L'éducation Nationale, grand corps malade

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Euthyphron
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Euthyphron »

Ucralo a écrit :Admettons qu'il y ait des gens qui souhaitent que l'éducation nationale soit inefficace. Si j'essaie de me mettre dans la tête d'une de ces personnes, la première préoccupation qui me viendrait à l'esprit, ce serait d'offrir à mes enfants une meilleure éducation que l'éducation sabotée des autres.
Je n'ai pas parlé de gens qui voulaient que l'éducation nationale soit inefficace, raison pour laquelle j'ai pris mes distances avec tout ce qui ressemble à une théorie du complot, je parle d'une politique qui vise objectivement l'inefficacité, du point de vue des finalités traditionnelles de l'éducation.
Mais si je m'efforce quand même de répondre à ta question, elle concernerait exclusivement les décisionnaires, qui ne sont pas très nombreux. Supposons-les préoccupés de la réussite de leur enfant d'une part, et de leur développement intellectuel de l'autre.
En ce qui concerne le premier point, c'est tout bénéfice! En effet, les décisionnaires appartiennent aux classes sociales les plus aisées. Donc, même si leur enfant n'est pas très doué pour apprendre, sauf troubles graves du comportement il sera classé comme bon élève, et c'est au niveau du supérieur qu'il pourra choisir les meilleures écoles.
En ce qui concerne le second point, c'est plus variable. Il n'est pas certain qu'il préoccupe tout le monde. Mais supposons que ce soit le cas. Dans ce cas il va falloir en tant que parent apporter culture et réflexion à son enfant, le conduire au musée, parler avec lui de politique ou de cinéma, etc. Ce n'est pas vraiment un sacrifice pour ceux que ça intéresse, ceux qui par hypothèse sont concernés.
Donc, plutôt que se battre contre tous, le décisionnaire conscient et désireux de bien faire mettra toute l'eau qu'il faut dans son vin. Voilà comment je me représente les choses, en ayant bien conscience que c'est plus complexe, comme tout ce qui touche aux jeux de pouvoir.
Quant à la majorité des gens, qui subissent la situation, c'est justement pour eux qu'il faut donner l'alerte.

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Yniel
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

Ucralo a écrit :Admettons qu'il y ait des gens qui souhaitent que l'éducation nationale soit inefficace. Si j'essaie de me mettre dans la tête d'une de ces personnes, la première préoccupation qui me viendrait à l'esprit, ce serait d'offrir à mes enfants une meilleure éducation que l'éducation sabotée des autres.
Sans parler de gens (je rejoindrais Euthyphron sur sa réponse, même si la politique étant faite par des individus la distinction me semble mince) pour rebondir sur l'éducation que ces personnes veulent / peuvent offrir à leur progéniture :
Nul besoin d'imaginer qu'ils compenseraient à la maison (souvent de toute manière ils n'en auraient nullement le temps et pas mal de politiques ont des soucis avec leurs enfants qu'ils se sont contentés de mettre au monde).
Ils sont "hors circuit" normal. Ecoles privées, cours particuliers, jeunes filles au pair bilingues dès le plus jeune âge... Même des établissements réputés élitistes (Henri IV, Louis le grand, Lakanal, Hoche, le lycée du parc à Lyon et j'en passe) ne le sont plus assez réellement maintenant pour eux (simplement parce qu'ils sont pour l'instant encore soumis aux programmes et réformes de l'éducation nationale).
En cas de trop grande déviance, les "copains" et relations permettent de "tenir" la progéniture ratée sur le droit chemin. Il n'y a qu'à voir la famille Fabius (même si eux justement sont passés à HIV).
L'argent paye ce que l'on n'a plus, ce rêve brisé qu'avaient les classes non possédantes. d'avoir un ascenseur social.

Pour te répondre, Ucralo, sur les points que j'ai évoqués en maths et sciences.
Être à la fois en terminale S et ne pas savoir résoudre "ax=b" est quelque chose que j'ai du mal à concevoir. Sont-il si nombreux que ça dans ton lycée ?
Je me demande de quelle manière ils ont appris à résoudre. Je présume que, sans comprendre, ils ont appris par cœur que "ax=b" => "x=b/a" et que "x+a=b" => "x=b-a", puis que tout s'est mélangé dans leur esprit.
Mais que s'est-il passé dans leur formation, quand ils étaient plus jeunes ? Est-ce que leur enseignant a sauté la démonstration "x+a=b" => "x+a-a=b-a" => "x=b-a" ? Est-ce que les enseignants suivants n'ont pas rappelé la démonstration aux élèves qui étaient perdus avec les fondamentaux (car pas assez de temps) ?
Dans mon précédent lycée, les élèves étaient triés sur dossier et petit concours d'entrée. Une partie des places était réservée à l'aide à la famille. Donc population très variée, aussi bien très aisée que en grande difficulté, élèves allant d'un excellent niveau à des problèmes sérieux.
Cette année je suis en BTS, et une bonne filière dans un lycée réputé normalement pour ça. Les élèves ont donc eu le bac (généralement S, quelques uns viennent de bac pro mais ils sont très peu nombreux, et pas mal sont ici après réorientation, ils sortent de première année de médecine, de DUT mesures physiques etc...)
Dans les deux cas la manipulation des équations de base n'est pas acquise.
Exemples en plus de ceux déjà proposés :
1/a = 1/b + 1/c, alors .... a = b + c (oui oui, et c'est régulier ce n'est pas une erreur isolée, la bonne réponse est rare)
(x+a)/a = x forcément on simplifie par a...
a(x+b) = c alors... x = c+b-a (pareil, la bonne réponse est dure à trouver sur une copie...)
Et je ne parle que de celles dont je me souviens à l'instant. Je n'insiste pas sur l'impossibilité de résoudre des systèmes d'équations en isolant une variable et l'injectant dans la deuxième équation par ex...

J'ai l'impression qu'il se mélange deux problèmes :
--> confusion totale entre soustraction et division (la manière de les voir en primaire, couplée au manque d'entrainement lors de l'apprentissage en est la cause pour moi)
--> apprentissage de "solutions toutes faites" type "quand on voit ax = b alors x = b/a, sans démonstration de quoique ce soit (les démonstrations souvent passent à la trappe, par manque de temps, manque de capacités des élèves qui arrivent déjà sans avoir les bases, et surtout abandon des démonstrations dans les programmes modernes).

