apprendre une partition puis l'interpréter

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Bertilt

apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Bertilt »

Bonjour,
Je reviens sur le forum car j'ai une question pour les adultes surdoués et musiciens. Quand vous apprenez une nouvelle partition, est ce que vous l'interprétez (nuances ect) tout de suite ou vous apprenez déjà à jouer les notes puis après vous l'interprétez? Comme je joue que depuis un an, j'ai du mal avec la partie interprétation, parce que je bute encore sur les notes et sur la technique. Donc je me dit que je passerais à l'interprétation après, mais cette partie est nouvelle pour moi et difficile à aborder.
Comment vous y prenez vous pour cette partie? A partir de quand se pencher sur la partie interprétation quand on apprend un instrument? Si vous êtes prof de musique, comment vous y prenez vous pour faire acquérir cette compétence à vos élèves? Merci pour vos réponses!

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Louvecerise
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Louvecerise »

Bonjour,
Cela dépend un peu de ton instrument : pour certains le manque de technique empêche un son correct au début (ceux où il faut "créer" le son, ex: le violon), pour d'autres le son est "juste" très facilement ( je pense là à l'accordéon pour lequel, à part si on se trompe de touche, on fait rarement une note fausse)...
Cela peut dépendre aussi des morceaux que tu souhaite travailler l'interprétation étant plus ou moins liée à leurs impératifs (exemple: une rythmique stable en musique traditionnelle, plus de liberté sur de la musique contemporaine...) et des méthodes d'apprentissage (utilisation de l'oreille à part égale avec la partition, tout-oreille, tout-partition...).
[mode expérience perso on]
J'ai appris sans partition dans des cours collectifs de musique traditionnelle, avec un instrument pour lequel la note est déjà "faite" (encore qu'avec le temps on découvre qu'il y a de quoi travailler sur cette question :lol: ), la/les première(s) année(s ) on se concentrait essentiellement sur le morceaux et la rythmique tout en acquérant de la technique... petit à petit en gagnant en technique on a pu ajouter une forme d'interprétation (sans une maîtrise minimale c'est complexe).[mode expérience perso off]
Je suppose donc que cela se travaille dans le temps. Tu peux aussi t'amuser à le faire chez toi en jouant le morceau comme tu en as envie (en allongeant la/les note(s), en les jouant piano ou forte...) et par la suite tu pourras t'appuyer sur ces moments pour l'interpréter en fonction des impératifs. Je pense que l'interprétation vient petit à petit, une fois qu'on a un minimum de technique, en parallèle de l'acquisition du reste.

Tu apprends en autodidacte ou tu prends des cours? Peut-être peux-tu en parler avec ton/ta prof si c'est le dernier cas ;)

Bertilt

Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Bertilt »

Je prends des cours de piano (donc la note est plus ou moins déjà faite, sauf que parfois il faut jouer legato ou staccato). Oui je me trompe parfois encore de touche et déchiffrer les deux lignes de la partition est encore dur donc en plus lire les indications d'interprétation sur la partition... (je les occulte la plupart du temps...). Je pense que c'est encore tôt au niveau de la technique mais ma prof insiste là dessus en ce moment.

En plus je trouve que l'interprétation est difficile car il faut accepter de donner de soi même et de montrer des émotions, et donc aussi accepter d'être critiquer là dessus... Ma prof me dit que j'ai tendance à jouer les morceaux trop joyeux et que la musique est souvent triste...
En tout cas merci pour ta réponse. Tu joues de quoi?

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Louvecerise
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Louvecerise »

Je joue de l'accordéon diatonique (ou bisonore mais le premier terme est le plus couramment utilisé), donc j'ai moi aussi des notes 'immédiates " même si le touché et le jeu (de soufflet) peuvent permettre d'en tirer d'autres sons ... j'en suis loin mais je sais que la possibilité existe ;)
J'ai appris sur tablature la première année puis uniquement d'oreille la deuxième année et si aujourd'hui je suis en "pause" (d'autres projets :angel: ), j'ai tendance à naviguer d'une méthode à l'autre en fonction des besoins... tant que je joue seule et pour moi ou pour un public non-averti (comprendre non-danseurs/musiciens traditionnels) je me permet des interprétations qui feraient blêmir bien des puristes mais qui me plaisent . Accessoirement j'ai une fichue tendance à trouver mes interprétations à 10 000km de celles que jouent d'excellents musiciens que j'adore et qui ont une maîtrise technique excellente et une capacité d'interprétation géniale... mais face à un public non-averti cela ne rentre pas en ligne de compte :lol:
D'où l'idée de le faire seule peut-être au début pour ne pas te sentir sous pression ou tenue par l'idée de "faire bien" et "comme attendu" (ce qui aide rarement à interpréter de façon naturelle ^^).
Tu peux aussi essayer de faire un morceau que tu connais en lui donnant des émotions différentes d'une fois sur l'autre (joyeux, triste, en colère...) pour agrandir ta palette petit à petit.

