L'éducation Nationale, grand corps malade

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
gibus
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par gibus »

Tiens, l'interviewé de l'article fait parti des intervenants dans le film "Notre Monde" :
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=MJPzYPDE ... 7q3vlV8vTr[/BBvideo]
Il ne fait pas semblant!

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Louise
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Louise »

PyrE a écrit :Je tiens, au premier abord, à saluer les recherches qui nourrissent ce sujet.

Ca sort un peut des clous, mais je pense que ça peut vous intéresser :
A quoi sert l'échec scolaire?
Passionnant!
Extrait choisi :

"On n’est pas obligé de faire croire en permanence aux enfants que leur copie et eux, c’est la même chose. Il y a un geste fondamental qui consiste à désidentifier le travail de l’individu. Il faut pouvoir dire à un élève que son travail ne vaut rien, mais que lui vaut beaucoup, et qu’il doit reprendre son travail jusqu’à ce qu’il vaille quelque chose : à partir de là, les élèves sont confrontés à une tâche technique, où ce n’est plus la construction de leur identité qui est en jeu, mais le déplacement de leur identité.

D’où la difficulté des enfants français à prendre des risques, qui ressort des grandes évaluations PISA. D’où vient-elle, sinon du fait que, contrairement aux autres enfants, les enfants français jouent leur peau, leur identité, à ce jeu-là."

Keegane
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Keegane »

Je ne sais pas si j'ai beaucoup de choses à rajouter mais cela me rappelle une expérience que j'ai vécu l'année dernière.

J'étais nounou et je travaillais dans deux familles différentes. Dans l'une d'elle, je m'occuper d'un jeune garçon de 9 ans, en CM1, et qui avait de nombreuses difficultés en français (par contre les maths, c'était vraiment son dada). Je devais chaque mercredi lui faire réviser ses mots pour la dictée tant redoutée du jeudi. Beaucoup de répétitions, de "bagarre" pour trouver une meilleure façon d'apprendre et l'attente de résultats par les parents. J'ai cherché à comprendre ce qu'il le bloquait avec l'orthographe et il m'a expliqué que dans son école précédente, tous les cours de français se faisaient sur polycopié, qu'il n'a jamais eu à écrire de "leçons". Je suis pas si vieille mais j'ai été choquée de la différence dans la façon de "faire apprendre".
De plus, on lui avait appris avant tout la phonétique (je ne me rappelle l'avoir vu qu'au collège pour le français et l'anglais). Ayant traversée beaucoup de régions, nous n'avions pas le même accent l'un et l'autre et lors de l'énonciation des mots, il se basait sur mon accent plutôt que sur le mot en lui même. Le débat interminable fut sur le mot "faisan" : il prononçait "é" alors que moi "e". Compliqué de réajuster la barre parce que je ne suis pas professeur, que je ne peux outrepasser les professeurs (un maître ET une maîtresse) et les parents. On finissait toujours par trouver un terrain d'entente; j'ai essayé de lui apprendre à se servir d'un dictionnaire (mission abandonnée par l'école aussi), de lui expliquer chaque mot du mieux que je pouvais. Mais avec une visite par semaine, dans une journée très mouvementée (le mercredi) et sans appui au début (les parents ont fini par se rendre compte que les leçons se travaillent chaque jour et pas QUE le mercredi), ce n'était pas suffisant.
Sa maîtresse a donc décidé de l'envoyer chez l'orthophoniste. Je n'ai pas compris pourquoi. Le résultat, c'est qu'avant la fin de sa première décade, il se pensait stupide, nul et qu'il n'arriverait jamais à rien :"À quoi bon, j'y arriverai jamais de toute façon". Effrayant ...

Dans la deuxième maison, je m'occupais d'une petite fille de 8 ans, en classe de CE2. Loin d'être bête, très intéressée par l'école (un peu moins par les maths mais j'ai vite compris pourquoi), ne rechignant (pas toujours) pas à faire ses devoirs, l'opposé du petit garçon que j'avais le mercredi. Malgré ça, en lisant les leçons, j'ai vu que le premier exercice de l'année était "écrire une phrase au passé, au présent et au futur", et la petite me dit qu'elle n'a jamais vu la conjugaison du passé composé ou du futur. Comment un enfant peut il écrire sans faute un temps qu'il ne "connaît" pas ? Comme trouver le milieu d'un segment sans avoir appris les divisions. Je n'ai jamais compris ces exercices et leur intérêt du coup, et les parents non plus. Ils ont vu avec l'école et au final, la jeune fille s'est retrouvée le midi en cours de "soutien pour les consignes". J'étais atterrée... Heureusement, elle avait une meilleure estime de soi et des parents très présents.

Enfin désolée pour le pavé, je ne suis pas une professionnelle de l'enseignement ou de l'enfance, mais pour avoir travaillé "pour" eux, c'est pas triste ...
La plus grande erreur de l'Homme, c'est de penser qu'un jour il n'aura plus besoin d'apprendre. - XXI-Dyë

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Cyrano
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Cyrano »

Un article sur Rue89
http://www.rue89.com/2013/05/06/chers-p ... nt-3587969

J'ai pas pu m'empêcher de répondre :
Me voici fort « sur le cul » de lire ce sentiment de supériorité que vous manifestez, comme si vous apparteniez à je ne sais quelle élite de la société. Est-ce que je me prends pour votre égal ? Oui sans aucun doute.

Je comprends votre billet d’humeur et je vous rejoins sur bon nombre de questions. Mais gardez-vous quand-même de penser que les parents d’élèves sont des ignares de fait, et que vos seules paroles sont d’évangile. Avouez que les deux positions sont aussi idiotes l’une que l’autre.

Oui vous enseignez aujourd’hui dans des conditions différentes, les parents s’étant émancipés de ce sentiment d’infériorité qui les empêchait de discuter vos décisions, tout comme le médecin a perdu sa stature de notable.

Vous le regrettez ? Je le comprends bien. Mais en dehors des perles caricaturales que vous utilisez pour étayer votre propos, il y a des parents qui s’inquiètent de la baisse du niveau général, des fautes d’orthographe dans les cahiers de liaison et de l’absentéisme récurrent. Il y a des parents qui ne demandent pas mieux que de vous laisser la partie enseignement pour se consacrer à l’éducation, croyez-moi.

Mais pour reprendre votre exemple, il y a des mécanos incompétents, des boulangers qui font du pain exécrable et des profs qui dégouteraient le plus prometteur des enfants.

