Miyazaki : au bout du conte !

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Za
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Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Grande admiratrice des films d'Hayao Miyazaki, j'ose enfin lancer un sujet sur ce maître de l'animation japonaise... poussée par une discussion sur le chat où Silène et Raphaël m'ont d'abord un peu traumatisée avant de me permettre de redécouvrir l'étendue du talent de cet auteur !!
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Alors voilà l'idée : la plupart des œuvres de Miyazaki sont d'une complexité et d'une densité remarquable, mais surtout recèlent des symboliques riches et profondes, extrêmement travaillées et qui leur confèrent à mon avis un véritable statut de contes(le conte "porte en lui une force émotionnelle ou philosophique puissante"). Il me semble évident que ces films soulèvent souvent des problématiques et des émotions à peine conscientes.

Aussi, il ne s'agirait pas ici de présenter les films du maître, mais plutôt de venir les décortiquer un peu, y réfléchir, en s'aidant d'analyses qui ont déjà été faites, de commentaires des auteurs, mais aussi et surtout en cherchant les ressentis que ces œuvres ont fait naître en nous.

J'espère que ça pourra être constructif et intéressant, même si je me demande comment ça peut tourner. C'est peut-être un peu trop spécifique...

A votre tour n'hésitez pas, lancez-vous sur l'opus qui vous a fait chavirer ou qui vous questionne. En fouillant le net, vous découvrirez sans doute plein de détails intéressants... et n'hésitez pas à élargir à d'autres œuvres du studio Ghibli si le cœur vous en dit, voire à parler de l'auteur lui-même et de sa vie, car il est certain qu'on y trouvera des échos à sa filmographie.

:inlove:
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Je choisis aujourd'hui de parler de Chihiro, qui est le film qui m'a le plus touchée et que je ne peux m'empêcher de regarder régulièrement. Vu que c'est un des films les mieux vendus de l'histoire du cinéma, j'imagine que je ne suis pas la seule... Et je suis curieuse de savoir ce qu'il vous inspire.

LE VOYAGE DE CHIHIRO
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Classique chez Miyazaki, c'est un parcours initiatique, avec une héroïne tout sauf gnangnan, même si son côté hyper-couvée du début peut le laisser croire un instant.
On peut d'ailleurs dire de Miyazaki qu'il est un vrai féministe - ses personnages féminins sont toujours une réussite et permettent enfin une identification saine ! J'ai lu qu'on lui avait un jour demandé pourquoi les filles dans ses films se faisaient si rarement agresser... Ce qui fait nous interroger tout naturellement sur la question inverse.

Un autre de ses thèmes récurrents apparaît à minima : la protection de l'environnement (avec l'esprit de la rivière polluée, qui révèlera un trésor une fois assainie).
Les machines volantes sont cette fois absentes, même si les scènes de vol sont tout de même là (le dragon et les espions de papier). Il fallait bien au moins un bout de ciel !
Classique aussi, Miyazaki refuse catégoriquement les figures manichéennes et nous présente des personnages ambivalents, avec leurs travers, leurs forces, leur beauté, leurs peurs... sous le couvert d'un monde magique, c'est de l'humain qu'il nous parle.

L'établissement des bains
C'est la thématique qui m'a fait creuser le sujet. Il se trouve que ce film dénonce la prostitution et l'hyper-sexualisation enfantines. PAN. C'est pas moi qui le dis, mais Miyazaki. Et le Palais des Bains campe une luxueuse maison de passe. Le signe qui orne la devanture et qui signifie "eau chaude", c'est-à-dire bains, a au Japon une connotation assez claire... on peut obtenir ici un peu plus que de l'eau chaude - un peu comme s'il était écrit "Massages". Yubaba est une mère maquerelle assez crédible et son nom ("Vieille des Bains") et d'ailleurs classiquement associé à ce type de personnage. Sans parler du fait que pour y travailler, on prend un pseudonyme - dans l'histoire les personnages deviennent entièrement cette nouvelle personne et en oublient l'ancienne, sans possibilité de retour.

