Il était une fois la mythologie...

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Asma
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Il était une fois la mythologie...

Message par Asma »

Amoureux de la mythologie, je propose que chacun nous raconte un mythe, nous présente un personnage mythique, nous expose un livre autour de cette thématique ou nous définit simplement un terme.

Lâchez-vous ! :clap:

Je reviendrai vers vous avec une nouvelle histoire...

À très vite.
:lunettes9:

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

Bonjour Asma,

Voilà une riche idée. Les Mythologies et les religions sont le langage des croyances humaines. Bien entendu la philosophie s'en est échappée, la science également, mais ce sont d'autres sujets que celui que tu proposes ici. C'est un vaste sujet, il faudrait même pouvoir segmenter ta proposition s'il y a assez de réponses, par mythe par exemple.

Pour ce qui me concerne, j'aime à approfondir, discuter, lire, m'engueuler , sur le mythe de Dionysos. Dionysos et Apollon. C'est une vieille histoire qui remonte dans les plus profondes antiquités, c'est aussi une histoire qui interroge, si l'on veut, notre présent. C'est l’intérêt des mythes de raconter, de suggérer et d'être ré-interprétables.

J'espère que ta suggestion émoustillera les neurones de la douance.

Cordialement

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madeleine
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par madeleine »

Un mythe me questionne particulièrement depuis très longtemps, celui de Pandore tel qu'il est raconté par Hesiode :

http://remacle.org/bloodwolf/textes/pandora.htm

Ce récit est plein de bizarreries, dont la moindre n'est pas la présence de l'espérance au milieu de tous les maux contenus dans la boîte, et le fait qu'elle y reste....
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
avec l'aimable autorisation de P.Kirool

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

Pour Dionysos :

C'est un dieu grec essentiellement, mais il est récupéré par les romains sous le nom de Bacchus et pour bien des adorateurs ou curieux il réduit ses attributs en devenant le dieu du vin. Dionysos ou Bacchus est le dieu du vin, de la vigne et de bien autre chose. On peut penser au carnaval en ce mois de février, Dionysos serait, est, le dieu du carnaval. S'il n'est invoqué aujourd’hui en tant que tel, il l'est néanmoins par son origine. Il est le dieu des interdits, de la libérations des instincts, il s'oppose à la raison et à l'ordre.
On le représente avec un cortège étonnant, il se promène dans les villes ou campagne accompagné de tout un cortège : de démons, de déguisés, de drogués par le vin ou sous le contrôle maléfique du dieu. Les adeptes ou les victimes pas forcément consentantes se livrent à des comportements réprouvés par la civilisation, réprouvés par eux-mêmes s'ils retrouvent leur raison. Ils peuvent être nus, ils peuvent se battre se déchirer, tuer et tuer leurs enfants en mangeant de la viande crue. Dionysos normalise tout ça.
Ces excès posent dans la civilisation grecque une grande interrogation sur la "norme", la normalité des valeurs de leur civilisation, de leurs comportements et par là d'une question : L'homme doit-il toujours se soumettre à la civilisation normalisée ? Est-ce que la création serait possible en cette soumission ? Dionysos affirme la transgression, il dit la nécessité pour l'homme de transgresser les habitudes. On lui attribue la création de la tragédie, du théâtre et peut-être de la musique, des arts en général. L'art est transgressif de ce point de vue (je ne suis pas obligé de partager ce point de vue, même si aujourd’hui c'est Dionysos qui a raison).
madeleine a écrit : dim. 4 févr. 2018 13:24 Un mythe me questionne particulièrement depuis très longtemps, celui de Pandore tel qu'il est raconté par Hesiode :

http://remacle.org/bloodwolf/textes/pandora.htm

Ce récit est plein de bizarreries, dont la moindre n'est pas la présence de l'espérance au milieu de tous les maux contenus dans la boîte, et le fait qu'elle y reste....
Quel beau texte, même en français. Mais il fait ressurgir ma frustration de ne point être helléniste. J'ai envisagé récemment de me mettre au grec antique, mais Zeus m'a dit que je je n'étais pas immortel... L'espérance y est toujours.

A plus tard.

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

Pour Dionysos

Dionysos est représenté surtout dans l'iconographie, par les décorations des vases grecs antiques. Il est un jeune enfant couronné de vignes ou de lières, vous pourriez le voir courir dans les prés au milieu des fleurs du printemps. C'est lui qui inaugure le printemps, le renouveau de la nature, renouveau de la vie. Parfois, le plus souvent il est un viel homme bedonnant emprunt à l'ivresse, celle du vin, c'est lui qui a apporté la vigne aux humains. On dit qu'il aurait ramené la vigne de l'orient. Il peut aussi se transformer et prendre l'apparence qui convient à son entreprise. Comme dieu créateur de la musique et du théâtre il se cache, si besoin, dans ses costumes de scène en quelque sorte, souvent derrière des masques..
Son cortège, sa suite, est composé de personnages impossibles, ce sont d'abord le vieux silène et les satyres. Le silène est un démon intelligent qui possède certaines vérités que le genre humain ignore et qu'il a intérêt à ignorer paraît-il. Le silène et les satyres se ressemblent, pieds et jambes de biques sur des corps humains très poilus, leur tête laissent échapper deux grandes oreilles de bouc, les yeux allongés sont malicieux. Ce sont des personnages nus, libidineux généreusement appareillés, d'une disponibilité totale. Viennent ensuite les ménades, les danseuses sacrées, et des femmes et des hommes envoûtés par Dionysos. Les occupations de ce peuple sont un hommage à la vie, contre les interdits organisés par la civilisation représentée par Appolon. Cette dualité a surtout été développée par Nietzsche dans "La Naissance de la Tragédie", lecture difficile (pour moi).
Il faut lire les "Bacchantes" d'Euripide, c'est un texte que j'ai trouvé complètement fou, facile à lire. On doit le trouver un peu partout.

