Comment se construisent nos connaissances

Mathématiques, sciences humaines, anthropologie, écologie, biologie, génétique, médecine, ou encore philologie, linguistique, grammaire et autres. La vaste partie consacrée aux sciences dans leur ensemble, et dans leur unicité.
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Za
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Comment se construisent nos connaissances

Message par Za »

Cette question en rejoint d’autres qui ont pu être évoquées sur ce forum :
Comment se forme notre intelligence ?
Comment l’humain apprend-il ?
Quel rapport se joue entre les sciences théoriques et notre logique interne, biologique ?

:lire2: La science qui tente d’y répondre est une branche des sciences cognitives : l’épistémologie génétique, un gros mot pour désigner l’étude de l’ontogénèse de nos connaissances sur le monde. Celui qui a fondé cette discipline et qui a sans doute abattu plus de travail dans le domaine que quiconque (non-stop de 1914 à 1980, qui dit mieux ??), c’est Jean Piaget, un génie incontestable qui a pu enrichir cette recherche de ses innombrables connaissances et travaux dans d’autres domaines : biologie, éthologie, psychologie, philosophie, logique, mathématiques… j’en oublie sans doute.

Comme ses découvertes restent d’une impressionnante actualité et que je constate chaque jour la validité de ses hypothèses, je vais essayer de vous en donner un aperçu...

De quelle intelligence parlons-nous ici ?
Ce mot peut recouvrir de nombreuses réalités. Nous la définirons ici comme l’ensemble, en perpétuelle évolution, de nos capacités à comprendre, concevoir et nous adapter au monde réel – entre autres, notre capacité à résoudre des problèmes quels qu’ils soient.

Un point capital : il existe bien sûr d’importantes variations d'un individu à l'autre. Piaget s’est focalisé sur les structures de pensée et mécanismes communs à tous, ce qui faisait déjà assez de boulot… !!!
Ce qui est génial, c’est qu’il a effectivement dégagé des mécanismes communs, présents dès les premières heures de vie et à tout âge, mais qu’en plus il a montré la construction progressive de structures de pensée spécifiques, de plus en plus complexes, suivant un ordre toujours identique, et passant par des étapes obligées.

Pour aujourd'hui je vais vous parler de ces mécanismes généraux d'évolution des connaissances, puis plus tard des grandes structures de pensée et de leurs stades successifs de développement, de la naissance à l'âge adulte.

De l’action naît la pensée.
Tout commence par l’action.
L’intelligence ne naît pas de l’observation, mais de l’action du sujet sur son milieu, ou plutôt de son interaction avec le milieu : je fais ça, il se passe ça. C’est dans cette interaction que la pensée se construit, et que nous nous adaptons progressivement au monde.

Il nous faut alors définir un concept central, celui de schème (ou schème d'action).
Lorsqu’une action est volontaire, qu'elle est répétée dans différents contextes, on peut considérer la trame de cette action comme une entité à part entière : on va alors parler de schème .
L’action est ce qu’on observe, le schème c’est l’abstraction des caractéristiques spécifique de cette action. Lorsqu’on réalise une action de manière intentionnelle, c’est qu’on possède le schème de cette action : elle est intériorisée. Le schème recouvre à la fois ce qui se passe dans notre organisme lors de la réalisation de l’action mais aussi un ensemble de savoirs et de savoir-faire, une dimension motivationnelle et affective…
En d’autres termes, dès que le bébé a dépassé le stade des réflexes et donc des actions fortuites, dès qu’il répète une action sur différents objets ou dans différentes situations, on peut commencer à parler de schème : schème de préhension, schème de succion... Nous pouvons donc considérer que le bébé pense (il intériorise des actions), même si cette pensée n’est pas faite de mots et reste directement subordonnée à la situation immédiate.

