La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait que les épisodes des derniers temps ont été une catastrophe sur le plan écologique, notamment de part leur ampleur.

Les animaux ont été fort impactés comme tu le dis mais clairement sur le point de vue de la biologie évolutive et des écosystèmes ça devais arriver un jour ou l'autre.

Je m'explique, en tout ça son point de vue :

L'homme de part sa nature expansionniste et sa capacité à modifier les milieux est clairement devenu aujourd'hui une pression sélective, pour ne pas parler de catastrophe écologique.

Mais ce n'est pas plus catastrophique que l'ont été l'asteroide de chicxulub, l'éruption des trapps du deccan ou même la grande oxydation (autre cas connu ou une espèce à failli causer sa propre destruction, avec au passage un risque de stérilisation de la planète).

Concrètement les espèces aujourd'hui, comme à chaque extinction de masse (celles que j'ai cité remontent à des millions, voir des milliards d'années), doivent s'adapter ou périr.

Clairement (et je suis le premier à le reconnaître) c'est dommage. Mais on va assister dans les prochaines années à une refonte globale de l' écosystème sur le point de vue animal on a :
- ceux qui tirent clairement leur épingle du jeu en profitant de l'homme (parasites divers, rats, oiseaux qui ne nichent quasiment plus que sur les bâtiments humains...)
- ceux qui en profitent pour conquérir de nouveaux écosystèmes (toutes les espèces dites invasives)
- ceux qui s'adaptent (exemple du renard qui évolue pour devenir urbain)
- ceux qui vont disapraitre à plus ou moins brève échéance (routes les espèces considérées comme éteintes actuellement par exemple les paresseux géants dont la disparition coïncide avec l'arrivée de l'homme sur le continent américain il y a 50000ans)

Hors il ne faut pas oublier que la sélection naturelle continue aussi sans nous.

Ainsi de nombreuses espèces animales sont vouées à l'extinction soit de part leur dépendance à un écosystème spécifique mais aussi à cause de leur sur spécialisation alimentaire par exemple le panda géant qui se nourris exclusivement de bambou, plante connue pour fleurir et mourir tout les 70ans. On assiste donc à une extinction de la ressource qui conduis régulièrement cette espèce au bord de l'extinction l'empêchant de se développer et réduisant progressivement son pool génétique. On peut aussi citer le guepard dont la course à la vitesse avec la gazelle de Thompson le conduis à mourir de faim à la moindre égratignure. Plus anciennement le smilodon dont l'accroissement de la longueur des canines parallèlement à l'épaisseur de la peau de ses proies à fini par le conduire à l'extinction bien avant que l'homme apparaisse.

Clairement les écosystèmes endémiques ne sont pas les plus résistants, et c'est bien dommage. Mais les espèces comme le koala (dépendant d'une ressource qui est littéralement une bombe à retardement dans un contexte de réchauffement climatique) est voué à disparaître à plus ou moins brève échéance.

Aujourd'hui le réchauffement climatique est clairement une réalité. Et la catastrophe écologique qui en découle aussi. Vu la motivation de ceux qui dirigent le monde à mettre des mesures efficaces en place je crains fort qu'il faille faire le deuil de pas mal d'espèces que l'on connais actuellement.

Je suis peut être un peu cynique mais maintenir artificiellement des espèces n'est pas une solution viable à long terme donc autant s'y préparer, l'écosystème Que l'on a connu est mort. Et je suis le premier à regretter.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur baptiste pour son message (3 au total) :
wallcreeperInMedioJahroo
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
InMedio
Grille pain
Messages : 1184
Inscription : ven. 5 janv. 2018 12:37
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9049] C'est ici[/url]
Profil : Bilan +
Test : WISC
Localisation : Angers
Âge : 30

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par InMedio »

Ce fil me semble tellement intéressant ! Je prendrai le temps de le lire un jour, ou deux.

Il faut notamment que je m'y penche car je pourrais à l'avenir me charger d'entretenir les deux petits bois de mon grand père. Un bosquet de robiniers et une sorte de petite chênaie-chataigneraie. Si tu as un avis spécifique, des conseils, [mention]baptiste[/mention] , je suis preneur.
Vous ne pouvez pas prouver que quelque chose n'existe pas, mais vous pouvez conclure qu'il n'y aucune raison de penser que ce quelque chose existe.
Richard Monvoisin

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

[mention]InMedio[/mention] ça dépend de ce que tu veut en faire et de ce que tu appelle entretenir.

Mais je suis toujours ok pour aider si besoin
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

C'est quoi une forêt ?

La question peut paraître bête mais je vais ici vois parler de quelques termes que tout le monde à déjà entendu sans pourtant en connaître la signification exacte. Et au passage aborder quelques bases de la gestion forestière.

La forêt est définie par l'IFN (inventaire forestier national) comme un peuplement d'espèces ligneuses d'une superficie supérieure à 5ares (en dessous on parle de bosquet).

L'oeil averti remarquera que ce que l'on nomme forêt peut revêtir des aspects bien différents.

On trouve d'une part les futaies, composées d'arbres de haute tige et de franc pieds. Autrement dit chaque arbre est issu d'une graine et est isolé (relativement) des autres) c'est le cas des peuplements resineux par exemple.

Une futaie peut être soit naturelle (issue d'une régénération naturelle) avec des arbres disposés de manière aléatoire, soit artificielle (issue d'une régénération artificielle par semi ou plantation) avec des arbres disposés en ligne.

Une futaie peut être menée de plusieurs manières (on parle de conduite des peuplements)
- futaie régulière ou équienne : les arbres ont tous le même âge.
- futaie irrégulière : les arbres sont d'âges différents.
- futaie jardinée : il s'agit d'un cas particulier de futaie irrégulière que l'on gère de manière à avoir en permanence une régénération. Elle est codifiée et idéalisée pour avoir un revenu régulier en ayant toujours des arbres en production et en régénération.