Pour les sciences physiques, mon domaine propre, voici ce qui nous est demandé exactement :
Programme de terminale S
Extraits commentés de la présentation du programme :
Dans une société où des informations de tous ordres arrivent dans l’immédiateté et de toutes parts, la priorité est donnée à la formation des esprits pour transformer cette information en une connaissance. L’enseignant doit être un
accompagnateur de chaque élève dans l’acquisition de compétences qui ne peuvent être opérationnelles sans connaissances, qui sont à la fois la base et l’objectif de la didactique, notamment scientifique. Formation des esprits et
acquisition de connaissances sont deux facettes indissociables de l’activité éducative.
Bon on parle de connaissances, encore, mais avec cette idée qui me dérange que l'on doit s'adapter à la vitesse d'arrivée des informations... Ne semblerait il pas plus intéressant de donner des bases solides pour être armé face à la qualité moyenne d'un flot d'informations non triées, afin de faire le tri en connaissance de cause ? Enfin il semble y avoir des connaissances patientons...
Ainsi le programme de physique-chimie de terminale S se situe dans le prolongement de celui de première S en approfondissant la formation à la démarche scientifique. Il permet de mieux installer les compétences déjà rencontrées, de les compléter et de faire acquérir des connaissances nouvelles.
Comme pour la première S, une rédaction volontairement allégée des contenus, notions et compétences a été privilégiée, sans pour autant altérer la lisibilité et la précision des exigences telles qu’elles sont attendues en fin d’année scolaire et exigibles pour le baccalauréat.
Bon on approche un des soucis de ces réformes : programmes allégés... mais pourquoi ?
Deux compétences occupent une place centrale en terminale : «extraire» et «exploiter» des informations; elles seront mises en œuvre fréquemment, notamment dans les situations identifiées dans la colonne de droite du programme, en respectant l’esprit de la démarche scientifique.
Et c'est là que le bât blesse : que dans l'introduction d'un programme de TS, une fois passée la partie où oui oui mesdames messieurs on va vous mettre un petit saupoudrage de connaissances quand même ne râlez pas trop, le vrai début de l'introduction est ici et on va s'appesantir un long moment dessus dans la suite...
Les activités proposées aux élèves au sujet de la compétence «extraire» et leurs connaissances acquises doivent les conduire à s’interroger de manière critique sur la valeur scientifique des informations, sur la pertinence de leur prise en compte, et à choisir de façon argumentée ce qui est à retenir dans des ensembles où l’information est souvent surabondante et parfois erronée, où la connaissance objective et rationnelle doit être distinguée de l’opinion et de la croyance.
Les supports d’informations proposés aux élèves seront multiples et diversifiés : textes de vulgarisation et textes scientifiques en français et éventuellement en langue étrangère, tableaux de données, constructions graphiques, vidéos, signaux délivrés par des capteurs, spectres, modèles moléculaires, expériences réalisées ou simulées , etc...
L’exploitation sera conduite en passant par l’étape d’identification des grandeurs physiques ou chimiques pertinentes
et par celle de modélisation. Cette formalisation pourra conduire à l’établissement des équations du modèle puis à
leur traitement mathématique, numérique ou graphique.
Eh oui, POURRA conduire à l'établissement des équations du modèle... au final on ne peut pas, simplement parce que ce n'est pas exigible au bac, parce qu'ils n'ont pas les bases pour le faire (qui dans le fond de la salle a osé parler d'équation différentielle ? Qui ? déjà les derniers temps du dernier programme cela devenait dur, ils ne démontraient plus en maths les solutions aux équa diffs les plus simples qu'ils avaient au programme, et il fallait refaire ça en physique pour leur permettre de suivre), et parce que leur envie de "s’interroger de manière critique sur la valeur scientifique des informations" les a poussés à faire du programme un fourre tout où il faut balayer un thème par semaine pour boucler le programme. Donc exit les vrais modèles. Viva la discussion café du commerce sur des sujets qui les dépassent.
L’élève est ainsi amené à raisonner avec méthode et à mettre en œuvre avec rigueur l’ensemble des étapes qui lui
permettent de trouver la ou les solution(s) au problème posé. Le professeur aura cependant à l’esprit que le recours à des outils mathématiques n’est pas le but premier de la formation de l’élève en physique-chimie, même si cela peut être parfois nécessaire pour conduire une étude à son terme. Dans certains cas, le professeur utilisera des méthodes de résolutions graphique ou numérique, pratiques de plus en plus fréquentes en raison de la complexité des systèmes étudiés. Ce sera aussi l’occasion de souligner que les travaux de recherche sont souvent conduits par des équipes pluridisciplinaires.
Là c'est le ponpon. Les maths "peuvent être parfois nécessaires en physique... Juste parfois hein, et il ne faut surtout pas que le cours de physique serve à montrer l'intérêt de ce superbe outil pour la matière...
Bon je vais arrêter là pour la démolition de ce texte, je vous laisse exercer votre esprit critique que nos dirigeants n'ont pas encore réussi à atteindre (vous êtes trop vieux ! :whew: ) sur la suite...

Je finirais juste sur une petite comparaison : Si vous avez le courage d'étudier un peu plus ce document, vous allez tomber (pour les non initiés, je ne fais pas l'injure aux autres de croire qu'ils ne connaissent pas la présentation d'un texte de programme !) sur des tableaux donnant les contenus, ce qu'ils faut exiger de l'élève à la fin de l'année, etc...

Pour l'ancien programme (celui de 2001, qui restait classique même si déjà peu fourni par rapport au précédent), voici le lien :
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/ ... yschim.pdf
Pour le nouveau programme, allez page 6 pour avoir le début des tableaux.
Pour l'ancien programme, allez page 6 également (qui se trouve p 78 du document complet).
On compare comme ça les ondes dans les deux cas.

Quelle est la différence majeure ?
Ancien programme, trois colonnes : exemples d'activités, contenus, connaissances et savoir-faire exigibles
Nouveau programme, deux colonnes : notions et contenus, compétences exigibles

Bah oui, entre les deux programmes les connaissances ont disparu au profit des compétences. Et c'est essentiel.

Voici deux exemples de sujets que cela peut donner, en physique et en chimie : rayonnement cosmique
Synthèse d'un édulcorant (celui ci est en partie mélangé à des conseils pour le prof)
Bon courage pour vous plonger dedans... mais au final il n'y a rien comme contenu réel, et ce qui est proposé comme méthode (explication de la réactivité en chimie organique, ou cette fameuse histoire de muons) est partiellement fausse, aprce qu'ils ne peuvent comprendre ces problèmes qui nécessiteraient bien plus de bases...
Muons : abordés pour moi en Maitrise (master 1 maintenant)
Réactivité : en Licence (L3 maintenant)



Bon j'espère que ce pavé répondait aux questions !
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Ucralo
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Ucralo »

Yniel a écrit :Cette année je suis en BTS, et une bonne filière dans un lycée réputé normalement pour ça. Les élèves ont donc eu le bac (généralement S, quelques uns viennent de bac pro mais ils sont très peu nombreux, et pas mal sont ici après réorientation, ils sortent de première année de médecine, de DUT mesures physiques etc...)
Dans les deux cas la manipulation des équations de base n'est pas acquise.
Exemples en plus de ceux déjà proposés :
1/a = 1/b + 1/c, alors .... a = b + c (oui oui, et c'est régulier ce n'est pas une erreur isolée, la bonne réponse est rare)
(x+a)/a = x forcément on simplifie par a...
a(x+b) = c alors... x = c+b-a (pareil, la bonne réponse est dure à trouver sur une copie...)
Et je ne parle que de celles dont je me souviens à l'instant. Je n'insiste pas sur l'impossibilité de résoudre des systèmes d'équations en isolant une variable et l'injectant dans la deuxième équation par ex...
Autrement dit, c'est la catastrophe.

