du geste à m'applaudir en leur disant "voilà un véritable étudiant chercheur".

J'ai jamais eu aussi honte de ma vie. C'est une humiliation qui me fais encore mal aujourd'hui.

Est-ce que tu as compris pourquoi ?
Tu aurais pas modifiée ta dernière phrase ? "Les règles de la société permettent l'humiliation".

Donc non, les règles de la société interdisent la tentative d'humiliation. Il y a des lois contre la maltraitance, contre le harcèlement … la morale réprouve le dommage fait à autrui … Et je suis pas du tout certain que la société soie nécessaire au sentiment d'humiliation. Un Hermite tout seul dans sa brousse pourrait bien s'humilier tout seul à mon avis.
Sauf a prouver qu'il n'y a pas d'ego sans société.
C'est de ma faute, j'ai parlé de champ social. "Faire entrer un acte dans la communication" c'est plus juste et ça se passe du social.

Sur quoi tu bloques dans le passage que tu relèves ?

CD

Roland
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Re: Être humilié

Message par Roland »

[mention]Charles Dodgson[/mention]
Je ne bloque sur rien, je réfléchis ^^
Hors-sujet
Si j'applique ton raisonnement à ta situation, je pense que oui. Pour faire lien avec une expérience personnelle ( cf murmures) : 5ans 1/2 le cercle est une figure géométrique = Le plus grand moment de solitude de ma vie, j'en suis encore marqué, et je l'identifie à de l'humiliation.
Pour moi et pour faire simple, l'homme a besoin de voir dans les yeux de l'autre son propre regard. Cette vision partagée est le gage d'une appartenance. Ce n'est pas tant la dignité qui est frappée par l'humiliation. C'est plus large que çà.
L'humiliation peut être ce que l'on ressent et justifiée par toutes les raisons que tu as invoquées. L'humiliation frappe l'image que nous avons de nous même dans la perception que nous avons du regard des autres. Nous nous appuyons sur les codes de langage, sur les marques de dignités, etc.. pour nous conforter; mais l'enjeu réside dans la perception que nous avons de nous même.

Et je reviens encore une fois, à mon idée de processus. Je ferai peut être un dessin avec tout les éléments collectés dans ce fil. Pour l'heure, je ne vois plus comment faire évoluer ma pensée. Et puisque que j'en reviens à ma propre conclusion précédente, ce n'est pas bon signe. ^^ Merci d'avoir discuté avec moi, ce fut agréable.

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annie
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Re: Être humilié

Message par annie »

humain a écrit : lun. 6 juin 2011 15:31 Moi des fois je me sens pas humiliée, et je trouve que c'est l'humiliateur qui devrait être rouge de honte. Quant à moi, si j'ai honte, alors c'est pour lui et l'humanité toute entière...

Enfin comme je crois à la liberté, si on tente de m'humilier encore et encore et que celà ne me convient pas, je me tire. Aucun flingue sur la tempe n'oblige personne à accepter des mauvais traitements.
Bonjour
J'ai lu vos échanges avec intérêt, qui m'ont fait bien réfléchir et permis d'avancer un peu....
C'est surtout la référence à Bourdieu qui m'a aidée et fait comprendre l'impact de la position sociale des humiliateurs dans la portée de leurs propos. Si on parvient à relativiser cette position, à la situer dans l'échelle de la hiérarchie sociale et à faire abstraction de sa puissance symbolique (pour Bourdieu c'est la langue, mais ça peut aussi être une notion associée à l'humiliateur, par ex. la sainteté sur la royauté), je crois qu'on fait un grand pas vers un détachement nécessaire au pansage de la blessure,
Pour la honte, je dirais, même si elle est provoquée par l'entourage ou le contexte social, qu'elle se déploie en nous surtout parce qu'on lui laisse la place de le faire, elle est souvent il me semble, entretenue par notre imagination. Ce qui me fait penser au roman d'Hawthorne "La lettre écarlate", dont Wenders à fait un beau film d'ailleurs (du même titre)
en fait on voit bien que l'héroïne affronte la honte et l'humiliation la tête haute (elle est portée par son amour), mais que si le pouvoir symbolique est attaqué, (ici c'est le religieux, et à mon sens on assiste à une belle bataille sur le thème de l'humiliation), il sait se défendre

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