Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Zyghna
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Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Zyghna »

Un nouveau topic qui risque de faire couler beaucoup d'encre ^^

Au départ, une question de Cyrano à propos d'une remarque que j'ai faite:
Cyrano a écrit :
Zyghna a écrit :Non je ne parle pas de progrès, parce que je ne trouve pas que les libertés individuelles soient un progrès, juste un changement. Parce que au final, elles ne rendent pas plus heureux.
Tu pourrais en dire plus Zyghna ?

Parce que ta phrase, si je l'ai bien comprise, elle me fait halluciner. :shock:

(Avant de répondre, je voulais être sûr...)
Avant de développer un peu plus cette idée, il faut rappeler que je suis totalement façonnée par l'Histoire: toute ma manière d'appréhender le monde, les gens, est toujours rapportée à ce qui a existé, et pas seulement à ce qui existe. Bref un recul historique sur les idées de quasi 10 000 ans et de plusieurs dizaines de milliers d'années pour ce qui concerne la vie pratique, technique.
Donc en ce sens, la notion de progrès me fait doucement rire car ce qu'une civilisation considère comme du progrès, la suivante le déconsidérera souvent.

Revenons-en aux libertés individuelles. Elles paraissent totalement essentielles à notre société puisque l'individu est mis au dessus de tout, conception qui s'est grandement développée pendant la période dite des Lumières. Le "je" a alors pris un essor considérable avant d'être porté aux nues par le système capitaliste.
Mais en même temps, le groupe s'est amoindri, les liens inter-professions, inter-générationnels se sont atténués.

Au final, l'individu est glorifié, empli d'une liberté physique sans précédent. Mais au final, ça ne change pas grand chose pour sa liberté morale: est-ce parce qu'on peut s'exprimer à grands cris sans se faire arrêter que l'on est plus libre dans sa tête? En ce sens, la liberté individuelle est comme l'argent: elle peut contribuer à rendre heureux, mais elle ne fait pas le bonheur, on peut même être totalement libre dans sa tête, dans son coeur dans un pays où les libertés individuelles sont faibles.
Il ne faut pas se leurrer, les carcans de la société sont toujours là, ils se sont juste déplacés.
Nombre d'entre nous sommes arrivés ici parce que nous ne nous sentions pas libres d'être nous-mêmes, trop différents des autres, trop exclus.
Bien sur je ne conteste pas l'acquis des Droits de l'Homme, parce que cela fait partie de notre façon de concevoir le monde. Mais c'est une conception, pas une vérité universelle, et de cela il faut en avoir conscience.
Quand on regarde en arrière ce qui a existé (ou ce qui existe ailleurs), il y a toujours danger à appliquer notre schéma de pensée. On peut comparer mais en aucun cas substituer.

Tout cela pour dire que la notion de progrès implique une hiérarchisation. Sauf que ce n'est pas mieux qu'avant, c'est différent. La façon de vivre diffère, les attentes diffèrent. Aujourd'hui on met en avant les libertés de l'individu, avant c'étaient celles du groupe qui primaient au détriment de l'individu. Était-ce pour autant moins bien?
Sortons donc de cette vision manichéenne (je lis pas mal de bouquins asiatiques en ce moment et revient toujours cette critique sur la pensée occidentale: une vision dualiste), rien n'est aussi simple.
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Coccinelle
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Re: Progrès et libertés individuelles

Message par Coccinelle »

d'abord je m'interroge sur une chose: quand tu dis que les libertés individuelles ne rendent pas plus heureux; comment un historien, un archéologue peut-il juger du bonheur du peuple de jadis? Parce que déjà à l'heure actuelle, je ne sais pas comment évaluer le bonheur d'un peuple et des individus qui le consistuent.

D'autre part, le progrès a tout de même permis au niveau des soins de santé de soigner en masse, de soigner les plus démunis qui n'avaient pas accès à la médecine il y a quelques siècle par manque d'argent, et surtout parce que les antibiotiques n'existaient pas, parce que un patient cardiaque ne pouvait être soigné, parce que les enfants mourraient en grand nombre à la naissance. J'ai du mal à me dire que les mères d'il y a 500 ans n'aimaient leurs enfants nouveau-nés, même si avant 2 ou 3 ans on ne leur donnait pas de nom, même si les enfants n'étaient pas encore considérés comme des être humain à part entière, je suis peut-être trop formatée pour envisager de penser que ces mères qui voyaient leur progéniture mourir en bas âge ne soient malheureuses comme les pierres. Comme j'ai du mal à m'imaginer que les mariages imposés chez les nobles où les femmes n'avaient aucun mot à dire sur le choix du mari puissent être heureuse de devoir partager leur lit avec un homme qu'elles n'aimaient point, ou pire qu'elle détestaient. Je ne cite que ces exemples là car je ne pense pas qu'il soit ici question d'énumération des progrès ou de ce que je considère comme des progrès.

Peut-être que tu ne parles pas ici de ces libertés individuelles là? dans ce cas je suis HS.