Certains dialogues, certaines scènes prennent alors une nouvelle profondeur : quand Lin, par exemple, dit à Chihiro qu'un jour elle se tirera d'ici... le comportement général des filles des bains, chapeautée par des mecs (les grenouilles)... le Dieu obèse de l'ascenseur qui les regarde de manière un peu inquiétante, mais qui finalement n'est qu'un vieillard plutôt poli... remarquez d'ailleurs que, dans cette scène de l'ascenseur, ils s'arrêtent à un étage qui est clairement un bordel !! Mais si, souvenez-vous, cet étage qui s'ouvre sur un couloir vide entouré de cloisons de papier derrière lesquelles on perçoit les ombres des Dieux et des rires de femmes... Pour avoir vu des maisons de passe à l'ancienne dans d'autres films japonais, je vous assure que c'est ça. Qui travaille là, sinon les "filles" adultes, pendant que les gamines astiquent les planchers (sans mauvais jeux de mots) ?? Et d'ailleurs, pourquoi les bains n'ouvrent-ils que la nuit ? "L'endroit où les Esprits fatigués viennent se reposer"...

Mais ce serait dommage de s'arrêter à la symbolique Palais des bains = bordel et Chihiro = prostituée mineure. Ce n'est pas seulement la prostitution infantile en tant que telle que dénonce Miyazaki, mais plus globalement l'industrie du sexe et le regard que la société (particulièrement japonaise) porte sur les (très) jeunes filles.
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On peut même en fait élargir la vision du film à notre société tout entière régie par l'argent, qui permet tout et excuse tout, et nous mène à oublier nos vraies valeurs au profit des apparences.
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Le vrai voyage de Chihiro
Chihiro, c'est l'enfant qui entre dans l'adolescence et découvre le monde des adultes, régi par l'argent, la cupidité, le désir.
La scène de transformation des parents est éloquente : "ne t'inquiète pas, j'ai ma carte de crédit !" dit son père, avant de commencer à se gaver sous les protestations indignées de sa fille, qui est décidément une enfant raisonnable ! Chihiro voit alors ses parents sous un nouveau jour : elle découvre que les adultes ne sont rien d'autres que des porcs... Porcs dans le sens classique de gros dégueulasses, mais aussi porcs dans le sens où, aveuglés par leur consommation frénétique, ils ne voient pas qu'ils vont être livrés en pâture aux "Dieux" qui sont les Grands de ce monde... Des esclaves du système, ni plus ni moins.
Pour survivre, Chihiro va devoir (contre son gré) faire tout pour travailler dans le palais des bains, c'est à dire se plier aux normes de la masse.
Pour moi c'est classiquement la première période de l'adolescence où nous rejetons l'omniscience et l'omnipotence parentale, et où nous nous identifions aveuglément aux codes en vigueur dans notre groupe de pairs, même si au fond ça ne correspond pas à nos convictions : c'est ça, ou disparaître, être broyé, rejeté par la masse.
Chihiro change de nom et prend la tenue de toutes les autres "filles", qui ne sont que des filles, et pas vraiment des personnes différenciées. Lin représente assez bien la "grande sœur" ambivalente, dure mais protectrice, qui au fond sait l’infamie du système et agit dans les intérêts de Chihiro.

Chihiro va aussi trouver en Zeniba une figure adulte modèle (bien qu'imparfaite), qui lui montre qu'on peut vivre sans suivre les codes préétablis, sur laquelle elle pourra se reposer pour avancer.
D'ailleurs, pour moi, l'énigmatique scène de la fin où Chihiro doit reconnaître ses parents parmi un groupe de cochons peut représenter la seconde phase de l'adolescence ("juvénile" si mes souvenirs sont bons) : en affirmant qu'elle n'y voit pas ses parents, Chihiro leur pardonne et admet que non, ils ne sont pas des porcs (les adultes ne sont pas tous des porcs et ne méritent pas un rejet aussi frontal). Mais c'est une interprétation toute personnelle.

Et bien sûr, Chihiro découvre l'amour, le vrai, qui va les sauver Haku et elle. A la fin, on ne sait pas réellement s'ils se reverront, ni si Koaku sortira du "système" (en tout cas, il n'en est plus esclave). Mais ce n'est pas grave, car le message est passé : l'Amour, ça n'a rien à voir avec ce qu'on vous en montre, mais le véritable amour existe bel et bien et il peut nous sauver.