La futaie est dite pure quand elle est monospecifique ou composée autrement.

On trouve d'autre part le taillis qui exploite la capacité de certaines essences à rejeter de souche (Quand on abat un arbre, de nouvelles pousses apparaissent sur l'écorce au pied). Comme les nouvelles pousses bénéficient déjà du système racinaire en place elles ont une croissance plus rapide et on les utilise pour produire rapidement d'y bois de faible valeur (chauffage et trituration).

Dans un taillis les arbres sont regroupés en cercle autour de la souche (on parle de cepée). Attention avec le temps la souche d'origine à tendance à disparaître et les arbres à s'affranchir et il deviens difficile de distinguer le taillis de la futaie.

Bien sûr il existe des intermédiaires comme le taillis sous futaie. Il s'agit de profiter des rotations de taillis (coupe) pour avoir des arbres de franc pieds (issus de graines) que l'on laissera grandir pour les utilisations nobles. Une fois coupés ils produiront de nouvelles cédées.
Il est facile d'estimer l'âge de ces arbres puisque la régénération à lieu lors des rotations (10-15 ans). Les arbres ayant connu une rotation sont dit nouveau puis moderne à la deuxième, puis ancien, puis aïeul...

Cas particulier la futaie sur souche : il s'agit d'une conversion de taillis en futaie en sélectionnant une seule tige par cépée. Si elle est mature il faut l'oeil exercé du forestier pour la reconnaître.

Pour donner quelques exemples : dans les landes on trouve des futaies pures, régulières et artificielles de pin maritimes.

Le Jura est connu pour ses futaies irrégulières naturelles composées de sapin et de hêtre.

Voilà j'espère que j'ai été clair et compréhensible. N'hésitez pas à demander des précisions si besoin
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
TourneLune
Messages : 13701
Inscription : mar. 1 févr. 2011 13:50
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/topic22.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : En Aveyron
Âge : 44

Ancien Membre de l'équipe

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par TourneLune »

Un genévrier c'est ligneux?
Si tu as plein de genévriers, c'est une foret? A partir de quelle densité?

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Techniquement oui, le genevrier étant un arbre un peuplement peut être considéré comme une forêt, bien que l'usage ne soit pas d'accord.

La densité ne rentre pas forcément en compte et pour cause elle peut varier grandement.

Certains prennent aussi en compte le couvert pour définir une forêt
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
wallcreeper
Père nourricier
Messages : 1585
Inscription : dim. 17 févr. 2019 13:32
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9896
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par wallcreeper »

Botaniquement parlant, je verrais plus le genevrier comme une espèce arbustive, différant de l'arbre par sa petite taille (inférieure à 7 ou 10 mètres selon les références) et son port plus trapu de part ses ramifications partant de la base, au même titre que le prunellier, le houx, .... Ces végétaux partagent en revanche avec les arbres leur tronc ligneux et constituent des fourrés selon les classifications Corine Biotope des habitats, servant longtemps de référence (terme repris par les classifications d'habitats Natura 2000).

Une forêt se définit phytosociologiquement parlant par la densité de son couvert selon mes souvenirs de cartographie d'habitats et non la densité des troncs, la surface de canopée couverte variant beaucoup selon les essences.
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Avatar de l’utilisateur
wallcreeper
Père nourricier
Messages : 1585
Inscription : dim. 17 févr. 2019 13:32
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9896
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par wallcreeper »

Petit retour sur les incendies, la forêt et les enjeux à venir dans sa gestion face aux évolutions de notre planète... Pour confirmer les propos de [mention]baptiste[/mention] et [mention]blue hedgehog[/mention] , les incendies rentrent dans le cycle classique des successions écosystémiques et sont parfois dans certaines régions essentiels afin de refaire démarrer une forêt vieillissante (la zone méditerranéenne chez nous en est le parfait exemple, les forêts d'eucalyptus également). La forêt étant le stade ultime de la succession écologique, le stade dit "climacique" tout du moins en théorie car l'écologie ne prend pas en compte l'influence de l'homme mais les incendies, tempêtes et autres pathogènes étaient un moyen pour la nature de "revenir en arrière", réouvrir les milieux pour relancer cette succession d'habitats en ramenant l'écosystème à la base, le stade pionnier. Globalement, il y aurait, sans que l'homme n'intervienne, un équilibre entre l'évolution naturelle des biotopes vers la forêt et leur rajeunissement, permettant la diversité des milieux...
Sauf que, en reprenant les termes de Mickey 3D, l'homme a déboulé avec ses gros souliers ! Non content de chambouler cet équilibre par ses interventions directes, il a généré les conditions parfaites pour que la forêt brûle par son action globale sur la planète. Et en effet, ce sont là les ampleurs et les surfaces détruites par les feux de forêt qui remettent en cause cet équilibre théoriquement existant, et de surcroit de nombreuses forêts s'embrasent dans des régions où cela n'était pas habituel (taigas russes et scandinaves, forêts humides australiennes et par l'action directe de l'homme les forêts tropicales d'Amazonie et d'Afrique). Tout cela générant de fait la destruction d'habitats pour de nombreuses espèces, on s'émeut souvent des espèces rares malgré tout condamnées à disparaitre en négligeant les espèces plus communes, ayant un rôle beaucoup plus important dans l'équilibre des écosystèmes, mais dont les effectifs patissent de ces phénomènes. Toujours ce discours de "Ah mais y'en a plein de toute façon", sauf qu'il ne faut qu'une espèce soit amenée à un statut rare voire menacé pour que sa population ne périclite (manque de mixité, le pigeon voyageur américain a été le plus bel exemple, son seuil d'extinction génétique était de plusieurs millions d'individus). Baptiste a bien exposé que la nature, malgré la rapidité du changement, trouvera quoi qu'il en soit des solutions...