Je ne pense pas non plus être manichéenne, ou opposer ce qu'on vit à ce qui a été vécu, mais il me semble quand même que certains progrès sociaux, médicaux et scientifiques nous permettent quand même de ne pas avoir au centre de nos préoccupations certaines choses vitales qui devaient je pense bien préoccuper nos ancêtres. La vie au sens de rester vivant et de voir ses proches rester vivants est quand même est quand même pour moi quelque chose d'essentiel.

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Re: Progrès et libertés individuelles

Message par Zyghna »

Je ne parle pas de progrès scientifiques, il y a déjà un topic là-dessus. Je devrais peut-être renommer mon topic en "les libertés individuelles sont-elles un progrès". Quant au choix du mari, j'ai déjà eu pas mal de discussion là-dessus, notamment avec des Indiennes qui ne comprenaient pas ce que nous apportait de choisir notre mari parce qu'au final, ça finissait souvent en divorce chez nous car l'amour ne durait pas souvent. Comme quoi tout est question de point de vue et d'éducation.
Comme souvent, je me fais l'avocat du diable pour forcer la réflexion sur des choses que nous trouvons évidentes, et qui pourtant ne le sont pas tant que ça pour d'autres, d'autres personnes, d'autres temps.
Et pour le bonheur, c'est un thème qui revient assez régulièrement dans les écrits (grecs, romains, médiévaux, modernes), et effectivement on voit bien à quel point la définition fluctue suivant les époques.
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Cyrano
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Cyrano »

En même temps ma conception du progrès, je ne peux l'avoir qu'à ma propre échelle, c'est à dire ancrée dans le monde dans lequel je vis. Je ne vois pas en quoi je serais légitime pour décider qu'on était heureux ou pas il y a 5000 ans. Et comme le dit cocc, personne ne peut répondre à cette question.

Moi je ne sais pas...il y a comme un truc qui me gêne avec tout ça. On peut parler du passé, et se dire que c'était différent, mais pas forcément pire...qu'on juge avec les yeux de l'ère dans laquelle nous vivons....ok.

Mais comme de toute façon, on ne sait pas, moi je m'appuie sur des faits, et estime que la liberté d'une femme à choisir de vivre avec un homme, ou une femme, ou toute seule, ou avec un chien borgne, c'est quand même mieux qu'une gamine de 14 ans à qui on fourgue un "mari" (je dis ça pour l'exemple que tu cites, mais il y en a bien d'autres).

Pour reprendre une idée abordée par Ruru quelque part, je dirais que le progrès objectif est celui qui prolonge la vie (dans le sens large).

Il en va de même pour ma liberté de disparaître, de manifester dans un meeting de Mélenchon, de partir vivre au Cambodge, ou d'aller bouffer une crêpe, et tout ça sans risque de me faire charcuter en route...

Je suis peut-être naïf, et peut-être aveuglé par ma petite échelle, mais je suis persuadé que les libertés individuelles sont un progrès. Parce que je ne suis pas une fourmi prête à mourir pour la fourmilière. Je suis libre de faire ce que JE veux, et en plus sans faire de mal à qui que ce soit. Bah je préfère ça moi...

J'ai pas trop compris ton propos sur le fait d'être heureux ou pas suivant l'époque...si le propos c'est de dire que c'est pas parce qu'on vit au 21ème siècle qu'on est plus heureux qu'au 19ème...bah oui. Raisonner au niveau de l'individu pour en tirer des conclusions sur une époque ça veut rien dire.

En revanche, j'ai envie de dire que les conditions de vie du 21ème siècle offrent plus de chances d'être heureux que celles du 19ème. Mais à mon sens, il y a une grande part de subjectivité dans cette affirmation. Après tout, ça dépend de la conception du bonheur de chacun, et de ce qu'il attend de la vie. A mon avis, il y aura autant de réponses valables à ta questions, qu'il y aura de gens prêts à y répondre.

Parce que les notions de progrès et de liberté sont elles-mêmes assez subjectives, et peuvent être largement orientées par des convictions politiques par exemple, ou morales.

C'est pour ça que je ne vois pas comment on peut parler de tout ça sans se placer face à son propre ressenti, qui est lui-même ancré dans une époque bien précise.
On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d'être
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Fabs le vaurien »

Au coté statique des Libertés s’oppose la notion versatile, graduelle de celle de progrès.
Le progrès est un mouvement pas forcement brutal qui s’inscrit dans un contexte précis. Il résonne comme une évolution là où les libertés constituent un cadre à peu près figé.

Aussi, les libertés individuelles dont je joui ne constituent pas de progrès pour moi mais un postulat.
Par contre, mon vécu actuel s’inscrit dans une dynamique de société qui a progressé, évolué.
A progrès, on entend donc l’avancement, mais en même temps je ne suis pas convaincu qu’il faille lui attribuer des qualités positives ou négatives. Je pense même qu’étymologiquement, le terme est neutre.

Pour moi, les libertés apparaissent inévitablement comme le résultat d’un progrès, tout comme le fait qu’un jour, si on m’en prive d’une partie, ce serait également le résultat d’un progrès. Que ca améliore ou pas subjectivement la vie des gens ne supprime pas le fait que c’est bien de progès qu’il s’agit quelqu’en soit l’appréciation qu’on en aurait. Donc la question du bonheur n’a pas lieu d’être là.

donc la réponse à ta question zyghna est OUI.
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Pellucidar
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pellucidar »

Par manque de temps, je ne peu pas être long.
Je veux juste partager un lien avec vous.

