le coin des contes

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tao
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le coin des contes

Message par tao »

bonjour ,

je propose d'ouvrir un sujet que je ne crois pas avoir vu sur le forum, que j'ai hésité à mettre dans le coin des passions et loisirs...mais je ne peux me résoudre à laisser les contes dans le domaine du simple loisir... c'est trop puissant pour cela... même si les contes ne font pas partie de la culture avec un grand Q (comme le dit si bien Franck Lepage dans ses conférences gesticulées), ils ont cultivé chez moi des formes de sagesses ; j'écris au pluriel, car chaque conte ayant inséminé une graine d'une plante porteuse de sagesse...il y a des contes qui éveillent à la tolérance, d'autres à l'amour, au sens de l'amitié, d'autres à la compréhension du non sens de la jalousie, ou de la pingrerie. ... bref tous ces contes reçus, (et j'espère en recevoir beaucoup d'autres) m'ont aidé à devenir ami avec mon humanité...mais rien d'étonnant à cela, les bons contes faisant les bons amis...

je fais le souhait que ce sujet en regorge et qu'on doive un jour ouvrir une section contes...avec un classement par thème ou par t'aime..

allez j'ouvre le bal avec le premier vrai conte que j'ai rencontré et qui m'a bousculé dans ma vie... qui m'a fait jaillir hors de mon état de victime (à l'époque) :

c'est un conte découvert sur une VHS dans une médiathèque de Grenoble un soir d'hiver, mais impossible de me rappeler du nom du conteur... mais ne dit -on pas que les contes appartiennent à l'humanité, du moins celle qui veut bien s'en emparer..

C’est l’histoire d’un roi,

D’un roi qui se sent chanceux,

Il se sent chanceux car dans son pays tous ses sujets sans exception ont un toit sur la tête et de quoi manger. Ce qui est une situation excellente à l’époque où se passe cette histoire, comme à toute époque d’ailleurs.

Il se sent aussi chanceux car il a une magnifique femme, une reine qui lui a donné de nombreux et beaux enfants ;
Encore chanceux car il a un beau palais composé de somptueux jardins et de mille pièces.

Mais ce qu’il fait qu’il se sent le plus chanceux, c’est la plus belle pièce de son château ; ou plutôt ce qu’il y a dans cette pièce.

Cette pièce est un joyau d’architecture ; vaste, lumineuse, chaleureuse, avec la plus belle vue du château, donnant sur le verger royal, et juste derrière, la ville et ses marchés . dans cette pièce on se sent à la fois dedans dehors, dans une inimité avec vue sur le monde.

Ce bijou qui ressemble à un écrin, est en fait une cage dorée (c'est d'ailleurs cette cage qui est à l'origine de l'expression bien connue) car le roi a fait disposer dans cette pièce des fenêtres grillagées, des sas et des gardes consignés..

Et dans cette cage le roi a fait mettre un oiseau ; un oiseau spécial,

Spécial, car déjà cet oiseau a un plumage qui contient toutes les couleurs du monde ; de plus cet oiseau sait parler toutes les langues du monde, et utiliser ces dernières pour parler de tous les sujets du monde, que ce soit mathématiques, poésie, astrophysique, bref, tous les sujets du monde..., et le comble est que cet oiseau se montre toujours de bon conseil.

Aussi le plus grand plaisir du roi est, chaque matin de se lever et d’aller voir son oiseau, et de parler de tout, de rien, de n’importe quoi… rien n’est plus joyeux que cela pour lui dans sa vie.
Notre histoire commence un matin que le roi rentre dans la pièce de l’oiseau, ce jour-là, le roi n’a pas l’air enchanté, plutôt soucieux.

L’oiseau comme tous les matins accueille le roi d’une voix enjouée : hé, roi de ton pays, comment ça va aujourd’hui ?

Le roi : et bien mon oiseau, quel plaisir de te voir encore, une fois ; et encore une fois, tu vois bien ; je suis un peu triste ce matin , car j’ai une mauvaise nouvelle ; enfin, un mauvaise nouvelle pour moi, car il se trouve que je dois me rende dans un pays lointain pour faire des affaires nécessaires à la bonne marche de mon pays ; aussi je vais devoir m’absenter de nombreuses semaines, et je suis triste car, je ne pourrai te voir tout ce temps.

L’oiseau interrompant le roi : je trouve que ce sont plutôt de bonnes nouvelles, car tu vas œuvrer pour le bien de ton pays, et tu pourras ainsi revenir l’esprit tranquille profiter de moi.

Le roi, sous riant : comme toujours, l’oiseau, tu parles bien ; tu as raison. N’empêches, l’oiseau, si c’est une dure nouvelle pour moi, ce voyage en est une bonne pour toi, car le pays où je dois me rendre est justement le pays d’où tu viens, alors si tu veux que je te ramène un souvenir de ton pays, n’importe lequel, dis le moi, et je te le ramènerai..