Sur la toile il y a énormément de textes, ceux de Wikipedia sont bien faits.

pompon
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par pompon »

Le mythe de Psyché
(Dictionnaire de la mythologie - de Michael Grant et John Hazel)

La légende de cupidon (Eros, l'Amour) et de Psyché que nous raconte Apulée dans les Métamorphoses est une histoire d'amour contenant de nombreux éléments populaires et féeriques.

Un roi avait trois filles ; la plus jeune, Psyché, était si belle que les habitants du pays avaient cessé d'honorer Vénus (Aphrodite) pour se tourner vers la jeune fille. Mais celle-ci aurait cependant préféré que l'on demandât sa main, plutôt que de recevoir les honneurs divins. Vénus fut saisie d'une grande colère en voyant la princesse usurper, quoique involontairement, sa place, et décida de la punir. Elle ordonna à Cupidon, son fils, d'inspirer à Psyché une passion pour l'être le plus monstrueux qu'il trouverait. Mais lorsque ce dernier l'aperçut, il tomba amoureux d'elle et ne put obéir aux ordres de sa mère. Il demanda à Apollon d'envoyer au père de Psyché un oracle qui commanderait à ce dernier de parer sa fille pour le mariage et de l'exposer, dans sa robe de mariée, sur un rocher isolé où un démon viendrait en prendre possession. Accablé de chagrin, le roi obéit. Cependant Psyché fut enlevée par la douce brise de Zéphir et emmenée dans une vallée inconnue où se dressait un merveilleux palais dont les portes étaient ornées de pierres précieuses et le sol pavé d'or. Elle y pénétra et fut accueillie par des serviteurs invisibles. Une voix amicale lui fit visiter les lieux et la rassura. Lorsque vint la nuit, elle alla se coucher et fut rejointe par Cupidon qui avait pris une apparence humaine. Il déclara à Psyché qu'il était maintenant son mari et qu'elle serait la plus heureuse des femmes si seulement elle s'abstenait de chercher à savoir qui il était ou de vouloir voir son visage. Si elle transgressait cet ordre, son enfant n'acquerrait jamais l'immortalité.

Psyché se mit à aimer passionnément son mari. Mais un jour où elle se sentait seule - car elle ne voyait personne - elle demanda à son mari invisible la permission de rendre visite à ses soeurs. Après maintes hésitations, il accepta de les faire venir, mais il lui recommanda de ne pas répondre aux questions qu'elles lui poseraient à son sujet. Le vent de l'ouest, Zéphyr, les transporta jusqu'au palais dont les soeurs furent tout de suite mortellement jalouses. Lors d'une seconde visites ces dernières découvrirent que Psyché n'avait jamais vu son mari. ; elles lui firent alors croire qu'il pourrait se transformer en serpent, lequel se glisserait dans son sein et les dévorerait elle et son enfant. Tout d'abord déchirée entre les avertissements de son mari et les prières instantes de ses soeurs, Psyché céda finalement à sa curiosité et à ses craintes. Le soir, avant d'aller se coucher, elle se munit d'une lanterne et d'un poignard. Une fois Cupidon endormi, elle alluma la lampe et la dirigea vers son visage, en levant le poignard. Mais quand elle découvrit le corps harmonieux du dieu de l'Amour, elle fut si émue qu'elle laissa tomber une goutte d'huile brûlante sur son épaule et le réveilla. Comprenant que Psyché connaissait maintenant son identité et que son secret allait être révélé, Cupidon se leva et s'envola.

Psyché désespérée, le chercha partout, mais en vain. Lorsque ses soeurs apprirent l'identité de son mari, elles voulurent elles aussi l'épouser, et, imitant leur soeur, elles sautèrent du haut du rocher en robe de mariée et s'écrasèrent au pied de la montagne. Durant ce temps, Psyché errait à la recherche de Cupidon. ; Junon (Héra) et Cérès (Déméter) lui refusèrent leur aide, ne voulant porter secours à l'ennemie d'une autre déesse, si bien que Psyché arriva au palais de Vénus elle même. La déesse la laissa entrer, mais fit d'elle son esclave et lui impose des tâches impossibles à accomplir. Tout d'abord, elle lui ordonna de trier une pièce pleine de graines avant la tombée de la nuit. Une colonne de fourmis vint l'aider et divisa les graines en différents tas. Puis Vénus dit à Psyché de lui rapporter un écheveau de la laine des moutons mangeurs d'hommes ; cette fois, un roseau lui apprit comment obtenir la laine, une fois les moutons endormis. Ensuite, Psyché dut emplir une jarre de l'eau de styx, dans les montagnes d'Arcadie ; un aigle qui avait une dette envers Cupidon se présenta à l'instant et alla chercher l'eau. Enfin, elle dut demander un flacon d'onguent de beauté à Proserpine (Perséphone). Psyché comprit qu'elle allait mourir, car Proserpine était la déesse des Enfers ; Aussi elle monta en haut d'une tour et résolut de se jeter dans le vide ; mais la tour s'adressa à elle et lui donna des instructions précises pour surmonter l'épreuve. Elle pénétra aux Enfers par le gouffre de Ténare, dans le Péloponnèse, apportant avec elle deux oboles et deux galettes. Ainsi elle put, à l'aller et au retour se concilier Charon et Cerbère, et également échapper aux embûches que Vénus lui avait tendues. Proserpine lui offrit une chaise et un repas, mais Psyché s'assit sagement sur le sol et se contenta de pain. La déesse lui remit le flacon que demandait Vénus, soigneusement scellé. Cependant, Cupidon regrettait désespérément sa femme ; il s'approcha du trône de jupiter et avoua sa désobéissance envers sa mère ; puis il assura que Psyché avait été assez punie et supplia Jupiter de lui permettre de faire de la jeune fille son épouse légitime. Jupiter y consentie. Pendant ce temps Psyché approchait du passage qui conduisait au séjour des Vivants et, dévorée de curiosité et voulant également reconquérir l'amour de Cupidon, elle ne put résister au désir d'ouvrir le flacon malgré l'interdiction que lui en avait faite la tour. Là dessus, elle fut envahir par le sommeil mortel que contenait le flacon. Telles furent les conditions dans lesquelles Cupidon la retrouva. Il la ramena à la vie et l'enleva sur l'olympe. Le mariage de Cupidon et Psyché fut célébré par tous les dieux. Venus oublia sa colère et Jupiter tendit lui même à Psyché une coupe d'ambroisie, qui la rendit immortelle. Elle donna à Cupidon une fille, Volupté.