ATTENTION, certaines scènes peuvent choquer.

[BBvideo 425,350][/BBvideo]

J'espère que je vais pouvoir exprimer ma pensée clairement.(un peu provocatrice, je l'avoue)

Il n'y a aucune différence en ce qui concerne la liberté individuelle entre cette période et maintenant d'un point de vue très personnel.

La seul différence est le colonisateur. Dans le film, l'homme blanc, dans notre monde actuel, la consommation.

“Ces “maîtres fous” ne sont-ils pas plutôt ou, mieux, simultanément des “esclaves raisonnables”, je veux dire accomplissant leur emploi d’esclaves jusqu’à adorer la toute-puissance du maître? En eux la mythologie colonialiste s’accomplit au-delà de l’imagination“ André Bazin

Imaginons un documentaire filmant les personnes fréquentant les magasins en période de solde, de fin d'année ou un samedi après midi dans une grande surface.
Cette frénésie à vouloir consommer, à toujours avoir plus/mieux.

"Ces "consommateurs" ne sont-ils pas plutôt ou, mieux, simultanément des "esclaves raisonnables", je veux dire accomplissant leurs devoir de consommateurs jusqu'à adorer la toute puissance du marché économique ? En eux la mythologie consumériste s'accomplit au-delà de l'imagination" JJ Pellucidar

L'illusion de la libre consommation. Publicités ciblées, organisation des produits en rayon, durée de vie limité des produits sont des exemples parmi tant d'autres qui donnent l'illusion de consommer ce que l'on veux.

L'illusion de la liberté à l'accès à la culture. L'uniformité culturelle avec l 'hégémonie des éditeurs, le nivellement par la bas des émissions dites culturelles à la télévision (ou l'on retrouve les mêmes personnes sélectionnées par les éditeurs), sans parler de l'aberration des prix dans l'art contemporain qui privent une foultitude d'artistes tout autant pertinent mais n'appartenant au sérail.

La liberté individuelle se gagne. Quelque soit le système, pour être libre et non pas se sentir libre, l'individu doit nager à contre courant de la bienséance.

Un parallèle avec la douance ? Revendiquer mes différences (quand elles sont clairement identifiées et acceptées) ma permis d'être libre, au moins sans attache ni "miasme" culturel ou et surtout (pour moi) éducatif.

Merci, d'avance, pour vos réactions.
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Pier Kirool
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pier Kirool »

La liberté, les libertés : Je me méfie énormément du concept, par opposition au déterminisme. Peut-être, comme selon (il me semble) Spinoza, nous nous croyons libres par ce que nous ignorons ce qui nous détermine. En l’occurrence, la biologie et la société nous déterminent certainement et je ne suis pas sûr de ce qui nous reste comme liberté réelle. Ceci mérite peut-être un autre topic.

Sinon, en société, je ne suis pas sûr du tout que toute liberté individuelle soit systématiquement un progrès. La liberté du plus fort face au plus faible, quel que soit le domaine considéré, ne peut pas toujours guider le système à mon sens. Dans une civilisation, (telle que je la conçois), l’équilibre entre fort et faible doit être régulé par la loi, et donc, la liberté individuelle « du plus fort » limitée.
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Coccinelle
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Coccinelle »

Pierre Kirool a écrit :La liberté, les libertés : Je me méfie énormément du concept, par opposition au déterminisme. Peut-être, comme selon (il me semble) Spinoza, nous nous croyons libres par ce que nous ignorons ce qui nous détermine. En l’occurrence, la biologie et la société nous déterminent certainement et je ne suis pas sûr de ce qui nous reste comme liberté réelle. Ceci mérite peut-être un autre topic.
Effectivement je pense que liberté individuelles dans le sens que Zyghna a donné au départ et la Liberté sont deux choses différentes, je pense qu'un topic à visée plus philosophique est peut-être bien, mais vérifie que le sujet n'a pas été abordé déjà (je me rappelle plus si c'est le cas).
Pierre Kirool a écrit :Sinon, en société, je ne suis pas sûr du tout que toute liberté individuelle soit systématiquement un progrès. La liberté du plus fort face au plus faible, quel que soit le domaine considéré, ne peut pas toujours guider le système à mon sens. Dans une civilisation, (telle que je la conçois), l’équilibre entre fort et faible doit être régulé par la loi, et donc, la liberté individuelle « du plus fort » limitée.
J'ai l'impression que tu parles plus de lutte des classes que vraiment de libertés individuelles comme définies plus haut, je peux me tromper aussi ;) . Mais pour rebondir, dans ce cas tu penses que les lois servent en grande partie à limiter la liberté des plus forts? parce que moi je n'ai pas cette sensation....

