l'expérience associative

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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shunbabyx

l'expérience associative

Message par shunbabyx »

Le titre n'est pas super glamour, mais j'ai pas trouvé mieux.
Je souhaite partager les expériences associatives. J'entends par là, partager les expériences que l'on a eu en tant que membres d'association. Que ce soit des associations de loisirs, ou des associations politiques, sociales, humanitaires ... peut importe du moment qu'on présente dans la mesure du possible le contexte (taille de l'asso, envergure, domaine d'activité, membres professionnels/bénévoles, reconnues d'utilité publique, ou pas etc ...).
En fait ma question porte sur le rapport aux autres dans le cadre associatif, car je m’apprête à sauter le pas (j'entends par là un véritable investissement, et pas donner 10€ à Noël à la Croix Rouge), et si je suis motivée, ça me fait quand même un peu peur. Donc en résumé :

- Quelle asso ?
- Dans quel contexte pour vous ?
- Quelle a été votre expérience au sein de l'asso ?
- Finalement est-ce que votre idée initiale était juste (vous aviez une image du truc et il n'y a pas eu de surprise, ou au contraire) ?
- Aujourd'hui que gardez vous de cette expérience (actuelle ou passée) ?
- Votre rapport aux autres était-il bon dans ce contexte ?
- Finalement préférez vous mener vos propres actions selon vos convictions seul dans votre coin, ou regroupé en asso ?

(Bon je ne tire pas de conclusion pour mon cas, c'est juste que je suis curieuse de connaître les démarches personnelles des uns et des autres.) Voilà ! C'est pas vraiment un grand débat, juste un partage d'expérience. Le débat, je pensais le créer après avoir commencé ma propre expérience, mais si qq1 veut l'ouvrir avant, pas de problème. (PS, si jamais c'est pas le bon endroit pour ouvrir le topique n'hésitez pas à couper décaler :lol:, mais j'ai pensé que c'était pas un sujet privé, donc je voulais le mettre accessible au plus grand nombre).

Melokine
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Re: l'expérience associative

Message par Melokine »

2 ans, il y a quelques années, à donner 2h par semaine de cours d'alphabétisation (en binôme) dans un foyer de travailleurs immigrés (originaires d'Afrique de l'Ouest)

- Quelle asso ?
une toute petite asso parisienne, choisie notamment parce qu'elle n'était pas reliée à une religion (ce qui est souvent le cas sur ce thème)

- Dans quel contexte pour vous ?

Constat que mon entourage appartient grosso modo à une seule catégorie socio-pro (la mienne), envie de me « frotter » à des personnes très différentes

- Quelle a été votre expérience au sein de l'asso ?
Excellente : liberté totale quant au contenu des cours, vraie rencontre humaine avec les apprenants, je sortais toujours des cours avec une pêche pas possible

- Finalement est-ce que votre idée initiale était juste (vous aviez une image du truc et il n'y a pas eu de surprise, ou au contraire) ?
je n'avais pas trop d'image de départ, en fait

- Aujourd'hui que gardez vous de cette expérience (actuelle ou passée) ?

Beaucoup de bons souvenirs, la découverte d'une culture (soninké), le fait de partager, d'essayer de faire progresser les gars vers une relative autonomie, le respect mutuel malgré les différences fosséesques (hommes-africains-musulmans-illettrés vs femme-européenne-athée-intello).

- Votre rapport aux autres était-il bon dans ce contexte ?
Très, on fonctionnait très bien ensemble, ma binôme et moi

- Finalement préférez vous mener vos propres actions selon vos convictions seul dans votre coin, ou regroupé en asso ?

pour le coup l'asso était un cadre structuré dans lequel je me sentais complètement libre. Je crois qu'il n'y a pas d'absolu en la matière, c'est vraiment du cas par cas.

En tout cas il faut bien prendre le temps de choisir l'association, voire y passer un peu de temps avant de s'engager (j'avais assisté à deux cours avant de dire banco).

Mais bon, j'aurais trois milliards d'anecdotes à raconter sur le sujet, je me contenterai d'une :
le compliment le plus surprenant qu'on m'ait jamais fait, lors du dernier cours, venant d'un Mauritanien très pratiquant : « Tu mériterais d'être musulmane »...

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Maitresse Rita
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Re: l'expérience associative

Message par Maitresse Rita »

Plusieurs expériences, je vais essayer de faire synthétique.

1)-Quelle asso ?
2)- Dans quel contexte pour vous ?
3)- Quelle a été votre expérience au sein de l'asso ?
4)- Finalement est-ce que votre idée initiale était juste (vous aviez une image du truc et il n'y a pas eu de surprise, ou au contraire) ?
5) Aujourd'hui que gardez vous de cette expérience (actuelle ou passée) ?
6) Votre rapport aux autres était-il bon dans ce contexte ?
7) Finalement préférez vous mener vos propres actions selon vos convictions seul dans votre coin, ou regroupé en asso?