****

Depuis l’Antiquité, Psyché est représentée avec des ailes de papillon : ce qui évoque le double sens de Psukhê, qui signifie en grec à la fois l’âme et le papillon. Le papillon devient ainsi symbole de l’immortalité de l’âme. L’histoire de Psyché symbolise les épreuves que l’âme doit franchir pour atteindre le bonheur et l’immortalité.

un lien
il y a de beaux clichés de la statue de Antonio Canova "Psyché ranimée par le baisé de l'Amour"

http://musee.louvre.fr/oal/psyche/psych ... html#seq_2

Par ailleurs, Jung utilise le mot Psyché signifiant âme pour désigner l'ensemble des contenus psychiques conscients et inconscients.

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

Dionysos : Naissances et aventures:


https://fr.wikipedia.org/wiki/Dionysos
Le mythe, copie de WIKIPEDIA
Naissance

Silène portant Dionysos enfant, copie romaine d'un original du second classicisme, musées du Vatican.


Théophraste, au IIIe siècle av. J.-C., écrit au Livre IV de son ouvrage Histoire des plantes, que Dionysos est né sur le mont Méros, dans le Pakistan actuel4. Dionysos est le seul dieu né d'une mère mortelle : Dès Homère et Hésiode5, il est présenté comme le fils de Zeus et de Sémélé, (Ζεμελώ / Zemelố « terre » une ancienne déesse Terre), fille du roi de Thèbes Cadmos et d'Harmonie. Plus précisément, le récit de sa conception montre que Dionysos est né de la Terre frappée par la foudre, « la Terre Mère fécondée par l'éclair céleste du dieu Ciel »6, naissance caractéristique d'un Feu divin.
Poussée par Héra, jalouse, déguisée en sa nourrice, Sémélé demande à contempler Zeus, de qui elle est enceinte, dans toute sa majesté. Incapable de supporter cette vue, Sémélé trouve la mort. Zeus tire alors son fils du ventre de sa mère et, s'entaillant la cuisse, y coud l'enfant pour mener sa gestation à terme7,8,9. Ce récit de la gestation de Dionysos dans la cuisse de Zeus recouvre un noyau mythique très ancien : le feu allumé par la foudre est essentiellement « fils du Ciel ». Le Ciel est à la fois son père et sa mère tandis que la Terre n'a qu'un rôle passif dans l'opération10
Dans la version orphique du mythe, Dionysos-Zagreus est le fils de Perséphone et Zeus. Héra, jalouse, demande aux Titans de se débarrasser du nouveau-né. Ceux-ci coupent donc Dionysos en morceaux et le font cuire dans une marmite. Athéna ramasse pourtant son cœur et le donne à Zeus qui en féconde ensuite Sémélé. Dans les deux cas, Dionysos connaît deux naissances, ce qui explique l'une de ses épithètes, δίογονος / díogonos, « le deux fois né ». Pour le soustraire à la vengeance d'Héra, il est confié à Ino, sœur de Sémélé, et à son époux, Athamas. Mais découvert par Héra, Dionysos est alors remis aux nymphes, sous la direction de Silène, sur un mont de Thrace, Nysa, lieu mystérieux11 et montagneux, où les nymphes Hyades élevèrent le jeune Dionysos, le « Zeus de Nysa ». Pour échapper à Héra, il est transformé en chevreau. Cependant, après l'épisode de Penthée, Héra, réputée pour sa rancune tenace, décide de punir Ino et Athamas d’avoir recueilli Sémélé. Elle rend le couple fou.

A lire sur wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dionysos

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

DIONYSOS, pour en finir...

Cette courte légende est citée par Nietzsche. On n'est pas obligé de partager le point de vue du Silène ni le pessimisme de Nietzsche.

Une légende ancienne raconte que le roi Midas aurait longtemps pourchassé dans la forêt, le sage Silène, le compagnon de Dionysos, sans parvenir à l'attraper. Lorsque enfin le Silène est tombé entre ses mains, le roi lui demande quel est pour les hommes le plus grand et le plus insigne de tous les biens. Glacé et immobile, le démon se tait, jusqu'à ce que pressé par le roi il laisse éclater ces mots dans un rire strident :
- Misérable race d'éphémères, enfants du hasard et des peines, pourquoi me presses-tu de te dire ce que tu aurais tout avantage à ne pas entendre ? Le plus grand de tous les biens est pour toi, complètement hors d'atteinte :
* Ne pas être né, ne pas être, n'être rien.
Mais le second de tous les biens est pour toi :
* C'est de mourir bientôt.

Alors pourquoi vous donner ce petit texte ? Je ne sais pas. J'aime sa forme, je le trouve beau, comme "Misérable race d’éphémères, enfants du hasard et des peines".