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Pier Kirool
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pier Kirool »

Par rapport au post de Zynghna, la conception qui met l’individu au dessus de tout & glorifié peut-être lue de deux manières : l’Individu en tant que soi seul, ou l’individu en tant que soi et ses semblables, les êtres humains étant pris comme un ensemble d’individus qui ont en commun plus de caractéristiques qu’ils n’en ont en différence.
Comme « la liberté des uns s’arrête là ou commence celles des autres », il m’est difficile de penser une liberté individuelle sans société « d’autres » autour. Evidemment, la liberté de penser et d’opinion, c’est parfait, ça ne gêne personne. Maintenant, par exemple pour reprendre l’exemple de Zynghna
Zyghna a écrit : est-ce parce qu'on peut s'exprimer à grands cris sans se faire arrêter que l'on est plus libre dans sa tête?
, on ne peut pas justement dire tout et n’importe quoi à n’importe qui. La liberté d’expression est limitée, par rapport aux concepts (racisme par exemple) ou aux récepteurs de ce qu’on fait ou fait faire (mineurs par exemple), et c’est normal à mon sens. Ce n’est pas qu’une question de protéger une classe faible (lutte des classes), mais aussi de protéger « les plus faibles » en tant qu’individus. Et c’est normal. Je pense même que ce n’est pas loin de définir ce qu’est une civilisation…
Donc, oui, je ne suis pas sûr que les libertés individuelles soient forcément toujours un progrès. Mais ce sont des contraintes librement consenties qui forgent la vie en commun, et toc, on retourne au topic sur la démocratie, ou l’on devrait être libre de choisir ses contraintes…
Se sentir libre d’être soi-même, c’est une question de position des uns par rapport aux autres, cela n’est pas toujours individuel, il me semble.
On se sent parfaitement libre parce qu’on sait que personne n’est libre de nous agresser pour ce qu’on est ; donc parce qu’on ne l’est pas entièrement. Impasse ? ou clin d’œil à ce que dit Fabs...
Fabs le vaurien a écrit : Pour moi, les libertés apparaissent inévitablement comme le résultat d’un progrès, tout comme le fait qu’un jour, si on m’en prive d’une partie, ce serait également le résultat d’un progrès.
?
Et concernant ta dernière question Coccinelle, Je pense que les lois devraient servir à pondérer les effets de l’imperfection des êtres humains. Le font-elles bien ou pas ? Je ne sais pas. Pas sûr. Moi aussi, je crois halluciner parfois.
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Mlle Rose »

Je ne suis pas sûre que "protéger" voire "sur-protéger" les "classes" ou "individus" faibles soient leur apporter plus de liberté individuelle non plus. Disons que la limite est faible entre l'étouffement et la garantie d'évoluer tranquillement (un peu comme avec les gosses). Sous une cape on n'est pas vraiment libre à mon sens. M'enfin chacun sa conception de la liberté...
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NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pier Kirool »

Je ne pense pas non plus que la sur-protection puisse être bénéfique. Je pensais à un mécanisme permettant d'essayer d'équilibrer les chances.
Dans mon idée, la cape n'est pas sur les plus faibles, mais sur les autres, permettant aux plus faibles de s'épanouir et d'exprimer leur liberté, ce qui nécessite de ne pas les étouffer, d'accord.
Tout comme je suis d'accord sur la faiblesse de la limite et la nécessité de garder la transgression des limites comme possibilité de progrès.
Alors qui décide de quoi et comment on fait ? A mon avis, en pratique, le seul moyen, c'est des mécanismes de type essai-erreur qui équilibrent les imperfections de part et d'autre : loi -> contournement/trangresion ou évolution sociétale -> nouvelle loi ou liberté -> abus -> loi ; une oscillation autour d'une position probablement difficile à fixer définitivement en raison des évolutions auxquelles on est soumis, desquelles on est acteurs.
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Monsieur Noir »

La liberté, les libertés : Je me méfie énormément du concept, par opposition au déterminisme. Peut-être, comme selon (il me semble) Spinoza, nous nous croyons libres par ce que nous ignorons ce qui nous détermine. En l’occurrence, la biologie et la société nous déterminent certainement [...]
Je pense que non, et que c'est même la raison d'être de la conscience : c'est le seul mécanisme suffisamment autonome pour faire des choix. En gros un système capable de se modifier lui-même, d'abord par un influx nerveux qui ne serait pas arrivé si on avait choisi une autre alternative. Aussi vrai que la biologie et l'environnement a un effet sur la pensée, celle-ci en à un en retour sur l'environnement. Sinon il n'y aurait nul besoin de conscience, un organisme plus simple et non conscient ferait tout aussi bien l'affaire.

Après, que les termes des choix soient limités voire dirigés, c'est certain et c'est heureux.

Oui, bon, je vote pour le nouveau topic...
A la recherche de l'imperfection parfaite.

