L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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asdf
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L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par asdf »

C'est une problématique qui ne parlera pas forcément à tout le monde. Nous avons tous des façon différentes de réagir à des situations diverses et variées.

J'aimerais connaitre vos avis sur le fait de se faire aider, accepter les mains tendus. J'ai déjà eu quelques discussions avec certains membres de ce forum. C'est un vaste sujet, il s'agit d'accepter que nous ayons des pères, que nos souffrances sont supportables pour autrui, que malgré une forme d'intelligence avérée nous pouvons être compris, entendu, que nous ne sommes pas forcément les seuls maîtres à bords.

Il s'agit aussi de lâcher prise, de déléguer. D'accepter qu'une autre personne puisse avoir raison. Je pense que c'est un sujet important à traiter ici.
J'aimerai donc avoir les témoignages de personnes qui un jour ont traversées un océan de solitude face à une difficulté, un évènement de la vie. Qui n'ont pas trouvées d'épaule adéquate pour verser quelques larmes. Pas forcément "pas trouvé", mais qui n'ont pas acceptées les mains tendus, ou les appel du pied d'un proche pour se libérer du poids de la tristesse.
Bien sûr la confiance en autrui à une importance primordiale ici. Certaines personnes ne nous veulent pas que du bien, ou ne se rendent pas forcément compte du tourment qu'elles peuvent provoquer en nous. A force de rentrer dans ce mécanisme de défense: "refus total de déléguer". On finit par ne plus voir que ne pouvons aussi trouver des réponses dans les réflexions d'autrui.



D'un point de vue personnel:
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Aïnoa
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Aïnoa »

Bon, ton post m'a touché et m'a parlé asdf, c'est pourquoi, pour une fois, je vais essayer de poster sur un topic intéressant. Alors désolée par avance si je suis à côté de la plaque :oops:
J'ai aussi envie d'y répondre parce que j'aimerais tellement t'aider, parce que tu le mérites!!!!

Allez, je me lance.

Je n'ai pas la solution miracle à ta question, parce que je suis dans le même cas que toi. Je ne me laisse pas aider non plus, je ne peux concevoir que des personnes aient de bonnes intentions à mon égard.
Bref, mais ce que j'ai compris récemment, c'est que ça ne peut se faire que petit à petit. Faire confiance aux gens, ça prend du temps, ce n'est pas facile, c'est se mettre en danger...
Alors pour l'instant, ce que j'essaye de faire, c'est de prendre tout ce que je peux prendre des autres.

Je ne "vole" pas hein, je pense donner aussi beaucoup.
Je pense tellement aux autres que je ne sais même pas ce que je veux moi, ce dont j'ai besoin. Or je me suis rendue compte ces derniers temps que j'ai besoin qu'on "s'occupe" de moi, qu'on s'intéresse à moi.
Rebref, mais comme je ne laisse pas les gens le faire, ou même le tenter, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Rerebref, tout ça pour dire que pour l'instant je prends ce que les gens peuvent me donner. Même si ce n'est pas grand chose, même si ce n'est pas forcément ce que j'aimerais. Mais j'essaye de m'ouvrir, de cesser de me replier sur moi-même.
J'espère ainsi arriver à laisser les autres pénétrer dans une zone plus proche de moi, voire, peut-être, les laisser m'approcher assez pour me connaitre, être suffisamment en confiance pour accepter une main tendue (sans me dire que la personne a une idée derrière la tête, qu'elle veut une contre-partie).

Voilà, une fois de plus j'ai fait plein de blabla inintéressant pour dire par grand chose, mais je ne sais pas faire plus court. J'espère que c'est assez compréhensible et que ça répond peut-être en partie, un tout petit peu à ton questionnement :$

Courage mon grand :wink:

:*
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pixelvois
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par pixelvois »

Donner est tellement plus simple que recevoir...

Accepter de l'aide, c'est accepter d'en avoir besoin pour commencer : cela demande une bonne dose d'humilité. Et, comme tu le dis asdf ( en substance, si je n'ai pas mal interprété ton propos ), assumer notre incapacité à s'en sortir tout seul... ce qui n'est pas évident, non pas tellement par rapport à une intelligence "avérée" ( elle ne l'est pas tant que ça en ce qui me concerne tout au moins, et pour un certain nombre de personnes par ici il me semble ), mais plutôt par rapport à un désir de perfectionnisme qu'il faut accepter de ne pouvoir atteindre.

Tandis qu'apporter de l'aide est valorisant, permet de se rassurer quand à son potentiel utile. C'est aussi s'aider soi-même, par le biais de l'autre, à prendre du recul, relativiser ses propres difficultés. Or, si aider c'est s'aider soi-même grâce à l'autre, aider n'est pas si différent que d'être aidé.

Pourtant, comme vous, j'ai cette tendance aussi à assumer tout seul les moments où je vais moins bien, afin de ne pas faire peser aux autres mon mal-être. Il y a sûrement une part saine ( et respectueuse ) en cela, en même temps qu'une fuite, une démission, une capitulation qui freine le processus d'évolution. Mais la simple écoute de l'autre est tellement libératrice, d'une telle grande aide : c'est cette écoute qui me paraît essentielle tant dans le don que dans la réception.