Quand mon boulanger n’est pas bon, j’en change. Vous demandez quoi exactement ? Que les parents disent amen à tout ce que vous faites, ou êtes, sous prétexte que vous êtes une professionnelle ? Mais la réussite d’un examen n’a jamais mis personne à l’abri de la médiocrité.

On a tous en tête des profs qui nous ont marqués, de purs pédagogues amoureux de leur travail, et d’autres simplement incapables d’intéresser le moindre gamin à quoi que ce soit. Parce qu’avant d’être des parents d’élève ignares qui, pauvres bougres, se pensent aussi intelligents que les fonctionnaires de l’éducation nationale, ces gens que vous croisez, méprisez et prenez de la hauteur de votre égo, ont aussi été des élèves.

Eh oui...Le métier de journaliste a changé, celui de politicien aussi. Les photographes se sont adaptés au numérique et les vidéo-clubs ont fermé. Nous sommes dans l’ère du « tout, tout de suite » et de la télé-réalité. Mais au lieu de mépriser les gens comme vous le faites, adaptez-vous, et souffrez que l’on discute dorénavant, que l’on échange sur l’avenir de nos enfants dans ce monde de compétition où l’on ne peut plus faire confiance à qui que ce soit, des politiques aux journalistes, en passant par les professeurs.

Les parents d’élèves ne se taisent plus. Bah il va falloir s’y faire. Et si des gens abusent et disent n’importe quoi, c’est juste un dommage collatéral bien compréhensible qui doit être traité comme tel, et non comme la preuve de je ne sais quelle dérive ou infériorité.

Ne prenez -donc pas les gens pour des cons...Ça leur évitera peut-être de vous renvoyer la politesse.
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maxmomo
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par maxmomo »

Je ne suis pas sûr que cette prof ciblait tous les parents, seulement les vrais chieurs qui pourrissent tout sur leur passage. Ils sont peut-être peu nombreux mais crois moi, un seul suffit.
Nan mais faut pas laisser ça comme ça les enfants ! (George Abitbol)

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par W4x »

J'ai répondu aussi, c'est vraiment hyper-caricatural et pour le coup vraiment contre-productif. Elle ne cible certainement qu'une petite minorité de parents certes vraiment pourrie, mais justement, pour "un seul" comme ça son billet est vraiment démesuré et absolument pas objectif. On n'a pas vraiment besoin de ce genre de pub...
Je suis vraiment étonné de lire un tel billet de la part d’une collègue. J’entends par là autant à charge et peu nuancé...
Le ras-le-bol, le manque de reconnaissance, les conditions de travail et les mentalités, je connais aussi, et c’est le cas dans bon nombre de bahuts. Cependant je m’interroge sur la portée d’un tel pamphlet, dans le contexte. C’est à la limite de la contre-productivité. Qu’espérez-vous, au-delà du soulagement d’avoir expulsé tout votre ressentiment vis-à-vis d’une poignée de parents qui, le saint patron des profs m’en garde, ne sont absolument pas représentatifs de la population des parents d’élèves de France et de Navarre ?

Alors peut-être que oui, dans votre établissement il s’en trouve plus qu’ailleurs, des demeurés consuméristes aux méprisants arrivistes qui gagnent 3 fois votre salaire et vous le font bien sentir -souvent par enfant interposé, mais pourquoi à ce point manquer de nuance et occulter les parents « normaux » ? De ceux qui humblement viennent aux entrevues un peu désemparés du comportement de leur gosse en cherchant des solutions, à ceux qui nous donnent un crédit illimité pour leur mettre des baffes, en passant par tous les simplement soucieux de la scolarité de leur bambin et qui ne demandent pas mieux que de travailler de concert avec nous...

Peut-être que oui, dans votre établissement se trouvent des collègues et des chefs d’établissement qui « font leurs heures » en cherchant à faire le moins de vagues possible, ne planifiant que leur mutation et leur plan de carrière bien lisse. Je ne conçois pourtant pas que vous en fassiez une généralité. Car c’est bien ce que l’on lit à travers vos lignes, si l’on n’est pas soi-même de l’autre côté du bureau pour tempérer ce point de vue. J’aurais apprécié votre billet acide s’il y avait eu une pointe de nuance, d’humour, fût-il d’une noirceur criante, mais en l’état je le trouve profondément contre-productif.

Enfant d’enseignants et enseignant moi-même, je ne nie aucunement la réalité de votre propos mais je m’attendais à tout autre chose de la part d’une collègue, qu’un témoignage à charge et apparemment sans recul en pleine crise existentielle de la profession.
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Callie »

shunbabyx a écrit :
Quand mon môme me demande si il y aura toujours du chômage quand il sera grand, si ce sera toujours aussi dur de trouver un travail, je lui répond que je ne sais pas. Mais que le travail à l'école c'est avant tout pour lui qu'il le fait. Et que même si l'école ne donne pas toujours un travail, elle permet d'avoir les connaissances nécessaires pour comprendre le monde autour de nous, et pour ne pas nous contenter d'être des pions sur un échiquier. Cette question du sens, est déroutante, comme le souligne si bien Maïanna dans son post intitulé " mieux que quoi ? ". C'est vrai ça l'école, pourquoi faire ?
Ben j'ai pas croisé des masses de gens avec une réponse ...

Si vous avez des idées sur la question ...
Oui... une idée....
L'avenir, ce n'est plus l'école. L'avenir d'un enfant ne passe plus "que" par la lecture et le calcul. L'avenir d'un enfant passe par son QE émotionnel, sa capacité à la persévérance, son sens du relationnel, ses capacités non scolaires (musique, sport, art, manuel etc...), son sens du bagou etc... L'école n'est plus une fabrique à réussite. C'est la transmission culturelle et des valeurs des parents qui le sera. Demain, l'enfant qui s'en sortira, ce sera celui qui saura faire plus que seulement lire, comprendre et calculer, dans une société de mou-mous handicapés émotionnels.
Quand on conduit une classe d'âge au bac (merci monsieur Lang), on fabrique de l'échec de masse. Tout le monde n'est pas fait pour être ingénieur ou avocat. On peut s'éclater en étant patissier. Il faut revoir totalement notre rapport à l'école et au savoir. Et donner à nos enfants le goût d'autre chose car c'est cet autre chose qui les fera avancer dans la vie, qui leur donnera un avenir. On change d'ère scolaire et sociale. Il faut s'y préparer et armer ses enfants. L'école n'est plus tout. L'avenir appartient au battants, à ceux qui ont un sens inné du relationnel, qui savent gérer leurs émotions, qui savent persévérer, entreprendre, oser, initier, avoir des idées. Autant habituer maintenant nos enfants....
Dans une société en perte de repères, welcome back to la loi de la jungle.
:emo:

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sebzinzin
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par sebzinzin »

Bonsoir,

comme j'ai eu l'occasion de le dire dans ma présentation, je suis enseignant en collège (SVT). Il y a une semaine, c'était ma sixième rentrée. Déjà. Seulement...
Pour bien situer, je suis agrégé à temps partiel (le super combo "nanti et feinéant), avec donc douze heures de cours par semaine.