Bref, revenons à nos bourgeons, tout du moins les miens. La forêt qui brule génère du carbone stocké depuis longtemps, remettant dans l'atmosphère tous les efforts que le nature a fait pour le stocker durablement. Ce carbone n'est pas seulement du fait de la combustion des futs mais aussi de l'altération de la litière forestière et la destruction de l'humus créé, que l'homme reproduit allègrement par ses coupes à blanc. Nous avons besoin de bois, pour de nombreux usages. Certains de ces usages stockent ce carbone pour longtemps, parfois des décennies comme la construction, les meubles, ... d'autres le stockent pour moins longtemps, le cycle est plus court, pour le chauffage principalement. Notre gestion actuelle des forêts malgré ses beaux discours et l'expansion de la forêt ne sont pas la panacée pour un stockage durable, il est nécessaire de trouver des compromis...

Voilà l'objet de ma réflexion actuelle, moi même propriétaire avec ma banquière d'un petit bout de paradis boisé bien diversifié, qu'en faire... Opposé à cela, 2 constats ! J'ai besoin de trouver quelque chose à valoriser pour la pérennité de mon activité (besoin de thunes quoi :blond: ) et le bois s'en voit, agressé à tout va, sécheresses et canicules qui s'acharnent, coups de vent, rien ne l'épargne.
Quel bois d'ailleurs ? 1.5 Hectares environ, en bordure de 50 Ha de forêt mixte en étage collinéen, qui montrent différents visages de surface équivalente.

Un premier faciès assez jeune, une jeune futaie de robiniers assez dynamiques, relativement résiliente au changement. Ce sont des "acacias", espèces invasive certes pour notre flore forestière mais qui aujourd'hui a pris sa place dans notre environnement et y joue un rôle peu préoccupant. Faisant partie de la famille des Fabacées (une légumineuse quoi, comme haricots et petits pois), cette essence fixe l'azote de l'air pour créer de la matière avec le carbone grâce à ses amies les bactéries, plutot que de se contenter de celui présent dans le sol... Double bénéfice, l'enrichissement du sol et le fait pour cela de capter un gaz particulièrement nocif pour notre atmosphère. "L'acacia" a de plus l'intérêt de fournir de belles fleurs pour les pollinisateurs, des piquets ou du bois d'oeuvre (parfois de chauffe).

Un second de futaie irrégulière assez agée (60 ans pour les plus vieux, les pins, espèce pionnière), composées de pins sylvestres, frênes, chênes et merisiers pour la strate haute, une strate basse la complète avec pêle-mêle frênes, merisiers et chataigniers. Un beau milieu de vie pour de nombreuses espèces forestières parfois rares, mais souffrant du changement, plus particulièrement les pins qui ont soufferts des successions de coups de neige et canicule, brisant et brulant respectivement la canopée.

Enfin, un dernier recoin où cohabitent Sylvebarbe et jeunes pousses, une futaie largement aboutie bordée de chênes et robiniers centenaires et et abritant un sous bois riche de ses noisetiers et autres rejets variés. L'âge aidant, beaucoup de casse, beaucoup de chutes pour ces vieux pépères qui les temps rendent vulnérables...

Si je le laisse évoluer, je suis sur une "impasse", un peuplement forestier qui va dépérir et se déprécier, tant pour moi du point de vue pécunier que pour la nature qui a besoin de sa bio diversité. Du coup, comme tout bon humain, face à cette forêt j'interviens ! :D En revanche, hors de question de faire comme tout le monde, et du coup de faire table rase du passé !
Mes objectifs, d'abord évacuer un danger potentiel, les pins sylvestres sont de vraies allumettes sur pieds ces derniers été, ils dépérissent alors qu'ils sont à maturité. Adapter le boisement au futur, car la donne a et va changer donc si je veux maintenir ce couvert forestier et tous ces bénéfices annexes (carbone notamment, et autre, je pourrais y revenir une autre fois) il faut s'activer. Et enfin, faire un peu de sous, ça paie pas de mine !
Mes contraintes sont de ne pas bouleverser l'équilibre naturel du site, par idéologie, ne pas participer au marasme carbonique actuel...

2 ans que le projet a germé et aujourd'hui ça débourre, l'intervention du bucheron est calée sur ce printemps (en essayant de préserver au mieux les nichées :blond: ) et tout a été planifié avec une amie gestionnaire forestière, le chantier a été affiné des derniers temps. La coupe ne concerne que 2 zones, les plus abouties, la "robineraie" sera épargnée de cette opération et bichonnée par mes soins pour la faire évoluer (éclaircissage et utilisation de troncs coupés pour des clotures, ici ou chez des copains, branches laissées à décomposer sur place). les rejets provenant des cépées (la souche restante après la coupe) seront sélectionnés par la suite pour repartir sur un taillis sous futaie.