Car il faut aussi relativiser cette aide que l'autre peut nous apporter ( ou que nous même nous pouvons lui apporter ) au regard du fait qu'il n'y a que nous qui puissions trouver les clés pour avancer. Que cette aide extérieure, quand bien même nous la souhaiterions ( par facilité ), ne saurait se trouver ailleurs que dans l'écoute, dans la confrontation au regard et au discours de l'autre, ainsi que dans sa propre réflexion.

Alors "avilissante" l'aide d'autrui ? Non. Je ne crois pas. En revanche elle nous donne un sentiment ( absurde : dans l'autre sens nous ne la considérons pas ainsi ) d'affaiblissement, ou du moins de révéler ses faiblesses. C'est probablement là un des noeuds essentiels du problème. Mais c'est un sentiment qui n'a pas nécessairement la portée que l'on veut bien lui accorder.

Pour finir, j'ajouterais qu'au-delà d'accepter une main tendue, la difficulté est encore plus prégnante à tendre la sienne à la recherche d'une autre secourable.
Hors-sujet
Aïnoa a écrit :Voilà, une fois de plus j'ai fait plein de blabla intéressant pour dire par grand chose, mais je ne sais pas faire plus court. J'espère que c'est assez compréhensible et que ça répond peut-être en partie, un tout petit peu à ton questionnement :$
+1 ;)
Je suis moi aussi loin d'être persuadé de n'avoir pas blablaté sans apporter grand chose à la réflexion ^^...
( et j'aime beaucoup le lapsus : "plein de blabla intéressant" :lol: )
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Louise
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Louise »

Chez moi je pense avoir trouvé une dimension supplémentaire à ce refus d'aide que je ne peux pas nier (je veux dire en plus du besoin de contrôle absolu, et du besoin de ne pas se montrer faible, vulnérable, autant pour cette mise en danger par la vulnérabilité que par l'ego qui n'accepte pas de se montrer imparfait) : c'est la préservation de mon intimité, voire de mon identité.

Dès que quelquechose ressemble (pour moi) à du flicage, dès que je sens une microtentative de s'immiscer dans ma vie, dans ma bulle, dans des choses qui n'appartiennent qu'à moi, je réagis de façon épidermique. (je vous dis pas quand mon petit voisin déboule chez nous sans frapper ou presque, une fois sur deux je fuis, et dans tous les cas je me sens super agressée)
Eh bien je pense qu'il y a une réaction approchante dans mon refus de me faire aider, parce que quelque part c'est donner des clés sur ma vie (remarquez, ceci rejoint l'instinct de protection quand on est vulnérable), et c'est aussi risquer de me perdre en appliquant des solutions qui ne sont pas les miennes, en donnant les rênes à quelqu'un d'autre, en déléguant.

Je réalise en écrivant ceci que je reproche régulièrement à mon compagnon de ne pas être une épaule et d'être incapable de me soutenir ou de partager mes peines, (et je lui en veux beaucoup pour cela, parce qu'une aide demandée et refusée, c'est encore plus de solitude au bout), je me demande dans quelle mesure je lui en laisse réellement la possibilité?

asdf, ton image me parle beaucoup, parce qu'à côté de cela empathie oblige, je suis souvent celle à qui on se confie, et j'avoue que j'aime bien ce rôle d'épaule, d'oreille ou de vieux sage si on me le demande... mais les jours où moi j'ai besoin de soutien, j'ai l'impression d'avoir porté le monde entier à bout de bras et que personne ne peut me tendre la main, à moi. Effectivement, très probablement parce que déjà, je ne l'ai pas demandé...

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asdf
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par asdf »

Solenn a écrit : Je réalise en écrivant ceci que je reproche régulièrement à mon compagnon de ne pas être une épaule et d'être incapable de me soutenir ou de partager mes peines, (et je lui en veux beaucoup pour cela, parce qu'une aide demandée et refusée, c'est encore plus de solitude au bout), je me demande dans quelle mesure je lui en laisse réellement la possibilité?
Voila, c'est une composante non négligeable de; aide +/- = avilissant.
C'est dans le sens, ou parfois on peut avoir besoin d'être soutenu dans des moments difficiles, mais il y a aussi un réel refus de notre part de déléguer.

Après, j'en avais déjà discuté comme je disais dans mon post précédent, sans remettre toujours la souffrance / tristesse sur le tapis. Je pense que j'ai une forte tendance à m'octroyer le droit de penser à la place de l'autre, à force d'anticiper, de ne pas trop mal me débrouiller dans ce secteur -vantardise quand tu nous tiens, paradoxe aussi-. Je m'autorise à calculer l'impact que peut avoir une description de mon tourment, chaos, etc. Auprès d'un proche, duquel je pense analyser la résistance aux "peines".

Il m'arrive de connaitre des périodes, ou je refuse totalement le contact avec autrui, ou je cherche à fuir tout contact social, toute forme de dialogue pour éviter justement d'exposer mes périodes les plus noires.
Je pense que la parade ultime, est de trouver un confident qu'on estime capable d'encaisser, ou peut être d'arrêter de constamment jauger la capacité des autres.. :)
Bref!
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pixelvois a écrit : Il y a sûrement une part saine ( et respectueuse ) en cela, en même temps qu'une fuite, une démission, une capitulation qui freine le processus d'évolution. Mais la simple écoute de l'autre est tellement libératrice, d'une telle grande aide : c'est cette écoute qui me paraît essentielle tant dans le don que dans la réception.
C'est sûr, mais l'excès d'abnégation devient de la bêtise.
pixelvois a écrit : Pour finir, j'ajouterais qu'au-delà d'accepter une main tendue, la difficulté est encore plus prégnante à tendre la sienne à la recherche d'une autre secourable.
La dessus, je ne peux que te rejoindre. Surtout si parfois les expériences de "tendre la main à la recherche d'aide", nous semble plus douloureuse, qu'apaisante.