Cela va prendre du temps, ta professeur essaye sans doute de t'y faire penser dès maintenant pour ne pas que tu prennes le pli de jouer de façon mécanique mais elle a conscience que ce sera à travailler durant toute ta vie de musicienne :nod:

MiniGnome
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par MiniGnome »

Une chose qui aide aussi parfois est de "comprendre" le morceau. Comprendre faisant référence à sa musicalité, la découpe des phrases, la mélodie, la basse, le dialogue des passages. Et une fois que le morceau est dans l'oreille, laisser parler les doigts : (il y aura des fausses notes comme dans tout apprentissage :violon mais) la musicalité et ta volonté de l'exprimer fera que ton interprétation viendra d'elle même. Et puis tu te rendras compte de plus en plus que ce sont tes doigts qui jouent eux-même tandis que toi tu ne fais que penser/vivre la musique et tu la feras résonner en toi :music: puis en dehors de toi via ton interprétation.

Plus tu voudras sortir la note d'une certaine manière plus ton inconscient et ton corps se débrouilleront pour restituer ton intention. (bien entendu au début l'écart entre ta volonté et la réalité est parfois récurrent et frustrant, mais étrangement ça vient un beau jour sans que tu comprennes forcément la raison de ce soudain changement).

Et comme le dit si bien Louvecerise c'est l'expérimentation (dans le rubato, dans l'intensité, etc) qui te fais percevoir de nouvelles approches et tu découvriras ainsi ce qui te correspond le plus (techniquement et dans ton interprétation).

Musicalement! :guitare

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Tamiri
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Tamiri »

Pour moi, la première lecture sert fondamentalement à se faire une idée de ce qu'il y a dans la partition. Il y a donc un premier temps où on va certes lire le tout plusieurs fois pas trop vite, en ne se préoccupant pas encore trop des fautes, mais en essayant d'avoir à peu près pris connaissance de tout ce qu'il y a d'écrit. Avec l'expérience, on y intègre ensuite de plus en plus facilement, par réflexe acquis, des éléments non notés que sont les principaux "attendus" du bon goût stylistique, lequel dépend du répertoire et de sa familiarité avec icelui.

En revanche, dans ma manière de procéder, une fois que j'ai à peu près compris ce qu'il y a dans la partition, et bien avant de "travailler" réellement les passages difficiles et d'apprendre la partition (au sens de ne plus me laisser piéger par elle et me débrouiller pour être capable de la jouer de bout en bout sans interruption et sans fautes rédhibitoires), je passe toujours par une phase que l'on pourrait appeler pré-interprétation, ou interprétation mentale, à savoir : je me demande comment je comprends la partition, quel caractère je veux lui donner, quel élan, et ça a ensuite une incidence immédiate sur le "travail" en lui-même puisque je vais déjà savoir à quel tempo je compte "monter" le morceau (si je me dis que ça sonnerait bien, pris très vite, ça veut dire que le boulot technique sera important, ou qu'il vaut mieux faire un autre choix car ce n'est pas à ma portée). Du reste, ça va peut-être aussi me dire : je ne trouve pas cette partition intéressante et je la laisse tomber.
A ce stade je vais parcourir tout ou partie de la partition et commencer à me noter des intentions stylistiques ou interprétatives, qui guideront le début du travail, quitte à en changer en cours de route. Les "bons lecteurs" n'ont pas besoin d'avoir l'instrument en main pour la première lecture et pour cette phase d'étude, moi si, je ne suis pas un très bon lecteur...
Si l'occasion se présente, c'est aussi à cette phase là que je vais essayer, s'il y en a, d'écouter des enregistrements du morceau pour avoir des éléments de comparaison, voire leur piquer des idées :lol:

Ensuite seulement va commencer le travail d'apprentissage proprement-dit, une fois que j'ai une première direction dans laquelle aller. Ce qui fait que dans ma façon de fonctionner, la partition est "interprétée" bien avant d'avoir été maîtrisée techniquement, et même, il y a les choses qu'on abandonne parce qu'on préfère ne pas les jouer plutôt que de les jouer d'une manière qu'on n'aime pas, simplement parce que la façon dont on aurait envie de les entendre les rend trop difficiles pour le niveau qu'on possède.