L’oiseau, réfléchissant : un souvenir de mon pays ? N’importe lequel ? Je peux te demander n’importe quel souvenir de mon pays et tu me le ramèneras ?

Le roi, enjoué : oui, je te l’ai dit, n’importe lequel, dis moi, je ferai !

L’oiseau, ravi : eh bien, il y a bien un souvenir que je souhaiterai que tu me rapporte de mon pays ; ce souvenir, c’est ma liberté !

Le roi interloqué, passe du vert au jaune, du jaune au bleu, puis à l’orange, pour finalement lâcher : Non ! Non ! Tout ce que tu veux, mais pas ça ! ça , je ne le peux pas ! Demandes moi autre chose !

L’oiseau, en colère : Tu me dis que je peux te demander ce que je veux, et voilà que tu refuses ! Quelle sens de la parole pour un roi !!

Silence tendu… (mon neveu dirait : là, il est bien vénert l'oiseau)

L’oiseau se calme, respire : ok ! je veux bien te demander autre chose....

Le roi interrogatif : oui ! Dis-moi.

L’oiseau : si je te demande, qu’une fois tes affaires finies, toi, le roi, tu te fasses mener à l’orée de la plus grande forêt de mon pays, tu le ferais ?

Le roi : oui ! Dis-moi.

L’oiseau : et alors que toi, le roi, qui est toujours accompagné de ses gardes, tu acceptes de te faire laisser seul, et que seul, tu pénètres dans cette forêt… je te rassure, cette forêt est grande, mais sûre, lumineuse, magnifique.. je voudrais que tu marches droit devant toi pour aller au plus profond de cette forêt, le voyage ne sera pas long, tant le paysage est magnifique. Je veux que tu ailles jusqu’à un endroit où tu trouveras devant toi une grande clairière nimbée de lumière ; tu ne peux pas la rater. Dans cette clairière, tu y verras un grand arbre blanc, éclatant, c’est là que mes frères vivent. Je voudrais que tu ailles à leur rencontre et que tu leur donnes de mes nouvelles, en leur disant que je suis chez toi, mais que tout va bien, qu’on s’occupe bien de moi, et que j’aimerai avoir de leurs nouvelles.. Est-ce que tu peux faire ça pour moi, le roi ?

Le roi : oui, oui ! Ça je peux le faire…

Dans la journée, le roi, prend son cheval et ses hommes, et ils s’en vont pour de nombreuses semaines de voyage.
Une fois les affaires faites, le roi demande à ce qu’on l’emmène à l’orée de la plus grande forêt et s’enfonce seul dans cette forêt ; elle est telle que l’oiseau lui avait décrite, et il n’est pas inquiet. Après une marche au temps indéfinie, car si plaisante, il finit par voir devant lui une grande lumière, et à travers les fourrés, il voit une grande clairière, avec un immense arbre blanc ; et dans cet arbre, se trouve toutes les couleurs du monde, on y parle toutes les langues du monde, et on y débat de tous les sujets du monde… ce sont les frères de l’oiseau… le roi est émerveillé de tout ce spectacle, il en finirait presque par oublié sa mission.

Il se reprend et s’avance un peu dans la clairière. Aussitôt, tous les oiseaux se taisent, et le regardent.

Le roi, ému, et même surtout inhabituellement intimidé, s’arrête.

Un grand oiseau, plus grand que les autres, prend la parole, et s’adresse au roi : éh, roi de ton pays, qu’est ce qui t’amène ici ?

Le roi, de plus en plus ému, bafouille : et bien, c’est mon oiseau, votre frère, il est chez moi, et il m’a demandé de venir vous donner de ses nouvelles. Il est chez moi, mais il va bien, il m’a dit de vous dire qu’on s’occupe bien de lui, que…
que....!!!

Le roi n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il voit le grand oiseau se tordre, comme pris d’un spasme, se raidir, pour finalement perdre connaissance et s’écrouler au pied de l’arbre, mort.

Le roi n’en revient pas, il va pour se précipiter au chevet de l’oiseau, mais il sent qu’il n’est pas le bienvenu, et sous le regard de l’arbre, il fait demi-tour et s’enfuit vers ses hommes qu’il retrouve à l’orée.

Il rentre avec eux au pays, et tout le long du voyage, à chaque pas de son cheval, il se demande ce qu’il va bien pouvoir dire à son oiseau..

Une fois rentré, il prend son courage à deux mains, et s’en va directement près de l’oiseau ;

Celui-ci le reçoit enjoué : alors roi de TON pays ! Quelles sont les nouvelles de MON pays ?