Pour conclure mon post, je dirais que je ne suis pas le seul ici à protéger ma bulle :)
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Coccinelle
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Coccinelle »

Je ne peux que réagir, traversant en ce moment un bouleversement intense.

La question de la confiance abordée par Aïnoa me parle beaucoup, quand j'ai besoin d'aide lorsque une personne de mon entourage proche sort de sa réserve et essaye de m'aider, je me sens comme une enfant, je trouve cela infantilisant, pourtant c'est clair j'ai besoin de cette aide, j'en ai conscience, je la demande tellement maladroitement qu'en général et plus précisément en ce moment, j'ai l'impression qu'on me la refuse, qu'on me renvoit à ma solitude. Peut-être ai-je tort dans mon interprétation des réactions que ma demande d'aide suscite? Toujours est-il que c'est très compliqué pour moi de me voir refuser cette épaule compatissante, ce regard bienveillant, cette main tendue, mais lorsque un être cher me la tend j'aurais presque tendance à la rejeter.

Est-ce par peur de l'abandon si je me montre perdue, moins solide qu'à l'ordinaire, voire complètement détruite? c'est une des mes pistes, je ne me donne pas le droit ni de demander de l'aide ni de l'accepter, préférant être le pilier. Pourtant je ne suis pas aussi solide qu'un pilier, j'ai besoin d'être aidée. Je dois laisser de côté ma fierté à tout vouloir régir, à tout contrôler, à tout faire par moi même.

Je commence à entrevoir comment me laisser aider, sans perdre les rênes, au travail j'arrive enfin à déléguer et à ma surprise ça se passe bien, 4 épaules c'est mieux que 2. Dans ma vie perso je laisse un peu plus de place à la confiance, ne serait-ce que dans ma vie de couple, je vais voir une psy, et un jour prochain j'arriverais à demander de l'aide ou au moins de l'écoute et de la présence à mes proches, d'une manière qui n'engendrera pas forcément un rejet.

Pour répondre clairement à la question du topic, pour les autres l'aide d'autrui n'est pas une chose avilissante, pourtant pour moi je n'arrive pas encore à accepter qu'avoir besoin d'aide comme une enfant ne soit pas avilissant, mais ça se travaille aussi.

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pixelvois
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par pixelvois »

asdf a écrit :C'est sûr, mais l'excès d'abnégation devient de la bêtise.
Tous les excès, quelqu'en soit le domaine d'application, devient de la bêtise ^^ : le travail consiste à parvenir et tenter de conserver au mieux un équilibre entre tous les excès. :P
Coccinelle a écrit :La question de la confiance abordée par Aïnoa me parle beaucoup
La confiance est essentielle en effet pour accepter de se faire aider : cela suppose de se livrer aux mains de l'autre, à son jugement... :1cache:
Coccinelle a écrit :Est-ce par peur de l'abandon si je me montre perdue, moins solide qu'à l'ordinaire, voire complètement détruite? c'est une des mes pistes, je ne me donne pas le droit ni de demander de l'aide ni de l'accepter, préférant être le pilier. Pourtant je ne suis pas aussi solide qu'un pilier, j'ai besoin d'être aidée. Je dois laisser de côté ma fierté à tout vouloir régir, à tout contrôler, à tout faire par moi même.
Oui, la peur de l'abandon est aussi probablement un élément qui me fait préférer rester sans aide extérieure : c'est là que le risque de s'être vulnérabilisé fait peur...
Quand à être le pilier, c'est possible même si on est pas aussi solide parce qu'en général il y a un monde entre fragilté auto-perçue et perçue par l'autre ( surtout que c'est déjà bien si l'autre à assez de capacité d'écoute pour son propre cas, alors d'ici à ce qu'il ait l'écoute et l'empathie nécessaire à nous décrypter... :think:
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par eipounon »

Ayant du mal à faire confiance aux autres, j'ai décidé récemment de donner ma confiance à ma psy, à de nouvelles amies ... à ce forum ... et ... ça marche ! :ensoleillé:

J'accepte donc l'aide et même j'en redemande. Et le fait que j'accepte de faire confiance, d'être soutenue, permet aux autres de faire de même avec moi, et conduit à des échanges très riches qui me donnent de l'énergie. :faitdesbonds:

Edit : Doute soudain : Peut être que je suis Hors Sujet ? Peut être que je n'ai pas le statut pour intervenir ? :grattelatete:

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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Zyghna »

eipounon a écrit :
Edit : Doute soudain : Peut être que je suis Hors Sujet ? Peut être que je n'ai pas le statut pour intervenir ? :grattelatete:
Heu je dirai... oui et oui, comme tu l'as constaté de toute seule ^^
Nous sommes dans la section concernant la gestion de la douance donc effectivement les témoignages de personnes non testées n'ont pas la même valeur. Ensuite, le but n'est pas de poster pour poster sur son cas personnel, mais d'enrichir le débat, de répondre aux questions initiales ayant initié le topic.
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Aspasie »

Fiou. Asdf, ce topic me touche beaucoup. En pleine face si je puis dire !