J'avais commencé à écrire tout un blabla, inutilement pleurnichard / vindicatif. Une chose est sûre: l'école est en train de partir en cacahuètes. Pas partout, pas de la même manière, mais ça ne va pas. Plusieurs collègues avec qui j'ai évoqué cette idée s'accordent avec moi pour dire "Ca sent la décadence".
Mais je continue à me bagarrer au quotidien, pour essayer de coller avec ce que je crois être le beau, le bon. Montrer aux gamins que tout n'est pas utile, mais que parfois c'est ça qui en fait la valeur... savoir, comprendre (heureusement que j'ai cette idée profondément ancrée, parce que sinon j'aurais démissionné depuis longtemps !). Et en même temps, il y a des jours où je suis nul, pas motivé, pas sympa avec les élèves, ouais, nul quoi (aujourd'hui, c'était un peu ça).

[ Généralisation outrancière ON ]


Qu'est-ce qui fait que c'est difficile, au quotidien ?

Les élèves ne sont pas motivés. Ou alors ils sont motivés pour mettre le bordel. Les enseignants sont souvent démunis, face à la misère sociale, à cet abattement des enfants, aux conditions matérielles (services partagés, effectifs, équipements...). Par exemple, ce matin, j'ai essayé de faire découvrir les chromosomes (en vrai, hein !) à 28 (!!) élèves de troisième, dans une salle de 24 (!!!!) places, avec des vieux microscopes tout pourris (je sais que c'est à moi de faire le nécessaire pour changer l'état des microscopes, mais pour les effectifs, croyez-moi, j'ai donné.... et c'est inutile. La preuve, ils sont 28 par classe aussi en 6ème dans mon bahut: Hollande aurait pu dire "Le changement, c'est dans ton ...").
Alors ils se démotivent aussi (les profs, faut suivre :P :P). Alors les cours peuvent devenir chiants à mourir.
Les parents ne suivent pas, ou pas assez la scolarité de leur(s) enfant(s). Mais pourraient-ils suivre, dans la société d'aujourd'hui ?

Bref, la pêêêche !, comme diraient les Inconnus.


Qu'est-ce qui fait que c'est magique, au quotidien ?

Quand on retrouve un élève laissé un an auparavant, et qu'il est toujours aussi fouteur de bordel, toujours aussi insupportable, mais qu'il a toujours au fond des yeux ce besoin de reconnaissance et cette envie de bien faire, même s'il parle à tort et à travers.
Quand des élèves en difficulté essaient encore, encore et encore. Et que ça finit par marcher.
Quand un ancien élève vous envoie un mail pour vous souhaiter bonne rentrée (T'as rien de mieux à faire ? Snif comme c'est mignon :rofl: ).
Quand un parent vous dit "Avec vous, Machin(e), elle comprend tout !"
Quand on a l'impression de servir à quelque chose, tout simplement.

[ Généralisation outrancière OFF ]

Le passage larmichette est fini. Concrètement, on fait quoi pour ne pas bouffer les yeux des élèves ou de leurs parents (ou les siens propres d'ailleurs, quand on est pas fier de ce qu'on a fait) ?
En ce qui me concerne, j'ai essayé de mettre en place une démarche pédagogique inversée, qui s'appuie moins sur les capacités des parents à aider leur enfant à travailler à la maison. En deux mots, tout ce qui est "bête" (copie du cours) est à faire à la maison, en se connectant au site du collège pour recopier un fichier pdf. Et les explications, discussions, exercices se font en classe. C'est un système qui motive bien les élèves. Les parents ont, jusque-là, semblés satisfaits (peu de retours (normal !), mais presque uniquement des positifs). La seule personne que je n'ai pas réussi à convaincre, c'est mon inspecteur, qui m'a démonté là-dessus en inspection l'année dernière.
Mais à un moment, on se dit quand même qu'un élève qui ne veut pas travailler ne travaillera pas, quel que soit le système mis en place. Et ce sont ceux-là les plus énervants, parce qu'ils ont besoin de nous encore plus que tous les autres, mais qu'ils refusent de l'admettre et de se sortir les doigts, ou ne le peuvent pas.

Des propositions, j'en aurais bien...

- Mettre en place un enseignement en modules au collège. Pour que les gamins puissent continuer d'avancer en renforçant leur(s) point(s) fort(s), tout en essayant de s'améliorer là où ils ont des difficultés (concrètement, ça pourrait être des semestres niveau 1, 2 etc..., avec des avancements indépendants entre disciplines), leur redonnant confiance en leurs capacités, sans les bercer di'llusions non plus. J'en avais parlé à un principal adjoint et à des collègues. "Sébastien, ministre de l'Education !" qu'ils avaient dit. Mais en attendant,on n'a rien fait (moi le premier), ne serait-ce que pour réfléchir à la faisabilité et à l'intérêt éventuel du truc.

- Inventer une prime "parent au foyer". J'ai lu un fil de discussion sur la prime universelle. Ca pourrait un peu converger. Parce que, c'est bien facile de taper sur la gueule des parents (encore que pour certains, c'est pas franchement volé), mais quand je vais à Intermarché le soir à 19 heures pour aller chercher un poumon à montrer à mes élèves le lendemain, pendant que ma femme, enseignante elle aussi, s'occupe de nos gamins, les parents d'élèves employés là, ils y sont, à Intermarché, pour me servir mon poumon. Donc ils ne peuvent pas en même temps s'occuper de leur(s) enfant(s). Et avec un seul salaire, c'est très souvent difficile de faire tourner la maison. Avec un seul salaire plus une allocation "parent au foyer", ça marcherait peut-être. Mais se poserait le problème des retraites de ces personnes-là, avec une pension de 12 euros par mois.... ainsi que sûrement plein d'autres problèmes auxquels je n'ai pas pensé.

bref, c'est aussi un gros problème de société: quelle place veut-on donner à l'éducation de nos gosses, dans la société d'aujourd'hui ?

c'était très long, très décousu, tout ce que je déteste quand je dois lire un truc.