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VictorMenard
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par VictorMenard »

Hors-sujet
Du même Nietzsche, sur un mode moins mythologique, mais avec le même sens :

Un âne peut-il être tragique ? Périr sous un fardeau que l’on ne peut ni porter ni rejeter ? Le cas du philosophe.
Autrefois j'étais indécis, mais à présent je n'en suis plus aussi sûr.

landemoisan
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par landemoisan »

Ariane et son fil :

Copier sur Wikipédia: " https://fr.wikipedia.org/wiki/Ariane_(mythologie) "

Ariane est intéressante d'abord pour son fil qui guide et aussi par ses liens avec Dionysos. Elle est celle qui guide dans des situations impossibles et ça fonctionne...
Ariane, princesse mortelle

Ariane est évoquée incidemment dans l’Iliade où elle reçoit l'épithète de καλλιπλόκαμος, aux belles boucles2, et où elle est présentée non comme une déesse, mais comme une princesse mortelle. Séduite par Thésée, elle aide celui-ci à s'échapper du Labyrinthe. C'est en effet le secours qu'elle apporte à Thésée qui permet à ce dernier d'obtenir la victoire sur le Minotaure : contre la promesse de l'épouser, elle lui fournit un fil qu'il dévide derrière lui afin de retrouver son chemin. Mais, après avoir tué le Minotaure, le héros l'abandonne sur l'île de Naxos — selon la tradition la plus courante — ou sur l'île de Dia, selon Homère3.

À partir de là, les versions divergent tant pour ce qui concerne la cause de la conduite de Thésée que pour le sort ultérieur d'Ariane.

Dans une version, elle quitte finalement l'île pour suivre le dieu Dionysos, qui l'emmène à Lemnos. Elle a de lui plusieurs enfants dont Céramos, Thoas, Œnopion, Eurymédon, Phlias, Préparathos et Staphylos. Selon d'autres traditions, elle meurt de chagrin. Selon Homère, elle est tuée à Naxos par une flèche d'Artémis, sur ordre de Dionysos jaloux, sans avoir eu d'enfants de lui. La version homérique a été reprise par Jean Racine dans ces fameux vers :

Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !

— Jean Racine, Phèdre, acte I, scène 3

Selon Henri Jeanmaire, en la faisant succomber sous les traits d'Artémis, Dionysos ne l'enlevait pas seulement à son rival, il se la réservait. Jeanmaire met également en évidence les affinités d'Ariane avec Perséphone enlevée par Hadès4.
Bacchus découvrant Ariane à Naxos par les Frères Le Nain, vers 1635, Musée des beaux-arts, Orléans.

Une autre version présente l'abandon d'Ariane comme un accident : face à une tempête qui menace leur bateau, Thésée est obligé de lever l'ancre sans Ariane. Cet abandon forcé serait la cause de l'oubli de Thésée de changer les voiles du navire (elles auraient dû être remplacées par des voiles blanches si le héros avait triomphé). En effet, un brouillard vient entourer le bateau et troubler la mémoire de Thésée, châtiment envoyé par les dieux pour punir sa trahison.

Égée, le père du héros, guette le retour du navire. En apercevant les voiles noires, signe de deuil et d'échec contre le Minotaure, il se jette dans la mer qui désormais porte son nom. C'est donc en héros endeuillé, malgré sa victoire contre le monstre, que Thésée revient dans son royaume.

Une troisième version de mythographes plus anciens prétend encore que Thésée et Ariane auraient trouvé refuge sur l'île de Dia à la suite d'une tempête. Athéna serait apparue à Thésée pour lui apprendre qu'Ariane est promise à Dionysos et que par conséquent, il doit renoncer à elle. C'est le cœur déchiré que Thésée doit quitter Ariane et il oublie de changer les voiles de son navire. Par ailleurs, Aphrodite serait apparue à Ariane pour la réconforter en lui annonçant la nouvelle de ses noces proches et la coiffer d'une couronne d'or5, que par la suite les dieux changeront en constellation6 pour plaire à Dionysos.

L'historien Péon d'Amathonte, cité par Plutarque7, raconte qu'à la suite d'une tempête, Thésée est immobilisé sur les côtes de Chypre et doit faire descendre à terre Ariane, incommodée par la mer car elle est enceinte, mais qu'en remontant sur le navire pour veiller à sa sûreté, il se trouve emporté en pleine mer. Les femmes du pays auraient recueilli Ariane, tenté d'adoucir son chagrin en lui remettant de fausses lettres de Thésée, et lui auraient rendu les derniers devoirs lorsqu'elle serait morte sans avoir pu accoucher. Thésée serait arrivé pendant les obsèques et aurait laissé une somme d'argent pour instituer un sacrifice annuel à Ariane, ainsi que deux statues, l'une d'argent, l'autre d'airain.
Ariane, princesse immortalisée

Initialement, Ariane était l'épouse de Dionysos, son « double féminin »8. Hésiode dans la Théogonie la présente comme telle9. Il affirme qu'Ariane fut transportée au ciel, Zeus l'ayant rendue immortelle afin de complaire à Dionysos, qu'elle avait épousé : « Dionysos aux cheveux d'or pour florissante épouse prit la blonde Ariane, la fille de Minos, que le fils de Cronos a soustraite à jamais à la mort et à la vieillesse ».

Ce don d'immortalité, présenté ici comme une récompense envers Dionysos, le fils bien-aimé de Zeus, rappelle, selon Louis Séchan et Pierre Lévêque, qu'à l'origine Ariane était une déesse égéenne de la végétation10, et comme telle, soumise comme la végétation, à une mort suivie de résurrection. L'union d'Ariane et de Dionysos prouve également que dans le mythe primitif, ils représentaient tous deux des divinités de la végétation arborescente, et que l'épisode des amours d'Ariane et de Thésée a été surajouté tardivement10.