Je me retrouve dans chaque mot que tu décris, et plus encore dans cette image que tu as postée. Ca me bouleverse en un sens, parce que je me sens, comme toi, dans une impasse. Je suis à la fois consciente et ignorante de ce travers dont j'aurais bien de la peine à me débarrasser. Puis-je seulement le faire ?
asdf a écrit :C'est un vaste sujet, il s'agit d'accepter que nous ayons des pères, que nos souffrances sont supportables pour autrui, que malgré une forme d'intelligence avérée nous pouvons être compris, entendu, que nous ne sommes pas forcément les seuls maîtres à bords.
C'est très parlant ce que tu dis là.
Je me suis longtemps dit que les autres ne pouvaient pas comprendre ou ne le voudraient pas. A présent, je me demande si finalement, ce n'est pas moi qui me ferme avant même d'avoir essayé.
En même temps, j'ai tellement été déçue, notamment après m'être confiée (des personnes en ont fait mauvais usage et ça m'a vraiment brisée), qu'il m'est difficile d'accepter qu'une main tendue puisse être désintéressée ou totalement bienveillante. Cela rejoint exactement cette problématique du lâcher prise et de la confiance en l'autre dont vous parlez tous très bien.
Idem, Cox', tu parles à très juste titre de peur de l'abandon. C'est quasi-phobique chez moi. Je vis très mal l'idée de me confier à une personne qui ne sera que de passage. Parce qu'en me livrant, je confie des morceaux de moi, morceaux que j'estime certainement précieux.

Vraiment, je crois que ces notions de confiance, de lâcher prise, de crainte de l'abandon et de volonté de contrôle sur notre environnement direct s'imbriquent tellement bien que le démêlage est périlleux.


Cela dit, lots d'un fameux week-end avec quelques AS-iens -dont tu fais partie- je me suis rendue compte d'une chose : les personnes bienveillantes, désintéressées, et compréhensives elles existent. Ce fut un réel choc. Mais les bienfaits sont incommensurables. En cela, le forum est une réelle ressource pour moi.
C'est depuis là que je tente en quelque sorte de prendre le problème à l'envers. Le problème ne viendrait pas forcément des autres qui ne peuvent pas comprendre, mais de moi qui ne peut pas m'ouvrir !
Je n'en suis pas bien loin dans mes réflexions, car je ne sais pas comment changer la donne, quoi débloquer.

A dire vrai, j'ai toujours peur de prendre l'autre pour un seau à vomi, un déversoir à souffrances. Mais n'est-ce pas de la projection ?
Je m'explique. Je suis, comme nombre d'entre vous, profondément empathique. Partant de là, chaque confession qui m'est faite je l'absorbe comme l'éponge à émotions que je suis. J'aurais presque cette tendance à me laisser bouffer, ronger, par les malheurs des autres. Il me faut donc bien évidemment mettre un couvercle sur mes propres émotions, sinon ce n'est plus gérable. Et de là, je me dis : si je confiais mes souffrances à l'autre, ne serait-ce pas en quelque sorte lui imposer ma souffrance ? C'est sans compter, du coup, que certaines personnes savent se protéger, faire la part des choses, ou tout simplement ont l'empathie modérée.

Dans un même temps, quand je parviens à dépasser mon refus d'aide, voire à en demander, j'ai cette sale impression d'être toujours insatisfaite de l'épaule que l'on m'offre, ou plutôt de l'écoute et de la compréhension (plus encore des conseils !) qui me sont apporté(e)s.
Je suis comme déçue, parce qu'au fond, je n'attendais pas cela. Mais je ne sais même pas ce que j'attends. Peut-être est-ce parce que je n'attends en fait rien que je demeure une éternelle insatisfaite. Du coup, cela ne fait que me conforter dans mon isolement, et de nouveau, je me ferme, je m'emmure dans mon silence : mes cris de détresse redeviennent silencieux, mes hurlements aphones.
asdf a écrit :J'aimerai donc avoir les témoignages de personnes qui un jour ont traversées un océan de solitude face à une difficulté, un évènement de la vie. Qui n'ont pas trouvées d'épaule adéquate pour verser quelques larmes. Pas forcément "pas trouvé", mais qui n'ont pas acceptées les mains tendus, ou les appel du pied d'un proche pour se libérer du poids de la tristesse.
Au delà d'être très vrai (me concernant), c'est très beau ce que tu dis là asdf. Vraiment, je ne saurais trop le décrire, mais ça me touche profondément.

Je ne sais pas si vous avez noté cette propension qu'ont les gens à ne voir que ce qu'ils veulent. On trouvera plus normal que le type qui se plaint régulièrement traverse une passe difficile plutôt que d'accepter que celui qui est toujours guilleret (parfois en façade) aille mal.
C'est mon ressenti. J'ai le sentiment que mon côté jovial, enjoué, même frais, m'a prise à mon propre piège dans la mesure où je ne peux plus m'en déparer. C'est comme si je n'avais plus le droit.
Maintenant, je n'arrive plus bien à déceler si c'est moi qui me refuse cela, ou si c'est mon environnement qui exerce une pression consciente/inconsciente dans sa manière de me percevoir. Car régulièrement on me dit : "Toi tu es la fille qui est toujours heureuse/souriante" au point que je passe pour insouciante. Alors ma vie n'aurait pas le droit de prendre une autre teinte que le rose ?