1) Association de soutien et rattrapage scolaire.
2) L'asso était gérée par ma mère dans le garage de notre maison. Quand elle avait trop de monde, elle m'appelait pour que je gère quelques gamins. Et puis après j'avais des élèves atitrés que je suivais toute l'année.
3) J'ai commencé à 12 ans et j'ai continué pendant 10 ans. J'ai vu passé des tas de gamins, des riches, des pauvres, des étrangers, des dyslexiques, des emmerdeurs, des timides, des brillants, et des dont j'aurais bien refait le crépi avec leur tronche.
4) J'avais pas d'idée initiale.
5) Je crois que si je suis formatrice multi-matière et multi-public, avec une telle capacité d'adaptation et de naturel, ça vient pas de n'importe où.
6) Avec les élèves, c'était tranquille. Avec les autres bénévoles aussi (c'était plein de pilotes de l'air qui venaient donner des cours de maths :inlove: ) et avec ma mère, ben, c'est ma mère, alors...
7)Pour ce qui est de l'enseignement, je préfère être seule. De toute façon, même en asso ou en centre de formation, j'ai l'impression d'être toujours seule dans mon action.

1)Association artistique de Provence
2) Je suis étudiante, j'écris des textes à partir de photos d'un gars qui fait partie de l'asso et qui me présente au directeur. Un vieux Monsieur, ancien chercheur au cnrs qui devient un amateur de ma littérature et m'invite à toutes ses manifestations littéraires. Il organisera pour moi des conférences pour que je puisse parler de mon sujet de mémoire sur La Fontaine et la gaze libertine. En je participerai à ses lectures publiques, printemps des poètes et toussa.
3)De belles rencontres avec des artistes du coin. Et beaucoup de blabla aussi, de pompe fleurie, de pédantisme de gens qui ont l'impression de faire partie de intelligentsia parce qu'ils savent faire des bouts rimés ou prendre des pâquerettes en photo. Un jour, une nana (dont la poésie est vachement réputée, il parait) m'a dit qu'elle aimait parler avec d'autres artistes pour créer "de véritables carrefours de transcendance". J'ai toujours pas compris ce que ça voulait dire. :P
4) Je m'attendais à une certaine homogénéité des valeurs humaines des artistes.
5)Je suis contente d'avoir fait ces conférences sur la Fontaine. C'était une expérience riche et qui m'a rappelée que les recherches universitaires doivent exister au-delà du rapport prof-élève.
6)J'ai vu des gens très talentueux au milieu de pédants. Et des gens très simples et très justes dans leur analyse, de vrais amateurs de belles choses, alors j'arrivais toujours à trouver un interlocuteur sympathique. Mais pour le travail à faire, je préférais faire mon truc dans mon coin.
7)En ce qui concerne les arts, je préfère aujourd'hui être seule, parce que les projets sont plus longs à mettre en place et que j'aime faire comme je veux, picétou. ( j'adopte les codes linguistiques du coin, hein ;) )

1)Association d'une communauté culturelle d'Afrique du Nord.
2)J'étais amie avec le directeur de l'association.Il m'a demandé de l'aide pour gérer sa communication.
3)J'écrivais ses discours, ses articles de blogs, ses demandes de subventions.
4)Je ne pensais pas qu'obtenir des subventions pour donner des cours d'informatique à des enfants était plus une question de magouilles politiques que de pertinence des dossiers. J'étais encore jeune et naïve.
5)L'impression d'avoir perdu un ami. Suite à toutes les promesses que la mairie lui a faites pendant des années et qui n'ont pas été tenues, il est reparti dans son pays et je ne l'ai jamais revu. :doh:
6) Oui, excellent. J'ai rencontré plein de gens qui luttaient pour la paix et venant de tous les bords de la Méditerranée. Y'avait de la bonne cuisine, de la bonne musique et des beaux sentiments.
7)Je pouvais appliquer ces principes dans mon ancien métier. Aujourd'hui, j'essaie de l'appliquer dans l'expérience suivante.

