Critiques cinéma

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Hugo
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Re: Critiques cinéma

Message par Hugo »

Sans oublier son court métrage Carne qui est le prologue de Seul contre tous qui est tout aussi génial.
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Rozz
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Re: Critiques cinéma

Message par Rozz »

Peut-être je regarderai Sinister mais je le sens pas tellement ce film, enfin pourquoi pas!

Si t'aimes les films dans le genre, n'hésite pas à poster, Little-tiger, dans le topic consacré aux slashers, horreur, etc...
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Cyrano
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Re: Critiques cinéma

Message par Cyrano »

Image

Date de sortie: 7 décembre 2011 (1h 39min)
Réalisé par Steve McQueen (II)
Avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale.
Genre : Drame
Nationalité : Britannique

Le film aborde de manière très frontale la question d'une addiction sexuelle, celle de Brandon, trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Quand sa sœur Sissy arrive sans prévenir à New York et s'installe dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie...

Comment parler de ce film...La question serait d'ailleurs : Comment mettre en mot une expérience purement sensitive ?

Nous voilà transportés (ou plutôt catapultés) dans la vie d'un homme malade. Sa maladie, c'est le sexe. Non pas les femmes, mais le sexe, dans ce qu'il a de plus animal. Cet homme, obligé de jouir plusieurs fois par jour pour se sentir vivre un peu, nous émeut, nous entraîne dans ses souffrances, dans sa solitude.

C'est un film absolument superbe, dans sa plastique, dans son rythme, dans la rage qui anime la metteur en scène, dans son cri bestial qu'il nous balance en pleine gueule, au travers d'une pathologie méconnue, induite pas des blessures à peine dévoilées, dans l'absolue solitude qui écrase les Hommes modernes dans leurs villes aseptisées et froides comme un coup vite fait contre le mur d'un building.

C'est cru, violent, dérangeant, explicite, mais jamais vulgaire. Mcqueen a réussi à montrer des corps originellement désirables en masquant leur pouvoir sensuel, ne gardant que la froideur des actes bruts. On en ressort totalement éberlués, conscients d'avoir été les témoins d'un grand moment de cinéma comme on n'en vit que rarement.

Michael Fassbender est extraordinaire, tout en souffrance, tout en nuances, multipliant les scènes fortes avec un naturel et une force incroyables.

Vous l'aurez compris, Shame est un chef-d’œuvre qui rappelle les plus grandes heures du cinéma de Thomas Vinterberg (Festen) ou d'Ingmar Bergman (Cris et chuchotements).

Voici la preuve, s'il était encore besoin de le dire, que la cinéma est un art majeur, qui offre la possibilité de plonger dans l'Humanité avec une avidité gouleyante, lui extirpant ce qu'elle a de plus intime, de plus originel, et de plus essentiel.

5 étoiles sur 5
On ne reste parfois fidèle à une cause que parce que ses adversaires ne cessent d'être
ineptes.

Ianthe

Re: Critiques cinéma

Message par Ianthe »

Oui, j'aime beaucoup Shame aussi...

A mon tour.


[align=center]Ex drummer, de Koen Mortier, 2007.[/align]


Image
"Trois types handicapés, formant un groupe rock sans batteur, sont à la recherche d'un batteur, de gloire et de succès. Ils proposent à Dries, un écrivain renommé, de rejoindre leur groupe. Dries accepte avec plaisir et décide que son handicap sera qu'il ne sait pas jouer de la batterie. Tel un dieu ultime mais en même temps diabolique, il descend du ciel afin de se mêler à la populace en détresse. Avec l'arrivée de ce manipulateur, l'avenir du groupe sera lui aussi mis en jeu et il ne faudra pas longtemps avant que les autres membres n'en viennent à se haïr comme la peste. Leur seul avenir est finalement écrit dans bien des paroles punk : "No Future"..."
[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=PjZPNkjVFSU[/BBvideo]
A noter tout d'abord que ce film me semble purement adolescent, surtout dans son humour.
A l'exception de deux/trois idées de montage aux intentions putassières et naïves, j'ai aimé l'esprit.
Les deux/trois idées de montage, c'étaient les personnages qui marchaient à reculons, parfois c'était même présenté comme le temps qui s'écoulait en sens inverse, et le personnage qui peut défier les lois de la gravitation en marchant sur son plafond et en discutant avec son pote qui lui marche sur le sol et n'est pas étonné.
Je crois que j'ai passé l'âge de trouver ça chouette ; vu l'ambiance, le jeu d'acteur, etc, je réduis ça à un dialogue entre le réal et un membre de son équipe pour accentuer le côté pseudo subversif et lourdingue avec une idée somme toute, très facile à avoir, et qu'à mon avis, on a évité jusqu'ici par sens artistique ou à cause des contraintes.
C'est un hic qui m'est tout personnel, car évidemment, Ex drummer est un film foutraque à vocation punk.
J'aime la philosophie punk, à cause de l'intensité et de la liberté qu'on peut éprouver en vivant en n'ayant plus d'obligations, par nihilisme ou par malchance.
Dans la bande annonce, on annonçait un "feel bad movie". Je n'y croyais pas, j'éprouvais déjà cette dite intensité dans les premières images, d'autant que le film a été tourné et se déroulait en Belgique, où j'ai moi-même fréquenté les bars de rock en tout genre, j'avais donc l'impression d'y être de nouveau. L'aura des habitués, du lieu en général, était sensiblement la même...
Hedwig&the Angry Inch est le seul film que je serais foutue de citer comme un de mes feel good movies (un topic sur ces derniers peut-être?). Là encore, c'est un film punk. Suivre la vie d'un être humain qui se relève avec autant d'innocence, de simplicité, de colère saine, d'humour, d'énergie et d'amour pour la vie, qui suit son chemin avec une vie franchement difficile...Le contraste avec les musiques du film, les films d'animations comme "the orignin of love", cette explosion de couleur et les événements qui s'y déroulent me donnent le sourire.
Or, Ex drummer fut bel et bien pour moi un feel bad movie. Il n'y avait pas d'insouciance, juste de la dépravation qui n'atteignait jamais ses limites.
Quelques moments funs pourtant. C'est là qu'on vire du côté adolescent. D'autres les foutrons dans la case du glauque.
Quelques moments qui m'ont semblé intelligents aussi (intelligent ne veux pas dire intéressant : il s'agissait de poncifs tel que l'écrivain disant à sa femme que s'il voulait aller jouer dans ce groupe, c'était pour se salir, se frotter à la populace tout en sachant qu'il pourrait toujours retourner à sa cage dorée quand il le désirerait).
En tout cas, même le dialogue final, quoique, sordide, m'a touché.
► Afficher le texte
Maintenant deux mots sur la prise de vue. La caméra tremble, des travellings, etc, ce qui a tendance à me plaire, mais je conçois bien que ce soit pas le cas de tous.

invité123

Re: Critiques cinéma

Message par invité123 »

Je viens de voir The Revenant et Deadpool l'un après l'autre aujourd'hui.