Edit : navrée du pavé. Et j'en rajoute même une couche en disant que l'intervention de Pix' est très pertinente, et je me retrouve pas mal dans ce que tu dis et les réflexions que tu te fais. Tu es d'ailleurs bien plus structuré que moi. Sans doute est-ce parce que je me mets seulement à réfléchir à cette problématique, qui, disons le, est un bon morceau !

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Rozz
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Rozz »

Bon je vais ramener ma fraise. J'ai aussi connu une longue mais alors trèèèès longue période où je me suis retrouvée dans une solitude à la fois choisie et contrainte. Bref, pour en venir au sujet de ce topic, j'ai toujours refusé l'aide ou les mains tendues car soit je me sentais totalement incomprise et les paroles de la personne ne me faisait que confirmer cela, soit j'avais cette impression que l'on cherchait à m'aider pour me changer. Ce n'était pas dans un seul sens, d'accord je suis extrêmement méfiante avec autrui mais je me rendais bien compte que parfois certaines personnes voulaient m'aider mais attendaient quelque chose de moi. Quelque chose que je ne pouvais ou ne voulais leur donner.

Mais ce qui ressortait finalement c'était cette sensation d'incompréhension, ce fossé immense entre moi et autrui. Et puis, je pense que j'avais pris l'habitude de me rouler allègrement dans ma propre fange, de rejeter les autres avant qu'ils ne me rejettent. Et cette désagréable sensation qu'en voulant m'aider la personne pourrait se sentir supérieure, ressentir de la pitié.

Puis j'ai connu mon chéri, je le repoussais aussi au niveau "aide" ou plutôt écoute, d'accepter des conseils que je connaissais déjà de toute façon. Mais petit à petit, j'ai compris ce besoin et ce bienfait d'être écouter, d'avoir un avis extérieur. Comment il a fait? Il m'a tout renvoyer en pleine poire, violemment et j'ai pas aimé. Mais au final je l'écoute à mon tour à présent.

Mais bon je dois admettre que j'ai toujours autant de mal à laisser d'autres m'aider.
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Hermite »

Defdef, finalement tu l'as posté.

Dans les événements les plus tragiques de ma vie, je fus complètement esseulé, sans doute n'osait-on m'appuyer ou me soutenir connaissant ma nature érémitique et auto-débrouillarde habituelle...
Aujourd'hui, ce refus d'aide éventuelle peut s'apparenter à première vue à... une habitude.

Ensuite comme tu le soulèves, plusieurs points sont à noter, tous plus ou moins correlés (et ni vraiment négatifs ou positifs) :
- nature solitaire généralisée et auto-débrouillarde habituelle quasi spontanée,
- effet "fataliste" de ceci : "y étant habitué, pourquoi agir autrement" voire persuasion que "c'est dans notre nature",
- besoin de contrôle exclusif de sa vie (et s'en persuader),
- peur voire persuasion de l'incompréhension (ou compréhension malaisée ou incomplète) d'autrui,
- peur de se rendre compte d'une faute, d'une erreur voire d'une faiblesse... (l'autre donne un conseil véridique) impliquant une auto-déception...
- un certain orgueil voire une dignité, tout à fait humain, à se débrouiller seul, parvenir seul... renforçant a priori bien plus notre caractère, notre personnalité et notre expérience (voire notre capacité de survie),
- un effet héroïque masquant une qualité parfois refoulée ou non reconnue d'altruisme, naturellement voire "fatalement" redevable, "étant a priori plus intelligent, c'est à moi d'aider et point l'inverse",
- se sentir obligé (à tort) d'être encore plus redevable,
...

Avec ce genre de nature, de personnalité, de tempérament, ce qui semble le plus propice à nous faire accepter une aide ou un conseil, ce sont la connaissance, l'information, l'expérience que cela nous apportera, améliorant sans doute notre propre capacité d'aideur et de conseiller. En sorte, une forme de récompense intellectuelle !

Ayant écrit ce commentaire d'une traite et de façon relativement spontanée et grossière, je rajouterai éventuellement des points plus tard. Je vous prie au préalable de m'excuser de mon éventuelle expression bancale ou floue... Aussi car je n'ai lu que le message d'asdf avant de poster.


EDITION : Je vous prie de m'excuser une fois encore, j'eus accédé à ce topic via la page de profil d'asdf. En me déconnectant, j'ai vu qu'il se trouve sur le forum "Discussions et Débats" de la section "Douance" et mon intervention ne serait, semble-t-il, point "légitime", je peux supprimer mon message si nécessaire ou plus approprié.

EDITION 2 : Le sujet a été déplacé dans un autre forum, j'ai remis mon commentaire.