Note aussi sur la séquence du train... Celle-ci est superbe, c'est pour moi le point culminant du film, et les émotions s'y bousculent malgré le calme, la sérénité apparente, et l'absence d'action. Chihiro a changé, elle n'est plus dépendante de personne, c'est elle maintenant qui guide d'autres personnes sur le chemin (le bébé et le sans-visage), elle est devenue "senpai". Elle s'est aussi retrouvée elle-même (elle porte à nouveau ses vêtements, qu'elle pensait avoir perdus).
► Afficher le texte
Au final, c'est vraiment un voyage qu'aura accompli Chihiro. Et le retour est impossible : même si l'élastique à cheveux nous rappelle à la fin que tout est vrai, le tunnel d'entrée a changé, comme pour dire que la brèche qui s'était ouverte est désormais refermée. Je repense aussi aux trois tunnels qui aboutissent à la première salle, la "gare" du début : ont-ils pris le même tunnel à l'aller et au retour ?...

Le sans-visage
Miyazaki a lui-même déclaré qu'il représentait la libido qui sommeillait en chacun de nous, quand nous lui laissons libre cours.
Observons qu'au début, on va reprocher à Chihiro d'avoir laissé entrer un "sans-visage", et on pense alors que ce type de créature doit être reconnu comme dangereux. Pourtant, dès qu'il commence à aligner l'oseille, plus personne ne s'en méfie, il est accepté comme les autres... son apparence a pourtant à peine changé : il a juste gagné en poids et en cheveux ! Éloquent, non ?... Cette perruque ridicule (qu'il a piquée à la grenouille), c'est un costard, une cravate.
Pour moi il s'agit simplement d'un pauvre type, d'un "sans-nom" qu'on ne saurait laisser entrer dans un établissement d'un tel standing. Chihiro a pitié et lui montre la considération et le respect qui lui est dû, sans céder à ses avances. C'est justement ce comportement, inconnu du sans-visage, qui fait monter en lui un désir irrépressible (et malsain) pour la gamine ("Sen... je veux Sen...").
En fait, aveuglé par les codes du "système", ce pauvre mec ne comprend pas que ce qu'il recherche n'est pas le sexe, mais la tendresse, l'affection, la profondeur d'une vraie relation humaine qu'il va finalement trouver chez Zeniba grâce à Chihiro (d'ailleurs Zeniba a une phrase assez parlante à ce sujet à la fin il me semble, mais je l'ai oubliée). Avant cela, il va passer par une phase de violence qui va lui permettre de faire sa place dans le monde des Bains : il va littéralement croquer certaines personnes pour gravir les échelons, comprendre que l'argent lui offre tout (et c'est si facile pour lui d'en obtenir grâce à ses talents hors du commun !) - tout sauf l'affection dont il a besoin... et il finira par transgresser un peu trop les codes de la haute, comme tant d'autres aventuriers issus de milieux modestes finissent par le faire.

Voilà, c'est ce qui m'est venu pour le moment. On pourrait évoquer d'autres thématiques, notamment celle de la maturité, qui est magnifiquement traitée... je vous laisse développer si ça vous inspire, et je reviendrai peut-être plus tard, notamment quand j'aurai retrouvé quelques liens qui ont participé à faire bouillonner tout ça dans ma tête.
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Silène
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Silène »

Content que tu aies pris le temps d'écrire cet article.

Bien sur, pour comprendre de façon plus essentielle certains des aspects soulevés par l'animation japonaise, il faut comprendre la façon dont ils s'expriment.
Pour ceux que ça intéresse, on citera notamment Roland Barthes avec son fabuleux ouvrage "l'empire des signes", qui donne une première vision dans cet univers"

Pour un japonais, le sigle "Yu" a bien sur différents sens, de la même façon que nous rions sur la lettre Q.
Mais dans ce monde d'homonymies, il peut, sans autre contexte, signifier l'eau du bain, ou, légèrement allongé, le plaisir (yuujo = femme de joie)
Les métiers de la distraction, dans cette lignée, sont regroupés sous le titre de Mizu shōbai (水商売?), ce qui signifie "commerce de l'eau"

On imagine la prostitution japonaise classiquement au travers de l'image de la Geisha qui n'est pas, à proprement parler, une prostituée.
Mais de la même façon que le sushi a un caractère exceptionnel dans la restauration japonaise, et que celle ci est beaucoup plus "vulgaire" (au sens, populaire, simple), la prostitution japonaise est également bien plus vulgaire que cela.