Toute pensée, toute construction abstraite de notre conscience découle au départ de schèmes concrets que nous avons expérimentés, puis complexifiés.
Si je suis aujourd’hui capable de mettre des concepts en relation, c’est qu’il y a très longtemps j’ai commencé par mettre en relation des objets concrets - par exemple : ce doudou DANS cette boîte, ce cube SUR celui-là.
Penser, c’est aussi agir, transformer notre réel. Nous pouvons agir soit dans la réalité, grâce à nos schèmes moteurs ; soit par la pensée, grâce à des schèmes abstraits découlant des premiers.

Nous nous servons de schèmes toute la journée, certains assez simples (marcher, ouvrir une porte, s’asseoir, se brosser les cheveux…), d’autres qui sont de véritables systèmes coordonnant d’autres schèmes préexistants (conduire une voiture, réaliser une recette…). Certains encore sont totalement abstraits (reconnaître quelque chose, c’est-à-dire le classer selon ses caractéristiques ; opposer deux idées, organiser son programme de la journée…).

Les schèmes évoluent de la naissance à l’âge adulte grâce à notre exploration, notre expérimentation sur le réel. Progressivement, ils s’organisent, se coordonnent, en systèmes de schèmes correspondant à une situation, puis en systèmes plus généraux (applicables à des situations de plus en plus nombreuses) qu’on appellera structures de pensée (on verra ça plus tard...).

Alors comment évoluent-ils ?
[
Les mécanismes généraux de l’équilibration : l'adaptation intelligente
Si notre intelligence se construit, s’enrichit progressivement, c’est parce qu’elle tend à nous ramener à un équilibre satisfaisant lorsqu’un problème se présente (c’est un mécanisme qui est en fait inhérent à tout organisme vivant).

--> Je suis à un certain niveau de connaissance (ou de capacités). Jusqu’à présent, les situations rencontrées sont cohérentes avec mes connaissances déjà construites, mes capacités me permettent de résoudre les problèmes rencontrés de façon satisfaisante pour moi. On appelle cela l’assimilation : j’assimile le réel aux schèmes que j’ai déjà construits. On est donc dans une situation d'équilibre entre le monde et moi.

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Exemple chez le tout petit qui veut déplacer des objets d’un endroit à l’autre : il a auparavant construit le schème "transporter" = tenir un objet dans sa main fermée tout en marchant (coordination de deux schèmes simples). Il peut l’appliquer à chacun de ses duplos pour les emporter à l’autre bout du salon : il assimile les duplos à son schème « transporter ».

--> Seulement, tout à coup, surgit un problème ou une situation que je ne peux assimiler à mes schèmes habituels : une donnée qui rentre en contradiction avec mes connaissances actuelles ou un problème que je ne peux résoudre par mes moyens habituels.
Il y a donc déséquilibre : mes structures internes ne sont plus adaptées à la situation présente. Il faut revenir à un équilibre stable, et pour cela modifier mon comportement : c'est l'accommodation.
C’est là que tout se joue :
- soit mon accommodation échoue et je reviens au niveau d’équilibre précédent, c’est-à-dire que je vais laisser tomber cette situation trop complexe qui me met dans un état d’inconfort que je ne parviens pas à résoudre ;
- soit je parviens à adapter mes structures, et à passer à un niveau supérieur d’équilibre. J’accommode soit en utilisant un autre schème déjà construit (que je n'aurais pas forcément utilisé dans cette situation), soit en enrichissant mon schème par une variante, soit en remaniant totalement mon schème pour parvenir à une structure plus élaborée.

L'accommodation existe à tous les stades de la vie, sous des formes plus ou moins complexes, et c’est elle le moteur de la construction de nos connaissances !

L'accommodation, c'est le "et si nous faisions autrement?", ce qui peut aussi bien consister à modifier une action, qu'à voir les choses sous un nouvel angle, tout simplement parce que l'ancienne manière arrive à une limite.