Je constate pour le coup qu'on fonctionne pas du tout de la même façon, et j'ignore s'il peut y avoir un quelconque rapport avec la douance là-dedans. Mes profs de musique m'ont toujours dit que j'étais "doué" (au sens : instinctif) sur le plan de la musicalité (percevoir la "direction" d'une phrase, donner une intensité...), spécialement têtu, et pas très bon technicien. Ce que j'admets volontiers.
Le fait de ne pas dissocier totalement une phase de travail technique et une phase de lecture interprétative vient peut-être de ce que mon premier prof m'encourageait à m'enregistrer (à l'époque, sur cassette audio :D), en repassant la bande et en entendant ce que je venais de faire, je repérais certes les fausses notes, mais aussi je pouvais me rendre compte si ce que je faisais était un peu intéressant à entendre, si ça me touchait ou pas, si je m'y retrouvais.



Bertilt, en ce qui concerne la part de soi-même que l'on met dans un morceau, je crois qu'il faut parfois poser les choses clairement. Personnellement j'estime que le prof est là pour me donner des informations factuelles, ou du moins des éléments communément admis : compréhension générale d'une oeuvre qui aurait pu m'échapper, éléments de style fondamentaux pour éviter la faute de goût manifeste, etc. En revanche, personnellement, je n'attends certainement pas de lui qu'il me fasse des remarques sur ma propre sensibilité à partir du moment où je ne fais pas un contresens flagrant sur l'oeuvre. Au contraire je veux pouvoir lui dire ce que je ressens et lui demander de me conseiller sur les moyens d'exprimer au mieux ce que j'ai en tête. S'il me dit que je suis trop gai, trop triste, trop ironique, trop énergique... uniquement parce que ce n'est pas son goût à lui, j'ai envie de changer de crèmerie.

Mais là il y a deux cas de figure, soit on est dans le cadre de l'enseignement académique en conservatoire, et là non seulement on ne peut pas demander à changer de prof pour ce genre de raison, mais également, on est soumis à des examens où on est jugé en bonne partie sur des critères "collectifs" et donc assez normatifs. Soit on s'y conforme, soit on fait le pari d'être suffisamment convaincant pour emporter l'adhésion du jury avec une proposition qui sort des chemins battus, et là c'est risqué si on veut s'assurer le diplôme ou le passage de niveau visé...
Soit on est dans le cadre d'un enseignement privé, notamment quand il s'agit d'une pratique de loisirs sans diplôme à la sortie et sans besoin d'approbation académique, et alors là, j'ai envie de dire que l'on est libre de quitter un prof qui se montrerait trop directif sur ce qui relève éminemment de la sensibilité individuelle.



Louvecerise, ça m'intéresserait de savoir comment cela fonctionne dans le cas d'une pratique non écrite, car ma façon de fonctionner dépend entièrement de la musique écrite. Je ne pratique plus en ce moment mais quand c'était le cas, je préférais certes souvent me passer de la partition au bout d'un moment, mais c'était par un apprentissage "par coeur" à force de fréquenter le morceau, je ne faisais d'efforts de mémorisation qu'à la toute fin pour être sûr de ne pas me planter, une fois que j'avais spontanément retenu le plus gros. Par contre je n'imagine pas le boulot que représente le fait de devoir tout mémoriser d'emblée sans jamais avoir le support écrit, et donc de faire travailler sa mémoire sans cesse. Evidemment la musique écrite est généralement censée être plus complexe, mais d'un autre côté on a toujours sa bouée de sauvetage.
Mais j'imagine que dans le cas où rien n'est écrit, on intègre dès le début des choses qui vont au delà des simples notes, ne serait-ce que par imitation ?
Honnêtement, si on me disait de me passer totalement de l'écrit, mon premier réflexe serait de recourir à un enregistrement... mais ce serait "tricher", j'imagine.