En revanche, pour les futaies les plus anciennes, la coupe sera plus sévère. Les arbres les plus imposants, les plus aboutis seront abattus, pins, chênes et acacias seront valorisés en bois de chauffage, palettes et je l'espère un maximum de bois d'oeuvre. Tous les résidus de taille (petites branches) qu'on appelle trituration iront à la production de pate à papier ou panneau de bois. Tout carbone qui sera stocké à long terme sera bénéfique, laissant aux petits nouveaux le soin de reconstituer les réserves, capturant une part de l'émission du bois de chauffe, avec un sous bois et sa vie foisonnante préservé. Certes le paysage va changer mais il le fait de lui même inexorablement sous les coups de buttoir du climat rien que sur l'horizon de 9 ans passés. La question ensuite est qui favoriser dans ce sous bois varié,qui résistera aux évolutions à venir ? J'ai fait le choix de 4 essences pour ma part selon mes observations, l'acacia, enfin le robinier comme précité, le frêne sur les zones les plus "fraiches", le merisier et le chataignier. Ce sont les essences qui semblent le mieux réagir aux excès divers et variés qui s'annoncent pour le moment. Rien ne dit qu'au fil des ans, je ne changerais pas d'orientation, j'espère juste ne pas à prévoir de plantation mais accompagner le boisement et ses habitants dans sa mutation...

Un petit document pour les personnes que le sujet intéresse, glané lors de mes pérégrination en "arbor et sens". Il reste assez technique mais on peut facilement comprendre entre les lignes les fondements de l'alternative proposée à nos belles forêts sans langue de bois...
rapport_gestion_forestie_re_et_changement_clmatique-fev_2020.pdf
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur wallcreeper pour son message (4 au total) :
baptisteTourneLunesandersalohanna
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Bonjour à tous,

Aujourd'hui je voudrais vous parler d'un exception forestière, souvent inconnue, mais chère à mon cœur, et qui illustre bien le bordel que représente parfois la gestion de la forêt.

Il s'agit de la forêt usagère de la teste de buch.

Il y a dans les landes de Gascogne un petit massif (3800Ha) qui ne paye pas de mine, coincé entre le cordon dunaire littoral et les grands lacs, il n'est connu de premier abord que pour abriter un raccourci fort commode pour accéder à la route des plages, et un petit cimetière de sénégalais venus mourir la pendant la grande guerre, à 800km du front, sans qu'on sache vraiment pourquoi.

Au second coup d’œil on remarque quelques détails :
- Les arbres ici sont beaucoup plus anciens que dans tout le reste des landes, on remarque souvent les cannelures caractéristiques des arbres ayant connu le gemmage, disparu il y a quasiment un siècle (appelés pin bouteille)
- la toponymie est assez rigolote, on y trouve pèle mêle : le truc de la truque, la grande montagne, point culminant du bassin d’Arcachon, la dune du pyla (l'orthographe pilat est une blague a touriste sachez le) ayant une hauteur variable suivant les saisons et le vent.
-et en cherchant un peu on découvre qu'elle est parsemée de cabanes, habitées parfois à l'année et fortements bucoliques

Il faut être du coin pour connaitre l'histoire de cette forêt, il s'agit du massif de pin maritime le plus ancien de toute les landes, sa présence étant attestée depuis les romains pour certains, depuis le 13eme siècle avec certitude. C'est la que les frères Desbiey ont menés leurs expériences sur la protection contre l'érosion dunaire ayant conduit Napoleon III a promulguer l’ordonnance de 1870 qui à permis la création du massif landais, plus grande forêt artificielle du monde. Tout les ancêtres de tout les pins maritimes des landes viennent de graines issues de cet endroit.

Mais ce qui fait la particularité de cette forêt est la survivance d'un droit, qui était autrefois la norme dans toute la France, mais qui ne survis qu'ici : Le droit d'usage. En effet autrefois dans toute les forêts domaniales les habitants avaient le droit de pacage, de ramasser du bois de chauffage et occasionnellement du bois de construction. Dans les autres forêts de France ce droit à disparu avec plus ou moins de difficultés pendant le second empire durant la période dite "de cantonnement" qui à permis la création de toutes les forêts domaniales et communales au détriments des usagers.

Mais le Gascon est têtu et les usagers locaux ont réussi à conserver ce droit jusqu'à nos jours. Malgré la pression des propriétaires et des sylviculteurs.

Ce droit est régit par un ensemble de textes appelés "baillettes et transactions" dont la plus ancienne date de 1468 et c'est la que commence le gigantesque casse tête juridique que représente cet usage :

- D'une part, les textes ayant étés écrits sur une longue période, ils sont en plusieurs langues (gascon, latin, ancien français et français moderne) avec des traductions plus ou moins fantaisistes.
- Ensuite le droit d'usage n'est garanti qu'aux anciens habitants du captalat de buch, autrement dit, on assiste à des situations rocambolesques, ainsi les Arcachonnais n'ont pas de droit, mais les bellisaires (lieu dit situé de l'autre coté du bassin) si, et pire encore suivant les communes certains quartiers y ont droit alors que d'autres non.
- Cette forêt, contrairement à ce qu'on pourrais penser n'est pas publique, sauf que les propriétaires (appelés ayant-pins) ne sont propriétaires que du sol et de la résine à l'intérieur des arbres (survivance du gemmage) ils ne sont pas propriétaires des arbres.

Bref cet exemple illustre parfaitement les spécificités des lois forestières, et du sacro-saint code forestier, très souvent en opposition avec les usages locaux. Le casse tête juridique qui en découle, avec souvent des procès à rallonge qui durent depuis des dizaines d'années.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur baptiste pour son message (5 au total) :
PataboulPascalitaTourneLuneInMedioCyrielle
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

odile
Messages : 39
Inscription : dim. 27 sept. 2020 19:46
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par odile »

@baptiste très intéressant ! J'aime bien ces histoires particulières.

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Je me permet de rebondir ici sur un début de débat qui a commencé sur le mondre :

Les Chinois et le bois, on en parlait déjà il y a plus de dix ans alors que j'étais encore à l'école forestière, déjà à l'époque on les accusait de tout les maux et à l'époque déjà on les accusait de rafler tout le bois à des prix indécents, surtout les bois de mauvaises qualité mais pas seulement.