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Exemple d’accommodation chez le gamin aux duplos : après les duplos, il veut aussi transporter la caisse qui les contenait. Ici le schème de transport qui consistait à prendre dans la main ne fonctionne plus. Par tâtonnements plus ou moins longs et laborieux (accommodation) il va peut-être réussir à adapter son schème et trouver une nouvelle variante, découlant d'un autre schème, qui consistera à soulever l’objet à pleins bras. Au fur et à mesure de l’expérimentation de ses schèmes de transport, l’enfant va déduire que la première variante convient aux petits objets, tandis que la seconde convient aux plus gros etc. et l’assimilation sera quasiment immédiate.

Ce processus d'équilibration est très facilement reconnaissable chez les enfants petits (jusqu'à 2 ans), mais il entre en jeu à tout âge dès que le réel résiste à notre action ou notre compréhension immédiates - simplement nos accommodations adultes sont un peu plus complexes, et surtout plus abstraites.

:whew: Je ne sais pas si c'est très clair... Je vous propose d'observer comment vous réagissez, ce qui se passe dans votre tête, face à un problème banal qui se présente (ou d'observer vos enfants !), ce qui nous permettrait de nous appuyer sur des exemples...
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Re: Comment se construisent nos connaissances

Message par Za »

J'ai trouvé un exemple d'équilibration adulte assez concret pour être parlant, le voici (on ne se moque pas!!) :

Par le jeu de l’électronique pourrave de notre véhicule, mon homme et moi parvenons à enfermer notre unique clé de voiture à l’intérieur de celle-ci un dimanche soir. Nous réfléchissons d’abord aux différentes solutions qui auraient fait leurs preuves (accommodation par tentatives d’assimilation à des schèmes connus). Echec...
Nous cherchons sur internet évidemment (assimilation de tout problème au schème de chercher la solution sur internet !). Finalement nous tentons de ménager une petite ouverture sur le haut de la porte en tirant, tandis que l’autre introduit une ficelle avec un nœud coulant pour la passer autour du mécanisme interne d’ouverture et le tirer vers le haut. Peine perdue, trop mobile. Accommodation : quel outil aurait des propriétés plus satisfaisantes ?... nous remplaçons la ficelle par un fil de fer, moins mobile. Après de longs tâtonnements (accommodations motrices), nous parvenons à nos fins.
Même topo quelques semaines plus tard (! boulets !), cette fois nous préparons directement notre lasso en fil de fer, pensons immédiatement à utiliser un levier pour écarter le haut de la portière, et l’affaire est pliée en 10 minutes.


A noter que si nous sommes suffisamment inconscients pour ne pas faire faire un double de cette clé, nous pourrons sans doute continuer à accommoder notre schème du lasso de fil de fer, c'est-à-dire gagner plus d'adresse et obtenir un schème vraiment performant, utilisable (qui sait !) dans d'autres situations problèmes qui auraient des caractéristiques appelant ce schème. :lol:

On voit à quel point l'accommodation fait appel :
-à d'autres expériences, et donc d'autres schèmes,
-et aux propriétés que nous attribuons aux objets (propriétés extraites grâce aux schèmes que nous avons appliqués à ces objets !).
Maintenant si vous observez ce qui se passe, par exemple quand vous tombez sur une phrase que vous ne comprenez pas immédiatement dans un texte, vous verrez que c'est globalement la même chose... mais en pensée !
(L'accommodation intervient au moment où vous faites : :^) !)
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Re: Comment se construisent nos connaissances

Message par pixelvois »

:D ( je ne me moque pas, hein ^^ )

C'était très intéressant, et ton exemple concret devient très parlant ( en plus d'être très amusant ;) ) : Nickel !
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Re: Comment se construisent nos connaissances

Message par UDrum »

Sympa cette vision de la construction ! Je ne connaissais pas. Je suis presque totalement d'accord avec une nuance personnelle que je vous invite à lire dans les lignes qui suivent. Allons-y ! Mine de rien, je sens bien qu'il y a des choses à dire alors je vais me limiter à l'accommodation telle que la vie :

1- 100% d'accord d'après ce que j'observe pour les problèmes ou objectifs pas trop long à réaliser (Devrais-je dire complexe quand ce qui est simple pour les uns peut être beaucoup moins simple pour les autres mais vous m'avez compris).