Pour Jean Haudry, il n'y a aucune raison de voir en Ariane une ancienne déesse de la végétation. Le mythe s'explique par la survivance de Dionysos, ancien « Feu divin » : le Feu est un dieu jaloux qui contraint ses épouses à la chasteté. Leur infidélité est punie de mort comme il semble ressortir de la légende d'Ariane tuée par Artémis. Pour cette raison, Thésée ne fait que restituer Ariane à Dionysos, de la même façon que lors des Anthestéries qui commémorent le mariage de Dionysos et d'Ariane, la femme de l'archonte-roi est restituée au prêtre qui représente Dionysos. L'épouse du roi représente le foyer royale et en tant que telle appartient en premier lieu au Feu divin11.
Dans le langage courant
Du fait de son stratagème pour aider Thésée à ne pas se perdre dans le Labyrinthe, Ariane a laissé son nom au « fil d'Ariane », un fil conducteur, au sens propre (en plongée sous-marine) comme au figuré (voir par exemple fil d'Ariane dans la conception Web). Toujours par référence à ce mythe, la fusée européenne porte son nom.

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Kliban
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par Kliban »

NAISSANCE DE GANESHA

En un seul épisode et 5 chapitres, voici un toilettage de l'histoire de la naissance de Ganesha que j'avais relatée, en forme de micro-feuilleton, il y a quelques années, en suivant l’une des versions, la plus détaillée sans doute, dérivée du Shiva Purana, je crois, sans en être très sûr.
C'est une histoire. Il faut des histoires. La mythologie, après tout, ça se présente comme un recueil d'histoires. On en parle comme de choses lointaines, colligées en de vastes traités, numérotées et plaisantes. Mais le coeur du fidèle, au rythme de ce que tu reçois comme un récit doté de tous les attraits de l'exotisme et du divertissement, résonne d'une vérité qui n'est pas de mots. Ne l'oublie pas en lisant ceci : pour certains, une histoire n'est que l'écho d'une oblation.
Toujours est-il que, voilà, sur la photo de famille ci-dessous, Ganesha, c'est le petit bonhomme replet (il est gourmand !) à tête d'éléphant sur les genoux de sa mère. Comme il va plus ou moins être question des autres personnages par la suite, je laisse les chapitres suivants en faire l'introduction.

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1. La famille

C’était un couple idéal. Leurs amours avaient duré quelques jours, ou plusieurs milliers, ou dizaines de milliers, ou centaines peut-être, sans doute, il est difficile de le dire, les dieux en avaient perdu le compte et on n’avait pas que ça à faire, de mesurer le temps, alors que de leur étreinte devait naître le sauveur des mondes qu’on attendait depuis quelque temps déjà — pour tout dire, depuis que le démon Tarakasura issu des champs inférieurs avait pris le contrôle des trois mondes, ce qui n’est pas gênant en soit, sinon pour les dieux qui n’aiment guère être mis à la porte de leur paradis privé. De cette union qui eût pu s’inachever dans l’indéfinie renaissance de toutes choses au fil des éons devait naître, tout de même, un fils tout-plein-de-noms comme il est d’usage, le plus célèbre étant sans doute Skanda, mais aussi Karttikeya, Murukan ou encore Shanmukha, dont les prérogatives sur la guerre furent précoces, puisque c’est lui qui rétablit l’ordre des choses à un fort jeune âge en défaisant le sus-nommé Tarakasura de façon pas-du-tout non-violente pour replacer les dieux sur leurs trônes.

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Mais ici l'on plante juste le décor et l’histoire d’aujourd’hui ne parle pas de cet éternel et fougueux adolescent. C’est du petit dernier qu’il s’agit, le chouchou à sa maman, la prunelle de ses yeux, et qui n’a pas été très aimé de son papa quand il était petit — il faut dire que ce n’était pas son papa, comme on verra, parce que littéralement, à l’époque, il n’en avait pas du tout. Alors évidemment, ça n’a pas toujours été facile, et du coup, c’est le corps qui trinque.

Mais commençons par le commencement.

Le papa n’est pas un garçon très rigolo. Il fut longtemps perdu dans une ascèse en laquelle il consuma l’amour lui-même ; quite à quoi, puis comme fou, il partit errer, une calotte crânienne collée dans la paume de la main. Il fut bien marié, jadis, mais sa première femme, outré par le manque de respect que les siens montraient à son époux, préféra s’immoler par le feu pour renaître dans une famille qui le respecterait à sa juste valeur. Désormais, tout couvert des cendres que l’on trouve aux champs crématoires, son corps émacié était le refuge du serpent. Sur ses hanches, la peau du tigre, en ses nattes un fleuve — l’eau en jaillit en permanence, éperdue de pureté — et dans son lourd chignon, la lune qui s'y est venu perdre. Qu’avait-il besoin d’une épouse ?! Semblable à un dieu, dieu lui-même, au-dessus de tous les autres non dans le commandement mais dans le détachement et la puissance, transformation et fin de toutes choses : Shiva, inégalé.

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Et puis : une femme, la seule qui sut gagner son cœur, à force de pénitences aussi sévères que les siennes, plus encore sans doute, une femme dont l’âme d’airain ne dévia pas d’un pouce de sa contemplation pendant plusieurs saisons — quelques milliers, peut-être, nul n’a compté. Fille de roi, elle abandonnait jadis palais, soieries, serviteurs, confort, richesses pour les pentes arides des forêts himalayennes et le service de Celui à qui elle se dédiait, formes et noms. Femme au service d'un dieu, déesse elle-même bientôt, et puissante aussi, exigeante, accueillante, aimante, sans pareille : Parvatî.

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Mais l’histoire de la séduction de Shiva n’entre qu’incidemment dans cette histoire-ci, qui commence alors que le petit Kartikkeya a depuis longtemps fait ses premières dents sur Tarakasura.

2. Au bain

Or donc, c’était une belle journée de printemps, d’été ou bien d’automne, on ne saurait trop dire. Une langueur semblait couler mollement sur l’herbe rase depuis les hauts monts avoisinants. Parvatî fut prise de l’envie d’un bain, un de ces bains où l’on muse, à l’aise avec le monde et soi-même et où la solitude est le premier compagnon, jalousement protégé. Se dirigeant vers ses appartements — son ascèse et celle de son consort pouvaient susciter toutes qualités de palais, aussi consistants que fumées, mais avec toutes les facilités modernes — , elle fit garder sa porte par Nandi, Nandi le grand buffle, premier serviteur de Shiva — et donc premier de ses serviteurs à elle, par voie de conséquence — exigeant de lui qu’il en interdise l’entrée à quiconque. Et s’en fut se délasser, nue, au milieu des bassins, lotus parmi les lotus.