Il faut ensuite voir que les japonais ont une vision de la sexualité profondément différente de la notre.
Des japonais habitant la même pension par exemple utilisent comme espace "social" les bains, dans lesquels tout le monde est nu. La notion de pudeur au sein d'un même sexe n'existe pas, et les cameras TV n'ont aucun mal à se balader dans les bains publics pour diffuser aux infos du petit déjeuner.
Le sexe se pratique souvent dans des lieux spécifiques, appelés "love hotel" bien dépeints dans le dernier Wolverine :)

Et la prostitution la plus glauque se pratique toujours dans des endroits appelés "soap land", ou les actes sexuels se pratiquent au cours d'une séance de soins de la peau...
On retrouve également une place importante des prostituées dans les milieux "d'affaires", un peu comme chez les jeunes requins des grandes boites d'audit française on va fêter une victoire au Hustler's à Paris. A la différence que, pudeur entre mecs absente...
Ce n'est pas seulement la prostitution infantile en tant que telle que dénonce Miyazaki, mais plus globalement l'industrie du sexe et le regard que la société (particulièrement japonaise) porte sur les (très) jeunes filles.
A ce propos justement, je vais me permettre d'être encore moins prude.
Il y a une véritable question au japon de la prostitution des jeunes filles, une question de société. En 1996 la police rapportait qu'un cas sur trois de prostitution impliquait des adolescents, et qu'une jeune fille sur quatre avait déjà fait appel au minitel rose.

Ce n'est pas un petit sujet que Miyazaki aborde dans cette oeuvre, voilà un peu de contexte pour aider :)

Très bon article de Wikipedia dont je me suis aidé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Prostitution_au_Japon
Article de wikipedia sur les Geisha : http://fr.wikipedia.org/wiki/Geisha
Pour ceux qui veulent aller plus loin, l'ouvrage de Barthes http://www.babelio.com/livres/Barthes-L ... ignes/6120
Il est vrai qu'ici vous ne trouverez guère de perfection, sauf si on se met à rire
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Za
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Merci Silène, j'espérais bien que tu apporterais de l'eau au moulin !
Je ne connais que peu la culture japonaise et ce regard plus expert tombe à pic.
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Mei Citron »

Je partage la même vision analytique du film de Chihiro que toi *Za*. Premier film de Miyazaki que j'ai vu dans mes années collège, premier film japonais qui m'a bouleversé dans tous les sens du terme. Ce qui m'a plu ce sont très exactement toutes ces métaphores filées, enveloppées dans un écrin graphique/artistique sublime. Au départ je n'avais pas décelé toutes ces critiques, ayant été moi-même toute jeune, mais plus je le regarde plus j'en arrive à cette analyse.

Je vais juste préciser quelques détails qui sont simplement un ajout et laissent ton analyse intacte :
*Za* a écrit :D'ailleurs, pour moi, l'énigmatique scène de la fin où Chihiro doit reconnaître ses parents parmi un groupe de cochons peut représenter la seconde phase de l'adolescence ("juvénile" si mes souvenirs sont bons) : en affirmant qu'elle n'y voit pas ses parents, Chihiro leur pardonne et admet que non, ils ne sont pas des porcs (les adultes ne sont pas tous des porcs et ne méritent pas un rejet aussi frontal). Mais c'est une interprétation toute personnelle.
Cette scène représente fondamentalement non seulement le pardon de l'enfant envers l'imperfection de ses parents, mais aussi la reconnaissance de faire partie de cette famille là et pas d'une autre, distinctement des autres individus (les autres porcs dans le film) et des autres familles. Ce sentiment d'appartenance est représenté par le flair de Chihiro en quelque sorte.

Dans le train en direction de la maison de Zeniba, les individus sont des ombres et je l'interprète comme ceci :
Du point de vue de Chihiro, ces individus sont des inconnus et ont peu d'importance à ses yeux au vu de l'importance de sa quête (rendre le sceau sacré à Zeniba) dans le sens où elle ne doit pas perdre de vue cette quête, ne pas se disperser comme l'aurait fait un enfant de plus bas âge, curieux de tout et des inconnus. Et on le voit bien durant toute cette scène dans le train où elle reste assise et pensive. Elle a tiré une certaine maturité et/ou une certaine désillusion et comprend le principe de responsabilité qui vient s'ajouter à sa nature de personne intègre.