2- Pour les situations qui s'apparentent plutôt à des défis (ou des tuiles non croustillantes quand ce n'est pas trop salées) en terrain inconnu, je dirais d'après ce que j'observe dans ma propre vie que les deux aspects se combinent simultanément pour deux raisons telles que :

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- Le fait de ne pas pouvoir abandonner ou du moins accepter l'échec sans s'être investi pleinement/sincèrement pour résoudre la difficulté première de sentir que je suis en train d'établir mon schème (celui qui me réussira à défaut de connaissance ou d'expérience dans ce domaine) même si ce dernier est loin d'être satisfaisant au départ. En fait, davantage une attention consacrée au fait d'avancer que d'avoir le résultat sous les yeux. Donc en gros si mon accommodation n'échoue pas complètement, je ne reviens pas à l'équilibre précédent bien que le résultat puisse être vraiment décevant ou inachevé.
Par exemple, je n'avais jamais bouché à la main un trou de 15 cm de diamètre d’un mur porteur de 30 cm d'épaisseur mais en ayant par hasard fait des observations auxquelles je ne m'attendais pas au moment où je m’attelais à cette tâche (Celles qui ne sont pas écrites sur le mode d'emploi), j'ai obtenu avec satisfaction un résultat à peu près lamentable plutôt joyeusement : l'un satisfait de sa bêtise et les autres surpris à en rire. C'est déjà ça puisque c'est pour le meilleur et pour le rire...

Reste que personne ne m'a demandé ce qui m'avait pris de ceci... et de cela... J'ai donc dans ce cas précis déjà le sentiment quasi certain de la deuxième forme de l'accommodation même si du point de vue du résultat final c'est clair que c'est la première ! Mais je n'abandonne pas et je ne reviens pas pour prendre mon élan depuis le précédent équilibre (En l’occurrence prise en exemple ici, il n'y en avait que dans mon imaginaire). Disons que je reprends la construction d’un nouveau schème à partir du semi ou mini schème immature et cela me suggère qu’en divisant suffisamment mon schème en autant de mini schème ou réussite élémentaire alors je suis à nouveau à 100% d’accord même dans les cas plus complexes.

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- Ensuite je me suis sorti les doigts comme on dit (de la pâte bien entendu !) afin de bénéficier de ce nouvel équilibre au vu que des gros trous à reboucher, il y en avait quelques-uns du même gabarit. Mais voilà aucun mur n’est strictement identique, aucun trou. J’ai réalisé en quelque sorte que malgré un schème me convenant parfaitement, j’avais comme par hasard toujours l’occasion d’améliorer ou de ne pas avoir un résultat parfait (si je me refusais à cette occasion contextuelle mais systématique) tout en suivant exactement tous les principes du schème (pas plus, pas moins).
Par exemple, le fait de savoir quand rajouter finement de l’eau pour ralentir le durcissement ou en mettre un peu moins pour l’accélérer n’est pas un élément déterminant pour l’évolution ou le changement éventuel de mon schème mais dépend à la fois du trou et aussi de mon attention du moment. Ce n’est donc pas de la sensibilité de toucher (Même si ça peut aider pas mal) ou encore le fait réel qu’aucun trou à reboucher ne peut être strictement identique par rapport au précédent mais bel et bien quelque chose d’extérieur à prendre en compte pendant l’exécution de mon schème et qui ne remet en cause celui-ci mais qui le confirme toujours d’une manière particulière/spécifique au trou en question dans le feu de l’action.
-->Et donc impression forte de réfléchir quand même, même si ce n’est pas conceptuel mais réel pour optimiser le plaisir du résultat selon ce même schème. D’où impression de devoir opérer en phase 1 même si ça ne remettra pas d’après les faits et le résultat en question ou en changement notre schème le moins du monde.