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Rozz
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Rozz »

En fait, je trouve que tu as bien résumé certains points Hermite.
TSA

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pixelvois
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par pixelvois »

Aspasie a écrit :Je ne sais pas si vous avez noté cette propension qu'ont les gens à ne voir que ce qu'ils veulent. On trouvera plus normal que le type qui se plaint régulièrement traverse une passe difficile plutôt que d'accepter que celui qui est toujours guilleret (parfois en façade) aille mal.
À ne voir et à n'entendre que ce qu'ils veulent... ce que NOUS voulons : c'est un travers très commun, très humain, même lorsque l'on en a conscience. Je crois qu'il y a là un rapport avec la propension de chacun aux a priori ^^
Mais je suis moins sûr qu'il y ait un lien vraiment direct avec le fait de l'habitude de voir quelqu'un sous un jour particulier et qui en effet rend difficile l'entendement qu'il puisse en être autrement ( pas seulement au niveau d'aller bien ou mal : le timide qui le dit et qui n'est pas cru, etc. )...
Hors-sujet
Aspasie a écrit :Tu es d'ailleurs bien plus structuré que moi. Sans doute est-ce parce que je me mets seulement à réfléchir à cette problématique, qui, disons le, est un bon morceau !
:shock: Je suis épaté par ce que je lis là ( sont fleuris :lol: )... si je suis structuré, c'est inconscient et plus instinctif qu'autre chose : ce n'est vraiment pas l'impression que j'en ai ( j'en fais la remarque pour que tout le monde relativise sa propre "légitimité" à poster ;) ).
Alors oui, peut-être que le fait de la réflexion fraîche n'aide pas, mais je ne suis pas persuadé en l'occurence que sur ce sujet ma réflexion soit très ancienne, ou alors de façon indirecte et expérimentale. :think:
[ edit ]
Rozz a écrit :soit j'avais cette impression que l'on cherchait à m'aider pour me changer
C'est là encore un gros travers humain ( et donc un risque objectif lorsque l'on accepte une aide extérieure ) de vouloir changer la personne en face pour ce que l'on veut. Or le respect et l'amour de l'autre doit passer par la tolérence de ce qu'il est, même si cela nous dérange, ne correspond pas à nos attente ^^
Rozz a écrit :Il m'a tout renvoyer en pleine poire, violemment et j'ai pas aimé. Mais au final je l'écoute à mon tour à présent.
Je crois que cela passe assez nécessairement par là : refus total du point de vue de l'autre, de ses conseils, avant que les idées fassent leur chemin, qu'on les tourne et retourne dans sa tête consciemment et/ou inconsciemment. N'est-ce pas là le propre de la remise en question de n'être possible qu'avec un certain recul temporel ? mais surtout à seule condition de vraie écoute, même si elle est faîte avec un apparent refus catégorique. ;)

[ re-edit ]
Hors-sujet
Bon, si à chaque fois que je poste y'a un nouveau message, je vais jamais m'en sortir ! :D
Hermite, désolé : je poste et je te lis après :wasntme:
[ re-re-edit ]
Hors-sujet
Rrrâah ! Rozz... ( qu'est-ce que je disais :P )
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par pixelvois »

Hermite a écrit :Avec ce genre de nature, de personnalité, de tempérament, ce qui semble le plus propice à nous faire accepter une aide ou un conseil, ce sont la connaissance, l'information, l'expérience que cela nous apportera, améliorant sans doute notre propre capacité d'aideur et de conseiller. En sorte, une forme de récompense intellectuelle !
Je trouve ta conclusion très vraie et une ( des ) très bonne(s) piste(s) à creuser pour évacuer ce sentiment d'avilisement qu'apporterais l'aide d'autrui ;) et je me retrouve pas mal dans les points que tu évoques ^^
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par W4x »

Pour accepter une main tendue, une quelconque aide, il faut à mon sens commencer par accepter/reconnaître son mal-être. Même si tous les signaux sont au rouge et qu'on le ressent bel et bien, la machine à penser toute surefficiente qu'elle soit, peut se gripper ou totalement faire l'impasse là-dessus.

Vous avez évoqué un mécanisme de protection de soi et de l'autre dans le refus de l'aide ou de la demande d'aide, j'y rajouterais une touche de fierté. Que ce soit dans le caractère ou que cette réaction ait été conditionnée par les expériences passées, le "je m'en sors très bien tout(e) seul(e)" peut en ce sens nous faire paraître l'aide d'autrui comme avilissante. Et ce, tant par l'image de nous-même que la main tendue nous renvoie, que par la position dans laquelle elle nous met vis-à-vis de l'autre.
Cependant, à la question "peut-on toujours s'en sortir tout seul?" je dirais que rien n'est moins sûr.

Une fois son mal reconnu, cerné, je ne pense pas qu'il faille se sentir rabaissé ou infantilisé d'accepter une aide extérieure. Au contraire cela s'inscrit dans un schéma plus logique de pensée et dans une démarche plus cohérente, que d'aller ainsi au bout des choses et une fois le mal identifié d'en traiter les symptômes et les causes.
L'image est volontairement simpliste pour répondre à la question, je sais bien que les situations qui peuvent nous affecter sont souvent des écheveaux et que leur apparence inextricable nous pousse souvent à renoncer, ou à s'y attaquer seul, mais en est-on seulement capable? Mais je me répète.
asdf a écrit : Je pense que la parade ultime, est de trouver un confident qu'on estime capable d'encaisser, ou peut être d'arrêter de constamment jauger la capacité des autres.. :)
Comme cela a été dit, tout est question d'interlocuteur, et de la capacité qu'on veut bien lui attribuer. L'aide ne doit pas être considérée comme avilissante, rabaissante, tant que l'on se sent en confiance, écouté et tout au moins un peu compris. Et notamment compris, pas que dans le sens "plaint" ou compatissant (qui à la longue est lourd à assumer pour soi aussi)... mais dans la mesure où cette personne agit ou nous pousse à agir ou réfléchir, parfois par sa seule présence.