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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pier Kirool »

Monsieur Noir a écrit : Oui, bon, je vote pour le nouveau topic...
Je m'occupe de lancer le sujet dès que possible, si personne ne l'a fait entre temps.
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pixelvois
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par pixelvois »

As-tu vérifié que le sujet n'a pas été déjà abordé, comme te le suggérait Coccinelle :
Coccinelle a écrit :je pense qu'un topic à visée plus philosophique est peut-être bien, mais vérifie que le sujet n'a pas été abordé déjà (je me rappelle plus si c'est le cas).
Tiens, si ce n'est pas fait, je te file un coup de main ;) , voici ce que j'ai trouvé s'en rapprochant peu ou prou : 2 topics qui "s'attaquent" à des libertés "appliqués" ( si j'ose dire ) : Et un topic qui s'en éloigne, tout en restant ( un peu ) dans le thème : Je ne dis pas que la liste est exhaustive, mais de regarder déjà dans ces coins là... et de chercher un peu plus éventuellement :wasntme:
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Pier Kirool »

Merci pixelvois de m'avoir aiguillé.
Déjà le topic liberté(s) est très riche et tourne autour du concept de déterminisme effectivement.
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stefan31
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par stefan31 »

quelle est votre définition de libertés individuelles?seulement les art 9 et 10 de la cedh concernant la liberté de penser et de s'exprimer? parce que sinon c'est un progrès qu'un juif ne puisse plus être déporté pour finir un peu plus tard brûlé dans un four crématoire non? L'état de droit c'est un progrès?

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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Mlle Rose »

L'idée quand même pour pouvoir débattre c'est d'être assez explicite pour que ce soit possible.
Là ben... je suis peut-être la seule mais je ne comprends pas du tout où tu veux en venir ni le rapport avec ce qui précède.
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NB : Je ne réponds pas aux questions perso en mp, je manque cruellement de temps pour ça et déteste répondre aux gens à l'arrache. Donc... merci d'éviter :f:

stefan31
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par stefan31 »

je ne sais pas si c'était à moi que tu t'adressais, mais si c'est le cas pour moi
liberté individuelles = libertés fondamentales = droits fondamentaux,
après la seconde guerre mondiale les peuples ont compris qu'il n'y avait pas que le droit positif mais aussi le droit naturel, dans ce cens les libertés individuelles sont un progrès dans la mesure ou dans un état de droit une majorité ne peut pas exterminer une minorité , ce qui est possible dans une démocratie.

Et bien entendu libertés ind =sous entendu la reconnaissance des libertés ind évidemment

c'est pour ça que je demandais si vous considériez les libertés individuelles comme la seule possibilité de courir et crier dans le rue sans se faire arrêter comme dans l'exemple donné, ou pas

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Dunkleosteus
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Dunkleosteus »

Déterrage de topic

D'abord je vois pas bien comment on peut lier la répression des crimes de masse à la liberté individuelle, qui consacre l'individu comme seul juge de son propre bonheur et cherche à l'émanciper de la tutelle des ordres collectifs (religieux, étatique communautaires,etc)

Ensuite,la formulation de Zyghna est peut être un peu radicale mais n'en est pas moins lucide sur ce qu'est la modernité.
La liberté individuelle a un cout non négligeable que l'on sous estime trop souvent. Le caractère collectif et institutionnel des sociétés anciennes était très contraignant mais aussi très rassurant et pouvait aussi etre un support de reconnaissance très protecteur du moi de l'individus. Aujourd'hui l'individus est en première ligne partout, il sera le 1er tenu pour responsable de son sort et est embarqué dans une perpétuelle construction identitaire. On a troqué le statut contre le processus: l'exemple parfait est le couple. En le désinstitutionnalisant on lie sa survie a la production ininterrompu de sentiments,ce qui est loin d'être gagné d'avance. On invente par la même de nouvelles formes d'insécurités particulièrement puissantes.

La modernité c'est aussi l'invention de la déception. Entre le discours d'une société qui promet tout a l'individus et ses possibilités réelles d'accomplissement, il peut y avoir une très grande différence. Les echecs sont d'autant plus douloureux que dans la modernité ils sont interprété comme une faillite personnelle voir une moindre valeur et cela sans la défense psychique de l'appartenance a une identité collective forte (la classe ouvrière par exemple)
L'homme du passé n'était jamais déçu lui. Il savait exactement ce qu'il pouvait attendre de la société. Dès la naissance il était programmé pour remplacer ses parents.

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Serpentine
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Serpentine »

Bonsoir à tout le monde.

Je suis nouvelle sur le forum alors veillez pardonner mon éventuelle impertinence. Je dis cela car à vrai dire je suis en désaccord avec à peu près tout ce que vous avez raconté dans ce fil. En fait, il semblerait que vous parlez de concepts et de notions que vous ne définissez même pas, et cela a plutôt le don de m'agacer.

J'ai cherché "liberté individuelles" dans Google et je n'ai pas trouvé grand chose, mais j'ai quand même trouvé plusieurs textes de droit dont un intitulé "Les droits fondamentaux et les libertés publiques : Les droits garantis : les libertés individuelles". Je crois qu'il serait intéressant pour tout le monde de les lire. Parce que j'ai lu certains qui résument les libertés individuelles au consumérisme et à la société capitaliste. Mais des textes de droit que je viens de parcourir, ce n'est pas du tout cela apparemment.