Le roi, tout empêtré : Et bien, mon oiseau, je suis allé comme tu me l’as dit à l’orée de la plus grande forêt de ton pays, je l’ai pénétrée seul, et j’ai comme tu me l’avais bien dit, trouvé devant moi la clairière et l’arbre où vivent tes frères. J’ai bien voulu leur donner de tes nouvelles, mais à peine avais-je commencé à parler que l’oiseau qui m’avait demandé ce que faisais ici.. et bien cet oiseau, il s’est comme senti mal, et s’est effondré … mort je pense… je suis désolé mon oiseau, j’aurai voulu te rapporter de bonnes nouvelles, mais je n’ai rien pu faire...... !!!!!!!!!!!!!!

Mais comme le roi parle, il voit devant lui, devant ses yeux, l’oiseau dans la cage qui se tord, se secoue, comme pris d’un spasme, et finalement le voilà qui tombe raide sur le sol de la cage.

Le roi se précipite, se jette auprès de l’oiseau, le saisit, le regarde, mais les yeux de l'oiseau ne brillent plus, il le porte à son oreille, écoute son cœur, mais rien ne bat, il le secoue, hurle à la mort, mais rien n’y fait, l’oiseau n’est plus..

Le roi se sent mal, très mal,

il prend l’oiseau avec lui, et s’en a vers une fenêtre donnant sur le verger. il a besoin d'air.. il ouvre la fenêtre, Il dépose l’oiseau devant lui, et se met à pleurer.
A travers ses larmes, il voit toutes les couleurs du monde des plumes de l’oiseau, il se sent coupable…

tandis qu'il goutte au sel amer des larmes de sa culpabilité, soudain, .... soudain....à travers les larmes, il voit les couleurs du monde qui bougent et qui s’envolent..

L’oiseau n’est pas mort, le voilà qui vole au-dessus des arbres du vergers, par-dessus la ville, il troune et tourneboule de tous côtés.. le roi n’en revient pas, ; en même temps, il se dit que c’est vraiment un beau spectacle que cet oiseau qui s’ébroue au-dessus des arbres..

L’oiseau revient vers le roi, et se pose sur une branche d’un arbre près de la fenêtre du palais , pas pas trop près non plus. Juste ce qu’il faut.

Le roi regarde l’oiseau bêtement, il ne comprend toujours pas ;

L’oiseau prend la parole : éh , roi de ton pays, c’est vraiment une belle journée aujourd’hui, tu ne trouves pas ? moi je le trouve en tout cas, et je vais te dire pourquoi … c’est une belle journée car toi et moi, toi aussi bien que moi avons appris d’importantes choses aujourd’hui…

Tout de suite, avant de te l’expliquer, je veux te rassurer, mon frère n’est pas mort, il m’a juste montré comment me barrer d’ici..

Par contre, toi le roi, de tout ça tu peux en apprendre cet autre ça : Toi le roi de ton pays, toi le roi toujours accompagné de tes hommes, toi le roi qui envoie au quatre mondes chaque jour des messagers, et bien toi, le roi, pour une fois, tu as bien voulu faire à ton tour le messager, tu as bien voulu aller seul dans la forêt pour livrer mon message.. et bien toi le roi, j’espère que cette fois , tu as bien compris qu’un messager ne dois jamais tout à fait comprendre le message qu’il transmet.. réfléchis y ..


Et moi, l’oiseau, j’ai appris quelques chose de très important aujourd’hui, j’ai appris que la liberté est une fleur qui ne se demande pas, mais qui se cueille..


l'histoire n'est pas fini... mais la suite sera pour une autre fois...

bien à toi , à vous, rois et oiseaux...

Edit : et dites, Edith !...rappelles toi lecteur que les contes plus on les raconte, plus ils croissent en nous... l'engrais de ces belles plantes, c'est le partage.. ceci n'est pas un ordre,(de toute façon après ce conte, il n'y a plus d'ordre qui compte), mais juste une réalité qui est d'ailleurs fort bien décrite dans un autre conte... :ensoleillé:

Tao
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Cyrielle
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Re: le coin des contes

Message par Cyrielle »

Merci pour ce sujet, Tao !
Moi aussi je me suis abreuvée de contes, et chacun deux m'a fait un peu grandir. Certains aussi m'ont donné le goût des voyages...
Difficile de choixir mon préféré. mais celui que tu nous as fait partager me rappelle un des célèbres contes philosophiques de Voltaire, dont la "morale" a été précieuse dans ma vie...

Les deux consolés
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Y'a trop de monde sur les gradins... Le spectacle du monde nous appartient !

tao
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Re: le coin des contes

Message par tao »

:-) :-) :-) :-) :*
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romu
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Re: le coin des contes

Message par romu »

Bonjour,
Je dois avouer, que moi aussi j'aime beaucoup les contes, tout comme de nombreuses fables d'ailleurs :).
Aujourd'hui, je vais partager avec vous un conte que j'ai découvert en stage de formation de médiateurs, j'ai été touché par ce dernier, je me sentais concerné par ce dernier, puisque directement visé par de nombreuses rumeurs.
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J'espère qu'il vous a plu, au plaisir de vous lire. :).
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Charles Baudelaire (l'Albatros.).

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