Je commence par Deadpool qui a le moins d'intérêt à mes yeux.

Pour moi aller voir un film de super héros c'est l'occasion de se vider un peu la tête tout en réfléchissant à la façon dont une sous culture adolescente est imposée aux spectateurs grand public à grands coups de dollars.

Deadpool est un personnage qui a la capacité de briser le quatrième mur et qui a conscience d'être dans un comics. Dans le film, le personnage s'adresse continuellement à nous pour suggérer une connivence facile et commode. Le procédé ne sert globalement qu'à des tentatives d'humour qui - en ce qui me concerne - ne fonctionnent pas.
Le film s'efforce de pointer les raccourcis scénaristiques et les stéréotypes du cinéma à gros budget américain, mais tout ce qui semble être pointé du doigt est utilisé de la même manière ici.
Aussi on a un film faussement subversif, qui s'il est pensé pour égratigner les modes de productions d'Hollywood, reste totalement innofensif et ne dénonce finalement rien du tout. Reste un contenu orienté action/bagarre sans grande ambition.


Ensuite The Revenant.

Alors j'ai bien aimé le film, j'en ai apprécié la mise en scène et la photographie. Pour autant à mes yeux le film n'a rien d'un chef d'oeuvre.

Le film est globalement mou et lent. Si on ne s'intéresse pas vraiment à la façon dont les séquences sont filmées, alors il me semle qu'on peut s'ennuyer ferme. Plusieurs de mes amis m'ont d'ailleurs rapporté que le film les a ennuyés.

Plus problématique pour moi, il y a la question de l'intention du réalisateur. Je ne peux voir un film sans le mettre en perspective avec la façon dont il a été produit. Ici nous avons un film porté par une ambition un peu folle, dont les conditions de tournage ont été absurdes avec des démissions à la chaîne des techniciens qui n'en pouvaient plus... tout ça pour des procédés de mise en scène dont la très grande majorité des spectateurs n'aura pas conscience. Les plans séquence c'est très séduisant quand on s'intéresse à la mise en scène, mais est-ce vraiment necessaire de compliquer à ce point la vie de son équipe pour juste avoir un truc que finalement peu remarqueront ? Tourner en lumière naturelle dans un environnement hostile, est-ce vraiment necessaire, si ce n'est pour faire rêver quelques puristes au courant de l'intention du chef opérateur...

Alors il y a l'intention artistique... personellement cela ne me parle pas en ce qu concerne des films qui coûtent plusieurs dizaines de millions de dollars. Est-ce qu'un plan séquence va vraiment susciter des émotions différentes que la quasi même séquence contenant juste un ou deux cuts élégamment placés ? Dans l'absolu on pourrait se dire que c'est la création qui compte, mais quand cette création repose sur des dizaines de techniciens qui méritent de travailler dans des conditions un minimum décentes... ou quand cette création complexifie à outrance la mise en scène pour un effet peut-être marginal sur le spectateur...

Tout cela me laisse penser qu'un tel brio à la réalisation n'est que de la jubilation très coûteuse en argent et en énergie. C'est un peu de la masturbation intellectuelle pour moi : s'imposer des contraintes techniques et un défi énorme uniquement pour toucher les initiés. Je trouve que c'est de la mise en scène snob en fait.

Alors j'ai bien aimé quand même, car je suis admiratif du résultat. Mais je ne peux m'empêcher de penser : tout ça pour ça ? Parce que le film ne porte en fait aucun propos, c'est juste un objet strictement esthétique, un beau produit vide de sens. Si toute cette énergie n'est là que pour nous dire : nous ne sommes que peu de chose face à l'immensité et l'hostilité de la nature... Alors c'est un peu triste. Mais au moins c'est joliment réalisé.

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Chacoucas
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Re: Critiques cinéma

Message par Chacoucas »

Tiens j'avais écrit ça sur The revenant, ça complètera un peu (on a pas analysé les mêmes choses).



The Revenant, 2015, Alejandro Gonzalez Inarritu


J'avais beaucoup apprécié les 3 premiers longs métrages d'Inarritu, qui a surfé sur la vague de films chorals (on suit plusieurs fils narratifs à la fois, dont les trames se tissent entre elles plus ou moins directement)fin 90's début 2000's. Je n'ai pas regardé ce qu'il a fait depuis 2006, mais Birdman a remporté de multiples récompenses et semble excellent. Il adapte ici un roman et s'inspire de la trame d'un film de Sarafian de 71.
L'action prend place dans un rude hiver étasunien au temps des colonisations du territoire. C'est une histoire de survie et de vengeance qui est traduite par une violence crue, débordante, servie par des paysages splendides de froid et de neige, des plans-séquence parfois mémorables, et un genre humain qui au delà des langues et cultures semble avoir comme dénominateur commun la folie, la mort, et le sang. Ici, les tentatives pour gérer les traumatismes et les terreurs ont beaucoup de mal à se faire sans un nouveau traumatisme. Les tentations d'ascendance ne sont ni morales ni intellectualisées. Elles sont question de survie avant tout. La morale en soi est une promesse de mort comme l'hiver ou les armes. La naissance de la résilience se fait dans le vide intérieur le plus terrifiant sans le nier, sans l'effacer. On prend place dans un cycle de violence plus grand que soi et que nos capacités mentales ou physiques dont la fin, en soi, c'est respirer, et continuer à vivre. A l'exception de toute autre notion, si ce n'est une vague empathie situationnelle pour les autres survivants.
Il est à noter que Park Chan Wok devait initialement s'occuper du projet, ce qui ne surprend pas spécialement puisque ce sont des points typiques de son oeuvre. Ca aurait pu être intéressant de voir ce qu'il en aurait fait. Peut être Inarritu a glissé quelques éléments de son mysticisme réaliste dans cet univers. Et Di Caprio, qui a déjà montré ses talents dans de tels contexte, tient la distance. Personnellement, cependant, je ne suis pas un grand fan de violence et il faut bien reconnaitre qu'elle tient vraiment ici le rôle principal.