Voilà les textes :

Les droits fondamentaux et les libertés publiques : Les droits garantis : les libertés individuelles

Les libertés fondamentales en France

Je me permets de citer juste le sommaire du premier texte :
1. La liberté d’aller et de venir
1.1 La garantie de la libre circulation en général
1.1.1 L’étendue de la liberté d’aller et venir
1.1.2 Les aménagements à la liberté d’aller et venir
1.2 Le régime particulier applicable aux étrangers
2. Le droit à la sûreté
2.1 Le droit à un juge indépendant
2.2 Le principe de la légalité des délits et des peines et la présomption d’innocence
2.3 Protection contre les arrestations arbitraires
3. Le droit à la vie privée
3.1 La protection du domicile
3.2 La protection de la correspondance
3.3 Le droit à l’image
4. Le droit à la vie et la dignité humaine
4.1 Le droit à la vie
4.1.1 Le droit à la vie et la peine de mort
4.1.2 Le droit à la vie et l’avortement
4.2 La dignité humaine
4.2.1 Le respect de l’intégrité physique
4.2.2 Le droit de mourir
5. La liberté d’opinion conscience et la liberté d’expression
5.1 La liberté de conscience, d’opinion et de religion
5.2 La liberté d’expression
5.2.1 Le contenu de la liberté d’expression
5.2.2 Les limites à la liberté d’expression
6. La propriété privée
Il y a une autre chose à laquelle je pense à propos des libertés individuelles et des libertés fondamentales (naturelles) et à propos des époques et épistémès passées et aussi le progrès. C'est que le progrès (scientifique, médical, sociétal, mais aussi des leçons apprises de l'histoire), les êtres humains tendent à améliorer leurs conditions de vie au fur et à mesure que le temps avance (et les libertés individuelles et fondamentales en font partie). Et je crois que le sommaire que je viens de citer est plutôt parlant à ce sujet. Il est question de la liberté d'aller et venir, du droit à la sûreté, du droit à la vie privée, à la vie, à la dignité humaine, etc... Nulle part je ne vois de mentions faites à une quelconque hypothétique liberté consumériste, de liberté à la vanité ou d'une liberté qui se définirait comme le nombrilisme porté à son paroxysme.

Alors, je m'interroge. Pourquoi ce sujet ? Pourquoi lancer un sujet aussi facilement et prosaïquement alors qu'il s'agit a priori d'un sujet grave, d'un sujet qui ne fait pas rire ?
"Personne ne reste bon en ce monde..."

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madeleine
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par madeleine »

Bonjour Serpentine :)
Je vais considérer que ton dernier paragraphe est une question rhétorique dictée par l'agacement.
A ton tour maintenant de répondre à la question initiale sous le prisme du droit que tu as choisi - mais qui ne s'impose pas a priori.
C'est ainsi que se déroulent les discussions sur le forum. Ça peut être compliqué au début pour les personnes (dont je fais partie :)) qui ont des certitudes dont la force est corrélée à leur angoisse.
L'état de droit, malgré tous ses aspects lumineux, ouvre la porte à des pratiques capitalistiques qui interrogent.
Comment se place ton raisonnement, dans cette perspective ?
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

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Serpentine
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Re: Les libertés individuelles sont-elles un progrès?

Message par Serpentine »

Je vais développer mon raisonnement au sujet des libertés fondamentales (plutôt que les libertés individuelles), car après tout c'est légitime de me reprocher de ne pas le faire.

Je vais repartir du message initial.
par Zyghna a écrit :En ce sens, la liberté individuelle est comme l'argent: elle peut contribuer à rendre heureux, mais elle ne fait pas le bonheur, [...]
Je crois que l'on peut commencer par définir le bonheur, puisque tu l'évoques. Le TLF (CNRTL) définit le bonheur comme un « État essentiellement moral atteint généralement par l'homme lorsqu'il a obtenu tout ce qui lui paraît bon et qu'il a pu satisfaire pleinement ses désirs, accomplir totalement ses diverses aspirations, trouver l'équilibre dans l'épanouissement harmonieux de sa personnalité. ». Cela fait beaucoup de choses en même temps.
  • lorsqu'il a obtenu tout ce qui lui paraît bon
Je crois que dans l'expression « qui lui paraît bon » on peut inclure « tout ce qui est nécessaire à sa survie », dont une partie des libertés fondamentales fait partie. On pourrait alors placer ici certaines des libertés fondamentales et naturelles : le droit de se déplacer, le droit à la sécurité, le droit à la dignité humaine, etc....
  • qu'il a pu satisfaire pleinement ses désirs,
La liberté d'expression et la liberté de conscience peuvent être placés ici, sans qu'il s'agisse d'une classification ontologique. Car on peut avoir le désir de s'exprimer, mais aussi avoir des désirs tout autres (sexualité par exemple). Et tous les désirs ne devraient probablement pas être satisfaits, s'ils sont malsains par exemple (mais ça c'est un autre propos).
  • qu'il a pu accomplir totalement ses diverses aspirations,
La liberté de conscience, d’opinion et de religion pourrait se classer également dans ce critère du bonheur.
  • trouver l'équilibre dans l'épanouissement harmonieux de sa personnalité.
Enfin, concernant l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, selon moi il s'agit d'un critère relatif à la santé mentale et l'adaptation sociale d'une personne au sein de son environnement. Je pense à un concept japonais qui s'appelle l'Ikigai, qui pourrait correspondre à la raison d'être et au sens de la vie d'une personne (mais on peut raisonnablement me reprocher que ce concept est un peu creux).