Concernant les chaussures :
*Za* a écrit :A propos des vêtements, je me pose aussi des questions sur la symbolique des chaussures, que Chihiro laisse chez Kamaji mais retrouve quand elle en a besoin. Ce sont clairement des chaussures de petite fille, et je me demande si elles ne représentent pas le monde de l'enfance, l'identité de l'ancienne Chihiro
Miyazaki a su encore une fois brillamment allier les faits traditionnels et la symbolique qu'il voulait y incorporer dans son film. Dans la tradition japonaise, on retire ses chaussures en entrant dans un bâtiment privé ou lié à la tradition (chez soi, chez l'autre, institution/dojo d'art martial, etc) puis on les remet pour sortir. Cette entrée est généralement construite et aménagée plus bas que le plancher de tout l'appartement/office :
► Afficher le texte
J'ai pu le constater moi-même durant mon séjour à Chiba, situé aux abords de Tokyo.
Pour extrapoler ton interprétation, cela symboliserait le retour dans ses racines qui rassurent et le regain de confiance en soi grâce à ça pour repartir vers l'inconnu (le trajet puis chez Zeniba, qu'elle n'a vu qu'en illusion magique).

EDIT : Merci pour les précisions Silène. ^^

EDIT 2 : Je crois que la phrase de fin dite par Zeniba est "Nothing that happens is ever forgotten, even if you can't remember it." Ca peut être le retour aux racines par la métaphore du souvenir, le retour vers les parents, le retour dans sa famille certes imparfaite mais malgré tout rassurante et stable.
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Za
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Merci pour ces nouveaux détails culturels !
Mei Chrys a écrit :Cette scène représente fondamentalement non seulement le pardon de l'enfant envers l'imperfection de ses parents, mais aussi la reconnaissance de faire partie de cette famille là et pas d'une autre, distinctement des autres individus (les autres porcs dans le film) et des autres familles. Ce sentiment d'appartenance est représenté par le flair de Chihiro en quelque sorte.
Oh mais oui ! je suis tout à fait d'accord.
Mei Chrys a écrit :Dans le train en direction de la maison de Zeniba, les individus sont des ombres et je l'interprète comme ceci :
Du point de vue de Chihiro, ces individus sont des inconnus et ont peu d'importance à ses yeux au vu de l'importance de sa quête (rendre le sceau sacré à Zeniba) dans le sens où elle ne doit pas perdre de vue cette quête, ne pas se disperser comme l'aurait fait un enfant de plus bas âge, curieux de tout et des inconnus. Et on le voit bien durant toute cette scène dans le train où elle reste assise et pensive. Elle a tiré une certaine maturité et/ou une certaine désillusion et comprend le principe de responsabilité qui vient s'ajouter à sa nature de personne intègre.
J'aime bien cette interprétation, et j'en vois une autre possible : Chihiro existe vraiment parce qu'elle a un but, une quête, à la différence des autres qui sont enfermés dans un train-train (^^) routinier. De ce que j'ai lu, il y a en fait mille façons de percevoir la scène. Et pleins de détails porteurs d'histoires... d'ailleurs aviez-vous remarqué la jeune fille qui continue d'attendre quelqu'un alors que le train est déjà parti ?...
En tout cas tout le monde s'accorde sur la beauté de la séquence.
Mei Chrys a écrit :Je crois que la phrase de fin dite par Zeniba est "Nothing that happens is ever forgotten, even if you can't remember it." Ça peut être le retour aux racines par la métaphore du souvenir, le retour vers les parents, le retour dans sa famille certes imparfaite mais malgré tout rassurante et stable.
Je ne pensais pas à cette phrase, faudra que je reregarde. Pour moi ça parle surtout de l'inconscient, du fait que toutes les choses vécues (éventuellement par des ascendants ?) sont ancrées en nous.
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Hoppy »

Je ne pense pas avoir les "qualités" nécessaires pour participer à ce topic... Mais par contre, je vous lis avec grand intérêt ! Merci *Za* pour ce topic :-)
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Raphaël »

Avant de parler de mon Miyazaki favori, je vais parler un peu de Miyazaki tout court.
J'ai beaucoup de tendresse pour la personne de Miyazaki, qui, enfant, idolâtrait Osamu Tezuka, le dieu du manga.
Il l’idolâtrait tellement qu'il voulu d'abord être mangaka. Mais il se tourna vers l'animation car il n'arrivait justement pas à se détacher du style Tezuka pour créer.
Quand on sait qu'Osamu Tezuka s'est lui tourné vers le manga alors qu'il rêvait de faire de l'animation, afin de faire comme Disney ça fait sourire! (Donc, le découpage des mangas très cinématographique vient du fait que Tezuka dessinait ses BD comme des storyboards vu qu'il rêvait d'en faire des dessins animés, et les personnages ont des grands yeux comme ceux de Disney! Tout s'explique!)