Et j'ai passé un moment à me demander pourquoi, jusqu'au jour où j'ai eu l'occasion de discuter avec un courtier qui exportait pas mal de bois là-bas et qui m'a fait comprendre que les Chinois nous l'achetaient pour tout simplement nous le revendre après transformation.

Et ils sont doués pour ça, le pin de première éclaircie qui chez nous part en pâte à papier (donc très peu valorisant financièrement), eux, ils en font du lamellé-collé ou de l'abouté qui revient se vendre dans les magasins français.

Sans parler de la contrefaçon : par exemple à une époque, un des gestionnaires de l'onf me disait qu'ils raflaient tous les chênes ayant le cœur rouge (défaut qui déclasse le bois) sans comprendre pourquoi, jusqu’à ce qu'en discutant avec l'acheteur, il comprenne que celui-ci en faisais des cercueils en acajou plus vrai que nature (et le client verra pas la différence). De même pour le frêne grisé qui chez nous part en bois de chauffage ; eux, ils le dégrisent (probablement à l'aide de produits chimiques corrosifs) et nous le renvoient sous forme de parquet.

Bref, les Chinois ne font que valoriser des produits qui chez nous seraient utilisés pour des usages peu valorisants.

Bref, je dis pas que les chinois ne sont pas responsables, mais je dis qu'ils ont bon dos et qu'ils servent surtout de bouc émissaire pour cacher d'autres problèmes et pratiques dont on parle peu... (cliffhanger pour un futur post)
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
TourneLune
Messages : 13701
Inscription : mar. 1 févr. 2011 13:50
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/presentations/topic22.html
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : En Aveyron
Âge : 44

Ancien Membre de l'équipe

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par TourneLune »

De mon côté, mon charpentier a accusé les américains de faire monter les prix. Quoi qu'il en soit, ça semble quand même assez marquant pour bloquer les chantiers et mondial.

Invité

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Invité »

baptiste a écrit : lun. 21 juin 2021 19:56 Bref je dis pas que les chinois ne sont pas responsables, mais je dis qu'ils ont bon dos et qu'ils servent surtout de bouc émissaires pour cacher d'autres problèmes et pratiques dont on parle peu... (cliffhanger pour un futur post)
Je suis d'accord, c'est pour ça que j'avais mis l'article en lien dans le fil sur les doléances. Je lirai ton futur post avec intérêt, sans forcément participer car je m'y connais assez peu -mais un peu quand même, étant propriétaire de terrains boisés donc intéressée par la question. :)

Avatar de l’utilisateur
wallcreeper
Père nourricier
Messages : 1585
Inscription : dim. 17 févr. 2019 13:32
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9896
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par wallcreeper »

Juste un article pour illustrer la dynamique actuelle de l'exportation.

https://www.canopee-asso.org/exporter-n ... os-forets/

Etant visiblement "profane", je laisse la place pour ce qui est de la discussion.
Et s'il y a un responsable à désigner, je crois que le système économique ultralibéral et mondialisé se porte volontaire...
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Ce que je lis surtout dans cet article et dans le discours des scieurs en général c'est : " on s'est entendu entre nous pendant des années pour gruger les cartes et maintenir les prix du bois artificiellement bas et maintenant que voilà un nouveau joueur qui respecte pas nos règles, bah on est pas content..."

Il faut pas se leurrer : le problème n'est pas la disponibilité des bois, le problème c'est la loi de l'offre et de la demande. Et les scieurs français n'ont pas l'habitude de surenchérir.

J'ai vu pendant ma courte vie forestière, avant les ventes, les acheteurs se mettre d'accord sur les prix, savoir qui enchérissait sur tel lot, etc...

Et à mon époque déjà, quand un joueur ne respectait pas les règles (en l'occurrence les Espagnols qu'on accusait des même maux que les Chinois), ça se passait mal. J'ai un souvenir ému d'une vente de l'onf qui avais dégénéré en pugilat digne des meilleures bagarres de saloon pour les mêmes raisons.

En France et peut-être ailleurs, la filière bois reste archaïque et pas mal d'acteurs du milieu ont découvert violemment la mondialisation et la loi du marché.
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Invité

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Invité »

Un article sur ce sujet paru dans le Canard enchaîné de cette semaine:

Image

Cet article semble en contradiction avec l'avis du professionnel donné dans l'article de @wallcreeper
► Afficher le texte
D'après l'article du canard, il semble que le problème du manque d'approvisionnement des scieries ne proviendrait pas de l'achat de bois par la Chine (même si cela crée de facto une tension sur l'approvisionnement) mais plutôt du manque structurel de coupe de la forêt française. Toujours d'après l'article une hausse du prélèvement serait bienvenue pour améliorer le bilan carbone: une forêt qui pousse capte le carbone, une forêt sans coupe aurait un bilan carbone neutre si j'ai bien compris. N'ayant pas d'avis critique sur ce domaine en ce qui me concerne, que pensez-vous des arguments avancés par le Canard ?

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Pastel En fait ton article rejoint un post que je devais faire depuis un moment, mais procrastination, tout ça...

Bref, c'est l'occasion de m'y mettre ; je précise en préambule que les chiffres que je donne risquent de dater un peu, et il y a des chances qu'ils ne soient plus forcément valables, même si de mon avis en forêt rien ne change très vite.

Donc en introduction :

Rentabilité de la sylviculture

Peu de gens ont une idée concrète de la valeur du bois, tout ceux qui chauffent à la cheminée ont une vague idée du prix du stère, sans savoir forcément qu'il s'agit en fait d'un sous-produit voire d'un déchet. Je reformule : le bois de chauffage ne vaut quasiment rien.