Au fait, y a-t-il une forte pression sur les professeurs pour qu'ils donnent de bonnes notes malgré le niveau des élèves ?

Autrement, une solution possible serait celle-là :
« Bonjour. Les notes sont légèrement très basses. Tant que les fondamentaux pour manipuler les équations ne seront pas acquis, vous aurez beaucoup de mal à avoir la moyenne. C'est embêtant, car je n'ai pas le temps de tout vous rappeler sur les équations pendant mes cours. Ah, au fait, j'ai sous la main quelques liens internet de quelques exercices corrigés (exemple) pour vous exercer avec les équations. Si vous avec envie d'avoir le brevet, n'hésitez pas à vous exercer sur les équations pendant une partie de votre temps libre. Voilà voilà. :-) »

Sévère ? Moi ? Mais pas du tout !

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Yniel
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

La pression sur les profs pour qu'ils donnent de bonnes notes... Oui il y a.
Dans mon précédent établissement, il était exigé d'avoir 12 au moins de moyenne de classe. Bizarrement à moi on ne me l'a jamais dit :D et je n'hésitais pas à mettre les notes méritées (même si cela aboutissait à 4 de moyenne générale sur un contrôle...)

Il m'a été rapporté que pour le bac pro, qui se passe à moitié en contrôle continu, il est fait une pression énorme sur les enseignants pour que les notes dans l'année leur permettent d'avoir le bac. Les résultats aux différents bac pros sont très bons...

Pour cette année, le soucis est surtout l'absentéisme : ils s'inscrivent en BTS, ont une bourse, ne viennent plus. Et comme il est impossible de les virer (ils doivent démissionner par eux même) et bien ils restent (pour toucher la bourse...)
Alors sales notes ou pas, aucune importance.
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Dunkleosteus
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Dunkleosteus »

Je ne vois pas le bénéfice qu'il y aurait a financer une école ou on apprend rien. Les élites n'ont absolument pas besoin d'une école faiblement efficace car comme il a déjà été précisé ici leur parcours scolaire est hors norme et impossible a reproduire pour les classes populaires. Je pense que les élites n'ont besoin de rien (si ce n'est peut être du malthusianisme des grandes écoles), elles n'aspire qu'a faire sécession du reste de la société et vivre dans leur espace mondialisé.

Les méthodes exposées par Ygniel ne me semble pas de nature a appuyer l'idée d'une "inefficacité volontaire":
-la méthode global => Ce n'est pas une idée plus irrationnel que les méthodes de lecture rapide, auxquelles beaucoup de gens croient.
- l'inertie des gouvernements => Il y a des exemples de mauvaises politiques poursuivis mordicus par des clubs et des institutions du foot alors même que leur echec est patent et que l'argent sort de leur poche.
-le "global en math" =>... j'ai rien a dire dessus, je trouve ça très étrange :o
-le français=> Etudier plus d'auteurs contemporains et plus "mainstream" procède d'une volonté d'être plus proche des élèves et d'ouvrir la culture scolaire au dela de la seul culture bourgeoise. Je ne suis pas contre cette idée car je pense que ces oeuvres sont d'excellents supports de réflexion, bien plus riche qu'on ne l'imagine. a titre d'exemple j'aime beaucoup ce genre d'approches:Les héros de Marvel étudiés à l'université
Philosopher avec Game of Thrones

- l'histoire=> Je ne vois pas de danger particulier a ce que l'enseignement de l'histoire se fassent plus sur des notions que sur des personnages. Pour moi ça ne veut pas dire qu'on ne parle plus d'eux mais qu'on donne plus de place au cheminement des idées. Certains disent que c'est une catastrophe parce que c'est le roman national qui se perd, moi je dis que ce n'est pas bien grave et que de toute manière il nous faut trouver d'autre manière de créer du "vouloir vivre ensemble".

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Euthyphron »

On ne parle pas d'une école où on n'apprend rien, mais d'une école où on n'apprend plus à progresser vers l'autonomie intellectuelle. Le formatage tend à remplacer l'apprentissage, si tu veux.
Ce qui est irrationnel dans la méthode globale, c'est qu'elle persiste alors qu'elle a prouvé son inefficacité.
Quant à la littérature, ce n'est pas une question de dates! et cela n'a rien à voir avec la bourgeoisie. Tu ne vois pas l'intérêt de l'enseigner, oui, mais cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas, cela veut juste dire que tu ne le vois pas. Il est lié à l'apprentissage de la langue d'une part, et de la réflexion d'autre part. A celle-là en montrant quels usages inattendus l'on peut faire de la langue, à celle-ci en apportant des catégories que l'enfant ne trouvera pas dans son environnement ordinaire. Mais ta réaction est symptomatique : si je te comprends bien il faudrait se justifier de faire découvrir l'histoire littéraire plutôt que superman! le "tout se vaut" sert d'argument à la destruction des savoirs, c'est parfaitement logique.
Pour l'histoire il me semble que tu as tellement déformé ce qu'a dit Yniel que je préfère la laisser répondre si elle le juge bon.

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par sandrinef »

Dunkleosteus a écrit :-le français=> Etudier plus d'auteurs contemporains et plus "mainstream" procède d'une volonté d'être plus proche des élèves et d'ouvrir la culture scolaire au dela de la seul culture bourgeoise. Je ne suis pas contre cette idée car je pense que ces oeuvres sont d'excellents supports de réflexion, bien plus riche qu'on ne l'imagine. a titre d'exemple j'aime beaucoup ce genre d'approches:Les héros de Marvel étudiés à l'université
Philosopher avec Game of Thrones
La littérature n'appartient pas à la culture bourgeoise. Les auteurs contemporains ne sont pas tous des écrivains.
Si tu prends par exemple la littérature du XIXème siècle, et bien elle permet au lecteur d'appréhender le contexte historique. Les oeuvres sont belles et ont aussi du sens.
Cela permettra ensuite au lecteur de s'inscrire dans l'ici et maintenant car il aura acquis une culture littéraire et pourra critiquer( en positif ou négatif, je précise au cas où...)
La connaissance, le plaisir de lire, la compréhension, la création de liens entre différents éléments et j'en passe: tout ceci permet d'acquérir un esprit critique sur le monde qui nous entoure, de réfléchir par soi-même et j'oserai dire d'être libre.
Je suis fan des héros de Marvel, cela ne m'empêche pas d'avoir une culture littéraire même si je ne plais pas à l'étaler, je ne suis certes pas issue d'un milieu bourgeois. Justement: il n'y a pas que les bourgeois, comme tu les appelles, qui ont le droit de lire (et d'aimer en plus) Madame Bovary.
Je terminerai en disant qu'au-delà des Marvel( américain) et de Game of Thrones(américain), il existe tout plein de trucs trop trop chouettes et qui ne sont pas issus de la culture américaine.
Au passage: je ne sais pas ce que veut dire mainstream.
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Yniel
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

Que rajouter de plus à ce qui a été dit au dessus...