Si vous avez tout lu et que vous avez en plus des instincts masochistes vous poussant à essayer de me faire parler encore, n'hésitez pas, mais là j'ai un sanglier sur le feu.

à plusse

sébastien

PS: un blog qui pourrait vous faire rire, pour voir, de l'intérieur, pourquoi ça peut être tantôt grisant et tantôt révoltant d'être prof. Il n'est plus alimenté depuis un bail, mais il y a de quoi lire quand même:
http://foodamour.free.fr/index.php?cate ... ul-is-rich
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KayezaMlle RoseW4xsandrinefsandersMiss dans la lune

Rusch
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Rusch »

Bonsoir Sebzinzin,

Témoignage intéressant, on ressent bien l'intensité et les enjeux concrets ou humains derrière tout ça!
Une question un peu naïve quand tu parles du besoin pour les enfants d'avoir les parents qui les aident (ton idée qui suit m'a l'air très bonne soit dit en passant, j'imagine que certains ne doivent pas recopier ceci dit s'ils doivent faire l'effort de revenir au cours après les cours. Comment gères-tu ça pour l'apprentissage, ça imprime un peu moins bien non? Enfin, ça doit dépendre des enfants...) :
sebzinzin a écrit :
En ce qui me concerne, j'ai essayé de mettre en place une démarche pédagogique inversée, qui s'appuie moins sur les capacités des parents à aider leur enfant à travailler à la maison.
Je me demandais: penses-tu que les parents doivent être là pour canaliser leurs enfants, les soutenir, motiver etc. de façon générale ou qu'ils doivent même s'impliquer dans les devoirs et l'apprentissage en expliquant ou travaillant avec par exemple?
Je dis ça car la première possibilité me paraît faisable par tout le monde tandis que si la deuxième est requise pour la réussite de l'enfant du fait de l'organisation du système, des méthodes d'apprentissage ou autres, ça paraît compliqué car tous les parents ne peuvent ou ne souhaitent conseiller. En primaire ça va encore mais à partir du collège, ça commence à se spécialiser. Enfin si mes souvenirs sont bons...
Quelles sont vos recommandations dans ce cas Mr le ministre en puissance? :-)
Les heures d'études encadrées existent-t-elle et sont-elles utiles? Je crois que ça a été créé il y a quelques temps?

Voilà pour mes questions en cette rentrée scolaire. Ce forum est top en tout cas, on parle de la rentrée scolaire à la télé ou dans les médias et boum, le topic sur l'école resurgit. Quelle timing, quelle présence! :D1

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sebzinzin
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par sebzinzin »

Bonsoir,
Rusch a écrit : soit dit en passant, j'imagine que certains ne doivent pas recopier ceci dit s'ils doivent faire l'effort de revenir au cours après les cours. Comment gères-tu ça pour l'apprentissage, ça imprime un peu moins bien non ?
Le fait est qu'ils n'ont pas vraiment le choix, puisque ce sont leurs devoirs. Et je m'arrange pour qu'ils n'aient pas trop à recopier d'un cours sur l'autre (une douzaine de lignes en Arial 14). Le but (mais là-dessus je n'ai aucun contrôle), c'est qu'ils copient (et apprennent, on a le droit de rêver :-)) leurs synthèses du cours précédent le soir-même, tant que c'est frais dans leur tête et qu'ils ont (en théorie) compris tout ce qui s'est passé en classe.
Rusch a écrit : Une question un peu naïve quand tu parles du besoin pour les enfants d'avoir les parents qui les aident:
Je me demandais: penses-tu que les parents doivent être là pour canaliser leurs enfants, les soutenir, motiver etc. de façon générale ou qu'ils doivent même s'impliquer dans les devoirs et l'apprentissage en expliquant ou travaillant avec par exemple ?
Je pense que les parents doivent s'intéresser à leur enfant et que ça passe (entre autres, bien entendu) par un suivi de son travail scolaire, de plus ou moins loin suivant leurs disponibilités, son autonomie et leur ressenti ("performances").

Là où "ma" méthode est intéressante, je trouve, c'est que justement elle permet de gommer un peu les inégalités des enfants vis-à-vis de l'investissement de leurs parents, car il est plus facile et rapide pour un parent de vérifier que le cours est bien copié et la leçon bien apprise (mais je ne suis pas si naïf que ça quand même, ils n'ont pas le temps de s'occuper des SVT !) que d'aider un enfant à faire un exercice, parfois un peu complexe et faisant éventuelleement appel à des notions construites lors des cours / années précédent(e)s.
Rusch a écrit : Les heures d'études encadrées existent-t-elle et sont-elles utiles? Je crois que ça a été créé il y a quelques temps?
Chez nous, il y a des dispositifs "d'accompagnement éducatif". Mais ce qui se rapprocherait le plus de ces études encadrées dont tu parles, c'est l'aide aux devoirs.
Avec souvent 25 gamins sur 3 niveaux, de l'aveu même de quelques personnes qui les encadraient, l'efficacité du dispositif est nulle.

Bon, je vais me coucher, à plusse

sébastien

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Néoplume
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Néoplume »

Mlle Rose a écrit :Je reprends sciemment le titre de cette vidéo qui, définitivement, est tout à fait d'actualité.


3 : parce que je suis une orthophoniste
- qui refuse toujours les diagnostics "dys" de complaisance, conçus pour masquer les manquements de l'EN et son impuissance grandissante à faire entrer quelque chose dans la tête des gamins,
- qui refuse de faire raquer la sécu pour des choses qui devraient être réglées ailleurs,
- qui refuse de déceler des pathologies là où elles n'existent pas.
- qui refuse de faire le boulot des autres et qui aujourd'hui a failli tomber de sa chaise en apprenant que la grande cause nationale de la FNO (fédé des orthos) pour 2013 était l'illettrisme.

