Tout débute avec cette question que me taraude depuis un certain temps, à savoir : où s’inscrivent la douance et l’augmentation des capacités cognitives et intellectuelles au sein du processus évolutif darwinien ?
On admet communément, depuis ce cher Darwin, que les caractéristiques d’une espèce s’acquièrent au gré de mutations spontanées favorables présentant un avantage certain pour la survie et la reproduction. Un point important étant que ce processus de sélection n’agit pas de façon binaire : mutation défavorable = mort, mutation favorable = survie + reproduction ; il se produit progressivement une augmentation de la proportion d’un gène favorable au sein d’une population.
On peut alors comprendre aisément que l’augmentation des capacités intellectuelles de l’Homo sapiens (au passage liée à l’usage de la cuisson des aliments permettant l’augmentation du volume du cerveau) a permis d’étoffer les techniques de chasse, offrant un atout majeur pour la survie. C’est ainsi que j’appréhende l’avantage évolutif de l’intelligence pour la survie, basé sur les besoins primaires. Du point de vue de la reproduction, on peut aussi penser que le « surplus » d’intelligence a pu offrir quelques avantages quant à la séduction ; la population surdouée étant potentiellement capable de manipuler ses comparses plus aisément que la moyenne.
Or quand est-il aujourd’hui ? Il semble que les lois de sélection telles qu’évoquées par Darwin, ne puissent plus s’appliquer de façon aussi radicale. D’un point de vue médical, les mutations qui auraient été mortelles au paléolithique sont de plus en plus soignées et ne présentent donc pas d’inconvénients à la transmission des gènes. Je m’interroge d’ailleurs sur les conséquences à venir de ce processus d’anti-sélection, sans pour autant refuser les progrès de la médecine.
Si on s’intéresse à l’évolution des capacités intellectuelles, on remarque qu’elles ne cessent de progresser, raison pour laquelle les tests de QI sont étalonnés par rapport à la moyenne de la population. C’est là que j’aimerais avoir connaître votre avis. Aujourd’hui, par quel moyen avoir des capacités intellectuelles « supérieures » peut-il conduire à assurer sa survie et propager des gènes ? Pour parler crûment et de façon simplifiée, peut-on réellement affirmer qu’un Smicard (ou au RSA) se reproduira moins qu’un polytechnicien ? Ne pas avoir de travail ou ne pas avoir fait d’études n’interdit pas la reproduction, cependant un surdoué (ou non) avec une bonne situation ne se reproduira pas forcément plus.
J’ai tendance à penser que le processus évolutif lié à l’intelligence atteint ses limites dans la configuration actuelle de notre société. On constate bien que les personnes HQI ne sont pas/peu adaptées à leur environnement, de par leur décalage social, et que cela freine le rapprochement homme/femme et donc la reproduction.
Pour autant, on remarque que les grands génies de l’histoire, même s’ils n’ont pas eu de descendance ont transmis leur savoir de par leurs inventions. En aparté, ceci rejoint la théorie de François Roddier (La thermodynamique de l’évolution) qui dit que l’évolution se fait par transfert d’information (ADN, savoir, culture …). L’être humain devra à l’avenir acquérir de plus en plus de savoir pour s’intégrer au monde du travail (allongement de la durée des études) et cela passe sans doute par l’augmentation des capacités intellectuelles.
Bref, j’avoue que mes pensées s’entremêlent depuis un bon moment et c’est pour cela que j’aimerais recueillir vos avis sur la question.
L’intelligence humaine peut-elle continuer de s’améliorer sans une sélection basée sur les capacités intellectuelles ?