Peut être une réflexion sur ce que l'éducation à la française veut dire ? On peut adhérer ou pas, mais personnellement c'est ce qui me fait me battre tous les jours pour mes élèves. Sans ce profond attachement à la transmission de ce rêve j'arrêterais.

Et qui fait que je ne comprendrais jamais des propos comme les tiens, Dunkleosteus. Tu as la liberté bien sur de le penser et le dire, mais je ne serais jamais d'accord.


Je crois qu'il y avait deux grandes idées de base pour l'éducation, en France :
1/ Formation de l'Homme (et du citoyen) : Depuis l'époque romaine il y a sur le sol de ce qui deviendra la France une volonté d'instruire le plus grand nombre, ou tout au moins le plus possible ceux qui en auront besoin. Cette volonté d'instruire se retrouve dans les fondements de la révolution.
(constitution de l'An I : Article 22. - L'instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l'instruction à la portée de tous les citoyens. ).
Le but ? Il est double :
---- Former les Hommes, les élever au sens premier du terme, pour qu'ils sortent de " l'état de bête", idée ancrée depuis le départ, que l'on retrouve comme base à la constitution, former des citoyens capables de s'impliquer dans la vie publique, capables de s'occuper de leurs droits et de la grandeur de leur pays. Capables de réfléchir à leur avenir, de comparer ce qu'on lui propose, de se servir de l'Histoire pour comprendre se qui se joue pour le futur, etc...
---- Former les futurs travailleurs dans les spécificités de leur métier (avec des besoins différents évidement en fonction des métiers : un sabotier du XIX avait un apprentissage extrèmement long, mais pouvait ne pas mettre les fesses sur les bancs de l'école...)
Et la limite à apporter entre les deux idées a toujours été source de discussions, débats et évolutions. C'est le soucis des romains qui devant l'accumulation de textes classiques à apprendre, et les demandes de formation des médecins et ingénieurs par ex, finissent par faire des abrégés classiques et des traités récapitulatifs de ce que l'on sait des diverses sciences à l'époque. On le retrouvera au XXème lors des grandes réformes de ce qui va devenir l'EN, humanités VS sciences.

2/ Centralisation de l'instruction : Il y a des allez et retours dans ce point là, allez et retours dictés par diverses considérations. Coût de la démarche (il est moins coûteux de décider d'une instruction publique pour tous et de déléguer aux mairies... mais vu que du coup ça ne marche pas, on retourne au pouvoir central, etc... ), problème de l'enseignement catholique, "niche anti révolutionnaire", problème de l'encadrement et de sa formation, à tous les niveaux. Et aussi évolution des mentalités sur l'intérêt d'éduquer certaines catégories (filles, classes populaires qui passent par l'apprentissage, etc...). Ce n'est finalement que depuis 1936 qu'une vraie formation pour tous a été réellement mise en place (prémisses avant, sous Ferry), égalitaire et porteuse d'espoirs d'évolution.
Cette centralisation est un outil fantastique si l'on s'en sert pour le bien commun, mais il est à double tranchant... On peut également baisser le niveau général de la population, ou manipuler ses idées sans problème au gré des programmes, comme on le voit actuellement.

J'aurais envie de rajouter une troisième idée, l'aspect social. Un organisme centralisé comme l'EN est aussi un moyen de vérifier que tous les enfants sont suivis médicalement, et ce quelque soit leur niveau social, et d'agir sur l'hygiène, etc... surtout sensible au début du XXème, et les "hussards noirs" avaient une formation d'infirmier de base pour se faire le relais de ce point aux familles par l'intermédiaire de leurs enfants, il est quand même essentiel encore de nos jours même si sans doute moins criant.


Dans cette optique, une solide formation à propos des idées qui ont fondé notre monde actuel permet à chacun de comprendre les évènements en cours, et d'avoir la pensée structurée pour une analyse la plus pertinente possible en fonction des capacités personnelles.

Histoire : Un exemple parmi d'autres possibles : comment peut on imaginer comprendre les idées qui mènent à la révolution si l'on ne sait ce qu'est la monarchie absolue à la française ? Si l'on ne sait ce qu'on été les trois derniers rois avant la révolution, ce qu'ils ont apporté, ou comment vivait la population à ces moments là ?
Certes on peut penser qu'il est inutile de comprendre cette période... Pourtant ne sommes nous pas sous un système politique qui se base encore sur les acquis de la révolution ? N'avons nous pas en préambule de notre constitution celle de 1789 ? Comment comprendre nos droits, nos devoirs de citoyens, et ce qu'il se passe en ce moment sans connaître ces textes et les idées qui les ont amenés ?
Non je ne crois pas que ce soit être passéiste que de s'attacher à comprendre l'Histoire. Et je ne vois pas ce qui peut permettre à un enfant, dont le cerveau n'est pas achevé, dont la structure analytique n'est pas encore présente, de comprendre et de faire des liens entre des idées présentées dans le désordre, sans vrai lien logique autre que ce qu'un adulte est capable de faire parce qu'il a les connaissances qui le lui permettent.
Apprendre des dates, apprendre des faits, dans l'ordre, apprendre à les comprendre ensuite. Pour saisir le fil directeur, l'évolution des idées. Et être capable de repérer les mêmes schémas sous-jacents à l'évolution de notre époque.
Et voter en connaissance de cause, parce que c'est le seul pouvoir que nous ayons.

Français : L'étude des textes permet un grand nombre de choses.
--> Pour un esprit d'enfant, qui découvre le monde et forme son jugement, la langue maternelle est le premier vecteur de son épanouissement. S'il maitrise sa langue, s'il comprend ses nuances il sera capable d'exprimer sa pensée de sorte à se faire parfaitement comprendre. C'est déjà un point important.
Il n'y a qu'à voir un enfant de 2-3 ans (ou moins dans certains cas...) qui a du mal à s'exprimer, mais dont le cerveau est capable déjà de plus, se fâcher et taper du pied quand sa bouche ne peut suivre ses pensées. L'apport de vocabulaire, de tournures grammaticalement correctes l'aide et le soulage. Très vite il en demande plus. Et si l'entourage suit, il se met à maîtriser l'art de la périphrase pour demander le mot qui manque.
Alors à un âge plus avancé, l'étude de textes écrits dans une langue superbe permet de continuer ce que l'entourage peut être ne peut plus faire. Comme la scolarisation assez jeune permet pour certains d'apporter le vocabulaire de base que ne maîtrise pas l'entourage.