Et quoi encore! L'illettrisme c'est le boulot de l'école. Les illettrés ne sont pas tous "dys" truc et loin de là. Nous on a déjà à gérer les gens avec des maladies de Parkinson, les gens avec des Alzheimer, des pathologies neuro-dégénératives diverses, les AVC, les cancers de la gorge, de la langue et j'en passe, les troubles de la déglutition, de la voix, de la parole, de l'articulation... et les vrais dys(phasies/lexies/orthographies/graphies). L'illettrisme merde faut pas déconner. Accepter ça c'est comme dire que l'on a tiré un trait sur le vrai rôle de l'Ecole. Accepter ça, c'est accepter de dédouaner le système scolaire et de médicaliser les conséquences de ses erreurs manifestes. Tout ceci n'entre pas dans le champ de la santé. On se fout carrément de la gueule du monde et du contribuable en particulier!


Pour situer, pour ceux qui ne connaissent pas bien la dyslexie et le rôle de l'orthophoniste dans le diagnostic :
Un bilan orthophonique du langage écrit se compose de tests de compétences de base ET de tests de lecture et d'orthographe. Qui seront éventuellement complétés par des bilans chez d'autres professionnels de la santé (psychomotricien, orthoptiste, neuropsychologue, psychologue, ORL, opthalmo, etc...).... C'est tout ça qui nous donnera une indication, pas juste le niveau de lecture ou d'orthographe...
En bref, on ne pose pas un diagnostic de dyslexie-dysorthographie simplement parce qu'il y a un gros retard, que le gamin lit ou écrit n'importe comment. On cherche pourquoi et si réellement il s'agit d'une pathologie structurelle ou d'autre chose.

En général on peut évoquer cette hypothèse lorsqu'il existe un retard de 18 mois à 2 ans, mais on ne peut s'arrêter à ça et particulièrement à l'heure où, le système scolaire se délitant, tout ceci ne veut plus rien dire! Un enfant dyslexique présente toujours des troubles cognitifs associés qu'ils soient phonologiques, visuo-attentionnels, mnésiques, par exemple, ce n'est pas juste un gosse qui a mal appris.

Or je vois de plus en plus d'enfants qui arrivent à mon cabinet avec un diagnostic tout prêt posé par l'enseignant ou chépaki du RASED ou les parents, sans autre consultation évidemment (pas d'examens complémentaires), et qui ne présentent AUCUN trouble cognitif, ni trouble antérieur du langage oral, des gosses qui ont une valise tout à fait bien remplie, avec des outils en or, mais à qui on n'a pas donné la clé, visiblement, et qui ont des niveaux pitoyables en lecture comme en orthographe... Des gamins qui sont capables de m'écrire "saint comme de la plantation on resistait a la taque dé redoutable piratte", ou de lire au choix "pelle" à la place de "paille", "férié" à la place de "féérie", de me lire "gai" et "geai" de la même manière alors qu'ils sont écrits côte à côte et qu'ils doivent bien voir qu'ils ne sont pas écrits pareils tout de même... (car ils ne sont manifestement pas dyslexiques eux...).

Non on ne leur a pas donné la clé, je l'ai bien vu avec mon fils. Jamais depuis le CP je n'ai vu passer sous mes yeux une leçon expliquant les différentes valeurs sonores du G, ni quand il fallait y ajouter U ou E, jamais non plus je n'ai vu d'exercice sur les s/ss, sur le son [ill] et comment composer avec les voyelles qui précèdent, jamais... mystère.

Les voilà donc ces faux dys qu'on voudrait nous voir étiqueter doctement et rééduquer pour éviter que l'incompétence du système ne se voie trop....

Pour se convaincre de cette déliquescence de l'Apprendre (si ce n'est pas déjà fait), et notamment au niveau du langage écrit (le reste ce n'est pas bien mon domaine, je laisserai les enseignants du coin nous briefer), on peut se référer à la baisse ahurissante du niveau entre les premiers étalonnages de notre test d'orthophonie le plus utilisé (l'Alouette - 1965- établissant des normes d'âge) et sa version 2005 (l'Alouette-R, distinguant vitesse et précision de lecture et situant les enfants par rapport à une courbe de gauss) : j'ai déjà eu des enfants au cabinet dont le niveau était avec le premier test très déficitaire (en d'autres termes, il avait un niveau situé au dessous du seuil de pathologie pour 1965), et avec le second un niveau tout à fait correct ou légèrement au-dessous de la norme (scores entre 0 et -1ET : pas de pathologie, pas de dystruc)....
J'aimerais que l'on m'explique, si l'on considère l'effet Flynn et l'augmentation globale de l'intelligence (et donc des compétences de bases qui en font intégralement partie au niveau des tests), pour quelle raison le niveau de la langue écrite baisse de manière aussi constante et aussi indécente....

Bref... j'aimerais discuter de tout ça avec les enseignants qui traînent par là pour avoir un panorama plus explicite de ce qui se trame dans nos écoles, pour avoir leur sentiment, leurs solutions, comprendre si ce qui est dit dans ce reportage est tout à fait réel, ou un peu, ou pas du tout, comprendre comment ils font si tout ceci est vrai pour ne pas craquer et initier une révolution par le bas (en vrai, dans ce reportage, certains profs m'ont fait beaucoup de peine, j'avais le sentiment qu'ils avaient l'envie, la motivation, de belles idées, mais qu'aucun n'avait réellement la possibilité de les appliquer, devant se conformer au programme ET au dogme pédagogique distillé par l'IUFM, tout en constatant avec désespoir l'échec total du machin...).

La Fabrique du Crétin (et non pas "la fabrique des crétins" comme j'ai certaines fois entendu dire, ça ne concerne pas les enfants) crédible ou pas ? Modifiable ou pas ?
Quel plaisir de lire un orthophoniste qui écrit cela... c'est tellement rare !
Merci de me rassurer.
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Kayeza
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Kayeza »

Dans la série "les émissions de radio qui font tilt", voici "Rue des écoles" sur France Culture avec un sujet sur "L'école dans les fictions jeunesse (littérature, cinéma et télévision)". Étudier la représentation de l'école dans les fictions destinées à la jeunesse, c'est un angle d'approche intéressant.
J'ai surtout retenu l'explication au "pourquoi les premiers de la classe sont-ils ringards ?". D'après Christian Chelebourg (Professeur de Littérature française et littérature jeunesse à l'Université de Lorraine Nancy II - si, si, ça existe), ce serait lié à la perte d'influence voire de crédibilité d'une institution scolaire qui n'a pas su écouter la jeunesse de son temps (il situe la chose, pour ce qui nous concerne, aux années 50-60, avant 68 donc) et qui s'est retrouvée en décalage croissant avec elle (la jeunesse). Si l'institution perd de son prestige, ceux qui y brillent, par conséquent, aussi. Car si l'école, c'était vachement trop cool, eh bien être bon à l'école, ce serait vachement trop cool aussi.