1) Un chantier d'insertion luttant contre l'exclusion professionnelle des femmes.
2)Ce chantier faisait partie du réseau de mon ancien travail. J'ai démissionné au moment où un nouveau directeur est arrivé. Je l'ai croisé juste avant de partir et on a sympathisé. Je lui ai parlé de mon gout pour la rhétorique et les stratégie de communication. On est devenu amis et et je suis devenue la chargée de com' du chantier.
3)Je m'occupe de ses affiches, de ses courriers importants, de ses demandes de subventions et de la recherche de mécénat pour les sauver de la faillite et ne pas mettre 15 nanas sur la paille.
4)Oui, d'avoir travaillé dans ce secteur et avec le même réseau avant de prendre cette fonction fait que je comprends les enjeux de communication qui se cachent derrière un mail, une affiche, un appel d'offre et toutes les petites guerres politiques qui existent derrière chaque institution au sein d'un même territoire.
5)Me confirme ce que je pensais déjà du milieu de l'insertion : tout le monde se fout des chômeurs, on fait de belles phrases sur "l'insertion" qui servent avant tout à obtenir le budget nécessaire pour financer en premier lieu sa propre place et se vanter du travail de ses subalternes.
6) Oui, excellent, sauf qu'on a l'impression de se battre seuls contre toutes les institutions qui se foutent de faire fermer le seul chantier ouvert vraiment aux femmes en situation d'exclusion. :violent1:
7)Pour le moment, je reste solidaire de ce projet-là. Je verrai bien si on passe l'hiver. J'aviserai en fonction.
"Donc l’idée est que l’existence, ce n’est pas vrai ou faux, ce n’est pas le fait d’être dans le réel ; l’existence, c’est une histoire qu’on se raconte vraiment, on y croit comme l’enfant qui joue au docteur ou à la maîtresse"(M. Vial)

shunbabyx

Re: l'expérience associative

Message par shunbabyx »

1) Je me suis inscrite il y a 2 ans dans un syndicat de la fonction publique

2) C'était suite à des problèmes au travail, et je pensais qu'il serait plus intelligent de travailler à instaurer un lieu de travail plus constructif, etc ...

3) L'expérience n'a pas été du tout concluante. Le syndicat était très dogmatique, et ne prenait pas du tout en charge les situations qui auraient méritées qu'on s'y intéresse. Beaucoup de discours lénifiants, avec des petites phrases faciles à retenir (4 pattes oui ! 2 pattes non !) et à scander. Au final, pas de réelles valeurs portées, pas de travail etc ... J'ai été assez surprise de voir ce que finançait réellement l'argent des adhérents : des formations basées sur du vide qui avaient lieux dans des coins plutôt sympas (genre station de ski sur 3 jours). Au final, on peut y faire une carrière plutôt bien payée, en étant absolument intouchable en tant que représentant syndical. Visiblement y en a pas mal que ça gène pas d'être payés à brasser du vent. Enfin bref ... Au moins je suis allée voir par moi même ce qu'il en était des syndicats.

4) En fait j'étais venue en désespoir de cause, pendant la période de la réforme sur les retraites, pour me faire ma propre opinion, au delà de ce que pouvaient raconter la presse ou les gens autour de moi. Je n'avais pas vraiment une image très bonne des syndicats avant, mais c'est vrai aussi que c'était pas vraiment non plus mon opinion personnelle, mais plus ce qu'on m'avait rabâché depuis que j'étais petite. Maintenant je sais ce qu'il en est, et que l'image initiale que j'avais, était plus ou moins fondée malgré tout.

5) Je garde en conclusion que dans le monde professionnel (du moins dans les professions que j'ai exercées, c'est à dire dans la banque et dans la fonction publique territoriale), mieux vaux connaître un minimum le droit du travail applicable, et se démerder tout seul. D'une part c'est plus efficace et d'autre part l'appartenance à un syndicat est un secret de polichinelle. Cela reste un facteur de tension professionnel avec la hiérarchie, même quand on est pas militant, et cela peut freiner fortement la carrière, voir entrainer des ennuis. Donc au final, ça ne m'a strictement rien apporté.

6) Je n'ai pas eu de mauvais rapports dans ce contexte, j'ai juste été déçue de voir ce que je croyais être un idéal travesti par l'orgueil et l'opportunisme. J'ai aussi regretté le manque de débat sur le fond des problématiques abordées, ainsi que la fermeture d'esprit qui régnaient pendant les réunions. Par contre j'ai eu quelques soucis avec ma hiérarchie directe et le ton est monté d'un cran. Du coup, j'avoue avoir profité de ma situation d'intouchable syndiquée (étant la seule de mon service à être syndiquée) pour aller aux diverses formations proposées par le syndicat pour " sécher " le taff. Au final ça ne m'a pas empêchée de démissionner quelques mois plus tard, justement à cause de cette hiérarchie écrasante qui ne permettait aucune initiative. (Mais au final c'était exactement pareil dans le syndicat).

7) Dans ce domaine, je préfère, et de très loin, mener ma barque et faire cavalier seul. On est jamais mieux servi que par soi-même. Et les rares fois où j'ai demandé de l'aide se sont soldées à mes dépens.

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