--> Etudier des textes des temps passés permet également de faire ce que l'Histoire ne peut : comprendre les populations, les mentalités des siècles passés. Apporter un complément à ce catalogue de dates, de faits, comprendre mieux le fil de l'Histoire et l'évolution des idées, des Hommes.
La période Louis XIII - Louis XIV, agrémentée de la lecture des Trois Mousquetaires, elle est vivante, riche, elle se retient et se vit comme un roman !
Et le moyen âge, comment se passer des chansons de geste ?
Comment ne pas étudier la poésie de ces époques, la voir évoluer, chanter le monde qui lui a donné naissance ?
Qu'apporte l'étude des Marvels ? Même si personnellement je crois bien avoir tout lu ou presque et avoir apprécié la détente apportée (voir rêvé à Daredevil pour ma part), on ne peut s'empêcher lorsqu'on a été éduqué à juger, faire des liens entre l'époque et sa production littéraire, de se dire qu'il est bien triste ce monde où nous vivons, qui voit l'avènement de héros en collants à la morale très manichéenne, incapables de voir le monde autrement qu'en noir ou blanc, et pour lesquels une bulle de deux lignes est un déjà discours.

--> Et que dire de la formation de son style propre, de la structure de son raisonnement, de sa pensée, à l'étude de textes eux même structurés, et où le développement logique des idées se déroule parfaitement ? Je le vois bien tous les jours, cette importance de la structure du discours et de la pensée, utile à tous, que ce soit pour une simple lettre ou pour un rapport, ou pour un compte rendu scientifique.

On pourrait faire comme ça le tour de chaque matière enseignée et voir que chacune a son importance.
Pourquoi les supprimer, les déflorer, les abimer ? Parce que c'était ennuyeux ? Difficile ? Mais c'est le propre de l'Homme que d'être capable de dépasser les difficultés pour s'élever vers sa condition d'Homme ! Enlevez la volonté de progresser, et il ne restera que la Bête.

Et le rôle de l'enseignant était d'aider les générations futures à faire ce chemin difficile qui mène l'enfant vers son statut d'adulte.


On ne forme pas un adulte en lui faisant lire du Marvel.
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Dunkleosteus
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Dunkleosteus »

A sandrinef

Je ne suis pas en désaccord avec ce que tu dis. Je n'ai rien contre la culture classique, au contraire elle est d'un grand secours pour comprendre des œuvres plus grand public (a moins que ce ne soit l'inverse). Star wars est bourré de mythes, Dark Vador peut autant être comparé a Fuseli (le père d'hamlet) qu'a kronos; dans Hulk il y a du hercule, du dr Jekill et Mr Hide et tout ça sur fond d'interrogations posées par l'entrée de l'humanité dans l'age atomique.
Il y a un enrichissement mutuel entre ce qui est considéré comme du divertissement populaire et les formes moins facile d'accès de culture. Donc je suis pour les 2 et j'ai un pied dans les 2.
pour la définition de mainstream: une autre fois peut être :P

a ygniel

1/ c'est curieux d’être accusé d'être le fossoyeur de la culture alors que quelques semaines avant sur un autre topic j'ai été accusé de "sacraliser le savoir".
2/ S'agissant de l'histoire
Un exemple parmi d'autres possibles : comment peut on imaginer comprendre les idées qui mènent à la révolution si l'on ne sait ce qu'est la monarchie absolue à la française ?

Je ne vois pas l'incompatibilité avec ce que je dis. mois je me situe plus dans le débat entre une histoire par le récit et une histoire par les notions. l'historien que tu as cité est pour le récit et de memoire je sais que fabrice Fabrice d'Almeida est plus orienté notion (les 2 avaient débattu d'ailleurs). Moi ça me semble assez secondaire.

3/
Qu'apporte l'étude des Marvels ?
1) déja l'article parlait d'un public étudiant et non des enfants.
2) tous ceux qui ont planté l'industrie française feraient bien de prendre des cours de Marvel, juste pour voir comment ils ont fait pour redresser une entreprise moribonde et la transformer en usine a cash. Ils feraient bien aussi d'aller voir comment Hollywood a rebondit après avoir été dans le creux de la vague au début des années 2000.
3) Les comics, en successeur des contes de fée sont fait pour faire réfléchir. D'ailleurs les philosophes utilisent souvent la fiction. de la grotte de platon au génie de descartes en passant par l'etat de nature de Rousseau ou Hobbes et son "de corpore". Toutes les notions qui focalisent l'angoisse de notre être et de notre temps y sont abordés: liberté,justice, anticipation des crises futures, dilemme éthique, définition et devenir de l'homme, l’intolérance des sociétés humaines, l'humanité et la surhumanité/ l’éloignement de l'homme, capacité de l'humanité a être le pire et le meilleurs pour elle même, la technologie et la responsabilité ainsi que la redéfinition des valeurs qu'elle entraine.....etc
le programme n'est déjà pas mince, mais si on rajoute le volet historique il devient encore plus généreux car c'est comme la neige du pôle nord, ça capte l'atmosphère de notre époque.

donc est ce qu'il y a un intéret? oui!

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Flamb'
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Flamb' »

Comme ce sujet me tient à coeur, je ne sais pas si c'est parce que j'ai une poignée de prof/instit/directrice d'école dans ma famille ou si j'ai juste l'impression que si l'on veut que les humains ne fassent pas de conneries il faut avant tout les éduquer... Parce qu'un humain n'apprend pas la vie tout seul héhé.

J'ai commencé par le début et donc vu la vidéo "éducation nationale grand corps malade", c'est dingue comment cette vidéo est encore d'actualité. La question des IUFM et des corrections de bac m'étaient complètement inconnues !
Ma grand-mère qui fut instit et directrice d'école maternelle regrette la fermeture des Ecoles normales, espère qu'un jour les profs apprendront avant tout à transmettre correctement plutôt qu'à venir uniquement avec un bagage universitaire...