Pour vous donner une idée des prix :
- Un hectare de coupe rase de pin maritime peut rapporter jusqu’à 5000€.
- Un mètre cube de certains bois précieux (fruitiers, etc) peut rapporter le même prix
- Dans certains coins, un seul chêne se vend à lui seul jusqu’à 200 000€

Quand j'étais à l'école, on avait calculé que 200ha, bien équilibrés, de pin maritime permettent de s'assurer 20000€ de revenus par an.

Bref, la forêt est un investissement rentable ; ça a probablement changé mais à l'époque on estimait que la rentabilité, à partir du moment où on possède suffisamment de terres, est de l'ordre de 3 à 4% par an, ce qui est bien plus que pas mal d'investissements bancaires.

C'est pour ces raisons qu’énormément de grosses entreprises possèdent des propriétés forestières ; banques, assurances, multinationales, toutes ont dans leur portefeuille des centaines de millier d'hectares de forêt. Et même si peu de chiffres sont disponibles, selon certaines estimations on estime qu'environ un tiers de la forêt privée est détenue par des sociétés.

En ce qui concerne les propriétaires privés, la plupart des gros propriétaires sont adhérents de coopératives ; ces coopératives au fil du temps sont devenues de véritables entreprises, omniprésentes et omnipotentes sur certaines régions. Et souvent ces coopératives contrôlent, sur leur secteur, l'ensemble de la filière depuis la graine jusqu'à l'exploitation et parfois la transformation, en passant par les travaux et les plans de gestion.

Bref, en résumé la forêt française est détenue dans son immense majorité par trois entités : l'État, les grosses entreprises et les coopératives.

Et comme partout, on assiste à certaines dérives, magouilles et pratiques à la légalité discutable que nous allons voir maintenant :

La spéculation forestière

Comme je l'ai expliqué dans mes posts précédents, la croissance d'un arbre n'est pas linéaire, mais plutôt logarithmique : après une croissance initiale forte, elle a tendance à se tasser au bout d'un moment pour devenir quasiment plate. L'optimum de rentabilité consiste donc à exploiter l'arbre au moment où la courbe commence à s’aplatir. Au passage, il s'agit aussi de l'optimum de stockage du carbone.

Or les chiffres de l'ifn montrent que le diamètre moyen d'exploitation est assez supérieur au diamètre moyen d'exploitabilité. Ce qui signifie plusieurs choses :

- La forêt française est vieillissante, des arbres murs ne sont pas exploités, ce qui implique qu'il n'y a pas de renouvellement efficace de la ressource.
- Le stockage du carbone est loin d'être optimal, une vieille forêt ne stocke que très peu de carbone par rapport à un peuplement en cours de croissance.
- Un manque de bois sur le marché : moins de bois exploité, c'est moins de bois à la vente (pénurie...)

Cela parait bizarre d'un point de vue rentabilité que des grosses entreprises fassent une croix sur des revenus mais cela repose en fait sur plusieurs leviers :

- Réserve de capitaux : l'État et les grosses entreprises ont tendance à utiliser leur propriétés forestières comme des gros coffres-forts, ils retiennent le bois le plus longtemps possible lorsqu'ils n'en ont pas besoin pour ensuite le relâcher lorsque leur bilan a besoin d'être équilibré ; on assiste lors de crises à des ventes records de bois sur pied pour cette raison.
- Spéculation et lissage des prix : le fait de ne pas exploiter la ressource permet d'organiser une rareté artificielle qui provoque l'augmentation des prix. Si cette pratique n'est pas illégale, il en existe une qui est plus border line, le stockage des bois abattus. En effet après la tempête de 1999, il a été créé des stockages de bois représentant plusieurs millions de mètres cubes, prévus pour être relâchés progressivement afin d'éviter d’inonder le marché et d'assister à un effondrement des prix et de la filière. Or ces stockages existent toujours, pire ils tournent toujours, sans cesse renouvelés afin que les prix se maintiennent au plus haut. Pour info les grands diamantaires utilisent la même technique, achetant les diamants en grande quantité mais ne les relâchant qu'au compte-goutte afin de garantir leur rareté.

Enfin il existe une spéculation bien plus insidieuse et méconnue, la spéculation foncière, que je vais vous expliquer à travers un exemple que j'ai étudié personnellement :

Il y a quelque part un petit village (je préfère pour des raisons évidentes éviter de citer des noms), au départ anecdotique, quelques maisons regroupées autour d'un église. Ce village a bénéficié dans les années soixante de l'arrivée d'une autoroute reliant plusieurs grandes villes et une région touristique, ladite autoroute faisant un large détour, contrastant avec sa rectitude parfaite partout ailleurs, pour desservir ce village. Avec l’autoroute, de nombreux citadins sont arrivés et ont construit (pas fous, ils peuvent habiter à la campagne avec un temps de trajet inférieur à celui passé dans les bouchons en ville pour se rendre au travail). Avec l'augmentation de la population sont arrivés les services (écoles, commerces,...) qui ont bénéficié de conditions avantageuses pour s'installer (de la part de la mairie et des banques). Et avec l'arrivée de ces services, la population a encore augmenté, passant de quelques dizaines dans les années 50 à plus de 30000 de nos jours...

Bref, il semble que ce soit le destin heureux d'une petite bourgade, à priori rien de notable, sauf que...

Les 5000ha autour de cette ville appartiennent (plus ou moins directement) à une société bancaire, la même qui a prêté l'argent pour la construction de l'autoroute, la même qui prête de l'argent à la mairie pour la construction d'infrastructures et de services (mairie au passage où pas mal de conseillers municipaux sont des cadres de ladite entreprise, ou leur famille). Ça parait déjà beaucoup plus louche, surtout lorsque l'on se rend compte que le prix d'un hectare de terrain forestier est multiplié par 1000 lorsque l'on le revend en terrain à bâtir 50 ans plus tard, et qu'il a déjà rapporté pas mal d'argent entre deux.