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J’ajouterais (Décidemment ça m’inspire cette histoire de schème !) un bonus extra (inédit ou non je n’en sais fichtrement rien). On peut quand même sans l’action dans le sens du schème initial ou du schème à changer/faire évoluer, partir d’une obtention de l’intelligence même partielle voire infime. C’est ce que je pense également d’après mon expérience. Par exemple, en complète autonomie ou non, même si une aide préalable peut s’avérer utile via la compréhension puis une sorte d’appropriation due au fait que l’on cherche son propre schème complet et satisfaisant en intégrant ce conseil, on peut estimer avoir acquis de l’intelligence par un autre biais que l’action puisque cela nous a été donné/transmis sans action purement personnelle. On est parti d’un schème existant (ou on s’est rabattu sur un existant comme tu l’écrivais). Y compris si on doit remettre en cause l’existant totalement car je pense qu’il a contribué à nous conduire au résultat, ne serait-ce que par l’attention qu’on y a consacré.
Par exemple, je lis souvent un manuel, un mode d’emploi même pour quelque chose que j’ai déjà fait maintes fois (Pas toujours le même, bien qu'ils se ressemblent assez souvent), mais c’est volontaire de ma part même si je suis pratiquement sûr de pouvoir m’en dispenser. C’est en quelque sorte l’habitude du schème ou quelque chose comme ça que d’avoir pris systématiquement l’habitude de se poser les deux questions suivantes, y compris si je suis pressé :

- Y’a-t-il quelque chose que je ne connaîtrais pas ou qui serait nouveau ?
- Comment ça fait d’opérer comme ci, et comme ça qu’est-ce que ça donne ?

En exagérant un peu, une sorte de plat que vous souhaiteriez manger à différentes sauces même si vous avez votre sauce ou saveur favorite. Merci de votre attention et bons schème à vous toutes/tous.
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Re: Comment se construisent nos connaissances

Message par Za »

UDrum, je ne suis pas sûre d'avoir saisi tout ce que tu as essayé d'expliquer... peut-être qu'en faisant plus simple, plus concis ?... :-)

En tout cas je reviens sur un point : on peut effectivement bénéficier d'une aide extérieure dans le processus d'accommodation. C'est ce qui arrive quand on résout un problème à plusieurs, qu'on utilise un mode d'emploi, on encore quand on apprend au sens pédagogique du terme.
Mais cette aide extérieure n'est en fait pas totalement détachée de ton expérience passée ! La réussite de l'"apprentissage" va en dépendre : on ne pourra assimiler l'aide proposée que si elle est à portée d'assimilation - bref si elle fait écho avec nos expériences passées.
► Afficher le texte
A part cela, avant de vous parler de l'évolution pas à pas de nos structures cognitives, j'aimerais vous présenter les grandes structures de pensée qu'a décrites Piaget, qui correspondent globalement aux différents types d'opérations que nous réalisons sur le monde.

Ces structures internes sont à mi-chemin entre le réseau neuronal et la conscience. C’est-à-dire qu’elles ont sans nul doute un support biologique, neurologique (renforcement de certains circuits, abandon de certains autres, nouvelles connexions peut-être) mais vont au-delà de çà. Elles sont en quelque sorte le squelette abstrait de notre pensée, qui ne nous nous apparaît consciemment que si nous parvenons à adopter une position « méta », que nous prenons du recul sur notre façon de concevoir le monde.

Les grandes structures de pensée que Piaget a pu isoler sont les suivantes :

Globalement que faisons nous quand nous pensons ?... :lire2:

Au niveau physique, continu :

-Les « conservations » : nous dégageons progressivement des invariants du réel, ces choses qui ne changent pas (des plus basiques : un objet que je ne vois plus continue d’exister ; aux plus complexes/abstraits : utilisation de référentiels en mécanique, conservation atomique…

-La perception du temps et de l’espace, domaines dont je ne peux pas trop vous parler car trop ignorante en la matière… Disons simplement que ces perceptions au départ égocentrées vont devenir de plus en plus objectives.