Mais là, on peut formuler d'autres arguments comme ça. On peut aussi dire que la santé contribue au bonheur mais sans pour autant le produire à elle seule. Ou la sécurité physique contribue au bonheur sans pour autant l'atteindre. En fait, c'est un faisceau de facteurs qui conduisent au bonheur. Mais pris un par un, isolément, c'est sûr qu'ils ne font pas le bonheur. Donc non l'argent seul ne peut pas faire le bonheur, mais c'est quand on en manque que l'on se rend compte de sa nécessité pour atteindre le bonheur (il faut avoir vécu dans la merde pour se rendre compte de cela). Et c'est la même chose pour la santé, la sécurité, la dignité, la propriété, et plus généralement pour tous les droits fondamentaux qui sont des droits naturels.

Pour ma part je ne suis pas venue sur ce forum parce que je ne me sentais pas libre, je suis précisément libre de le faire ou non. Ce qui ne me rend pas libre c'est mon état de santé qui nécessite des soins importants et que mes moyens financiers ne me permettent pas de combler. J'ai besoin de me déplacer sur Paris ou Rouen pour voir des médecins qui pourront m'aider. Théoriquement j'en ai le droit. Mais je n'ai pas les moyens, parce que prendre le train ça coûte de l'argent (et c'est encore plus vrai quand on est pauvre). Donc avec de l'argent (qui ne fait pas le bonheur) je pourrais largement contribuer à me faire soigner et poursuivre sereinement mon parcours de soin. J'aimerais également consulter une psychologue et avoir un suivi sur plusieurs séances, à la fois parce qu'il y a des suspicions de troubles autistiques chez moi mais que les médecins hésitent entre le TSA et autre chose, et qu'un autre psychologue me suspecte d'être surdouée. Mais je n'ai pas les moyens de payer des séances à 1000€ pour une évaluation complète (non je n'exagère rien sur les tarifs). Je suis exclu de par ma situation financière, et uniquement pour cela. Donc déjà, j'ai un petit exemple (limité à ce qu'il est et ce qu'il vaut) pour illustrer le fait que l'argent contribue significativement au bonheur, et que c'est lorsqu'on en manque qu'on se rend compte de sa valeur. Après tout, l'argent n'est qu'un moyen d'échanger des droits (en valeurs numéraires) contre des biens matériels ou des services (qui ont une valeur marchande). Donc le lien entre l'argent et le monde réel est sans conteste.


Zyghna a écrit : est-ce parce qu'on peut s'exprimer à grands cris sans se faire arrêter que l'on est plus libre dans sa tête?
Là tu évoques la liberté d'expression et la liberté de conscience, je crois. La liberté d'expression c'est avant tout une liberté. Et une liberté s'arrête toujours là où commence celle des autres. C'est pour cela qu'être libre ne signifie pas faire tout ce que l'on veut quand on veut et comme on le veut. Pour être libre, il faut accepter d'avoir des responsabilités, il faut jouir d'un minimum de libre arbitre (tant est que cela existe) ou du moins être doué de raison (mais les nombreux biais cognitifs chez l'être humain n'aident pas à corroborer cette option), et il faut savoir distinguer liberté de droit (ce que la loi autorise et interdit) et la liberté de fait (tout ce que l'on peut physiquement faire). Or, tu sembles ne pas faire cette distinction entre liberté de droit et liberté de fait. Tu parles de la liberté de fait (« liberté physique sans précédent ») comme s'il s'agissait de la seule partie de la liberté qui serait effective. Mais ce n'est pas cela. Regarde Dieudonné M'bala M'bala. Il croît que la liberté d'expression consiste à dire tout ce que l'on veut sur qui l'on veut de la manière que l'on veut. Il pense que la liberté d'expression c'est de pouvoir cracher à la gueule de tout le monde et réciproquement et inversement que tout le monde peut cracher à la gueule d'une seule personne (en l'occurrence lui-même). Mais il a tort selon moi. Il n'a pas compris la liberté d'expression, parce qu'il ne comprend même pas ce que signifie la liberté tout court. Et ceci parce qu'il ne veut pas endosser les responsabilités qui vont avec cette liberté (sinon il ne se plaindrait pas du traitement judiciaire qu'il subit à chaque faux pas sur son supposé et hypothétique « antisionisme »). Et toi tu tombes, à mon sens, dans cette facilité de penser que la liberté actuelle n'est que liberté de fait.