Bon, désolée si j'enfonce des portes ouvertes, mais cette idée toute simple a été une vraie révélation pour moi. J'ai lutté toute ma scolarité pour ne pas être trop ringarde, puisque j'avais le malheur d'être première de la classe, et je viens enfin de comprendre pourquoi. Cela n'améliore certes pas mon image du mammouth, mais au moins j'ai un peu plus de compréhension et, partant, d'indulgence.
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

Après avoir lu tout ce sujet, qui m'intéresse au plus haut point (je suis entrain justement de travailler sur les raisons qui nous font arriver au niveau actuel), je ne pense pas avoir à rajouter grand chose sur les bilans que vous faites.

Mais par contre sur le pourquoi ?

J'ai lu un excellent livre (Du changement dans l'école : les réformes de 1936 à nos jours, d'Alain Prost) qui me semble mettre le doigt sur le problème initial :

A la fin du XIX ème, il n'y avait pas une école, mais deux :

- Un parcours peu cher, puis finalement gratuit, le primaire, qui dans les faits drainait les élèves des classes sociales les moins riches, et à la base les moins formées également. "L'école de la République" de Ferry. Ayant pour but la formation initiale des masses populaires, elle délivrait un diplôme d'études primaires et pouvait déboucher sur des études en primaire supérieur pour les meilleurs. Devant normalement s'adresser à tous les âges de 6 à 12 ans, n'y allaient généralement que les enfants de 8 à 10 (plus petits ou plus grands ils étaient utiles à leurs parents, qui n'acceptaient de s'en séparer pour formation "culturelle" que lorsque cela devenait inévitable avec l'approche de l'âge du diplôme).
La formation la plus importante pour cette partie (la plus importante, forcément) de la population se faisait dans la famille : transmission des savoirs liés au métier des parents que reprenaient dans la plus part des cas les enfants. Apprentissage dans de rares cas (et pour les plus riches, un apprentissage ça se paye!).
A cette époque, la quantité de savoirs professionnels à acquérir était extrêmement importante, et prenait de nombreuses années. Un artisan n'était pas un inculte, il savait certes peu de choses sur le plan scolaire (deux ans d'école, savoir lire écrire compter, plus des questions pratiques, hygiène etc... que l'école apportait pour résoudre les problèmes sanitaires des campagnes) mais il avait acquit bien plus dans de nombreux domaines (même des matières enseignées en lycée actuellement) que ce que nos élèves actuels seraient capables de retenir.

- Un parcours payant, commençant dès les petites classes, et pouvant accéder au baccalauréat puis à l'université. Enseignement de classe, il reproduisait une élite attachée au latin et au grec (enseignement en latin encore sur le début XXème !) comme reconnaissance d'une appartenance. Très élitiste dans les humanités, s'ouvrant doucement aux sciences, et ne préparant en réalité qu'à des études de lettres, ce parcours était de plus en plus éloigné de la réalité des demandes du siècle s'ouvrant.

Mais progressivement s'est formée une classe intermédiaire, d'anciens élèves de primaire supérieur souhaitant poursuivre leurs études, ouvrir l'enseignement à plus d'élèves, et ainsi arrive au pouvoir en 36 des personnes qui vont vouloir réformer ce système qui ne correspond plus à un monde qui se modernise.

Vont se succéder des réformes en tous genres, qui vont aboutir à ce que l'on connait :

Suppression des deux systèmes parallèles (après de nombreux essais de conservation, systèmes lourds avec passerelles entre les deux parcours où tellement de soucis se posaient - ex que faire du latin ? - qu'au bout du compte on est arrivé à la fusion) : la lecture du cheminement est passionnante. Mais serait trop longue ici :)
Collège unique
Scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans
Le bac pour le maximum d'élèves (et actuellement, ils visent 50% d'une classe d'age avec une licence...)
Orientation le plus tard possible, et vécue vu les 6 lignes du dessus, généralement comme un échec de plus.
Dégringolade du niveau ces dernières années, visible par tous dans les tests (PISA et autres) ou tout simplement quand on côtoie des personnes scolarisées.

Pourquoi la volonté de réformes de 36, qui ne visait pas à former des crétins, mais bien à former un maximum de monde pour donner à tous une chance, et en même temps répondre aux besoins en élites du pays, pourquoi cette volonté de réformes a-t-elle aboutit à cet échec, cette massification de l'illusion de savoir ?

A la lecture de Prost, et de mon expérience de 12 ans d'enseignement maintenant, certainement parce qu'à chaque réforme LA question qui fâche, qui n'est pas politiquement correcte, a toujours été repoussée, soit non abordée par peur de tout faire échouer, soit supprimée des textes avant discussions.

La question de l'égalité des enfants devant l'apprentissage.
On a oublié que dans "naitre libres et égaux" il y a le plus important : "en droits".

Question qui se traduit par la nécessité, dans un système qui veut former l'intellect des jeunes, de ne pas oublier qu'on ne forme pas pour le plaisir de former, mais aussi pour donner un avenir. Il est certes beau et noble de vouloir donner une culture à tout le monde, mais tout le monde ne peut pas tout apprendre. Et il faut donner un avenir si l'on veut que l'espoir d'avoir une vie meilleure (volonté d'évolution sociale des familles, qui a toujours existé) ne s'enfuie pas, laissant juste des cendres et le marasme actuel. La violence de plus en plus généralisée (sur la violence il y aurait à dire, il y en a toujours eu dans les écoles, mais depuis quelques temps elle change de visage, et c'est ça qui est inquiétant plus que la violence en elle même).

L'orientation professionnelle, et non orientation scolaire, a été bannie des réformes, et n'est plus qu'un sujet que l'on aborde dans les situations d'échec. Là est l'échec du système scolaire et la faille de l'EN.