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Nandi veillait. Nul n’entrerait. Enfin… Nul…

Il n’y aurait pas d’histoire, ici, n’est-ce pas, si la déesse avait pu aller jusqu’au bout de son désir de solitude, et si son corps drapé des eaux n’avait point été mis à nu plus encore par un regard tiers. Elle fut bel et bien surprise au bain — par Shiva lui-même. Comment en effet Nandi aurait-il pu contraindre son terrible maître ? Shiva donc, passant sans encombre les portes du palais de sa femme, avait rejoint Parvatî, rompant le lien intime infiniment qu’elle avait tressé autour d’elle, suscitant chez elle déception, colère froide, ardente résolution. A la voir ainsi courroucée, Shiva ne sut que rire, non sans tendresse, mais sans réaliser encore ce qui venait d’advenir : sa consort venait de réaliser qu’elle n’avait aucun lieu qu’elle pût appeler sien, aucun serviteur qui n'obéît qu'à elle seule.

3. Ganesha

Ainsi Parvatî recueillit-elle de sa peau l’onguent qu’elle y avait déposé, curcuma soigneusement moulu mêlé de poussière. Le modelant longuement, elle en tira la forme d’un jeune garçon aux membres vigoureux, front resplendissant comme les étoiles qu’on trouve au ciel étrange bien au-delà de Lanka, deux yeux de faon dans le lotus parfait du visage, le cheveu dru, le torse large et la taille mince de ceux qui longtemps se sont entraînés au maniement des armes innombrables. D'un souffle, elle lui donne mouvement, intelligence et vie : son fils, son fils ! Né de ses seuls efforts ! Bien mieux que les servants de Shiva saura-t-il désormais garder l’accès à l’intimité du bain. Lasse dès lors, la Déesse se retire et demande au garçon de bien vouloir interdire à quiconque, homme, bête ou dieu, l’entrée du lieu où elle se repose. Armé d’un lourd bâton, Ganesha — c’est bien lui — prend sa place devant les portes aux lourds battants.

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Mais il fallait bien — c’est de bonne logique narrative — qu’arrivât promptement Shiva, Celui-là dont le Gange baigne la chevelure. Mais quel jeune homme étrange est en arme devant l'entrée qui mène à Parvatî — un garçon encore, pas même un adolescent ? Nandi est envoyé en reconnaissance : Shiva est le mari de Parvatî, il a droit d'accès à ses appartements sans avoir à en demander le passage à quiconque ; l’homme-buffle se fait éconduire, sans violence mais fermement : nul n’entrera, lui est-il signifié, dans les appartements de ma mère. “De ma mère”, songe Shiva, hélas, Parvatî, qu’as-tu fait là ? Le Dieu alors s’avance, demande passage, l’exige, se voit opposer le même refus. ie regard du jeune homme est clair, rien ne saura l’effrayer : Il est entretemps allé consulter sa mère sur ce cas épineux. Parvatî ne fut pas longtemps hésitante : si Shiva voulait passer, que ne lui demandait-il le passage, plutôt que de l'exiger ? Et son serviteur de tenir le seuil, contre quiconque. Je ne puis reculer, ô mon Epouse, songe le Dieu, ou il sera dit que de nous deux, c’est toi qui fais la loi. Mais à quoi ne me forces-tu pas ? Que ces actes aillent donc jusqu’à leurs fruits amers : Shiva tente alors un passage en force. Mais le dieu dont la lune retient les boucles n’est pas de taille contre l'enfant de Parvatî. Il se fait rosser sévèrement et sa lutte s’achève en fuite. Contre le trident, le bâton a prévalu, et c’est en boitillant que le prince des ascètes se retire pour rassembler ses forces.

4. La bataille du seuil

Trop loin, tu es allée trop loin, Parvatî. Ainsi songeait Shiva, rageur et désolé, en rassemblant la troupe de ses gana. Terrifiants, hurlants et grotesques accouraient les terribles assistants du destructeur des mondes. Hurlants, terrifiants et grotesques, ils se mirent en route vers les portes du palais de Parvatî. Bégayants, grotesques et hurlants ils s'en repartirent — des plus terriblement déconfits. Le jeune homme, brillant seul devant leur multitude, s'était contenté de sourire, avait fait tournoyer son bâton au-dessus de sa tête avant de se lancer dans la mêlée pour têtes défoncer, membres rompre, échines briser, au point que nul n’en fût épargné.

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Shiva, médusé, n’a alors plus d’autre ressource que l'artillerie lourde : il en appelle aux autres dieux. Brahmâ tente la conciliation, déguisé en saint homme, mais subit le même traitement en y perdant quelques poils de barbe. Indra, Kartikkeya et leurs armées sont pareillement défaits. C’est que désormais Ganesha n’est plus seul : Parvatî, que l’on a tenu informée des assauts sur son fils, de fureur a créé ses deux plus grandes manifestations : Kalî et Durgâ — colère de femme, de mère, de reine, de déesse : non, il n’est pas d’autre colère que celle de Parvatî.

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Ainsi, tandis que les déesses contiennent le gros des armées, Ganesha peut-il continuer à affronter la puissance des dieux lancés contre lui. Le voyant invincible, Vishnu le précautionneux suggère la traîtrise. Alors qu'il retient son attention en un combat passionné, où même le redoutable disque solaire qu’il sait manier avec tant d'efficace ne le protège qu’à peine, Shiva parvient à lui couper la tête d'un terrible coup de trident à mesure de la crainte du dieu que sa force n’y suffise pas. Le chef de l’enfant est envoyé boulé à l’autre bout du monde — et de cette belle tête, l'histoire ne parlera plus.