Bref j'aurai pleins de choses à dire, mais d'abord, j'ai vu sur TED deux conférences (qui n'ont rien à voir avec l'éducation nationale française), qui parlent de l'école

une de Ken Robinson datant de 2012
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=AZa3ejWlNVY[/BBvideo]

Et un gamin de 13 ans qui a décidé (avec sa mère) de ne plus aller apprendre dans un établissement scolaire normal:
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=zMxj0E4yKJY[/BBvideo]

Il y a pas mal de chose à souligner là dedans :
-Ken Robinson dit que dans le monde entier, tout les systèmes éducatifs publiques se sont en grande partie créés au 19ieme siècle, en parallèle à l'industrialisation (et là on peut faire un gros résumé du genre "en fait les systèmes éducatifs publiques actuels ont été créé à l'époque de l'industrialisation, pour former des travailleurs. Pas pour éduquer les enfants et leur permettre de développer leur chemin personnel." Je sais c'est un peu plus subtil que ça, et ça a quand même apporté beaucoup de choses aux sociétés, ces systèmes éducatifs publics. Néanmoins je ne l'avais jamais vu par ce prisme là de l'industrialisation, et ça justifie donc pour beaucoup qu'il y ait eu une valorisation de certaines matières vis à vis d'autres (Robinson nous parle de l'échelle de valeur)
-Le gamin note que les adultes, à la réponse "que veux-tu être quand tu seras grand?" ils attendent une réponse du type "médecin, pompier, architecte, vendeur de bonbon..." bref des métiers. Alors que en vrai, la plupart des enfants aimeraient juste pouvoir dire "je veux être heureux, je veux être skateur professionnel"

voilà je reviendrai plus tard :)

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Dunkleosteus »

on ne peut s'empêcher lorsqu'on a été éduqué à juger, faire des liens entre l'époque et sa production littéraire, de se dire qu'il est bien triste ce monde où nous vivons, qui voit l'avènement de héros en collants à la morale très manichéenne, incapables de voir le monde autrement qu'en noir ou blanc, et pour lesquels une bulle de deux lignes est un déjà discours.
Je reviens parce que je n'avais pas vu cette phrase et qu'elle me fait bondir. Plutôt que de me lancer dans une réponse détaillée je vais donner ma bibliographie pour ceux qui veulent boire à la source claire:

Image

"Super heros et philo" de Simon Merle. Un ouvrage concis mais très dense en idées. La question du costume y est d'ailleurs abordée et très bien expliquée.
Simon Merle écrit aussi des chroniques sur l'Obs http://leplus.nouvelobs.com/superherosphilo

Image

"Sociologie des super héros" de Thierry Rogel: Je n'ai encore eu la chance de le lire mais j'ai déjà entendu quelques analyses de cet auteur et elles sont très intéressantes (notamment pourquoi "intouchables" peut être considéré comme un film de super heros")

Image
un dossier qui illustre l'influence des évènements historiques sur les comics (guerres mondiales, prohibition et monté de la criminalité, antagonisme Est/Ouest, grandes découvertes scientifiques...)

Image
Dans ce dossier il est beaucoup question de l'aspect artistique mais pas que...
A cet égards il y a un article très intéressant sur les "protosuper-héros" (Du héros mythologique au comte de Monte-Cristo en passant par la Geste arthurienne)

Et dans une moindre mesure:

Image

ouvrage intéressant car il illustre bien l'idée de pluralité de niveau de compréhension des histoires apparemment enfantines
incapables de voir le monde autrement qu'en noir ou blanc, et pour lesquels une bulle de deux lignes est un déjà discours
la preuve du contraire en image:

Image

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par madeleine »

Merci Dunkleosteus ! Je pense que le sujet des super héros (de tous les temps) mérite que tu crées, si tu en as le temps, un sujet à part entière. Cela permettrait à tous les parents - dont je suis - de créer des parallèles entre cultures et valeurs diverses.
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par sandrinef »

Madeleine vient de me devancer ;) . Oui, pourquoi ne pas ouvrir un topic spécifique sur ce sujet? Parce que là, ça commence à ne plus avoir grand chose à faire en fait...
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Ucralo »

Yniel a écrit :Dans cette optique, une solide formation à propos des idées qui ont fondé notre monde actuel permet à chacun de comprendre les évènements en cours, et d'avoir la pensée structurée pour une analyse la plus pertinente possible en fonction des capacités personnelles.

Histoire : Un exemple parmi d'autres possibles : comment peut on imaginer comprendre les idées qui mènent à la révolution si l'on ne sait ce qu'est la monarchie absolue à la française ? Si l'on ne sait ce qu'on été les trois derniers rois avant la révolution, ce qu'ils ont apporté, ou comment vivait la population à ces moments là ?
Certes on peut penser qu'il est inutile de comprendre cette période... Pourtant ne sommes nous pas sous un système politique qui se base encore sur les acquis de la révolution ? N'avons nous pas en préambule de notre constitution celle de 1789 ? Comment comprendre nos droits, nos devoirs de citoyens, et ce qu'il se passe en ce moment sans connaître ces textes et les idées qui les ont amenés ?
Non je ne crois pas que ce soit être passéiste que de s'attacher à comprendre l'Histoire. Et je ne vois pas ce qui peut permettre à un enfant, dont le cerveau n'est pas achevé, dont la structure analytique n'est pas encore présente, de comprendre et de faire des liens entre des idées présentées dans le désordre, sans vrai lien logique autre que ce qu'un adulte est capable de faire parce qu'il a les connaissances qui le lui permettent.
Apprendre des dates, apprendre des faits, dans l'ordre, apprendre à les comprendre ensuite. Pour saisir le fil directeur, l'évolution des idées. Et être capable de repérer les mêmes schémas sous-jacents à l'évolution de notre époque.
Et voter en connaissance de cause, parce que c'est le seul pouvoir que nous ayons.
Voter en connaissance de cause ? Actuellement, j'ai une opinion très négative sur l'efficacité de l'enseignement actuel de l'histoire pour aider à voter en connaissance de cause.

Pour savoir pour qui voter, j'ai besoin de savoir quelle politique est efficace. Par exemple, admettons que l'on baisse telles et telles charges pour les entreprises afin de favoriser l'emploi. Certaines embaucheront plus. D'autres feront simplement plus de bénéfices. Mais, au final, dans quelle mesure on gagne par rapport à ce que l'on perd ? Combien ? Quels sont les rouages ? Comment tout cela fonctionne-t-il ?
Quand je me pose ce genre de question, j'ai vraiment l'impression que ce que j'ai vu en histoire à l'école m'a extrêmement peu servi pour essayer de juger quelles politiques sont bonnes et lesquelles sont mauvaises. Je me sens ignorant.

D'ailleurs, quand je repense à tout ce qui manque à l'école, je me dis que, à l'école, il n'y a presque pas d'économie, presque pas de droit, presque pas de politique, aucune analyse sur les techniques de manipulation dans les discours (ex : en politique)...

Certes, en histoire, on apprend parfois quelques trucs sympas. Par exemple, j'ai bien aimé la révolution française et le fordisme. Mais, dans mes souvenirs, à l'école, l'histoire, ça consistait surtout à apprendre des choses peu utiles pour le jour du contrôle et les oublier ensuite. Par exemple, une fois, je devais apprendre par cœur la succession des rois de France. A quoi ça sert pour savoir pour qui voter ?