PORCO ROSSO


Tout comme Big Fish est mon Burton favori pour des raisons tout à fait personnelles, PORCO ROSSO est mon Miyazaki favori (même après avoir été complètement retourné par Le Vent se Lève).

Les raisons en sont simples, c'est pour moi le film le plus féministe de Miyazaki, car il met en scène d'un côté des femmes réalistes responsables et volontaires, et de l'autre des hommes en pleine fuite en avant et en pleine crise de foi misanthrope, honteuse, enfermés qu'ils sont dans leurs jeux et leurs querelles. Or je suis un féministe misanthrope en fuite en avant ludique perpétuelle.

Explications:

Marco Pagot était amoureux de Gina, et devait l'épouser. Mais à l'éclatement de la première guerre mondiale, Gina vivait sur une île en territoire autrichien, militaire, Marco dut choisir son pays, l'Italie.

Été 1918 Marco témoigne, impuissant malgré tout son talent du décès de tous ses camarades durant une bataille aérienne. Berlini, son meilleur ami, qui pilote l'avion numéro 1, et qui vient tout juste d'épouser Gina meurt parmi les braves. Soudainement, alors qu'il tombait d'épuisement et de tristesse, se demandant s'il allait rejoindre ses frères d'armes, son avion, le numéro 4, se met à voguer sur une onirique mer de nuages. Littéralement entre la vie et la mort, il voit les avions assassinés de ses compagnons le dépasser en flottant pour aller rejoindre un flot ininterrompu d'avions fantômes où semblent voler pour toujours les aviateurs décédés de toutes nations, figés dans l'union du pilotage d'avec leurs vaisseaux telle un voie lactée dans l'azur infini. (La scène s'inspire d'une nouvelle de Roald Dalh, ancien de la Royal Air Force.)

C'en est trop pour Marco Pagot, ce dernier est pris d'une véritable crise de foi envers l'humanité. Face à l'absurdité, à la vacuité totale de la guerre qui lui a retiré tour à tour l'amour, l'amitié, puis la fierté d'être homme, il abandonne. Sa transformation en cochon est une malédiction qu'il s'est jeté lui-même, car si c'est ça être un homme, mieux vaut être un cochon! Par la suite, il s'enfermera dans ce personnage qu'il s'est créé, Porco Rosso, avec les plaisirs simples de la solitude, de la cigarette, et de l'alcool. Mais aussi un jeu du chat et de la souris grand-guignolesque avec d'autres hommes brisés par la guerre et la crise économique, le clan des pirates du ciel, les "Mamma Aiuto" ("Maman, à l'aide!").

Les choses bougent dès lors qu’apparaissent deux personnages qui ne sont pas concernés par la fuite en avant des aviateurs locaux, qui préfèrent avoir la tête dans les nuages plutôt que d'assumer la dure réalité de la vie économique et politique. (La preuve en est, Porco tout comme presque tous les membres du Mamma Aiuto cachent leur regard avec des lunettes d'aviation qu'ils ne quittent jamais.)

Le premier personnage est Donald Curtis, l'américain aux rêves hollywoodiens et politiques, qui a pour lui un avenir radieux, et représente un dynamisme et un impérialisme tourné en ridicule par son jusqu'au boutisme enfantin (sa réussite dans ses projets après l'histoire racontée dans le film prouve d'ailleurs que le monde des hommes est un monde puéril). Ce dernier est payé par les "Mamma Aiuto" pour vaincre Porco. Les hydravions de Curtis et de Porco sont à l'image de leur propre personne. Celui de Curtis est agressif et tout neuf avec un moteur de compétition, là où celui de Porco, bien qu'élégant commence à accuser son âge, son moteur nécessitant réparation (tout comme le cœur de Porco).
Curtis le bat, le moteur de Porco lui faisant défaut. Porco se retrouve avec une épave. Or il ne peut s'y résoudre, comme il le dit lui-même, "un cochon qui ne peut pas voler est un simple cochon". Sa capacité à piloter est la seule chose qui le rattache encore à l'homme qu'il était.