Les êtres humains n'ont jamais été particulièrement libres. Ce que recherchent les humains avant tout, ce n'est pas seulement la liberté (qui implique des responsabilités, une volition, et la raison), mais c'est le confort de vie. Quitte parfois (ou souvent) à empiéter sur le confort des autres. Et les libertés, en général, servent à mettre des limites et à définir nos droits et nos devoirs. C'est pour cela qu'on dit que la liberté des uns s'arrêtent là où commence celle des autres. Les libertés fondamentales servent à définir ce que chacun peut faire (compte tenu de ses facultés naturelles) et les limites de ce qu'il peut faire (compte tenu des devoirs et des lois). On est avant tout des organismes vivants, et en vertu des lois de l'évolution génétique, on agit tous dans le sens de la vie, donc dans le sens de la prospérité, et donc dans le sens du confort avant tout. Mais on a quelque chose de plus que les autres espèces animales n'ont pas : la raison (la pensée logico-mathématique plus rigoureusement). On est capable de se raisonner, de se mettre des limites quand il en faut. On est capable de déduire, y compris ce qui est nécessaire à notre bon épanouissement (le bonheur).


Zyghna a écrit :Bien sur je ne conteste pas l'acquis des Droits de l'Homme, parce que cela fait partie de notre façon de concevoir le monde. Mais c'est une conception, pas une vérité universelle, et de cela il faut en avoir conscience.
Quand on regarde en arrière ce qui a existé (ou ce qui existe ailleurs), il y a toujours danger à appliquer notre schéma de pensée. On peut comparer mais en aucun cas substituer.
Mais comment sait-on que c'est une simple conception et non une vérité ? Je prends un exemple pour m'expliquer. Si je considère un quelconque objet de l'environnement humain, un PC portable par exemple. Il n'a pas été cueilli dans un arbre à PC comme une pomme que nous sachions. Il a d'abord, au tout début, été conçu par des designers pour résoudre un problème, pour combler un manque, une lacune. Puis il a ensuite été modélisé et calculé par des ingénieurs jusqu'au premier prototype. Puis après de nombreux allers et retours entre ingénieurs et designers, le prototype final a été réalisé. Et enfin, ce prototype a été envoyé chez des industriels pour y être fabriqué en usines à échelle industrielle afin d'obtenir des modèles commercialisables. In fine, ces modèles sont commercialisés. Et voilà comment un objet sorti tout droit de l'imagination de l'être humain devient un objet concret du monde réel. Et personne ne doute de la réalité de cet objet. Et la vérité consiste à porter un jugement de valeur de vérité sur cet objet manufacturé : ceci est un PC portable et je peux l'utiliser pour ce pourquoi il a été conçu. Et bien, je pense que c'est le même processus avec les concepts juridiques. Les concepts relatifs aux libertés fondamentales ne sont pas sortis comme un lapin du chapeau du magicien. Il y a eu de très lourdes réflexions derrière cela pour aboutir à de tels conceptions. Et, à l'heure d'aujourd'hui, les libertés fondamentales stipulées par les droits de l'homme sont une vérité juridique en Europe et partout dans le monde (en théorie en tout cas, en pratique c'est beaucoup plus compliqué). Mais c'est encore plus profond que cela. Parce que les droits fondamentaux sont des droits naturels qui existent avec notre existence même, dès lors que l'on vient au monde. Finalement, ce n'est plus une simple conception, mais une découverte. Les êtres humains ont découvert à partir d'une certaine période de l'humanité qu'il devait exister des droits fondamentaux.

Il y a eu des époques où ces droits de l'homme et ces libertés fondamentales n'existaient pas. Mais la santé des individus et leur sécurité étaient en jeu, et leur espérance de vie étaient plutôt courte. Et encore, il n'y a pas besoin de remonter le temps pour trouver des régions du monde où l'espérance de vie ne dépasse pas 69 ans (voire les pays d'Afrique). Ce qui signifie que non seulement les libertés fondamentales sont nécessaires à la survie des êtres humains, mais qu'on est encore loin de pouvoir les appliquer à l'échelle mondiale.

Après, je pense qu'il est toujours bon de se sourcer pour débattre sur un sujet. Le Haut Commissariat des Droits de l'Homme dit ceci à propos des libertés : « Les droits de l'homme sont les droits que nous avons tout simplement car nous existons en tant qu'êtres humains ; ils ne sont conférés par aucun État. Ces droits universels sont inhérents à nous tous, indépendamment de notre nationalité, sexe, origine nationale ou ethnique, couleur, religion, langue ou toute autre situation. Ils vont des plus fondamentaux, comme le droit à la vie, à ceux qui rendent notre vie digne d'être vécue, comme les droits à l'alimentation, à l'éducation, au travail, à la santé et à la liberté. » 


Zyghna a écrit :Sortons donc de cette vision manichéenne (je lis pas mal de bouquins asiatiques en ce moment et revient toujours cette critique sur la pensée occidentale: une vision dualiste), rien n'est aussi simple.
Mais ta question de départ, qui attend une réponse qui est soit « oui » soit « non » n'aide pas à sortir d'une vision dichotomique des libertés individuelles. Si tu veux que le débat sorte d'une vision manichéenne, peut-être serait-il possible de formuler la question différemment, de sorte qu'elle n'admette pas un « oui » ou « non » comme réponses. Après, cela aurait été intéressant que tu fasses part du fruit de tes lectures asiatiques. Je pense qu'il y aurait matière à développer et à débattre.
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