5. Naissance d'un Dieu

Oh, la joie des gana et des deva ! Oh la joie de tous les dieux ! Oh ! ce rugissement qui assourdit l’éther et les trois mondes, lorsque le corps sans vie de l’enfant vint à la rencontre de la terre, et le tonnerre de sa rencontre avec le sol et l’avidité de la poussière ocre à se teinter de son sang ! Oh ! songeait Shiva, et lui seul, Oh ! la colère de Parvatî !

Plus de borne. De la Déesse en furie émergèrent des centaines, des milliers, des millions, une illimitation de shaktis, terreurs féminine détenant chacune une parcelle infinie de l’infinie puissance de Parvatî. Gueules aux crocs béants, guirlandes de crânes, langues largement pendantes en dehors des bouches, regards rougeoyants, mains griffues, membres souples et vifs de bêtes de proies, elles furent lancées sur les créatures célestes : Allez ! Moissonnez, dévorez, déchiquetez, engloutissez, engouffrez, consumez les tous, tous, tous ceux qui ont contribué à la perte de mon fils ! Allez ! Plus de borne. Ce n’était pas la fin du monde — juste sa saveur. Ganas, devas et tous les autres disparaissaient dans les bouches avides. Grignotti, grignotta, Les grandes dévoratrices allaient consommer le monde. Nulle cachette n'en pouvait protéger, nulle arme ne savait les arrêter.

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Brahmâ, Indra et Vishnu se rendirent en ambassade auprès de Parvatî. Que te faudrait-il, ô Déesse, pour que tu retienne ta colère et empêche la consumation des mondes avant leur terme ? Ils étaient prêts à tout entendre et tout donner. Parvatî ne connaît nulle rancune et ne souhaite que son droit : son fils lui soit rendu, et qu’il jouisse du statut de fils de Shiva, comme son frère, voila tout.

Message fut fait au Dieu dont les serpents ornent le corps — qui sourit. Tout cela était prévu, bien sûr, un jeu entre lui et sa compagne, un de plus, celui aussi de son insondable amour pour le monde. La tête de l’enfant s’était perdue, on ne pourrait pas la retrouver. Que l’on tue la première créature rencontrée en partant dans telle direction, et qu'on la lui ramène. L'on rencontra un éléphant blanc. Vishnu la coupa de son disque. Repacée sur le corps, bénie par Shiva : l'enfant, qui n'en était plus un, revint à la vie. Et ce fut ainsi que Ganesha hérita de la forme qu'on lui connaît, facétieux dieu des entreprises, du commerce et des arts, scribe du Mahâbhârata, parmi les plus populaires de tous les dieux indiens, désormais second fils de Shiva.

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Note : j'ai fait ce que j'ai pu avec l'iconographie. Elle n'est pas toujours très juste. Par exemple, la vignette figurant Kali et Durga les représente combattant non pas des gana, mais des asura - des démons du dessous. Mon objet était surtout de familiariser le lecteur avec les représentations (plus ou moins) traditionnelles des protagonistes, peu en circulation de par chez nous. J'espère en avoir laissé un petit goût. (Quelques points mineurs de style édités)
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par madeleine »

Ah merci Kliban tu viens de me faire passer un délicieux moment :)
La suite , la suite !!
le chemin est long et la pente est rude, oui, mais le mieux, c'est le chemin, parce que l'arrivée, c'est la même pour tout le monde... Aooouuuh yeaah...
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Re: Il était une fois la mythologie...

Message par Proxima »

Voici un mythe qui me touche beaucoup, celui de Philémon et Baucis conté par Ovide dans Les Métamorphoses , qui est un recueil de poèmes mythologiques ayant pour thème les métamorphoses.
Parfois, lorsque Zeus se lassait de goûter au nectar et à l'ambroisie de l'Olympe ou même, d'écouter la lyre d'Orphée et de regarder danser les Muses, il lui arrivait de descendre sur la terre pour y courir l'aventure, déguisé en simple mortel. Pour ces randonnées, son compagnon favori était Hermès, le plus amusant de tous les dieux, le plus sagace et le plus fertile en ressources.

Un jour Zeus voulut savoir jusqu'à quel point le peuple phrygien pratiquait l'hospitalité. Le père des dieux et des hommes s'intéressait très particulièrement à cette vertu puisque tous les hôtes, tous ceux qui cherchent refuge dans un pays étranger se trouvaient sous sa protection personnelle.
Les deux dieux prirent donc l'apparence de pauvres vagabonds coureurs de routes et se promenèrent au hasard à travers le pays, frappant à chaque chaumière basse, à chaque grande maison où ils venaient à passer, demandant partout de quoi se restaurer et un coin pour se reposer.
Personne ne voulut les recevoir ; toujours, on les congédiait avec insolence et la porte se refermait avec bruit. Cent fois et même davantage, ils répétèrent leur essai ; partout ils furent traités de la même façon.

Ils arrivèrent enfin devant une cabane à l'aspect le plus humble ; c'était la plus pauvre de toutes celles qu'ils avaient vues jusqu'ici et couverte d'un simple toit de roseaux.

Mais là, quand ils frappèrent, la porte s'ouvrit toute grande et une voix aimable les pria d'entrer. Ils durent se courber pour passer le seuil tant la porte était basse, mais quand ils eurent pénétré à l'intérieur, ils se trouvèrent dans une pièce chaude et accueillante et surtout très propre, où un vieil homme et une vieille femme aux doux visages leur souhaitèrent la bienvenue de la façon la plus amicale et s'affairèrent à les mettre à l'aise.