Ces connaissances, futiles toute seules, sont probablement utiles si on décide de les approfondir. Par exemple, apprendre des dates bêtement par cœur, ça ne sert à rien tout seul, mais ça fait un socle sur lequel on peut approfondir. Mais, pour savoir pour qui voter, pourquoi approfondir l'histoire lorsqu'il est plus important de combler le grand vide de connaissances en économie, en droit et en politique ?

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Euthyphron »

Flamb' a écrit : La question des IUFM et des corrections de bac m'étaient complètement inconnues !
Ces deux questions peuvent nous aider à retrouver le sujet. J'y vois pour ma part deux illustrations de mon hypothèse selon laquelle c'est volontairement que les politiques éducatives sont inefficaces par rapport aux finalités traditionnelles de l'enseignement.
Commençons par la formation. Bizarrement, ce n'est que récemment qu'on a considéré que le métier de professeur devait s'apprendre avant de se pratiquer, alors que les instituteurs, eux, étaient formés à ce qu'on appelait l'école normale. C'est que l'on considérait qu'un professeur devait avoir un niveau de connaissances suffisamment élevé pour être juge lui-même de la bonne façon de le transmettre, ce qui témoigne d'un grand respect pour le savoir. Une année à observer un ancien devait suffire. Pour ma part, j'ai connu une phase de transition, où nous recevions une petite formation reconnue comme bidon y compris par ceux qui nous la dispensaient (et qui n'intervenait en rien dans la titularisation) en parallèle et en alibi d'une entrée brutale et sans préparation dans le métier (50% du temps à faire cours, 50% à s'ennuyer en "formation").
Puis sont venues les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres), que je n'ai donc pas connues, mais dont j'ai toujours entendu dire pis que pendre.
Voici comment j'interprète l'expérience : un professeur qui va débuter a besoin qu'on l'aide à devenir un maître, c'est-à-dire à se faire respecter d'abord (demande quasi universelle et légitime : comment faire pour avoir de l'autorité?), mais aussi à devenir clair et intéressant, afin d'être le chef d'orchestre de son propre cours. Selon tous les témoignages que j'ai entendus, ce n'était pas du tout l'esprit des IUFM. Le message des IUFM peut se résumer ainsi : "Obéis, et anime". C'est que le professeur à l'ancienne est évidemment motivé par les finalités normales de l'école : la promotion sociale, l'enseignement de l'autonomie intellectuelle. Il faut le décourager dans cette voie, le persuader que le savoir n'a aucune importance, qu'il suffit d'appliquer les consignes en donnant aux enfants des activités qui les occupent et qui sont censées les mener à l'objectif de la leçon. En caricaturant, le professeur débutant apprend à faire tout dans sa classe, sauf cours. Evidemment, c'est un peu anxiogène.
Cet exemple est un cas d'inefficacité dans l'inefficacité. Les très nombreuses critiques formulées à l'égard de la déformation subie dans les IUFM ont montré le caractère contre-productif de ces derniers, au point que la droite au pouvoir a pu penser supprimer carrément toute formation sans faire de vagues. Je ne sais pas où on est aujourd'hui.

L'exemple du bac, à l'inverse, témoigne de la remarquable efficacité du système. Car même en insistant sur la nécessité de noter avec indulgence, le pari d'amener plus de la moitié d'une classe d'âge au bac n'était pas gagné d'avance, et il a été gagné sans problèmes. Evidemment, cela a un prix. Il fallait renoncer à l'idée d'un examen qui témoignerait d'aptitudes particulières. On peut dire que c'est fait : tout le monde peut avoir le bac, il suffit d'obéir. Seuls les élèves manquant de sérieux sont en danger, et encore, certains réussissent quand même à obtenir le bac. Donc, c'est une vraie réussite. Mais évidemment, au prix d'un affaiblissement du niveau intellectuel des cours dispensés au lycée. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs.

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Dunkleosteus
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Dunkleosteus »

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Yniel
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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Yniel »

Dunkleosteus, je pense que finalement nous parlons un peu de la même chose... Je n'avais pas lu la contribution dont tu me parles.
Sauf qu'on oublie de préciser un truc : Si Marvel peut être intéressant, c'est après avoir formé son bagage littéraire, artistique, critique. Et où l'apprendre ce bagage ?

Pour les enfants, introduire directement des problématiques d'adultes, c'est leur enlever toute possibilité de se former pour être réellement capables de les comprendre.
Tu le dis toi même, Marvel à la Fac. A l'école ? Non. Et l'éducation nationale s'arrête au bac.
(et quand à trouver des choses intéressantes chez Marvel, pourquoi pas ce serait à étudier, un sujet dessus me plairait bien, mais si perso j'ai cette réaction à propos de cette littérature, c'est justement que l'ayant lue enfant je ne pouvais voir au delà d'une BD telle que je décris ça encore...)

Or ce que moi je fustige c'est cette tendance actuelle de simplifier l'école pour la rendre accessible sans efforts. D'y faire entrer ce que les enfants ne peuvent comprendre. Et ce quelque soient les sujets.

Pour Ucralo :
Voter en connaissance de cause ? Actuellement, j'ai une opinion très négative sur l'efficacité de l'enseignement actuel de l'histoire pour aider à voter en connaissance de cause.
Oui et justement c'est là le soucis. D'où le sujet de cette discussion je pense.
EN grand corps malade parce qu'il ne sert plus à ce pour quoi il a été créé.

Et si tu penses que ce que tu as vu à l'école en Histoire ne t'a pas ou peu servit c'est justement là le soucis.
Tes professeurs n'ont su t'apporter ce qu'il fallait = ils n'étaient pas formés dans cette optique.
Le programme tel qu'il est actuellement n'est plus adapté non plus.
Ce n'est pas l'enseignement de l'Histoire qu'il faut remettre en cause, c'est ce qui en est fait actuellement. Or actuellement on remet en cause l'utilité de l'Histoire au lieu de remettre en cause les réformes qui ont conduit à en faire une matière inintéressante et inefficace pour former le futur citoyen.