Pour nuancer mon propos (pas envie de me retrouver suicidé d'une balle dans le dos), même si l'exemple cité est réel, je ne sais pas si la pratique est courante, ni à quelle échelle. Mais il existe un dicton que l'on échange à mi-voix entre forestiers : "l'avenir de la forêt est dans le terrain à bâtir".

Voilà, en espérant que ça vous a intéressés, et éclairés un peu sur la situation actuelle et surtout sur les non-dits de celle-ci.

Je précise encore une fois que tout ce que je dis vient de mon expérience personnelle, n'est pas forcément la vérité absolue, les chiffres et les pratiques ont pu changer depuis mon époque, espérons-le...
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur baptiste pour son message (4 au total) :
FuPataboulMiss sourisInMedio
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Invité

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Invité »

Merci @baptiste pour ton retour éclairant :)
j'étais loin de me douter de ce genre de pratiques.

Avatar de l’utilisateur
Pataboul
Patamobile
Messages : 1221
Inscription : dim. 18 janv. 2015 21:02
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/presentations/pataboul-t5762.html]ici[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Pataboul »

Ailanthus altissima, en français Ailante glanduleux, Ailante, Faux vernis du Japon, Frêne puant ou Vernis de Chine:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ailanthus_altissima
Image

Vous connaissez? C'est un arbre invasif dont la prolifération m'est apparue il y a peu de temps. J'ai commencé par en voir un dans le jardin d'un ami puis à les remarquer partout dans sa région. Par chez moi j'en connais un "spot" depuis longtemps et je constate maintenant qu'il s'est étendu, de jeunes pousses sortent à des kilomètres de là.
Depuis je m'interroge régulièrement sur la gravité de cette invasion, sa prise en compte par les pouvoirs publics, l'attitude à adopter, etc.. Je n'ai pas trouvé de position officielle de l'état français ou de consensus scientifique. Entre le fait que je ne cherche pas forcément au bon endroit et ne comprends pas tout ce que je lis sur le sujet, j'aimerais bien avoir les avis et infos de ceux qui par ici maitrisent pas trop mal ces histoires de biotopes et d'arbres.
Merci.

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

@Pataboul En fait le problème des espèces invasives n'en est pas vraiment un.

Je m'explique, et je précise au passage qu'il s'agit de mon opinion personnelle.

On oublie souvent que les espèces dites invasives ont aussi leurs contraintes écologiques dont elles ne peuvent s'affranchir, en forêt de nombreuses espèces ont été introduites (chêne rouge, robinier faux acacia, liquidambar, eucalyptus...) et l'INRA à passé des années à anticiper une invasion qui n'a, au final, jamais eu lieu.

Chaque espèce a un milieu qui lui est propre, mais au final après une phase de croissance initiale forte on se rend compte que les espèces autochtone qui sont présentes dans le milieu depuis plus longtemps, et donc au final beaucoup plus adaptées, finissent par reprendre le dessus ou par cohabiter.

Si on prend l'exemple de l'ailante : c'est une espèce pionnière, qui grâce à ses samares (graines portées par le vent) et sa forte propension à la multiplication végétative (drageonnage) va rapidement coloniser un milieu perturbé (friches industrielles, trouées forestières,...). En cela elle va concurrencer les espèces pionnières autochtone (bouleau, tremble, aulne, pins...).

Toutefois, comme je l'ai expliqué dans mes posts précédents, le stade pionnier est loin d'être le stade final de la colonisation forestière. Ainsi vont rapidement (pour un écosystème forestier) vont arriver les espèces post-pionnières et dryades (coudrier, chêne, châtaignier...) qui vont au départ profiter de l'ombre dans leur phases de croissances initiales, puis, une fois devenues les espèces dominantes en hauteur, vont les supplanter en les privant d'accès à la lumière. Une invasion par les ailantes est juste un écosystème immature qui va, au fil du temps, évoluer vers autre chose.

En ce qui concerne la lutte contre ces espèces, on ne peut pas faire grand chose :
- le fait de les abattre ou de les cercler va favoriser le drageonnage et donc, au final, accroitre leur vitesse de multiplication.
- Si on veut éviter le drageonnage, il faut dessoucher, ce qui au final crée un milieu perturbé qui va favoriser leur réapparition.

Bref le mieux est de les laisser tranquille, et d'attendre que la succession écologique se fasse toute seule.

je terminerais au final par dire que de nombreuses espèces, aujourd'hui considérées comme parfaitement normales en forêt sont des espèces introduites depuis longtemps, le châtaignier par exemple, qui ne choque personne à été introduit par les romains.
Ces utilisateurs ont remercié l’auteur baptiste pour son message (2 au total) :
sandersPataboul
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Avatar de l’utilisateur
sanders
Pseudo Violet
Messages : 3571
Inscription : jeu. 4 oct. 2012 08:04
Présentation : [url=http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=2721]Bon ben ... Bon bain ...[/url]
Profil : Bilan +
Test : WAIS
Localisation : Syndrome Lisa Simpson
Âge : 55

Ancien Membre de l'équipe

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par sanders »

Merci Baptiste !

Le jardin punk est implanté dans une friche et connait depuis une dizaine d'années une colonisation par les ailantes. A chaque fois qu'on essaie de les couper, on est tranquilles l'hiver et l'année suivante c'est encore pire. C'est comme pour les ronces, les clématites sauvages et la vigne vierge.

On essaie de réfléchir à comment les intégrer à nos pratiques et à comment parvenir à cohabiter avec elles. Pas simple, surtout que nous avons des visions très diverses du "sauvage" à proximité des cultures.

