L'Autre, cet Etranger.

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Diogène
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L'Autre, cet Etranger.

Message par Diogène »

[font=Comic sans Ms]Lors des nuits sans lune où seul le scintillement des étoiles illumine la voûte céleste, je pose mon regard sur ces puissances lointaines et je me dis:

N'est-ce pas là une chose étrange cette étrangeté chez l'étranger ?

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui rendez les autres si différents de vous? Il ne s'agit pas là de surdouance, mais de ce côté mystérieux, incompris qui est propre à chaque être humain. Je parle de cette chose qui se diffuse dans l'air tel un parfum de printemps et qui produit chez certaines personnes, une fascination, une obsession, un envoûtement. Ce charme impénétrable qui réunit parfois deux être humains, qui déchaînent passion et contradictions. Amour ou amitié, des liens se créent, se nouent d'un naturel déconcertant.
J'ai parfois entendu dire: << C'est parce qu'il me ressemble. >>. Certes, toutefois, cet étranger n'est pas vous et vous n'êtes pas lui.
Pourtant cette unicité, car c'est de cela qu'il s'agit, engendre la complémentarité. Comme si la pièce d'un puzzle venait de trouver, de la manière la plus simple qu'il soit, sa place qui lui était destinée.
Toutefois, notons que cette fascination peut se transformer en aversion.
Pourquoi la fascination se transforme t-elle en mépris, en rejet de l'autre? Peut-être parce que nous pensions apprivoiser cet autre et l'intégrer à notre mode de pensée? Peut-être parce que la mine de l'enrichissement mutuelle est épuisée?
Peut-être parce que nous avons compris que l'Autre, finalement, ce n'est pas Nous. Le fait de comprendre que nous soyons fondamentalement différent engendre une rupture à cette complémentarité illusoire.
Quels sont donc les réels mécanismes de la Pensée? Pourquoi ne peut-il y avoir une fusion de deux Êtres?
L'unité de l'Être pourrait répondre à cela. Mais alors, sommes-nous destinés à être seul toute notre vie? Les Autres ne sont-ils finalement qu'un accompagnement vers notre tombe?

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Animal
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Re: L'Autre, cet Etranger.

Message par Animal »

Bonjour Diogène. :hai:

Je suis intéressé par la question, et je la creuse d'ailleurs inlassablement depuis quelques temps.
Je vais essayer de ne pas être trop brouillon, et de résumer un peu ce que je crois avoir compris au travers de diverses lectures (Krishnamurti, Eckhart Tolle...). A ma façon, bien sûr, imparfaite.

En un instant d'ouverture, libre de toute pensée, on peut ressentir l'humanité qu'on partage. Ce moment de détente nous arrive plus aisément quand l'écho semble clair, quand autrui semble répondre à nos attentes, en matière de partage, de communication. Ce qu'il y a derrière, c'est le désir. Et le désir inclut la souffrance.

Autrui, par un "heureux" hasard, peut sembler manifester la part séduisante de notre monde intérieur, fait de représentations. Mais ce qui est réel échappe aux représentations. Ce qui vit n'est représentable que dans sa forme, pas dans son fond (son essence). Ainsi peut-on être un instant plus proche de cette essence, mais le mental (qui vise le contrôle) revient vite, tentant de cadrer ce qui se passe, et comme il ne saurait y parvenir (car il ne peut rendre compte que de la forme), alors le rejet (motivé par la peur qui apparaît face à "l'incontrôlable") arrive.

Dans le "même", je m'aime, on sème. Le différend naît de la prépondérance du différent, par la peur que génère l'inconnu, dans la pensée. La différence, c'est la forme. Le "même", c'est le fond.

Eduqués à la discrimination par la forme, les hommes se battent. Fascination et rejet sont des effets du désir, lui-même issu d'un monde de représentations nécessairement illusoire, un filtre (des perceptions) qui nous éloigne de la réalité. La possessivité entre sûrement en compte dans l'équation. On veut peut-être s'attacher ce qui nous séduit, pour retrouver un équilibre perdu... par l'attachement qui nous lie malgré nous à ce qui nous fascine ?

"L'unité de l'Être" échappe nécessairement à la pensée, qui n'en est qu'un effet partiel.
La pensée discrimine, vise le contrôle, et l'amour lui échappe. Là est, je crois, la racine du sentiment de solitude.
Que fait-on d'autre, finalement, qu'essayer dans nos relations de combler ce sentiment de manque ?
On cherche alors le "même"... mais dans la forme. Comment pourrait-on y trouver satisfaction ?

Bon, je me sens un peu brouillon, j'espère ne pas avoir trop digressé.
Mais j'avais envie de répondre, car la question m'intéresse grandement.
:P
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La Magicienne
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Re: L'Autre, cet Etranger.

Message par La Magicienne »

Je pense qu'on est fondamentalement seul, mais pas que toute notre vie. Je pense que nous sommes seuls avant et après. Actuellement, nos particules semblent s'accorder à être nous, mais elles ne sont pas nous, elles redeviendront seules en l'espace (temps) du claquement de doigt.
Pas de conscience qui survit à cela, juste du chaos et de l'ordre.

L'angoisse liée à notre conscience d'être seul, c'est cette étrangeté qu'on perçoit chez l'autre, cette solitude élémentaire des particules.

Je suis d'accord avec Animal (enfin je crois, mais ce fût en diagonal alors...pour cause de chat intense :angel4: )sur on comprend ce qu'on projette, on ne comprend pas ce qui nous est étranger totalement.

Diogène
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Re: L'Autre, cet Etranger.

Message par Diogène »

Je pense que l'Autre est une manifestation inconsciente de notre subconscient. Cela se produit quand nous nous rendons compte que nous ne savons pas qui nous sommes réellement. Quand l'Autre, à notre contact, nous révèle que nos repères sont faussés, que nos croyances ne sont pas réelles. Cette révélation de la fragilité de notre personnalité nous pousse à deux options radicales, le rejeter ou l'accepter.
Premièrement, lorsque nous rejetons l'étrangeté de l'étranger, c'est parce qu'il s'agit avant toute chose de frontières. La pénétration involontaire de nos barrières psychiques nous oblige à réagir de façon à se défendre car nous ne connaissons pas les intentions de l'Autre. Ainsi, cette peur de voir cet étranger profaner notre territoire nous oblige à le rejeter car nous avons l'impression de subir une agression. En faisant cela, nous revendiquons notre droit d'exister.
Deuxièmement, l'acceptation de l'Autre car son intégration n'est pas perçu comme une menace directe de notre identité, mais comme une complémentarité. L'Autre devient source de désir et une tendance naturelle nous pousse à nous rapprocher, à ouvrir les barrières qui nous protège.

L'Être clame son droit d'exister car il perçoit une menace également qui émane de la Société. La Société est un concept qui fragilise l'individu au détriment de la collectivité. (Je ne développe pas, car çà risque de faire gros pavé dans la marre.)

N'oublions pas toutefois, que cette frontière "personnelle" n'est qu'un microcosme à l'échelle de l'humanité. En effet, les frontières physiques qui délimitent plusieurs nations peuvent s'avérer source de conflits. Comme la frontière qui sépare deux êtres par un langage différent. Cette frontière linguistique entre deux êtres créent une étrangeté qui va être perçu d'une certaine façon. (Je ne développe pas non plus.)

En revanche, les religions tendent à réunir l'étrangeté de l'étranger sous un seul étendard. Sous la bannière de la Foi. (De même ici)


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