Hors cette sphère plus privée, accepter une aide psy ou sociale relève également d'une démarche positive, tout au moins en termes de débouchés. C'est d'ailleurs cela qu'il faut viser à mon sens au bout d'un moment... pas nécessairement se projeter toujours dans le futur, mais lever le nez de son nombril et vouloir se construire un autre présent. Et il n'y a rien de honteux à cela. Je pense (sans trop me tromper?) que nous avons pour beaucoup gagné à rencontrer au moins une fois un psy, une fois cette démarche acceptée (ce qui n'est pas nécessairement facile, pour moi le premier).
Effectivement la question de l'acceptation reste entière, mais les mains tendues en sont à mon sens autant les déclencheurs que les rouages de ce qui s'ensuit.
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Fabs le vaurien »

Ah vaste sujet.
Je pense encore une fois que tout est question de dosage. Aider outre mesure est aussi suspect que de vivre aux crochets. Tout comme refuser d’être aidé n’est pas plus louable que refuser d’aider.
Celui qui donne « trop » passe pour quelqu‘un qui avilit l’autre ou cherche à s’aider lui-même (donc aider est un acte égoïste avant tout) et celui qui reçoit passe pour un incapable ou un assisté. Tout ou rien, entre excès charitable et péché d’orgueil, la frontière de l’équilibre est floue.

Ce que je veux dire, c’est que ce rapport à l’aide puise ses racines dans notre propre représentation de nous même. La question de l’identité en ce qu’elle implique d’être unique et semblable (pareil mais différent) est centrale la dedans. Donner c’est reconnaitre l’autre en ce qu’il est semblable à soi. Ce qui est à moi, est à toi. Dans l’absolu c’est reconnaitre l’autre à son égal, et non instaurer un ordre de préséance quelconque, une hiérarchie. Pourtant , force est de constater qu'on a vite tendance à fuir le risque de se retrouver pris dans l’etau d’un créditeur, dépendant, qui plus est violenté par l’intrusion de l’autre. Ce que je veux dire, c’est que l’un comme l’autre, donner ou recevoir a vite fait de devenir terrifiant comme si il entrainait obligatoirement une asymétrie relationnelle et de fait une image non satisfaisante de soi.

C’est sur que de multiples biais pervertissent la relation d’aide tant du côté de l’aidant que de l’aidé. D’ailleurs, ce n’est que peu étonnant, vu que dans la place qu’on accorde au fait de recevoir, d’accepter l’aide, on touche la question de la dette symbolique, puisqu’on va appréhender un don par la lorgnette de sa réciprocité.
Je me demande en fait si ce rapport difficile avec l’idée d’être aider ne s’inscrit pas dans une dérive sociétale qui a transformé nos relations. Si le fait de ne pas accepter l’aide ramène à notre incapacité de faire face à un sentiment insupportable de dépendance, c’est peut être que la réciprocité nécessaire au contrat social est contaminé par une question de valeur et de symétrie materielle. Comme si le sentiment « d’être soi » passant nécessairement par la confrontation à l’autre et l’échange, avait glissé vers un mode commercial. La prédominance de la valeur matérielle apparait donc comme la perversion du système de base, le contrat social tacite, la question de l’alterité et de la socialisation.

Etre aider, c’est inscrire une temporalité, se projeter d’une certaine façon parcequ’à un moment, il faudra rétablir l’équilibre,….du coup pas sur que ca fasse bon ménage dans une société d’immédiateté, de hors temps, de valeur marchande et d’usage unique, d’individualisme outrancier
Je me réfère volontiers à la théorie sur le don/contre don de Marcel Mauss. Selon ce dernier, le don est un acte social, définit par des codes particuliers. Il n’a en théorie aucune valeur, ne se positionne dans aucun piédestal puisque dans un échange ce qui prime est davantage la valeur sociale et le mouvement logique dans lequel il s’inscrit. « On te donne », « tu acceptes l’idée de recevoir », tu donnes à nouveau (ainsi de suite) .
Pas besoin alors de vivre dans une tribu qui fait des offrandes à des dieux pour mesurer la dimension rituelle et temporelle des dons. Sans lui accorder une quelconque valeur j’ai du mal à envisager une société qui se passerait du don.

Souffrir d’être aidé n’indique t il pas alors qu’on a du mal à se situer soi , se reconnaitre et reconnaitre l’autre ? N’est ce pas fondamentalement égocentré ? C’est une question, une piste. J’ai l’impression qu’il y’a un peu de ça. Parole d’un professionnel de la relation d’aide incapable d’envisager que les rôles s’inversent un jour… ;)
Tout le monde peut se mettre en colère. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, au moment et durant le temps voulus. (Aristote, Ethique à Nicomaque).