enufsed
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Re: Critiques cinéma

Message par enufsed »

Je reprends contact avec le cinéma, délaissé depuis la naissance de ma fille. Elle dort mieux et nous avons maintenant des casques pour profiter sans réveiller la pitchoune. Je poste sur ce topic qui me paraît le plus adapté bien qu'un peu délaissé.
Alors j'ai enchaîné trois film de qualité à mon sens très inégale :

- Dune - Part 1 / Denis Villeneuve: objet froid qui semble marquer chez Villeneuve le basculement irréversible vers un au-delà de la nolanisation. Réalisation prétentieuse, trompettes insupportables d'Hans Zimmer (vivement qu'il quitte le cinéma celui-là), tout cela pour appuyer un choix sans doute pensé comme audacieux : rendre glaciale une planète brûlante. Architecture brutaliste, colorimétrie grise/marron. Surtout le film échoue à construire toute forme de dramaturgie en usant de la prolepse onirique qui toutes les vingt minutes nous annonce le programme des scènes à venir, si bien qu'on est pour le coup réduits à voir s'accomplir inexorablement le destin de Paul Atréide. Cela désactive tous les enjeux narratifs et je pense que Villeneuve devrait passer un coup de fil à James Cameron pour glaner un ou deux conseils. Quant aux scènes dites d'action, elles sont largement ratées, on sent que ce n'est pas le truc de Villeneuve. Le beau combat final relève le niveau (et en ce sens permet de se démarquer de Nolan dont on se souvient du Batman aux combats à main nue ridicules). Visiblement les fans de Dune sont satisfaits, moi ce film m'a donné une folle envie de revoir celui de Lynch (je fais partie de cette secte des gens qui adorent le Dune de Lynch). Il y a cependant une chose qui est intéressante chez Villeneuve et qui m'avait fait beaucoup aimer "premier contact" : l'intérêt porté au langage et à la communication. C'est le plus intéressant de ce Dune : communication par les doigts, langues nouvelles et forcément le rôle de la voix (notamment les tonalités / intensités)...tout ceci n'est ici qu'esquissé, on sent qu'il veut y aller mais j'ai peur que son cahier des charges l'empêche de sortir des rails.

- Titane / Julia Ducournau : fan de Cronenberg, fan de Giallo, fan de gore, et ayant apprécié Grave, Titane était forcément taillé pour moi, je n'avais plus qu'à m'y glisser confortablement. Las. Expérience décevante, pas un mauvais film, non non, juste en deçà de ce que j'en espérais. En cause un amoncellement de références et un film coupé en deux par une réalisatrice certainement soucieuse d'étaler son savoir (faire) : un départ sur le mode Tarantino grotesque pas très inspiré qui ne semble exister que pour justifier la rencontre de la seconde partie. Au-delà un vrai début de quelque chose sur la notion de genre, le travail sur les corps objets / enveloppe, sur l'identité choisie ou contrainte. Je pense que le film s'est perdu à force d'avoir les yeux plus grands que le ventre, se focaliser sur cette problématique suffisait sans derrière alourdir le propos par un intérêt porté au transhumanisme. Ducournau reste ultra prometteuse mais va falloir focaliser son énergie.
Palme d'or ou pas Palme d'or ? Pour moi non mais c'est un vrai objet de cinéma.

- France / Bruno Dumont : comment juger un film de Dumont quand on n'a de cesse de dire qu'il est le plus grand réalisateur français contemporain ? Alors là c'est bien puisque le titre fait office (presque) de programme. Donc France de Meurs (avec toutes les significations que ce nom pourra prendre) est une manière allégorique de la France. On sait que ce qui traverse le cinéma de Dumont c'est la question du mal, ce mal qui l'a inspiré dans sa relecture de sous le soleil de Satan, et en face la conversion/élévation/rédemption mystique. C'est encore cela qui est à l'oeuvre ici avec en surface ce travail sur le statut de l'image (à quoi correspond ce changement colorimétrique chez Dumont).
Comme toutes ses dernières oeuvres depuis Quinquin, Dumont nous balade dans l'absurde, dans l'outrance jusqu'à flirter avec la blague lourde et puis en deux coups de ciseaux il vous remet tout ça en place façon chiropracteur. D'un coup semblant parler de la séquence en cours on comprend que ça parle d'autre chose comme un oracle qui délivrerait sa vision.
Et puis il y a ces corps qui finissent par s'enlacer, motif fort de Quinquin ou d'Hadewijch et ce plan serré final sur le visage de Léa Seydoux bleu blanc rouge : yeux et bouche.
Je suis étonné de lire autant de critiques obnubilées par ce qu'elles considèrent comme une satire des médias et des chaînes d'infos. Bien-sûr qu'il est aussi question de ça, mais de tellement plus. On est dans la continuité de l'oeuvre de Dumont toujours aussi complexe et admirable. Et je dois reconnaître que Léa Seydoux est impeccable.

Ce soir Ham on Rye, j'ai hâte je sens que ça va être génial.

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Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

enufsed a écrit : dim. 30 janv. 2022 18:16 je fais partie de cette secte des gens qui adorent le Dune de Lynch
Non! 8o Je croyais que tous les adeptes étaient morts, par suicide ou autrement. :rofl:

Ton avis sur le Villeneuve m'a intéressée, j'ai perçu le film tout autrement que toi. J'y reviendrai demain si je trouve un moment. :)

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Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

Pour revenir d’un mot sur Dune, je serais moins sévère que toi. Le roman est difficile à adapter et si le film lui est inférieur, il ne m’a pas paru sans intérêt, au contraire. Le choix scénaristique de reconstruire une intrigue foisonnante, voire éclatée, autour du personnage de Paul Atréides peut légitimement être ressenti comme une trahison : pour ma part, je l’ai davantage perçu comme une simplification raisonnée, pédagogique en quelque sorte et qui s’avère assez fonctionnelle. Je ne crois pas qu’il y ait désactivation des enjeux narratifs mais déplacement et recentrement de ces enjeux. Dune devient l’histoire de Paul, comme tu l’as noté : c’est moins que la totalité du roman, mais c’est déjà beaucoup et surtout c’est cohérent, en soi et avec l’ensemble de l’œuvre du réalisateur. Villeneuve s’intéresse aux questions de filiation et de destin depuis ses débuts : avoir sélectionné ce thème, qui constitue un élément majeur du livre et l’un des plus tragiques, n’a rien d’une aberration. Reste bien entendu à voir ce qui en sera fait dans la suite, si elle est produite.
Le refus de l’éclat et du baroque au profit d’une esthétique minimaliste, la réduction d’un contenu symbolique devenu désuet au seul élément des rêves prémonitoires d’un personnage angoissé par un destin captif m’ont paru des décisions intelligentes dans cette optique. Bref, j’ai apprécié le film en l’état bien davantage que celui de Lynch, même si j’ai regretté que les Harkonnen n’y soient guère mieux traités.

