L'extinction du Permien

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Alséidès
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L'extinction du Permien

Message par Alséidès »

L'EXTINCTION DU PERMIEN


Ma période préférée de l'Histoire de la Terre est de loin l'ère permienne. Je trouve cette histoire fantastique et ses protagonistes me fascinent, ils forcent mon respect et mon admiration. Je collecte tout ce qui touche à cette période hélas, avec la distance (dans le temps) les recherches sont difficiles. :smyle: 

N’ayant pas la prétention de vous faire un exposé exhaustif, je me permets de vous présenter un résumer de l'histoire... Où préhistoire?   :lol:  .

Ce chapitre s’étend grosso modo entre il y a -300 millions d’années à -250 MA. Il a donc duré 50MA.

Le Permien est postérieur au Carbonifère, période où la Terre connue une fulgurante montée d’oxygène représentant alors  35% de l’atmosphère. Ce taux élevé était dû au développement exponentiel de la flore. Le Permien précède le Mésozoïque, qui ouvre un chapitre sur un autre  système géologique, le Trias, qui vit le début de l’avènement des dinosaures.

Tout le monde connaît les dinosaures et à entendu parler de leur extinction déclenchée il y a 65MA par la chute d’une astéroïde de 10km de diamètre, une taille risible quand on y pense ! Cet événement généralement connu sous le nom de crise Crétacé Tertiaire — ou crise KT — mis fin à leur hégémonie et à 50% de la biodiversité selon les estimations.

La fin du permien,  vit elle, s’éteindre 9O% des espèces marines et 75% des espèces terrestre.
Les sédiments correspondant à la fin du Permien sont quasiment vides de toutes traces de vie, pas de végétaux, pas d’animaux. Même chose du côté des océans.

Si nous sommes en vie aujourd’hui, nous le devons à ces créatures qui se sont accrochées à la survie et dont on ignore trop souvent l’histoire : les reptiles mammaliens ou thérapsides. :clap:

I — Le climat au Permien
II — Présentation de quelques espèces
III — Les trappes de Sibérie
IV — La mort de l’Océan
V — Asphyxie
VI — Evolution


I — CLIMAT AU PERMIEN

Au Permien, les terres étaient assemblées en un seul vaste continent, la Pangée. À l’Équateur, le climat était sec, voir aride à la manière du Sahara, les températures allant entre 0° et 40°. Les régions tempérées accueillaient les restes des grandes forêts du Carbonifère, tandis qu’un vaste océan nommé Panthalassa hébergeait de multiples espèces animales et végétales.

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II — PRÉSENTATION DE QUELQUES ESPÈCES

Il vivait sur la terre plusieurs écosystèmes semblables à ceux d’aujourd’hui, où la famille des vertébrés dominants était celles des thérapsides — reptiles mammaliens. Elles présentent une dentition et une disposition des membres plus proches de nous que des reptiles, idem pour l'évolution de leur crâne: crâne de thérapsides. Cependant, elles gardaient des caractéristiques reptiles. Toutefois, certaines ont développé un système interne de régulation de la chaleur (apparition de la fourrure) et étaient ovipares.

a) Le Gorgonopsien

L’on trouvait dans cette familles des représentants de chaque maillon de la chaine alimentaire, en son sommet, le premier super prédateur qui ait jamais foulé le sol : le gorgonopsien, le plus grand prédateur du Permien !

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Il faisait quatre à cinq mètres de long et son seul crâne faisant 45cm ! Il pouvait courir très vite et chassait à la manière des T-rex en se jetant sur le dos de ses proies pour les transpercer de ses canines hypertrophiées ! Regardez sa dentition : elle est spécialisée ! Des canines et des incisives ! Comme les mammifères !

b) Le Lystrosaurus
Dans le groupe des herbivores, on trouvait le lystrosaurus, l’un des rares animaux à avoir survécu à l’extinction. Le lystrosaurus occupait la niche écologique de notre vache contemporaine. Il faisait jusqu’à deux mètres de long pour les plus gros spécimens.

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Notez ses deux dents hypertrophiées, elles lui auraient servis à fouiller le sol à la recherche de racines.

c) Le Thrinaxodon

Le Thrinaxodon est l’un de mes thérapsides préférés. Selon moi, on devrait lui accorder un chapitre dans les livres d’histoire ! xD

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Ce serait l’ancêtre des mammifères. Comme nous, il disposait d’une dentition constituée d’incisives, de canines et de molaires. Il pouvait mâcher en respirant, il avait le sang chaud et une fourrure. Son crâne est quasiment de type mammifère et autre caractéristique fascinante, il est possible qu’après avoir pondu et couvé ses petits, la femelle les allaitait  après leur éclosion !