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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Hermite »

Le sujet a été déplacé dans un autre forum, j'ai remis mon commentaire.

shunbabyx

Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par shunbabyx »

Je comprends le questionnement, et j'ai longtemps ressenti ce qui est décrit ici. Aujourd'hui je pense avoir dépassé ce stade. Il y a une part d'expérience qui m'a fait changer. Et pour cause. Comme je l'expliquais dans le topique consacré au don d'organe, accepter un don, l'aide d'une personne à qui on ne pourra jamais rendre ce cadeau inestimable c'est presque inhumain.
Quand on accepte une aide, ou qu'on la demande, peu importe, quelque part on se sent redevable, et de là à se sentir coupable, il n'y a pas forcément beaucoup de marge.

Au début de ma vie, je ne voulais l'aide de personne, jamais, parce qu'on m'avait appris que tout à un prix et que je ne voulais être redevable de rien. C'est aussi un fantasme de vouloir être à l'origine de tout, même de soi-même ... Vouloir tenir le monde dans sa main ... c'est être un dieu, mais c'est aussi être éternellement seul. Et puis surtout ce n'est pas possible. La réalité s'est rappelée à moi par le biais d'un truc super concret qui m'a fait redescendre sur terre du haut de tous mes rêves de grandeur et d'autarcie : mon corps.

Un jour on m'a dit, ton corps est malade, il se détruit. Tu dois envisager que tu as une maladie évolutive génétique, qui va t’amener à une insuffisance rénale, à la dialyse et à la greffe (c'était il y a 16 ans).

Quoi ???

Oui tu devras accepter de recevoir l'assistance d'une machine, puis un don d'organe. D'ailleurs tu devrais envisager une prise en charge psychologique car ce genre de diagnostique est dur à avaler, on a besoin d'aide quand on se prend ça dans la gueule.

Je n'ai besoin de personne !! Rien, ni personne. Je ne veux pas de machine, pas de don, rien ! Mon heure viendra quand elle voudra, et je serais prête.
Voilà ma première réaction. On retrouve bien le super héros, qui tiens le haut du pavé, enfermé dans un truc super trop beau, genre Antigone. Ouai, sauf que en fait ça ça tient tant que l'histoire n'est pas encore gravée dans votre peau.

Mais quand commencent les séries d'hospitalisations, où on est tellement mal, qu'on peut même pas dire si on est d'accord ou pas avec les soins médicaux qu'on nous donne, ou personne ne vous demande votre avis, parce que c est simple, cette aide elle est vitale, et que si personne ne vous la donnait, ben vous seriez mort.
Quand vos proches vous supplient d'accepter l'aide qu'on vous propose, parce qu'ils vous aiment et qu'ils ne veulent pas vous perdre. Quand vous devenez parents, et responsables d'un enfant, et que le refus de cette aide va entrainer de graves conséquences pour votre enfant ...
Je vous assure, et sans du tout faire du misérabilisme, que l'aide vous l'acceptez sans chipoter.

Quand j'ai pris conscience que j'étais malade, et que refuser l'aide des autres c'était me condamner à mort, j'ai commencer à travailler sur cette difficile équation. J'y travaille depuis 16 ans. J'y travaille depuis que j'ai compris que ma vie était avec les autres, et pas contre ou à coté des autres.
Je n'ai pas encore résolu toutes les inconnues de l'équation, j'ai encore énormément de mal à déléguer, et énormément de mal à faire confiance, mais au moins j'ai appris à écouter les autres. Parfois, accepter de l'aide, c'est s'aider soi, mais c'est aussi aider l'autre.
J'aime la vie, même si elle est difficile, et parfois, le seul moyen d'y faire face, c'est en étant entouré. Paradoxalement, on est rarement à l'origine de ses propres motivations : combien d'entre vous font des choses énormes, et se dépassent parce que leur motivation c'est l'autre ?
Alors pourquoi les autres n'auraient pas le droit eux aussi de trouver leurs motivations en vous ? Si les autres vous touchent, admettez que vous touchez aussi les autres, que si vous éprouvez le besoin d'apporter de l'aide, les autres aussi.

Donner et recevoir, l'envers et l'endroit d'une même médaille.

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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par daydream »

Excellent sujet.

On est au coeur de la psychologie du surdoué.

Vos témoignages sont poignants et touchants, particulièrement celui de Shunbabyx où cette problématique de l'aide se heurte à du terriblement concret.

Je n'en rajouterai pas, car je ne ferais que redire ce que vous avez tous dit et que je partage et connais si bien.

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Kayeza
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Kayeza »

Il y a peu, j'ai traversé une phase très noire et je ne voyais pas comment j'allais m'en sortir. Je m'en voulais de faire la gueule, mon homme n'y est pour rien et c'est lui qui prend tout. Alors je lui ai dit "j'ai besoin de parler mais j'y arrive pas". Il m'a posé la petite question qui m'a aidée à me lancer et à sortir du noir.
L'aide d'autrui n'est pas avilissante - en avoir besoin (et se l'admettre) nous rappelle que l'humain est un animal social. Franchir le pas de demander cette aide n'est pas facile mais peut être très libérateur - peut-être justement aussi libérateur que difficile, parce que la difficulté révèle les blocages...
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Re: L'aide d'autrui est-elle une chose avilissante?

Message par Kayeza »

La citation du jour spéciale asdf : "Si tu veux être heureux voyage avec deux sacs : un pour donner, l’autre pour recevoir." Goethe
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