J'ai lu ici et là que les ailantes contenaient des substances pas cool pour le jardin. Je trouve pourtant que ça fait un excellent paillage car les feuilles sont déjà toute prêtes à être posées au sol. Elles s’arrachent très facilement et sèchent vite. Bref, un paillage idéal selon moi.
Vous avez des infos là-dessus ?

Les branches sont parfaites pour faire des tuteurs éphémères : droites, elles se cassent très facilement et repoussent vite derrière.

Gilles Clément est un jardinier paysagiste qui a pas mal réfléchi à la question des plantes invasives. Il a fait un cycle de conférences au collège de France faciles à trouver sur leur site ainsi que plusieurs émissions France culture à écouter en replay.
Il a aussi écrit un livre sur les plantes colonisatrices (renouées, berce du Caucase, ailante...).

Si ça intéresse je peux vous mettre les liens.
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

Invité

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Invité »

sanders a écrit : mar. 24 août 2021 11:32 Si ça intéresse je peux vous mettre les liens.
Oui, je veux bien, merci d'avance. :)

Je connais aussi le problème avec une parcelle de châtaigneraie ancienne et très affaiblie par divers facteurs, dont je suis propriétaire et où malheureusement, les ailantes commencent à être très/trop présentes. J'ai noté, sans approfondir, que la Flore forestière française, guide écologique illustré, qui est rédigée par une équipe de spécialistes et produite par l'Institut pour le développement forestier, signale le caractère "très envahissant" de l'espèce et préconise d'en limiter l'introduction, y compris comme ornement. Je n'en sais pas beaucoup plus mais je suis intéressée par les diverses approches possibles du phénomène : je vais sans doute être amenée à prendre des décisions à ce sujet assez rapidement.

Avatar de l’utilisateur
wallcreeper
Père nourricier
Messages : 1585
Inscription : dim. 17 févr. 2019 13:32
Présentation : http://adulte-surdoue.fr/viewtopic.php?f=9&t=9896
Profil : En questionnement
Test : NON
Âge : 42

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par wallcreeper »

Pour répondre rapidement, ayant été assez proche des dossiers plantes invasives et gestion des milieux dans les différents postes que j'ai pu occuper en associatif. Le problème principal de cette espèce est qu'elle sait se préparer le terrain par allélopathie.
En résumé, comme la Renouée du Japon et de Sacchaline, ainsi que leurs divers descendants, ces plantes sécrètent dans le sol et au niveau de leur appareil végétatif des substances inhibant la levée de graines d'autres espèces, de l'ailanthone pour l'Ailanthe (je ne me rappelle pas pour la renouée, ce sont des polyphénols).
La forte dynamique en de bonnes conditions pédoclimatiques pour ces espèces pionnières peut malgré tout selon moi avoir un impact sur la succession des écosystèmes par cet effet allélopathique. Je connais certaines stations de renouées représentant plusieurs centaines de mètres carrés en bord de Loire ou ancienne friche dans lesquelles la dynamique de succession écosystémique est totalement à l'arrêt depuis des décennies, pourtant sur des milieux naturels à forte croissance et évolution. Seule une intervention physique forte permettrait de se débarrasser de l'espèce, nombreuses fauches successives des années durant pour affaiblir la station ou intervention d'une pelle.
Nombreuses tentatives de gestion "douce" y ont été menées, notamment l'occultation, allant même jusque mettre en compétition avec des espèces autochtones ayant la même caractéristique. La consoude offre le meilleur résultat pour la renouée. En ce qui concerne l'ailanthe, il semblerait qu'un ombrage fort serait particulièrement efficace, mais cela semble remis en cause par ce que dit Judith dans son cas précis.
Pour l'avoir également observé sur le terrain lors de prospections botaniques et suivis d'habitats Natura 2000, il y a d'ailleurs une forte érosion de la flore associée aux milieux naturels fragiles sur lesquels ces espèces arrivent à proliférer.
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages. Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts, Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages. J. Richepin

Invité

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par Invité »

wallcreeper a écrit : mar. 24 août 2021 14:57 En ce qui concerne l'ailanthe, il semblerait qu'un ombrage fort serait particulièrement efficace, mais cela semble remis en cause par ce que dit Judith dans son cas précis.
Non, j'aurais dû préciser que les ailantes colonisent des parties de la châtaigneraie où le couvert est très dégradé, ou encore des trouées dans la forêt, donc des zones où l'ombrage est assez faible.
wallcreeper a écrit : mar. 24 août 2021 14:57 Pour l'avoir également observé sur le terrain lors de prospections botaniques et suivis d'habitats Natura 2000, il y a d'ailleurs une forte érosion de la flore associée aux milieux naturels fragiles sur lesquels ces espèces arrivent à proliférer.
C'est ce qui m'inquiète surtout, personnellement, la perte de diversité botanique associée au développement de l'ailante, et c'est ce qui me poussera à essayer d'agir. Dans le cas de la renouée, que je connais mieux pour avoir été confrontée à des berges de rivières envahies, c'est spectaculaire et désolant.

Avatar de l’utilisateur
baptiste
Messages : 1126
Inscription : mar. 22 mars 2016 23:38
Profil : Bilan +
Test : WISC

Re: La forêt, le bois, la combustion, le carbone et autres questions

Message par baptiste »

Une vidéo de Dirtybiologie qui parle des incendies de forêt et rejoins mon propos précédent en le nuançant et en apportant de nouvelles précisions.
(Notamment des sources avec des articles)
https://youtu.be/RzuyL3LEROQ

Comme quoi je raconte pas que des conneries
A cause de mon mode de vie mon accès internet est sporadique donc pas de panique

Répondre