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Re: Critiques cinéma

Message par enufsed »

@Judith Je ne peux pas comparer le film au matériau d'origine puisque je n'ai pas lu les livres. Je ne rejette pas le film en bloc, c'est tout à fait regardable, mais j'aurais aimé qu'il ne tombe pas dans un travers de surexploitation financière (a priori on part pour une trilogie a minima) et ne cède pas à la tentation de tout laisser au cas où. L'art de la coupe est un bien inestimable au cinéma, ce qui le distingue des séries.
Bref, j'attends la suite, voir ce qu'elle nous réserve.

Un petit mot sur Ham and Rye de Tyler Taormina Alors voilà en 1h24 un petit bijou, un film de coming of age qui intègre direct mon mini panthéon où trône Paranoid Park. Coupé en deux, un film qui suggère par un fantastique décalé, qui dans son apothéose pourrait visuellement singer un clip pour Raël, le basculement de l'adolescence vers la vie certifiée conforme d'adulte. Des jeunes (casting adolescent absolument mirifique, je pèse mes mots, l'attention portée aux visages est éblouissante !) converge vers le fast-food de leur bled indéterminé à une époque indéterminée, dans une photographie brumeuse et éthérée (très Damsels in distress, autre film que je connais absolument par coeur), ils doivent vivre le jour le plus important de leur vie. Les adultes sont quasi invisibles d'abord et on sent une tension, un truc lynchien qui travaille par en-dessous.
Seconde partie. Rupture franche. Il y a ceux qui ont manqué (de toutes les façons possibles) ce jour. Autre film ou presque. Je n'en dis pas plus.
Un film sur la pression écrasante mise sur les épaules de la jeunesse, le conditionnement, et puis sur ceux qui n'entrent pas dans la ligne, qui se retrouvent à côté. Les marginaux mais pas au sens spécifiquement social, plutôt ceux qui a un moment n'ont pas épousé la forme. Le tout dans une forme de suspension permanente, à l'économie de mot et d'action.
Peut-être la seconde partie est-elle un peu moins vibrante tellement la première est sublime, mais qu'importe, c'est un de mes gros coups de coeur.

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GraineDeNana
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Re: Critiques cinéma

Message par GraineDeNana »

enufsed a écrit : lun. 31 janv. 2022 21:17 Un petit mot sur Ham and Rye de Tyler Taormina Alors voilà en 1h24 un petit bijou, un film de coming of age qui intègre direct mon mini panthéon où trône Paranoid Park.
Est-ce que ton panthéon se compose essentiellement de films sur la sortie de l'adolescence ou est-ce que tu as un panthéon par genre de films ?

J'ai beaucoup apprécié aussi Paranoid Park, l'ambivalence de l'adolescence tout comme sa détermination parfois obtuse y étaient magnifiquement rendues. Je préfère pourtant du même réalisateur Elephant qui est beaucoup plus abouti formellement (mais cela l'éloigne du flou inhérent à l'adolescence).

Pour Dune, en tant que fan absolue de David Lynch je préfère oublier que son nom apparaît au générique. Je l'ai vu à la sortie, juste après avoir lu la série de livres, je n'ai pas décoléré pendant 20 ans...

Le récent Dune ne m'a pas vraiment convaincue non plus, mais j'irai voir le deuxième opus car il me semble que le réalisateur est entré dans l'univers de la saga, et qu'il n'a pas encore réussi tout à fait à déployer son ressenti. Cependant, à part la scène du combat, aucune scène ne m'a vraiment intéressée, j'ai même été très déçue par la scène où Paul Atreides doit passer l'épreuve de la douleur (en laissant sa main dans la boîte), je n'ai pas ressenti d'émotion à ce moment alors que le chapitre correspondant m'avait laissée pantelante.

Je vais proposer Ham and Rye à ma petite famille si j'arrive à me le procurer.
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
Natacha de Pontcharra

Invité

Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

enufsed a écrit : lun. 31 janv. 2022 21:17 un film de coming of age qui intègre direct mon mini panthéon où trône Paranoid Park.
Est-ce que tu places dans ce panthéon Teddy, des frères Boukherma? Je l'ai vu récemment, sur un conseil : s'il est raté à mon goût en tant que film d'horreur (le thème fantastique est mal intégré et n'apporte pas grand chose en dehors d'effets comiques assez usés), le traitement de la mue adolescente y est intelligemment croisé avec celui de la relégation sociale, ce qui le rend assez intéressant et même émouvant sur la fin.

Invité

Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

A l'occasion de la sortie d'un coffret collector chez Carlotta, j'ai vu L'échine du diable, l'un des rares films de Guillermo del Toro que je n'avais pas encore découverts.
La guerre civile espagnole : un enfant, Carlos, est abandonné par son tuteur dans un orphelinat isolé tenu par un couple âgé, où se croisent réseaux républicains douteux et gamins en perdition. Une bombe est tombée un jour dans la cour du pensionnat : non explosée, elle est restée plantée dans le sol comme un symbole maléfique, totem où bat peut-être encore un cœur prêt à tout pulvériser, et point de repère pour les âmes à la dérive. Carlos va découvrir un à un les secrets macabres du pensionnat : lorsqu'il en partira, il aura affronté le mal et la mort, découvert l'amitié, la fidélité dans l'adversité, et quitté l'enfance.
Très beau conte noir sur la perte de l'innocence, qui annonce Le Labyrinthe de Pan et La forme de l'eau, les deux films les plus connus de l'auteur. On peut l'aborder sous plusieurs angles, le récit initiatique et ses épreuves codifiées n'étant que le squelette d'un film organique où le décor tient un rôle aussi important que les personnages et où le sous-texte, des légendes de bandes dessinées à la poésie précieuse qui berce la mort, tisse une histoire différente de celle à laquelle on prête d'abord attention. L'enchevêtrement de la chair dans tous ses états et du métal sous ses formes les plus diverses, les couches de pierre, de chaux et d'eaux croupies que caresse ou traverse la caméra font du film un étrange cocon où s'élabore une âme en devenir : nourri de mensonges -on lui a caché la mort de son père- et d'images populaires -il lit des illustrés d'épouvante d'où sortira la forme d'un enfant mort englouti, double traumatique avide de vengeance, Carlos vit en vase clos et en accéléré les étapes de la chute, de la compréhension et du deuil qui le conduiront vers l'âge d'homme. Du générique où le spectateur voit se constituer sous ses yeux la formule populaire qui donne son titre au film à la dernière image, où un fantôme libéré de sa couardise laisse franchir aux enfants qu'il protégeait un portail ouvrant sur l'azur et la poussière, la cohérence et la beauté font mouche, même pour décrire un univers en guerre où le chaos et la violence semblent inéluctablement devoir l'emporter.
Le film n'est pas parfait pour autant : il pèche par une intrigue quelque peu simpliste, des personnages parfois trop stéréotypés (même si leur perception par l'enfant peut justifier cet aspect) et s'éparpille sur la fin de façon un peu agaçante en introduisant des scènes d'action maladroites et en diluant exagérément ses thèmes au lieu de les intégrer.
A voir néanmoins, ne serait-ce que comme matrice du cinéma de Del Toro.