Le vieil homme poussa un banc devant l'âtre et les pria de s'y étendre pour reposer leurs membres fatigués et la vieille femme y jeta une couverture. Elle se nommait Baucis, dit-elle aux étrangers, son mari s'appelait Philémon.
Ils vivaient depuis leur mariage dans cette chaumière et ils y avaient toujours été heureux. «Nous sommes de pauvres gens, mais la pauvreté n'est pas un si grand malheur quand on est prêt à l'accepter, et un esprit accommodant peut être lui aussi d'un grand secours », conclut-elle. Tout en parlant, elle vaquait à de menues tâches et se préoccupait de leur bien-être.

Elle souffla sur les braises du foyer jusqu'à ce qu'un bon feu y reprit vie ; au-dessus des flammes, elle suspendit une petite marmite pleine d'eau ; comme celle-ci commençait à bouillir, le mari rentra, portant un beau chou qu'il était allé cueillir dans le jardin. Le chou alla dans la marmite, avec une grande tranche du lard qui pendait à une poutre. De ses vieilles mains tremblantes, Baucis prépara la table qui était bien un peu boiteuse, mais elle y remédia en glissant un éclat de poterie cassée sous un pied. Sur la table elle déposa des olives, des radis et quelques œufs cuits sous la cendre. Le chou et le lard étaient maintenant à point ; le vieil homme approcha deux couches délabrées de la table et pria ses hôtes d'y prendre place et de faire honneur au repas.

Un instant plus tard il posait devant eux des coupes en bois de hêtre, et une jarre en terre cuite contenant un vin qui avait un goût prononcé de vinaigre et largement coupé d'eau. Mais Philémon semblait heureux et fier de pouvoir joindre cet appoint à leur souper et il prenait grand soin de remplir chaque coupe à peine vidée. Les deux vieillards étaient si contents et tellement surexcités par le succès de leur hospitalité, qu'il leur fallut tout un temps pour s'apercevoir d'un étrange phénomène. La jarre restait toujours pleine ; quel que fût le nombre de coupes versées le niveau du vin ne baissait pas. Quand enfin ils se rendirent compte du prodige, ils échangèrent un regard terrifié et ensuite, baissant les yeux, ils prièrent en silence. Puis, tout tremblants et d'une voix mal assurée, ils implorèrent leurs hôtes de leur pardonner la pauvreté des mets offerts.

« Nous avons une oie », dit le vieil homme. « Nous aurions dû la donner à vos Seigneuries. Mais si vous consentez à patienter un peu, nous allons la préparer pour vous.» Mais la capture de l'oie s'avéra une entreprise qui dépassait leurs maigres forces. Ils s'y essayèrent en vain et s'y épuisèrent, tandis que Zeus et Hermès, grandement divertis, observaient leurs efforts.

Et quand Philémon et Baucis, haletants et exténués, durent enfin abandonner leur chasse, les dieux sentirent que le moment d'agir était venu pour eux. Ils se montrèrent, en vérité, très bienveillants. « Ce sont des dieux que vous avez hébergés et vous en serez récompensés », dirent-ils. « Quant à ce pays inhospitalier qui méprise le pauvre étranger, il sera châtié, mais pas vous. » Ils prièrent les deux vieillards de sortir avec eux de la chaumière et de regarder autour d'eux.

Stupéfaits, Philémon et Baucis ne virent plus que de l'eau partout la région tout entière était submergée, un grand lac les entourait. Les voisins ne s'étaient jamais montrés bien aimables pour le vieux couple, qui néanmoins pleura sur eux. Mais une autre merveille sécha les larmes des bons vieillards. La cabane qui depuis si longtemps était leur demeure se transformait sous leurs yeux en un temple majestueux, au toit d'or soutenu par des colonnes du plus beau marbre.

« Bonnes gens », dit Zeus, « exprimez un vœu et nous vous l'accorderons aussitôt. » Les deux vieillards chuchotèrent un instant, puis Philémon parla: «Qu'il nous soit permis d'être vos ministres et les gardiens de ce temple. Oh, et puisque nous avons si longtemps vécu ensemble ne laissez aucun de nous demeurer seul, un jour ; accordez-nous de mourir ensemble.» Emus, les deux dieux acquiescèrent. Longtemps le vieux couple servit dans le grand édifice, et l'histoire ne dit pas s'il leur arriva parfois de regretter leur chaumière douillette et les flammes joyeuses de son âtre. Mais un jour qu'ils se tenaient l'un près de l'autre devant la magnificence dorée du temple, ils se mirent à parler de leur vie ancienne, si dure et cependant si heureuse.

Ils étaient maintenant parvenus à un âge très avancé, et soudain, comme ils échangeaient leurs souvenirs, chacun s'aperçut que l'autre se couvrait de feuilles. Puis une écorce les entoura. Ils n'eurent que le temps de s'écrier tendrement : « Adieu, cher compagnon» ; les mots avaient à peine passé leurs lèvres qu'ils étaient transformés en arbres. Mais ils étaient toujours ensemble ; le chêne et le tilleul n'avaient qu'un seul tronc.

De partout on venait admirer le prodige et des guirlandes de fleurs garnissaient toujours les branches pour honorer ce couple pieux et fidèle.
Ce mythe a été largement illustré dans l'art, dont voici quelques exemples connus :
Philémon et Baucis donnant l’hospitalité à Jupiter et à Mercure - Restout 1769 :
Philémon et Baucis donnant l’hospitalité à Jupiter et à Mercure - Restout.jpg
Jupiter et Mercure chez Philémon et Baucis - Jacob van Oost l'Ancien (1601 - 1671) :
Jacob van Oost l'Ancien (1601 - 1671), Jupiter et Mercure chez Philémon et Baucis.jpg
Jupiter et Mercure en visite chez Philémon et Baucis, Jacob Jordaens 1650 :
Jacob Jordaens (1593 - 1678) (atelier), Jupiter et Mercure en visite chez Philémon et Baucis, 1650.jpg
Une illustration de Arthur Rackham :
Arthur Rackham.jpg
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