Le second personnage est Fio Piccolo, 17 ans, petite fille du chef d'entreprise Piccolo, à qui Porco, cloué au sol, confie la réparation de son hydravion. Or tous les hommes sont allés chercher du travail ailleurs, chassés par la crise économique. Du coup ce sont leurs femmes et leurs filles qui vont réparer l'hydravion. (Durant la production du film des femmes étaient à la majorité des postes importants du studio Ghibli.) Fio sera l'ingénieure qui va réparer et améliorer l'hydravion de Porco. Ce dernier ayant besoin d'ajustements, Fio va s'imposer à Porco et va le rejoindre dans ses mésaventures. Et ce qu'elle fait pour son hydravion, elle va le faire pour lui, elle va réparer le cœur de Marco Pagot. Au contact de son dynamisme et de son idéalisme, Porco va retrouver l'espoir en l'humanité qu'il avait perdu.

Luttant à nouveau contre Curtis pour empêcher un mariage de force entre Fio et ce dernier. Porco va redécouvrir ce que ça fait que de se battre pour une cause juste. Et surtout il va apprendre que Gina est toujours amoureuse de lui, par la bouche même de Curtis. Et que cette dernière l'attends toujours dans son jardin et ce chaque après-midi. (Malgré les décès successifs de ses différents maris aviateurs, qui ne sont tous que des reflets de ce qu'était Marco Pagot, d'ailleurs, l'on apprends dans le film qu'on a retrouvé l'avion de son troisième mari, et ce alors que l'avion de Marco portait le numéro 4, là où celui de Berlini portait le numéro 1!)

La dernière fois que l'on voit Porco, ce dernier vient de gagner son combat d'avec Curtis qui a fini en pugilat. Fio, emmenée par Gina dans son hydravion lui vole un baiser à la sauvette. Curtis semble alors remarquer quelque chose sur le visage de Porco. Mais ce n'est que par des indices plus subtils que le retour de Marco est affirmé par le film. Dans la version originale, le monologue final de Fio dit ceci "Porco n'est plus jamais revenu montrer sa figure", et non pas "Porco n'a plus jamais donné signe de vie" comme dit dans la version française. Enfin, l'on voit très clairement un hydravion rouge vif avec un moteur placé de manière inimitable amarré au ponton arrière, proche du jardin. La dernière image du film montrant le jardin en plein après-midi sans Gina pour y attendre Marco...

Image

Principale Source: http://www.kanpai.fr/culture-japonaise/ ... so-analyse
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Za
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Merci Raph !! Je ne l'ai vu qu'une fois, il y a bien longtemps, mais ça me donne envie de le retrouver...
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Silène
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Silène »

Porco Rosso est un très très grand film, de très haute volée. (et je partage ton avis sur Big Fish, Raphaël, mais ça c'est une autre histoire)

On notera que même si la traduction est, comme le souligne Raphaël, approximative, le doublage préféré des japonais (et de Miyazaki lui même d'ailleurs) est la version Française :) Jean Reno, qui double Marco, est en effet une idole au Japon.

Avant de développer une analyse personnelle, il faut comprendre un peu en quoi le studio Ghibli est une exception dans le paysage cinématographique japonais. Et pourquoi la retraite de Miyazaki a toujours plus ou moins été associée logiquement à la fin du studio.

Le manga et l'animation, au japon, tiennent de l'industrie, une industrie difficile et agressive, qui avance comme un rouleau compresseur. Les seuls moyens pour une entreprise pour survivre dans ce milieu sont la diversification, le volume, le renouvellement incessant.
Monter un studio dont l'objectif est de ne produire que des films, peu mais bien, c'est du doux délire.