[edit - pendant que je rédigeais ce pensum, MiniGnome a fait plus synthétique que moi dans un sens assez voisin :$ Désolé je suis du genre bavard. ]
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Louvecerise
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Louvecerise »

Merci MiniGnome et Tamiri parce que cela ouvre la discussion sur des points auxquels je réfléchis rarement (comprendre la musique) ayant une approche un peu "intuitive" (même si ce n'est pas le mot exact) et ayant souvent eu la musique que je joue dans l'oreille depuis l'enfance (ou dans les pieds depuis l'adolescence) .
Les structures des musiques que j'apprends me paraissent évidentes et elles sont généralement assez "simples" (au moins dans une première approche) ce qui en facilite une compréhension presque immédiate et laisse de la place à l'interprétation dès qu'on a un minimum de bagage technique/mémoire du morceau.

Je te retrouve Tamiri dans le "mauvais technicien" (ceci étant c'est entièrement lié à mon manque de travail entre deux cours :angel: ), je dois avouer que je n'ai jamais demandé à mes professeurs ce qu'ils pensaient de mon travail ayant un esprit d'autocritique assez poussé pour me trouver une foultitude de défauts (main gauche mal maitrisée/insuffisament autonome, rythme "trop" marqué ...) je ne tenais pas spécialement à en ajouter à la liste... et ce n'était pas l'esprit du cours qui se voulait lieu de partage, de transmission et d'apprentissage collectif.
Tamiri, quand je triche je fais le chemin inverse : J'ai dû, pour un concours, présenter un morceau. Sachant qu'on devait fournir une partition j'ai entièrement retranscrit un air de musique appris d'oreille à l'aide d'un logiciel, en y incluant mon interprétation. Le jours de l'examen j'ai fourni les partitions et j'ai joué comme d'habitude en finissant par une improvisation qui reprenait le premier thème. Le jury a apprécié que je ne sois pas collée aux partitions :wasntme:


Je pense que selon nos expériences et notre mode d'entrée dans la musique chacun met en place ses habitudes de travail.
[anecdote on] Ma mère joue du piano avec partitions. Et de l'accordéon sans. Si on lui met une partition sous les yeux lorsqu'elle joue de l'accordéon, elle s'arrête. Elle a totalement dissocié les deux modes d'entrée dans un morceau en fonction de l'instrument et de son vécu avec l'un (partitions obligatoires au piano) et avec l'autre (apprentissage volontaire à l'oreille sur le tard). [anecdote off]


Pour ma part, d'une manière générale:

- J'ai besoin d'entendre le morceau d'entrée de jeu parce que je ne sais pas lire une partition (j'arrive péniblement à les déchiffrer à la manière d'un enfant qui ânonnerait les syllabes/lettres des mots qu'il lit), je ne suis pas entrée par la voie assez classique du solfège dans la musique mais par l'oreille (avec un soutien mémo via des tablatures au début).

- Je fredonne donc mes mélodies avant de chercher chaque note sur mon clavier.
Parfois cette étape se double de l'aide d'une tablature (morceaux récents) parce que je dois ajouter un sens de soufflet à la touche me donnant la note concernée et que j'ai deux possibilités de sens de soufflet mais qu'une seule sera compatible avec l'accompagnement main gauche adéquat (spécificité liée à mon instrument*).

- Ensuite j'enregistre dans mes doigts (je répète la suite de note sur mon clavier de nombreuses fois).

- Puis je relie ce "petit bout de morceau" aux précédents.... et ainsi de suite. Au bout d'un moment j'ai la mélodie "dans les doigts".
Je crois que cela correspond au "laisser parler les doigts" de MiniGnome parce que je ne sais pas comment appeler ça autrement: je chante la mélodie dans ma tête, elle ressort via mes doigts mais je ne pense pas à chaque note/touche une par une.

- Si je suis d'humeur studieuse je rajoute ma main gauche (accompagnement basse/accord) avant de parfaitement maîtriser l’enchaînement de la mélodie. Sinon (et c'est mon défaut récurrent), je l'ajoute "plus tard" (ce qui me conduit à maîtriser plusieurs mélodies sans l'accompagnement rythmique).