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Re: Critiques cinéma

Message par enufsed »

@Judith Merci pour cet avis éclairé, et l'achat d'un Carlotta prouve d'une part ton intérêt pour le réalisateur et une forme de reconnaissance par les éditeurs (c'est pas rien Carlotta). Il faudrait que je me penche plus sur ses premiers films peut-être parce que ce que j'ai vu de lui ne m'a jamais convaincu, sans provoquer non plus de rejet de ma part. La Forme de l'eau, gros succès m'avait paru assez insipide, disons que les traits étaient à mon sens très grossiers. Jamais vu le Labyrinthe de Pan, peut-être parce que l'esthétique ne m'a pas attiré. Vu Pacific Rim, meilleur que le nanar qu'il laissait présager. Je ne sais plus si j'ai vu Mimic, peut-être celui qui va m'intéresser le plus.
Le titre du film que tu décris me rappelle qu'enfant j'allais à la charcuterie et je demandais des "côtes de Chine" :1cache:

Invité

Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

enufsed a écrit : dim. 6 févr. 2022 12:15 Il faudrait que je me penche plus sur ses premiers films peut-être parce que ce que j'ai vu de lui ne m'a jamais convaincu, sans provoquer non plus de rejet de ma part. La Forme de l'eau, gros succès m'avait paru assez insipide, disons que les traits étaient à mon sens très grossiers.
Tu peux essayer, le monde des premiers Del Toro constitue un univers particulier, à la fois puéril et inquiétant, qui peut charmer ou agacer selon les goûts. La forme de l'eau, plus tardif et plus abouti visuellement, est assez paradoxalement un de ses films les plus médiocres à mon sens.
Je te connais peu, mais quitte à donner une chance à ses "contes noirs" aux héros enfantins, je te suggèrerais de tenter plutôt l’Échine du Diable que Le labyrinthe de Pan. Je sens que dans le second, la fée-insecte et le crapaud- entre autres- vont t'irriter.
Quant à Mimic, il faut faire attention et voir le director's cut, car la forme exploitée en salle était le résultat d'un compromis déséquilibré avec la production, peu représentatif de ce que voulait Del Toro.
Quoi qu'il en soit, c'est un réalisateur intéressant. Il est actuellement surévalué, mais n'est pas pour autant sans mérites.

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Re: Critiques cinéma

Message par enufsed »

@GraineDeNana non non j'ai un paquet de films panthéonisés mais avec une section coming of age spéciale, c'est sans doute à mettre en regard d'une adolescence ratée (enfin je ne sais pas s'il existe des adolescence réussies pas plus que je ne sais s'il y a des vies ratées, comme on raterait une crème pâtissière), en tout cas en regard d'une attente rétrospectivement déçue d'adolescence lue à travers les images du cinéma américain (relire à ce titre un sujet ou un échange dans ce forum sur le gore).
Ceci fait que depuis presque trente je rejoue sans cesse mon adolescence par une forme de révisionnisme un peu malsain.

Pour Dune, en parlant de la scène de la boîte, comparer les deux versions est intéressant :
Lynch : https://www.youtube.com/watch?v=2Akg7lWtPlM
Villeneuve : https://www.youtube.com/watch?v=8Ng8dtBfuZM

Différences frappantes pour moi : le discours intérieur chez Lynch absent chez Villeneuve ou déporté sur la mère (Jessica) alors même que Villeneuve faisait un travail globalement intéressant sur la voix, mais surtout l'érotisme et la symbolique de la boîte comme matrice maternelle ou simplement sexe chez Lynch : la révérende mère exprime corporellement des sensations proches d'une forme de jouissance tandis que la boîte est posée sur ses genoux et que Paul semble plonger sa main dans son ventre / sexe. Chez Villeneuve, rien de cela, la boîte est posée sur l'accoudoir de la chaise et ce qui renvoie à la maternité est pris en charge par les plans sur Jessica derrière la porte mettant régulièrement ses mains au niveau de son ventre. ;)

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Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

La comparaison des deux mises en scène d'un passage célèbre du livre est intéressante, mais je m'interroge sur ton interprétation.
enufsed a écrit : dim. 6 févr. 2022 13:08 l'érotisme et la symbolique de la boîte comme matrice maternelle ou simplement sexe chez Lynch : la révérende mère exprime corporellement des sensations proches d'une forme de jouissance tandis que la boîte est posée sur ses genoux et que Paul semble plonger sa main dans son ventre / sexe.
Je veux bien, quoiqu'elle ait le sexe curieusement placé car si l'on voit bien la boîte au départ sur ses genoux, les plans suivant donnent l'illusion qu'elle est à hauteur de poitrine : mais quel est le sens de cette érotisation dans le cadre du récit? Et pourquoi l'association à la souffrance? Toujours en contexte évidemment, pas dans l'absolu où l'on peut donner n'importe quel sens à la symbolique.
Qu'il y ait une rivalité entre la Révérende et Jessica autour du personnage de Paul ne fait aucun doute, et la scène l'illustre très bien, mais je ne suis pas certaine que cette rivalité se joue sur le plan sexuel, ni chez Herbert, ni même ici chez Lynch.