C'est pourquoi Ghibli a toujours fonctionné en "marche ou crêve" : la moindre erreur signifiait la fermeture du studio.
Le pitch d'un des premiers films du studio ne remportant pas l'intérêt des investisseurs, Miyazaki et Takahata durent bosser en parallèle sur deux films pour réussir à, in fine, sauver le studio. C'est uniquement grâce au second film que les financements furent débloqués.
La paire de filmz fut diffusée en "double feature", mais les gens sortaient généralement de la salle ravis à la fin du film de Miyazaki, qui était donc... Totoro.
L'autre film était "Le Tombeau des Lucioles", le plus magnifique et cruel tire larmes de l'histoire du cinéma à mon sens.

Bref, l'oeuvre de Hayao Miyazaki est sans cesse la recherche d'un juste milieu entre tout ce qu'il a au fond du coeur et les contraintes d'un des exercices les plus difficiles de l'histoire de l'animation japonaise.

C'est avec Kaze Tachinu (Le Vent se Lève) que Miyazaki tire sa révérence : un film extrêmement "technique" sur une des passions dévorantes de Miyazaki, à savoir l'aviation, la conquête du ciel par l'homme, le rêve d'aller toujours plus haut.
C'est un des fils directeurs de son oeuvre, auquel il apporte généralement décor et fantaisie.
Avec ce "dernier film", il se permet de parler de l'aviation comme il a toujours voulu le faire, sans contraintes.

Vu sous cette perspective, Porco Rosso est pour moi un film encore plus extraordinaire, en ce qu'il est une sorte de côté pile au côté face de Kaze Tachinu, des années avant.
Kaze Tachinu est le film que Miyazaki a fait pour se faire plaisir, et Porco Rosso est celui qu'il a entièrement offert au public.
Les ingrédients sont les mêmes, ce sont les dosages, les moyens et les fins qui changent.
Il est vrai qu'ici vous ne trouverez guère de perfection, sauf si on se met à rire
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Za »

Pour en savoir un peu plus sur Ghibli et Miyazaki, les pages de ce site sont plutôt bien faites.
Par ailleurs, dans cet article qui présente un documentaire sur le studio Ghibli (pas encore traduit en français), on lit notamment que Miyazaki y est dépeint comme "un homme qui ne comprend pas toujours lui-même ses films et leur donne une teneur organique, en ce sens qu'on ne peut concevoir tout ce qu'il se passe dans la vie elle-même. Récemment, il expliquait ainsi que Chihiro reconnaît ses parents parmi tous les cochons... parce que c'est comme ça !"

En fait je reprends cette citation pour répondre à :
Hoppy a écrit :Je ne pense pas avoir les "qualités" nécessaires pour participer à ce topic...
Impossible si ces films t'ont touchée ;) à moins que les qualités dont tu parles soient le temps et là je comprends !

Le but d'une analyse n'est pas de deviner ce que l'artiste a voulu dire, mais bien de se plonger méticuleusement dans les ressentis que nous ont procurés l’œuvre, d'observer le reflet interne que le film a imprimé en nous. Rien n'est faux dans le monde du symbolique, et si des analyses externes peuvent nous aider à comprendre et déceler certaines choses, c'est nous, à la fin, qui donnerons notre sens à tout ça. Et au fur et à mesure de notre vie, nous n'y verrons sans doute pas les mêmes choses, nous ne serons pas émus aux mêmes endroits... Ce qui est intéressant, c'est de se demander pourquoi !
C'est là aussi la force, la magie du conte.
Le bon conteur (l'artiste talentueux ?) ne choisit pas une problématique sociale ou psychologique pour ensuite l'habiller de fantaisie ; il crée une histoire qui se nourrit elle-même de symboliques inconscientes, propres à l'auteur ou partagées par d'autres. Et de l'histoire naîtront sans doute mille autres interprétations...
► Afficher le texte
J'ai lu ça et là des interviews de Miyazaki, et c'est amusant de voir la façon évasive dont il répond aux journalistes qui lui demandent s'il a voulu dire ci ou ça... "oui, sans doute".. "non, pas vraiment"...
Un génie vous dis-je ;)
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Re: Miyazaki : au bout du conte !

Message par Z74 »

Oh oui un génie!
Difficile de vendre ses films autour de moi, je me heurte assez souvent au reproche que c'est "dessiné".

Le château ambulant me bouleverse beaucoup. Surtout le personnage de Sophie qui se retrouve alors dans la peau d'une vieille dame. Le temps qui passe, l'impermanence, la maturité, des trucs qui font vachement écho, je trouve.

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