L'interprétation je la fais au fur et à mesure, de façon un peu intuitive. Je ne la planifie pas, elle vient.

Il est difficile de faire des contresens sur les musiques trad' puisqu'elles sont faites pour danser donc tant que la base rythmique est bien placée pour les danseurs on a une certaine liberté pour les musiciens. Comme je danse ce que je joue j'accentue "naturellement/intuitivement" aux endroits adéquats... même si en creusant en technique/écoute il y a de très belles façons d'accentuer à d'autres endroits que ceux classiquement attendus tout en gardant le bon rythme.
Je pense que cela entre dans l'intégration de choses qui dépassent les notes écrites.

Il fut une époque où je jouais avec assez d'assiduité pour parvenir à saisir un morceau au vol (j'entendais le début et, sans l'avoir travaillé avant, j'arrivais en quelques instants à le jouer avec d'autres musiciens en boeuf -jam session-). J'étais infichue de le rejouer aussi bien de façon consciente par la suite mais j'adorais cette sensation (distingo mémoire immédiate/mémoire à long terme? même si cela semble "long" pour une mémoire à court terme). C'est un temps révolu, le manque d'entrainement m'ayant fait perdre cette capacité .


Les différentes façons d'apprendre un morceau m'intéressent, si d'autres personnes ont l'occasion de décrire leur façon d'apprendre, et l'incorporation de l'interprétation (ne quittons pas le thème initial), je serais ravie de les lire.

* exemple : pour jouer un si :music: j'ai le choix entre une touche poussée et un autre touche tirée mais si à la main gauche je veux garder une basse en La :music: , celle-ci étant tirée, il faudra que j'utilise le si :music: tiré. Un aperçu de clavier par là :http://cctheater.free.fr/claviers.htm .

Bertilt

Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Bertilt »

Merci pour toutes vos réponses! La réponse de Tamiri est très intéressante car je me rend compte qu'il aborde directement l'interprétation au moment de la première lecture. Je pense essayer pour la suite car quand j'ai commencé à jouer un morceau d'une façon et à l'entendre comme ça dans ma tête, c'est très dur de changer par la suite pour ajouter des passages piano ou forte.
Sinon j'aime beaucoup ma prof et je pense que ses remarques sont effectivement justes, qu'on ne peut pas jouer un passage nostalgique en le rendant très gai car sinon... ça n'est plus de la nostalgie :-). Ses remarques sont bienveillantes et comme l'a aussi dit Louvecerise, peut être destinées à me faire prendre conscience des choses, de l'interprétation pour préparer la suite...
Minignome, effectivement je pense que réfléchir à la façon dont je voudrais interpréter est important.

J'en profite pour un autre petit souci : je suis assez gênée par tout ce qui fait du bruit fort et donc j'ai tendance à jouer doucement, ce qui n'est pas terrible non plus niveau interprétation. Est ce que ça vous est déjà arrivé d'être gêné par les decibels élevés de votre instrument et comment vous en êtes vous accommodé?

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Tamiri
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Tamiri »

Difficile de répondre en ce moment à la dernière question : je suis inactif depuis 10 ans. Quand je n’ai plus eu la possibilité d’accorder à la musique le temps nécessaire pour viser une activité (semi) professionnelle, j’ai tout arrêté car il m’est difficile de m’entendre jouer/chanter si c’est pour être constamment frustré par un niveau inférieur à ce que j’ai envie d’entendre, et que je peux entendre par ailleurs au concert ou au disque. Pas moyen de passer sereinement à une pratique totalement amateur (j’ai tenté) en raison, probablement, de mon côté maladivement perfectionniste dans une poignée de domaines - on retrouve peut-être, ici, la question de la douance bien que les surdoués n’aient evidemment pas le monopole du perfectionnisme.
Depuis je suis un auditeur qui se fait plaisir... seulement un point auquel j’ai longtemps pensé, c’est qu’il existe nombre de pratiques différentes de mon répertoire d’origine (musiques anciennes/baroques et un peu de répertoire romantique) où presque tout l’écosystème repose sur les amateurs, et où ne pas s’y consacrer à temps plein n’est pas incompatible avec l’exigence. J’y songeais l’autre jour devant une retransmission du festival interceltique où il n’y a presque que des bénévoles en dehors du bagad professionnel de Lann-Bihoué. Ou encore les Brass-bands qu’il y a dans le nord de l’Europe. Mais bon, on ne quitte pas facilement ses premières amours musicales...