Il doit sa survie à sa petite taille (celle d’un renard au début du Permien, puis d’un chat au début du Trias), qui lui a permise de se réfugier dans des terriers lorsque des pluies acides comme du jus de citron tombaient du ciel ! Il vivait en communauté, ce qui a dû être un facteur déterminant de sa survie. Et il était mignon.

III — LES TRAPPES DE SIBÉRIE

Le Permien était une période propice à la vie qui a vu une formidable biodiversité naître et se spécialiser. Un paysage au Permien était composé de vastes prairies sèches où des troupeaux paissaient, de forêts et de rivières grouillantes de vie et de prédateurs efficaces.
800 000 plus tard il ne restait presque rien.

Le déclencheur de cette extinction de masse est un phénomène géologique propre aux activités du manteau terrestre : un super panache.

Ce super panache a fendu la croûte terrestre sous la Sibérie s’étend sur plus de 1500km et fait 100km de large (soit une épaisseur de 308 Tour Eiffel). Imaginez une plaie béante sur la terre plus longue que la France, plus large que l’Île de France mettant à nu le manteau terrestre qui a vomi pendant de centaines de milliers d’années 3 million de km3 de lave sur Terre. Les trappes ont vomit suffisamment de lave pour recouvrir les ¾ des États Unis.

Deux théories s’affrontent encore sur l’origine de ce super panache.
La première pense que le bombement de la croute terrestre est dû à la collision d’une gigantesque météorite quatre fois plus grosse que celle de la crise KT — fin des dinosaures — la deuxième, rend responsable un effondrement brusque d’une masse de planché terrestre sur le noyau de la planète amenant la matière en fusion à remonter à la surface.
Cet événement marqua un réchauffement climatique qui s’étendit sur des milliers d’années, c’est la première phase terrestre de l’extinction de masse du Permien.

III — LA MORT DES OCÉANS

Au Permien, le niveau des océans était bas, le réchauffement climatique a donc fini par l’atteindre avec la conséquence la plus effarante de l’histoire de la vie : la fonte des glaces sous marines emprisonnant l’hydrate de méthane. Le méthane est un puissant gaz a effet de serre accumulé au fond des océans du fait de la décomposition des corps organiques.  Il y en avait en quantité énorme et il y en a tout autant aujourd’hui. Lorsque les glaces qui le retenaient ont fondu, il est remonté à la surface, emballant encore le réchauffement climatique et empoisonnant la faune marine.

Le réchauffement de l’océan s’est généralisé et les courants marins sont « tombés en panne ». C’était de l’eau croupissante, acide, polluée de molécules toxiques.
Suite à la libération de l’hydrate de méthane, les pluies sont devenues acides et les températures sur Terre ont augmenté jusqu’à 25° de plus que la normale !

V — ASPHYXIE

La troisième phase découle des deux premières. L’importance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère a entrainé l’effondrement de la quantité d’oxygène respirable. Actuellement l’O2 constitue 23% de l’air, au début du Trias — période qui suit le Permien— ce pourcentage est à 10%. Nous serions incapables d’y respirer.

VI — EVOLUTION

Pour survivre à la chute de l’oxygène l’évolution a retenue des options :

a) Les reptiles mammaliens sont devenus des mammifères.

Leur cage thoracique s’est raccourcie pour permettre l’apparition du diaphragme, qui couplé avec la cage thoracique a nettement amélioré la respiration des thérapsides. Cette modification a permis aux petits de se développer dans le ventre de leur mère . Ainsi à l’abri de la concurrence pour la survie, ils avaient plus de chance de naître, de plus, ils étaient directement alimentés en oxygène par leur mère.  

Évolution du Thrinaxodon

Début du permien : cage thoracique longue.
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Fin du permien : la cage thoracique est nettement plus petite.
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Cette branche a également vu sa taille décroître pour devenir les petits mammifères tapis dans l’ombre des dinosaures au Jurassique.

b) L’avènement des dinosaures

Les ancêtres des dinosaures ont eux optés pour un système respiratoire si performant qu’ils ont ensuite dominés la Terre : Les « sacs aériens ». Les dinosaures dotés de ce système étaient très actifs (les raptors par exemple) et étaient des prédateurs.  C’est grâce à ce système respiratoire hérité de leurs ancêtres que les oiseaux migratoires peuvent supporter le manque d’oxygène en altitude.

Poumons des oiseaux modernes :
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Je trouve cette histoire émouvante et riche d'enseignements ^^. Bien sûr, il y a encore beaucoup de choses à en dire, mais je vais m'arrêter ici ^^. Voici des documentaires que j'aime beaucoup sur le sujet :

En anglais: Animal Armageddon

En français : Le jour où la Terre faillit disparaître

Planète Terre - La Naissance des Mammifères
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