D'un autre côté, tu as oublié de mentionner que si la boîte est un symbole matriciel, le Gom Jabbar est alors quasi forcément un symbole phallique. La jouissance de la Révérende Mère serait alors une jouissance de pouvoir plutôt qu'une jouissance purement sexuelle. En résumé, c'est selon qu'on est de l'école de Freud ou de celle d'Adler.
Bref. :)

Sinon, je préfère de loin la mise en scène de Villeneuve, qui me paraît éviter le ridicule alors que celle de Lynch saute dedans à pieds joints, mais c'est affaire de goût.

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Re: Critiques cinéma

Message par enufsed »

@Judith J'avoue, mon analyse était 100% tirée par les cheveux, je suis prêt à tous les faux raccords et dévoiements pour défendre la supériorité de Lynch, même s'il faisait...je sais pas...une pub pour la Playstation...(ah mince il l'a fait). :D

Films vus ces derniers jours (toujours en mode rattrapage)

Tralala des frères Larrieux : j'aime énormément leur cinéma. Tralala se présente comme une variation autour de la comédie musicale, on est beaucoup sur la question de l'identité (film qui assume pleinement les masques) et de personnalités qui se glissent peu à peu comme pour se retrouver dans une communauté étrangère et hétéroclite (c'était le cas dans 21 nuits avec Pattie et ça m'a aussi rappelé le film de Podalydès : Comme un avion). Là Amalric apparaît aussi un peu comme faune envoûtant peu à peu des âmes en errance : il est notable de voir que cette communauté se reconstruit autour de ces points bâillonnés par les confinements : boîte de nuit, bar, hôtel, concert debout.
Le début m'a fait craindre le pire, un peu poussif dans Paris, et puis le passage à Lourdes change la donne, la musicalité se construit et l'émotion affleure. Je conseille donc vivement.

First Cow - Kelly Reichardt : comment en parler. Film parfait ? C'est un peu gonflé mais quand même c'est pas usurpé. Je n'avais vu que deux films de Reichardt dont l'éblouissant "La dernière Piste". On retrouve cette vibrante sensibilité du vivant, une caméra époustouflante, des plans à pleurer, jamais je n'ai eu autant le sentiment de voir en images l'esprit du transcendantalisme américain. Dans cet espace restreint de l'intrigue, se jouent les immensités du wilderness, dans cette intrigue réduite à quoi, quelques beignets, se joue la naissance de la première puissance mondiale. Comment faire tenir l'histoire de l'Amérique dans dans les pis d'une vache...
Il y a aussi un dialogue avec le cinéma, mes connaissances sont trop maigres pour être pertinent, mais cette intimité rustique de l'amitié, cet embryon de cité en haillons où cohabitent déjà toutes les nations vont bien au-delà des images persistantes que j'avais du cinéma de la colonisation de ce continent. Peut-être Malick, mais il le fait dans le lyrisme. Ici la nature est tout, l'immense précarité de ces personnages est évidente et en même temps elle est toujours déjouée par un optimisme, une intime conviction des horizons qui s'ouvrent. Ils sont comme portés par un appétit et une certitude de vie aveugles, le film réussit à entrevoir déjà des cités immenses autour de quelques bouts de coquillages qui servent de monnaie et la réalisation d'un clafoutis entraîne des discussions sur la prise de risque, sur l'impérieuse nécessité d'agir, qu'on aurait pas entendues différemment dans un film sur Wall Street.
En fait je sens à quel point c'est difficile de ne pas dire de sottises tellement ce film est précis et exigerait une analyse à la hauteur de tout ce qu'il propose.
Je pense qu'il faudra que je le revoie, encore et encore. C'est tellement brillant.

PS : l'actrice du début de film Alia Shawkat est aussi la meilleure copine d'Ellen Page dans Bliss, encore un de mes coming of age préférés :)

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GraineDeNana
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Re: Critiques cinéma

Message par GraineDeNana »

A propos de Dune et des scènes de la boîte : super de pouvoir regarder les deux scènes à la suite !

Je suis plutôt d'accord avec @enufsed sur l'aspect très sexuel de la jouissance de la Révérende Mère dans la mise en scène de Lynch, le pouvoir lui servant de sexualité de remplacement sans doute. Cependant, la boîte est grosse, et ne me paraît pas particulièrement positionnée vers son sexe.

Je trouve que Timothée Chalamet est bien plus convaincant dans cette scène que Kyle MacLachlan (qui sera pourtant excellent dans Twin Peaks par la suite), il est peut-être mieux dirigé, le moment où il sort de l'état de victime pour prendre le contrôle de son esprit (vers 2'38 de la séquence) est plus intéressant.

Concernant Guillermo Del Toro, je ne sais pas si quelques un.e.s sont allé.e.s voir son dernier film Nightmare Alley. Il raconte l'ascension et la chute d'un homme à la personnalité complexe dans les années 30 aux USA, dans le Midwest puis à New York. La première partie se déroule dans un cirque (avec une référence manifeste à Freaks), la seconde dans un New York huppé, je ne vous dévoile pas la fin.
J'ai beaucoup apprécié le choix assumé du non réalisme du film, les décors sont des décors, ils sont splendidement pensés et réalisés, et leur aspect factice est mis en avant. J'ai pensé par moments à Citizen Kane et par moment à Charlie et la chocolaterie ! De même, alors que le personnage principal, nommé Stan, est traité avec finesse, d'autres personnages sont eux archétypaux, en particulier la psychiatre, jouée par Cate Blanchett; cela m'a semblé également un choix assez intéressant du réalisateur.
Le film n'est pas parfait, le rythme n'est pas toujours adéquat dans la deuxième partie, qui est moins réussie que la première. Le scénario tient la route mais l'essentiel du film est dans l'atmosphère et dans la symbolique qu'il traduit.
Mon avis est sans doute un peu biaisé, je suis une inconditionnelle des films noirs américains et cette ascension avec dégringolade annoncée dans les bas-fonds d'un héros plus qu'ambivalent avait de grandes chances de me plaire. Je conseille néanmoins ce film, qui a peu de lien avec les précédents films de Del Toro (Le labyrinthe de Pan m'avait paru original, La forme de l'eau m'a pas mal ennuyée). Ma fille de 16 ans et mon mari l'ont apprécié tous les 2.
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
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Re: Critiques cinéma

Message par Invité »

enufsed a écrit : dim. 6 févr. 2022 21:39 J'avoue, mon analyse était 100% tirée par les cheveux
Ma réponse n'était pas plus sérieuse, mais c'était amusant. Et tu m'as donné envie de revoir le Lynch, c'est une bonne chose. A vrai dire, je m'en souviens surtout comme d'un monument de kitsch, mal adapté à un sujet austère, mais je vais vérifier ça.
GraineDeNana a écrit : dim. 6 févr. 2022 21:42 Concernant Guillermo Del Toro, je ne sais pas si quelques un.e.s sont allé.e.s voir son dernier film Nightmare Alley.
J'y suis allée. Je remettrai un mot à ce sujet si j'ai le temps.