Quand vous vous basez sur le principe que tout enfant peut et doit tout apprendre, que tous doivent avoir le même bagage, que l'école doit être la plus égalitaire possible, alors forcément pour éviter les redoublements, pour éviter de laisser du monde en cours de route sur le bord, on nivelle par le bas. On allège les programmes.
Et devant les difficultés que cela pose (des élèves à qui l'on demande moins, en feront toujours moins, et ceux qui ont des problèmes en auront toujours du coup, quand à ceux qui sont bons ils seront en déphasage par rapport aux demandes et s'en retrouveront perturbés aussi) on cherche des solutions... Sauf que ceux qui cherchent et proposent sont les enseignants qui sont aux endroits où il y a le plus de problèmes. Leurs solutions peuvent marcher, mais pour un certain type d'élèves.
Mais comme il faut apporter une solution on ne réfléchit pas on colle ces idées développées en classes difficiles sur tout le monde (méthodes globales et j'en passe) aggravant du coup le problème chez les élèves qui n'avaient pas besoin de tout ceci...
C'est un peu finalement, pour ces élèves "normaux", le problème qu'ont les "surdoués", le même décalage : on leur impose un apprentissage trop lent, en se basant sur des élèves ayant une capacité moindre. Et s'ils n'ont pas tous les soucis d'un surdoué, ils pâtissent quand même de ce décalage entre le niveau des faibles savoirs qui restent, et ce qu'ils seraient capables de faire. Ils baissent les bras.
Et tout ce petit monde apprend l'échec, le découragement, se défoule sur ceux qui pourraient essayer de les aider (qui du coup baissent les bras pour la plus part) et ne sait pas travailler. Se traine jusqu'à 16 ans au mieux avant de se confronter à ce qu'est le travail. Nous formons des générations de handicapés de l'effort.


Et puis au bout du compte, côté formation, de quoi avons nous besoin aujourd'hui ? Le monde du début du XXème n'est plus, ce monde paysan et artisan s'est énormément restreint, les besoins de formation par l'apprentissage (je sous entends : toute cette longue formation d'antan qui nécessitait de nombreuses années) sont nettement moindres.
Actuellement, une grande part de la population est ouvrière, et de quelle formation a-t-on besoin quand on travaille à la chaîne ? Les niveaux nécessaires sont bien faibles...
Alors pour une bonne part de nos dirigeants actuels, cette situation est acceptable parce qu'elle permet d'endormir ceux qui ne seront pas l'élite. Nous vous avons donné une formation, vous n'avez pas su prendre votre chance, c'est de votre faute. Et l'on culpabilise les élèves qui sont déjà tellement mal de leurs échecs. Tout en leur donnant l'illusion de les pousser vers le haut, d'ouvrir le supérieur. On fabrique une masse manipulable parce que n'ayant plus aucune culture tout en ayant l'illusion de l'avoir (puisque passage par 10+x années d'écoles diverses), réserve de main d'oeuvre, qui a juste ce qu'il faut pour se nourrir et se payer télé+abonnements divers (le pain et les jeux de la Rome antique...)
Pendant que l'on garde dans quelques écoles privilégiées privées une éducation stricte et de qualité pour former l'élite, à nouveau "entre soi" mais cette fois sans le dire, et en profitant des échecs du système. Et avec un niveau global de formation et de vie finalement bien plus pauvre qu'il y a un siècle, comparé bien sur aux avancées modernes...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Kayeza »

Yniel a écrit :Quand vous vous basez sur le principe que tout enfant peut et doit tout apprendre, que tous doivent avoir le même bagage, que l'école doit être la plus égalitaire possible, alors forcément pour éviter les redoublements, pour éviter de laisser du monde en cours de route sur le bord, on nivelle par le bas. On allège les programmes.
Merci Yniel de pointer du doigt cet égalitarisme forcené qui, malgré son apparente bonne intention, génère plus d'injustice qu'autre chose.

Cela n'apportera peut-être rien au débat, mais je voudrais rappeler que c'est un trait typiquement français. En Suisse alémanique, environ les deux tiers des élèves font un apprentissage de trois ans, en alternance, dans le métier qui les botte vraiment. Et ressortent de là avec un vrai métier. Seuls les vrais futurs étudiants passent le bac (qui s'appelle la maturité) et vont à l'université. Pas de "passe ton bac d'abord", et personne ne se sent obligé d'aller à la fac s'il ne se sent pas "studieux"... C'est le même schéma qu'en Allemagne. Là-bas, pas de collège unique, il y a tout un tas d'écoles différentes selon les niveaux. Pas facile de s'y retrouver de l'extérieur (je parle pour moi), mais au moins les études universitaires ne sont pas survalorisées, au détriment des métiers manuels, par exemple (mes parents sont artisans, je sais de quoi je parle).

Ce qui est "amusant", c'est qu'en Suisse francophone on retrouve des chiffres proches de ceux de la France, avec un pourcentage beaucoup plus grand de bacheliers, et encore plus important en Suisse italophone. Comme si les pays latins (catholiques) avaient beaucoup plus cet idéal élitiste des études, alors que les Allemands (protestants) étaient plus pragmatiques...

Voilà une petite comparaison qui ne résout rien, mais qui permet de relativiser...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Zyghna »

Je viens de tomber sur cet article traitant de la "constante macabre", cette tradition française visant à rabaisser les notes parce que des élèves qui auraient tous des bonnes notes serait signe de laxisme ou d'incompétence du professeur.

Je trouve qu'il y a de bonnes pistes de réflexion pour les enseignants, c'est constructif et non stigmatisant.

http://mclcm.free.fr/EPCC/CM_EPCC.pdf
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Kayeza »

Je vous copie ici le mail que je viens de recevoir de l'AEHPI LR (Association pour l'épanouissement du haut potentiel intellectuel en Languedoc-Roussillon, dont je suis membre). Si ça parle à certains...
AEHPI LR a écrit :Cher(e)s adhérent(e)s

Le réseau européen sur les compétences clés dans l'éducation, KeyCoNet, lance une consultation en ligne auprés des enseignants, des parents, des élèves et des chefs d'établissements concernant les compétences. L'Institut Français de l'Education (IFE), partenaire de l'ESENESR, coordonne ce projet pour la France.

Nous souhaitons vous convier à participer à cette consultation Européenne sur les compétences dans l'éducation. Consultation jusqu'au 16 juin 2014.

Le questionnaire permettra de savoir comment sont perçues, utilisées et enseignées les compétences et de mesurer leurs apports pour l'apprentissage.

Merci pour votre participation, si vous le désirez vous pouvez nous faire part des trois propositions que vous avez inscrites à la fin du questionnaire (exemple : L'AEHPI LR demande d'éviter les conditions de bachotage lors de la passation des évaluations, que les consignes données lors des évaluations soient réfléchies de manière à être claires et sans ambiguïté, que le bilan d'évaluation soit suivi d'effet et permette une remédiation et un accompagnement de l'élève)

Consulté le questionnaire en Français (Oui, consulté avec un é...)