Au niveau des « objets mentaux » (c'est-à-dire toute chose, toute personne, tout concept que l’on dégage comme entité fixe) et des rapports qu’ils entretiennent entre eux :

-Les classes : adultes, nous regroupons mentalement les concepts qui partagent les mêmes caractéristiques, nous en opposons d’autres. Ces classes ne sont pas fixes, se recoupent, s’incluent les unes les autres. Cela commence, chez les petits, par l’extraction (encore inconsciente) des propriétés des objets, qui va permettre leur reconnaissance : « cela se suce », « cela s’attrape », « cela se jette »… puis par les regroupements physiques d’objets.

-Les relations : les concepts, les personnes, les objets, les situations, entretiennent entre eux dans notre esprit des relations diverses : temporelles, spatiales, de sériation, d’ascendance, de causalité etc. Une des premières relations asymétriques est construite grâce au schème de « mettre dedans » qui est si visible chez les enfants d’un à deux ans : « ceci DANS cela ».

- Ajoutons-y le nombre (synthèse des classes et des relations) sur lequel nous reviendrons.

Ces dernières opérations qui sont dites logico-mathématiques, pour fonctionner au mieux, s’approchent petit à petit des règles de fonctionnement de… la logique, des mathématiques, en tant que disciplines scientifiques. Ce n’est pas un hasard, puisque les sciences ne sont finalement que l’expression de nos structures les plus abouties !

Notez que toutes ces structures sont interdépendantes : par exemple la sériation implique des raisonnements inclusifs, l'objectivation du temps fait rapidement appel au nombre… et elles tendent finalement à se coordonner progressivement entre elles, comme pour former un « tout » cohérent qui viserait à embrasser tout l’univers…

Ca vous laisse :grattelatete: ? il faut laisser l'accommodation se faire... Piaget lui ça le fait bien marrer !
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Re: Comment se construisent nos connaissances

Message par UDrum »

Pour simplifier ce que je voulais dire, c'est que, quand j'observe ma façon de construire mes connaissances, je suis complètement d'accord pour les cas simples et plutôt nuancé voire en confusion assumée dans les cas que je trouverais plus complexes, du moins au départ. Voici une version light après un bon soda light :faitdesbonds: :

1- Perso je suis entièrement d'accord pour la grande majorité des cas.
2- Pas tout à fait d'accord pour ma part, dans le cas de certains objectifs plus complexes car en matière de réussite me concernant, tout ne dépend pas que de l'intelligence perso ou des connaissances acquises.

et pour simplifier l'extra qui m'est venu à l'esprit d'après mon vécu, je dirais que j'ai plus construit mes véritables connaissances sur les échecs personnels et non prévus que sur des objectifs/constats de réussite admis par autrui. Sauf que dans ces contextes me concernant, je pense que cet aspect apparemment contradictoire de la réussite et de l'acquisition des connaissances est totalement inclus dans ce que nous propose Piaget. A condition de savoir se représenter les points constructifs de l'acquisition de nos connaissances sous forme de paradigme. Ce qui est discutable justement quand on s'aperçoit que le critère vraiment satisfaisant qui nous conviendrait n'est justement pas en rapport ni avec l'intelligence potentiellement disponible, ni avec un schème existant (disons plus modestement via un schème préexistant dont on aurait pu avoir connaissance dans d'autres circonstances).

Idem en lisant ta présentation des grandes structures de pensées. Tout à fait d'accord mais avec une nuance qui me semble importante : Selon moi, ce n'est pas parce qu'on ne peut se détacher totalement de son expérience passée que l'apprentissage va en dépendre dans tous les cas. Bien sûr, tenir compte du passé est indispensable quand on élabore toute thèse/théorie vis-à-vis de ses contemporains ou autres. Mais pour soi cela est discutable et je pense par exemple que c'est plutôt selon l'importance que l'on accorde à notre expérience passée (Légitimement ou non, consciemment ou non) qu'il y a plus ou moins de dépendance voire pas du tout dans des cas pas si rares en ce qui me concerne.

:-) Sympa ce Piaget car même en noir et blanc, authentique et accommodant !
Rien ne sert de réfléchir, il faut capter à point.

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