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Joachimm
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Re: Critiques cinéma

Message par Joachimm »

Fabs le vaurien a écrit : mar. 31 janv. 2012 21:36 j'ai loué "the tree of life" de Terrence Malick, la palme d'Or de cannes 2011
je vous mets le peech même si il n'a rien à voir avec le film.

Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire... (allociné)

Image

J'en suis sorti déçu et fatigué. Fatigué par un tel emmerdement.
Je reconnais que les images sont superbes, la musique aussi...Sauf que je ne sais pas vers quoi le réalisateur voulait aller. Une sorte de réflexion métaphysicophilosophico sur le sens de la vie.
Ainsi, le film fait l'alternance entre l'histoire d'un garçon des années 50 dans sa famille avec un père autoritaire, et des choses ayant traits à la création du monde dans son sens évolutionniste et créationniste (les dinosaures, l'enfer..)..

Bref, une espèce de truc à la sauce 2001 l'odysée de l'espace, qui n'a pas pris avec moi. C'etait d'un chiant...

cela dit, la photo est sublime...c'est tout..

Et ce n'est pas parceque c'est la palme d'or que je dirais que c'etait bien !!!
Little-Tiger a écrit : mar. 31 janv. 2012 23:17 Aaah tree of life. On vous mets des jolies images, une petite famille dysfonctionnelle, on vous raconte la vie de cette famille dans le désordre (le pauvre spectateur essaye de rassembler les pièces de puzzle comme il peut pour au final se retrouver avec une bonne centaines de pièces manquantes et des pièces qui n'ont rien a foutre la ), un dinosaure magnanime, un père jardinier et a la limite de la maltraitante, un paradis ou plutôt un purgatoire, Sean Penn dans un ascenseur, je mixe le tout et jobtiens une palme d'or... Vous avez rien compris? Normal c'est pour les intellos. C'est de labstrait? J'crois que c'est de labstrait oui XD
Je me suis laissé emporter par la magie de ce long métrage, l'alternance entre la vie d'une famille qui peine à joindre les deux bouts, et des images sur la création de l'univers est sidérante de démonstration : le mystère reste entier, que ce soit à l'échelle d'une vie, ou à l'échelle de l'univers ; nous ne nous expliquons pas ce qui fait le sel de la vie, ses revirements, sa naissance ; nous naissons de rien, dans la douleur, comme l'univers qui crie dans le silence de l'obscurité. Le spectateur est invité à se poser des questions sur l'origine de la vie, de sa vie. Ce film me fait penser à un très bel aphorisme de E. Cioran : "Dites que l'univers n'a aucun sens, vous ne fâcherez personne - mais affirmez la même chose d'un individu, il ne manquera pas de protester, et ira jusqu'à prendre des mesures contre vous.
Nous sommes tous ainsi : dès qu'il s'agit d'un principe général, nous nous mettons hors de cause et n'avons aucune gêne à nous ériger en exception. Si l'univers n'a pas de sens, y a-t-il quelqu'un qui échappe à la malédiction de cette sentence ? Tout le secret de la vie se réduit à ceci : elle n'a aucun sens, chacun de nous, pourtant, lui en trouve.

Ce champion du paradoxe qu'est Emil Cioran, mis en parallèle avec ce film, montre que la vie de l'univers est ainsi aussi exceptionnelle que la vie d'un seul individu, et que nous sommes à nous-mêmes, un univers entier.

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Psyché
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Re: Critiques cinéma

Message par Psyché »

Je me suis laissé emporter par la magie de ce long métrage, l'alternance entre la vie d'une famille qui peine à joindre les deux bouts, et des images sur la création de l'univers est sidérante de démonstration : le mystère reste entier, que ce soit à l'échelle d'une vie, ou à l'échelle de l'univers ; nous ne nous expliquons pas ce qui fait le sel de la vie, ses revirements, sa naissance ; nous naissons de rien, dans la douleur, comme l'univers qui crie dans le silence de l'obscurité. Le spectateur est invité à se poser des questions sur l'origine de la vie, de sa vie. Ce film me fait penser à un très bel aphorisme de E. Cioran : "Dites que l'univers n'a aucun sens, vous ne fâcherez personne - mais affirmez la même chose d'un individu, il ne manquera pas de protester, et ira jusqu'à prendre des mesures contre vous.
Nous sommes tous ainsi : dès qu'il s'agit d'un principe général, nous nous mettons hors de cause et n'avons aucune gêne à nous ériger en exception. Si l'univers n'a pas de sens, y a-t-il quelqu'un qui échappe à la malédiction de cette sentence ? Tout le secret de la vie se réduit à ceci : elle n'a aucun sens, chacun de nous, pourtant, lui en trouve.
Ce champion du paradoxe qu'est Emil Cioran, mis en parallèle avec ce film, montre que la vie de l'univers est ainsi aussi exceptionnelle que la vie d'un seul individu, et que nous sommes à nous-mêmes, un univers entier.
@Joachimm Alors là tu m'as carrément donné envie de le voir, je le mets sur ma liste et je ferai un retour, une fois visionné.
Merci ! : )
Je veux bien qu'on doute de ma santé mentale, mais pas de ma sincérité.

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GraineDeNana
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Re: Critiques cinéma

Message par GraineDeNana »

Je sors de Decision to leave, le dernier film de Park Chan Wook qui a déjà réalisé Old Boy (2003) et Mademoiselle (2016) entre autres.
Ce film vient d'avoir le Prix de la mise en scène à Cannes.