Présentation du projet en anglais
Personnellement, j'ai toujours du mal à saisir cette notion de compétences, mais je dois y mettre de la mauvaise volonté... :think:
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Za »

@Kayeza : j'ai parcouru le questionnaire, et surtout la fameuse définition des "compétences" (qui contient quand même le mot... compétences !!), et je te rejoins : franchement je ne vois pas du tout de quoi ils parlent. Ce qui donne un questionnaire particulièrement abscons, surréaliste même. Remplacez le mot "compétences" par "barchemines", le résultat sera le même.
Franchement, c'est quoi ce truc ? Juste qu'ils ont trouvé un mot qui leur plaît pour remplacer "apprentissages", et qui, grâce à son super-pouvoir de remotivation des foules, va sauver leur affaire ?...
L'éducation nationale, grand corps malade, ou corps de grands malades ?...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par TourneLune »

Si c'est un truc européen, ce serait pas un problème de traduction?

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Kayeza
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Kayeza »

En anglais et en allemand on parle aussi de 'competence' et 'Kompetenzen'. Il existe par exemple le 'cadre européen commun de compétence en langue', qui est simplement une échelle de niveau uniformisée. Elle permet de dire 'j'ai un niveau B1 en telle langue'. Ça va de A1 à C2. Je vois vaguement comment le comprendre pour l'école, mais vaguement seulement. Je pense qu'on a là un bel exemple de novlangue techno- et bureaucratique... qui permet en plus de continuer à se voiler la face sur les vrais problèmes...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Akhenaton »

Hello,
Je suis tombé sur un article du monde en relation avec l'Education Nationale aujourd'hui, dont je voulais vous faire part.
J'aurai surtout voulu avoir vos avis sur les commentaires/réactions à cet article peut-être dans un but plus philosophique.
J'ai fait toutes mes écoles en Suisse et n'ai donc aucune expériences de l'école française. Mais ces réactions (de prof pour la plupart) me font très peur, de par leur agressivité leur omniscience et leur vindicte.

Comment avec des commentaires pareils peuvent-ils enseigner?
Pire! Comment peuvent-ils se plaindre des mauvais élèves?

http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

Bouhaaa même pas réussi à aller plus loin que les deux premiers paragraphes.

Première réflexion : encore une fois les journaleux des merdias actuels font paraître un article qui permettra à la masse de taper sur le dos des profs. Sont chiants ces profs, qui en majorité essaient encore de sauver des élèves, contre l'avis du système (allez lire "l'enseignement de l'ignorance"...), aller encore un coup de déboulonnage, ils finiront bien par baisser les bras.

Deuxième réflexion : celui là il commence par "moi, professeur...", pour moi ce n'est pas un prof. Juste un con. Quand on est prof, qu'on a la vocation, qu'on aime les gamins, on essaie jusqu'au bout, on essaie de comprendre ce qui dans le système coule, et au lieu de dire qu'on se sent inutile, on se bouge et on porte les gamins à bout de bras, on est là pour ça, envers et contre la conjoncture actuelle, on essaie d'en sauver un max.
Ou on assume l'échec sans cracher dans la soupe, et tirer à boulet rouge sur ceux qui restent.
Alors quoi, ceux qui restent et qui enseignent, et qui bossent, alors s'ils ont leur place à l'EN, c'est qu'ils aiment être inutiles dans une institution obsolète ?

Troisième réflexion : ouais bof, c'est le monde... un merdia de plus maintenant, aucun sérieux réel. Je ne lis plus depuis longtemps... mon opinion se confirme.
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par adamus »

Si l'on veut dépasser cet article, il permet de se poser des questions et de voir les tensions entre ces questions :

1 - Quelles sont les missions de l'école ?

2 - Quelles sont les fonctions de l'école ?

3 - Dans quelle mesure les missions et les fonctions entre-elles en tension ?

4 - Pour qui s'adresse l'école ?

5 - La notion d'échec scolaire n'est elle pas le fruit de la différence entre la mission, la fonction et les profils spécifiques de certains élèves ?

6 - Dans quelles mesure les Elèves Intellectuellement Précoce (EIP) en échecs scolaire sont ils les victimes (???) de la différences entre missions, fonction et spécificité de la personne ?

Je vous laisse réfléchir ...

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Cyril
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Cyril »

Hello,
Je suis tombé sur un article du monde en relation avec l'Education Nationale aujourd'hui, dont je voulais vous faire part.
J'aurai surtout voulu avoir vos avis sur les commentaires/réactions à cet article peut-être dans un but plus philosophique.
J'ai fait toutes mes écoles en Suisse et n'ai donc aucune expériences de l'école française. Mais ces réactions (de prof pour la plupart) me font très peur, de par leur agressivité leur omniscience et leur vindicte.

Comment avec des commentaires pareils peuvent-ils enseigner?
Pire! Comment peuvent-ils se plaindre des mauvais élèves?

http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
Ce témoignage paraît dans Le monde. Il bénéficie de cette diffusion parce qu'il est en accord avec les idées que veut transmettre cet organe de propagande. Il n'a pas de raison d'être représentatif des professeurs français. Fort heureusement. Et concernant les commentaires, il faudrait savoir auxquels vous faites référence pour répondre.

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Pier Kirool »

Akhenaton a écrit :Hello,
Je suis tombé sur un article du monde en relation avec l'Education Nationale aujourd'hui, dont je voulais vous faire part.
(...) Comment avec des commentaires pareils peuvent-ils enseigner?
Pire! Comment peuvent-ils se plaindre des mauvais élèves?
Tu sais, sur les journaux les plus sérieux (même s'ils sont dans le domaine marchand), les commentaires, souvent dissimulés derrière le pseudonymat, ne reflètent probablement pas grand chose de plus que les lignes écrites.
En tirer des conclusions sur les personnes qu'il y a derrière me paraît hasardeux. C'est juste l'intérêt de leur présence dans les commentaires (ou sur un forum, d'ailleurs, ça marche aussi) qui est mis en doute...
"La vraie science est une ignorance qui se sait" (Voltaire)

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soazic
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par soazic »

une petite bulle d'oxygène...
https://www.youtube.com/watch?v=AZa3ejWlNVY
Puisse t il se faire des complices qui essaimeront un peu partout avant que ce monde ne crève d'un manque d'imagination...
Une des personnes qui a le plus comptée dans ma vie, fut mon instituteur de Cm2, je pense qu'il avait 10ans encore quelque part...

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