Louvecerise : mon côté peu technicien provient également pour partie d’une solide flemme quant au travail solitaire de la technique... alors qu’en pratique d’ensemble, là où la musique se « fait », je n’arrivais au contraire jamais à me lasser.

Bertilt : pour être exact, ne pas penser à ce que je veux faire d’un morceau avant d’acquérir la maîtrise technique de la partition, ça me semble aussi difficile que d’imaginer être un comédien qui s’impose d’apprendre un texte phonétiquement dans une langue qu’il ne parle pas, de travailler d’arrache pied pour être capable de le réciter sans mettre le ton, et ensuite seulement de se procurer la traduction exacte pour pouvoir commencer à jouer son rôle. Bref un travail difficile que moi, feignasse de première, j’aurais laissé tomber assez vite :D
Après, j’aborde aussi les choses dans cet ordre là parce qu’en dehors des instruments (clarinette et flûte à bec) je suis aussi passé au chant et à la direction d’orchestre. Dans le premier cas, tu as les paroles qui imposent une réflexion préalable car tout en mettant des notes dessus, on les joue simultanément comme un comédien, justement. Dans le deuxième cas, n’étant pas un lecteur d’élite, je devais passer beaucoup de temps en tête à tête avec la partition, prendre des notes, comparer éventuellement avec des enregistrements, et faire des choix prealables ainsi que repérer à l’avance toutes les difficultés. D’où cette approche assez réflexive.
Après, il est vrai que l’une des caractéristiques de la musique baroque, c’est que c’est un genre où on a un pied dans la musicologie et un pied dans l’instinctif (Improvisation, ornements etc) ce qui fait qu’on prend l’habitude de lire la musique en se demandant toujours ce qu’on va en faire, contrairement aux genres musicaux où tout est écrit, ou ceux où rien ne l’est, je suppose.
Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil Poil

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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Miss souris »

Bertilt, je suis très sensible aux sons, mais je joue de la guitare ...
Je te livre donc la réponse de mon fils (sensible aux sons, joue ... de l'accordéon !) quand je lui ai posé la question (vu que je n'arrivais pas à rester à côté à cause du bruit ...) "quand je suis dedans, le son qu'il faut faire, je le fais, même si c'est fort." Je pense qu'il parlait d'intérioriser le "récit", le déroulé du morceau. Pour répondre à une autre de tes questions, son prof lui fait travailler musicalité/expressivité dès la mise en place alors que le mien dit qu'on ne sent vraiment le morceau que lorsqu'on l'a dans les doigts...(la réponse sera donc "ben ça dépend"...pff...)
A titre personnel, je n'aime pas du tout tenter un grand beau passage sans un minimum de maîtrise technique ... parce que ça me décourage le vautrage là où c'était censé être beau. En revanche je travaille volontiers tranche par tranche, même si c'est quatre mesures (et parfois moins). Comme ça, je peaufine une petite partie, que je sens, et le reste... on verra plus tard ! (parce que disons le : le travail technique pur, c'est pas la partie la plus fun de la pratique, pour moi.)

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Tamiri
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Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Tamiri »

Les options des deux profs se défendent : de toutes façons, et en toute logique, il y a des intentions aussi sensibles et éloquentes soient-elles qu'on ne peut pas concrétiser tant qu'on n'a pas les choses, comme tu dis, "dans les doigts". Après, ça n'interdit pas de se demander à l'avance ce que l'on veut faire du morceau, mentalement, ce qui a toujours été ma stratégie pour ne pas me lasser de la partie technique du travail (c'est plus facile quand on a un but).

Pour la technique, moi au contraire j'avais tendance à procrastiner à mort, expédiant le tout dans une grosse séance la veille du cours. Le reste du temps, je l'avais passé à rêvasser devant la partition en imaginant "mes" options d'interprétation. C'est pas bien :devil:
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Bertilt

Re: apprendre une partition puis l'interpréter

Message par Bertilt »

Merci pour toutes vos réponses! Pour moi, je dois travailler le côté technique avant l'interprétation . Ça sera peut être moins le cas quand j'aurais quelques années de piano de plus. D'ailleurs ma première année a été plutôt purement technique, et passer à l'interprétation est un pas difficile.

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