L'idée de départ peut sembler très commune (un policier tombe amoureux d'une femme suspecte d'avoir tué son mari), mais le scénario est plutôt intéressant, complexe sans excès, le film évolue sans dériver. Malgré ce pitch basique on est d'emblée intéressé par l'histoire et les personnages, je ne vous dévoile rien pour ne pas gâcher le plaisir.
Tous les personnages ont de l'épaisseur, plusieurs personnages secondaires sont très réussis (deux autres policiers, des malfrats).
La photographie est très réussie dans certaines scènes, un peu plus discutable dans d'autres. Le montage est excellent. Certaines idées de mise en scène aussi, d'autres un peu loupées à mon avis (une scène de nuit où la femme porte une lampe frontale avec tout un jeu à partir de là pas très réussi, la scène est trop longue en outre).
La violence est présente mais de manière mesurée (rien à voir avec Old Boy), rien d'inconfortable à ce niveau.
Je ne trouve pas qu'il s'agisse d'un grand film, mais l'histoire d'amour est prenante, la fin est assez réussie. Quelque part, cela m'a renvoyé à In the mood for love, ce qui est positif dans ma bouche. Toutes les critiques que je lis renvoient à Vertigo d'Hitchcock, l'ambiance du film ne m'a pas paru tellement hitchcockienne.
Quand on arrive au monde, la vie est déjà commencée. C'est pour ça qu'on ne comprend rien à l'histoire.
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Re: Critiques cinéma

Message par GraineDeNana »

Un drôle de goût dans la bouche hier soir.

En un mois, je viens de voir sur grand écran trois films de trois pays différents (Iran, France, Roumanie), tous tournés par des réalisateurs masculins et dont le synopsis est très proche, on peut le résumer par cette réplique de la juge dans le film français : "Il y a quelque chose qui cloche dans les relations entre les hommes et les femmes." Et ce quelque chose va se transformer en violence, toujours. Et ces réalisateurs semblent chacun sidéré par la persistance de ces comportements archaïques qui survivent au sein de nos sociétés dites civilisées.

Ces trois films se rapprochent énormément sur la thématique : des meurtres de jeunes femmes, et surtout sur le choix d'inscrire cette violence dans la société dans laquelle elle survient (la société patriarcale iranienne, la société française, la société roumaine, un pied dans l'immobilisme religieux et un autre dans la modernité). Ces trois réalisateurs ont à la fois l'espoir que le problème est sociétal, et pourrait donc être résolu par une évolution de la société, et l'intuition voire même la certitude pour Moll qu'il est inhérent à l'homme et que l'on va s'y heurter encore et encore, tant que l'homme existera.


Je les évoque dans l'ordre où je les ai vus :

Les nuits de Mashaad de l'iranien Ali Abbasi.
Un meurtrier en série élimine des prostituées qu'il choisit aux abords d'un mausolée sacré. Une journaliste enquête car la police met peu d'ardeur à élucider les crimes.
Dans ce film, les scènes de meurtre sont extrêmement crues. Les critiques du Masque et la Plume les ont condamnées comme une forme de voyeurisme. Je n'ai personnellement pas eu ce ressenti (ni l'amie qui m'accompagnait), il me semble que le réalisateur veut insister sur le fait qu'il n'y a rien de sexy ni de supérieur dans ces crimes, que du glauque, du sale. En effet, le meurtrier va se présenter ensuite aux yeux de la société comme un héros qui "nettoie" la ville sainte de Mashaad (où se trouve un mausolée) en tuant les prostituées qui y travaillent (et symbolisent le vice, les clients, eux, ils ne font que passer, n'est-ce pas). La thèse du réalisateur est que la société iranienne est coupable de penser implicitement que la vie de ces femmes n'a pas de valeur, et de ce fait de renforcer leur vulnérabilité (mais est-ce si différent ici ?).
A noter que l'actrice qui joue la journaliste, Zar Amir Ebrahimi, a eu le prix d'interprétation à Cannes pour ce film, personnellement j'ai trouvé que tous les acteurs avaient un bon niveau dans ce film, mais elle ne m'a pas paru particulièrement intéressante dans son interprétation. Le scénario est intéressant, il montre les personnages dans leur complexité, et la dernière scène est très bonne. La peinture (partielle bien sûre) de la société iranienne contemporaine vaut largement de voir ce film.

La nuit du 12 du français Dominik Moll.
Un inspecteur s'acharne à résoudre un crime survenu dans un village isérois, une jeune femme immolée par le feu alors qu'elle rentrait chez elle à pied après une soirée entre copines.
Curieusement, alors que le spectateur n'est pas confronté à des scènes aussi crues que dans le film précédent, j'ai trouvé celui-ci très noir, sur les rapports homme/femme, très désespéré. Les hommes qui gravitent (sauf le père) autour de la victime sont laids (intérieurement, je veux dire), et leur rapport aux femmes également.
C'est un excellent film, très tendu, sans aucune scène d'action. Du très bon cinéma.

Dédales du roumain exilé aux USA Bogdan George Apetri, second volet d'une trilogie (premier titre : Unidentified, aucune nécessité de l'avoir vu pour apprécier celui-ci).
Une très jeune novice se rend à la ville en taxi. Elle sera victime d'une agression extrêmement violente.
Dans ce film, le réalisateur prend le parti d'un (très) long plan séquence au moment de l'agression, où nous entendons/devinons la violence ; cette scène est la meilleure du film à mon avis. Les choix de mise en scène sont bons, mais le scénario est pauvre et peine à remplir le film dans la durée (presque deux heures dix). Certaines scènes dans le taxi sont longues, et me renvoient curieusement à un certain cinéma iranien (Taxi Téhéran par exemple, mais je trouve qu'on s'ennuie un peu). Par contre, la plupart des éléments importants ne sont pas explicités mais seulement suggérés, c'est très bien fait, la fin est intéressante ici aussi.
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Re: Critiques cinéma

Message par Miss souris »

@GraineDeNana , j'ai vu la nuit du 12...et je me suis interrogée sur ma participation à ladite société délétère qui produit ce type de relations hommes/femmes. Parce qu'avant que l'amie de la victime explose en disant à l'inspecteur que sa copine avait rien fait qui justifie sa mort, à part d'être une fille, j'avais considéré la longue litanie d'hommes moralement détestables qui sont les suspects, et je m'étais dit (je cite ma propre pensée, et ça me contrarie beaucoup que ce soit ma pensée) "quand même la victime manque de discernement pour s'entourer de types pareils". Hop, ni vu ni connu je t'embrouille, pour moi aussi quelque part elle est victime par sa faute et par ses choix.( je soupçonne aussi un schéma de type je porte le masque/ je reproche à mon voisin de ne pas faire de même/ en réalité je me rassure en pensant que lui sera "puni" et moi "protégée ". Ici ça donne "elle s'entoure de gens détestables, moi non, donc je ne serai pas victime".) Ce qui sous entend aussi que cette crainte existe couramment. Au moins chez moi.
Zut de zut. Tout ça est très contrariant. Et compliqué. Et pas très clairement exprimé, jen ai peur... j'y reviendrai peut-être.

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