Quelques liens intéressants pour saisir l'évolution actuelle :
Etude de l'évolution des résultats au bac général
Etabli à partir du tableau donné en annexe 1, ce graphique laisse apparaître quatre grandes périodes :.....
c) De nouveau, une très forte croissance entre 1985 et 1995, correspondant à un taux de croissance annuel moyen de plus de 5 %. Cette très forte croissance correspond à l'objectif annoncé de 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat, qui n'a cependant pas été atteint.
....
Il semblerait que le facteur démographique ait peu d'influence sur ces phénomènes de hausse et de baisse.
...
Alors à quoi est dûe l'explosion des admis au bac général entre 85 et 95 ? Certainement pas à une meilleure formation dispensée... on ne change pas à la hausse la qualité d'une formation en aussi peu de temps.
Etude cette fois en tenant compte des bacs techno et pro
Comme d’autres examens, le baccalauréat est marqué depuis plusieurs décennies par une tendance générale à la hausse des taux de succès, qui dépassent maintenant 80%, en moyenne, lors des dernières sessions, contre moins de 70
% par exemple au cours des années 1970 et à peine plus de 60% dans les années 1960
Propositions pour une évolution du baccalauréat
Un article du Figaro (même si je n'aime pas le figaro, des fois il y a des trucs qui ressortent)
Statistiques de l'INSEE pour 1997-2009
« La vérité est recherchée pour elle-même. Et ceux qui sont engagés dans une quête du savoir par goût de la vérité ne sont pas intéressés par autre chose. La recherche de la vérité est difficile et la route qui y conduit est ardue... »

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Dunkleosteus »

Alors que je lisais un article sur SCIENCES HUMAINES, je tombe sur ce passage, au sujet d'une étude que je ne connaissais pas du tout :
Le chercheur Frédéric Tupin (7) a par exemple montré que dans un panel de professeurs de français, ceux qui réduisent le plus l’écart de réussite entre les élèves de familles populaires et les autres au collège sont ceux qui n’hésitent pas à introduire en classe l’étude de récits issus de la culture de masse, en l’occurrence des séries télévisées. Leur objectif est de faire passer les élèves de ces scénarii, qui leur sont familiers, à une pratique plus exigeante de la lecture et de l’écriture. Mais le chercheur souligne que pour satisfaire cette ambition, il leur faut aussi une grande rigueur pédagogique et didactique
http://www.scienceshumaines.com/pourquoi-noter-les-eleves_fr_22082.html

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Re: L'éducation Nationale, grand corps malade

Message par Steady »

Yniel a écrit :EN grand corps malade parce qu'il ne sert plus à ce pour quoi il a été créé.
Je suis absolument d'accord, je pense que du moment qu'on tente de rentabiliser l'éducation, il est possible d'en tirer absolument tout sauf de l'éducation, justement.

En étant dans les études, je regarde ce phénomène avec beaucoup d'intérêt. Je vais probablement utiliser les mauvais termes mais : j'aime l'inutilité de ce que j'apprends. Je vois cela comme une matière un peu livide, informe, mais surtout modulable. Je peux en faire ce que je veux.
Le fait qu'on ne m'impose pas une connaissance, qu'on ne m’aiguille nulle part, est un soulagement. Ici, je parle de la fac et c'est sensiblement différent du Lycée, et donc dans l'éducation nationale. Mais c'est ce qui est intéressant : je peux faire une comparaison. Je trouve que la décharge d'informations futiles a du sens car elle attise ma curiosité, donne du carburant à mon cerveau.
Et j'ai du temps libre pour digérer, retourner mentalement les connaissances, et m'ennuyer. M'ennuyer pour trouver d'autre choses, apprendre et voir d'autres choses. Et c'est ça qui créer une harmonie : j'ai le recul nécessaire pour être le juge de ma propre éducation.

Lorsque vous êtes plongés dans un système de rentabilité, vous n'avez plus le temps pour rien, et c'est bien ça le problème. Un esprit peu être rapide, il lui faut un temps nécessaire non d'assimilation mais de recul sur les connaissances assimilées. Donc du temps libre.
On parle souvent d'éducation, mais peu de comment elle est pratiquée en terme d'aménagement du temps. Dans l'éducation nationale, c'est probablement sur la liste des choses à revoir.

En fait je suis pour le balancement de cours qui n'ont en soi pas grande rentabilité. Car cette dernière est à mes yeux la bête de l'EN. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai l'opportunité d'être dans la vie étudiante, et d'être ainsi en confrontation avec ce qui ce dit, de capter le ressentit général.
Pour l'instant, c'est l'impression que tout le monde veut en tirer des bénéfices qui me laisse perplexe. C'est difficilement explicable, mais il y a une consommation de la culture et de l'éducation, une consommation en masse, qui fait qu'elle perd de sa qualité. L'industrie culturelle, quoi.
La motivation pour apprendre devient l'argent, et il y a quelque chose d'abrutissant là dedans.
Cela crée une compétition effrénée et idéalise l'excellence : au dépit de la qualité de l'enseignement, de ce qu'il est possible d'en tirer d'un point de vue humain.
Parce que le diplôme garantit le prestige, et celui-ci garantit un bon métier. ( et encore, c'est moins sûr à l'heure actuelle. )
D'où l'engouement démesuré pour les grandes écoles, les enseignements dit d'excellence.

Il faut aussi se rappeler que l'éducation nationale est un système publique. Qui dit publique, dit État. Qui dit État dit se référer à la situation économique dont l’État est dépendant quoiqu'il fasse. L’État veut rentabiliser l'éducation nationale, qui est comme dit plus haut par Yriel, pas du tout a fonction première de cette institution.
C'est comme si vous demandiez à un poisson rouge de monter à un arbre.

Je ne traite là qu'une partie du problème en fait, parce que je mets seulement en relation la situation actuelle de l'EN avec la situation économique actuelle. Je ne m'attaque pas aux situations à l'intérieure même de l'éducation ( cad les profs, la manière d'enseigner ). Je trouve que c'est une approche assez externe du coup. Mais ça m'a permit de comprendre que c'est un problème beaucoup plus complexe et vaste, et que tous les facteurs et variantes de l'EN sont rattachées à un même socle. Si celui ci vacille, si il y a un problème, tout le monde est touché.

Pour résumer, je pense que l'éducation est actuellement ( et depuis je ne sais combien de temps, j'ai du mal à situer ) dépendante de la rentabilité/l'économie, et qu'elle tend vers l'acquisition d'un métier plutôt qu'un quelconque épanouissement intellectuel. Et étant donné son manque de compatibilité avec ce système, il n'est pas étonnant de voir à quel point elle et ses acteurs en souffrent.

Ou pour citer :
Euthyphron a écrit :L'école actuellement fabrique des gens qui se servent de leur cerveau non pour avoir une réflexion critique sur leur monde, mais juste pour avancer vers la fin. Et servir.
Ça me fait penser au mouvement réactionnaire "Slow Science". Cela concerne les scientifiques se plaignant de la science appliquée ( celle qui peut servir directement, sur le terrain ) au dépit de la science fondamentale ( la science pour la beauté de la science, pour la découverte et la recherche ) qui n'a aucun but lucratif.
D'ailleurs, la science au départ ( quand je dis science, j'entends toutes les sciences, c'est marrant parce que pour légitimer une discipline y a rien de plus classe que l'utilisation du mot "science", enfin bref. ) c'était juste un truc pour les curieux.

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