Savoir

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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PointBlanc
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Message par PointBlanc »

En résumé, tu parles d'une culture (au sens le plus large que tu lui donnes) foncièrement évolutive, puisqu'elle n'est pas fondée sur des dogmes, mais sur un ensemble d'observations toujours susceptibles de changer, entre autres grâce à l'évolution des instruments qui les permettent.
Et en ce sens tu crois en un progrès dont tu ne fais pas un absolu, mais qui tient simplement à la dynamique que tu prêtes à l'ensemble.

Tu considères aussi que toute mise à l'écart de l'autre dans les cultures passées et présentes témoigne d'une volonté de conserver les dogmes qui les fondent - précaution qu'une culture du doute ne réclame pas, puisqu'elle est au contraire attentive à ce qui la questionne.

Si c'est ça, c'est plus clair.

Mais parlons un peu de la place qu'occuperait dans cette culture du doute l'individu qui s'entête à ne pas douter. A observer les phénomènes avec des instruments biaisés dont il n'accepte pas de questionner la validité. Qui ne veut pas comprendre, mais avoir compris, et revérifier constamment qu'il a compris, en effectuant les mêmes opérations. Et qui veut par-dessus le marché être entendu, avoir raison avec son savoir absolu contre la relativité du monde. Le bonhomme du train en somme, ou les autodidactes dans l'extrait donné par Armie.

De quoi la société que tu évoques devrait-elle douter face à lui ?
Qu'est-ce que son refus d'intégrer ce système ouvert et évolutif révèle des failles de celui-ci ?
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W4x
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Re: Savoir

Message par W4x »

Et si justement cette quête de savoir, ou de science, n'était que l'expression d'une fuite en avant, d'une course à l'élaboration de dogmes propres? Et ce afin de tenter de chasser une angoisse générée par l'immensité (voire l'infinitude) de ce "qui peut être su/appris", parachevé par le fait qu'aucun Savoir n'est -dans l'absolu- absolu.
La quête de sens dans l'immensité de quelque chose qui n'en a a priori pas à son origine (comme tu le disais PointBlanc, plus on "remonte" et moins il est évident d'en trouver), c'est remplir le tonneau des Danaïdes, mais c'est justement tout ce qui fait que le phénomène s'auto-entretient : se coucher un peu plus rassuré le soir pour se réveiller un peu plus angoissé le matin. C'est tout à fait concevable d'agir ainsi à mon avis au détriment du... sens de ce que l'on fait soi-même. Enclencher un mouvement, engranger, quitte à s'y perdre.
Cela me fait penser à la façon dont l'on explore l'espace : d'un côté on envoie des sondes, on braque des téléscopes sur des zones bien précises afin de mener des investigations sur des points précis, et de l'autre, on envoie des sondes, on braque des téléscopes sur... nulle part. On scanne l'espace sans rechercher quoi que ce soit, juste pour le cartographier et éventuellement tomber sur quelque chose d'intéressant, mais c'est avant tout l'amas d'information qui compte. On y voit des événements si loin dans le passé qu'il est illusoire de vouloir mettre une quelconque réalité sur un endroit sur lequel pourtant on s'est acharné à lever le voile.
Cette recherche me fait penser à cette quête éperdue au niveau personnel, qui pourrait donc d'une part se justifier par la masse de connaissance, et/ou/car (j'ai du mal à estimer une éventuelle causalité entre les deux) d'autre part par le besoin de détenir une part la plus grande possible de vérité, éventuellement sa vérité, fût-elle massivement admise, ou très peu partagée, ou encore purement personnelle.
Mais ça ne répond pas encore aux dernières questions, certes.
Mathematics is a game played according to certain simple rules with meaningless marks on paper. D.Hilbert

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Message par Invité »

PointBlanc a écrit :La question est ensuite : peut-il y avoir cessation de cette illusion ? Ce qui rejoint un peu mon interrogation ci-dessus.
PointBlanc : Peut-être te répondrais-je en privé. Si j'en ai le courage et/ou l'immodestie (cf : La parabole de la Flèche Empoisonnée).

Quoi qu'il en soit, les esprits s'enflamment, les mots abondent, croulent, tels des avalanches…
Et la chose toute simple qui se dissimule derrière tout ce verbe est sans doute la réalité de la souffrance. La souffrance liée à l'existence humaine, c'est-à-dire à la pensée, et donc au savoir.

Nous autres, nous avons Prométhée, Faust, Don Juan, et tant d'autres figures mythiques ou héroïques dans nos gènes. Car nous avons la passion de cette souffrance : La passion de savoir, ou du savoir.
Quelle chance inespérée de pouvoir comprendre !
"Pathemata. Mathemata." disait Démocrite. C'est toujours d'actualité.

:tmi: ha, ha, c'est notre karma !

dani
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Message par dani »

Je peine un peu à vous suivre, car tout peut être vrai dans ce que vous énoncez. La quête du savoir comme fuite de la souffrance, de l'angoisse de l'existence, ou comme un mouvement serein de "vie". Notre quête du savoir semble plus élaborée que celle des animaux, mais le mouvement au fond est le même : le chat qui cherche à faire tomber un morceau du jambon de la table sur laquelle il n'ose grimper ... il tend la patte, cherche une astuce (un savoir qu'il reproduira une autre fois) pour choper l'objet de son désir.

Ainsi, pour moi la quête du savoir, selon le contexte, l'intention et notre développement personnel, se meut sur un continuum entre la fuite de la souffrance <----------------------------------------------> la recherche du plaisir, de la Joie
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Chacoucas
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Re: Savoir

Message par Chacoucas »

Et en ce sens tu crois en un progrès dont tu ne fais pas un absolu, mais qui tient simplement à la dynamique que tu prêtes à l'ensemble.
Disons que c'est ainsi que je peux le mieux concevoir un progrès possible. Après j'imagine qu'une culture peut régresser. Par exemple on soulignait quelque part qu'à trop vouloir tolérer l'intolérance la tolérance allait perdre sa majorité et disparaitre. Même si en découpant en détails le phénomène c'est pas si simple, c'est assez évident que ça peut arriver.
Je suis pas du tout certain qu'on soit en pleine évolution progressiste par exemple.

Mais bon le but pour l'individu est de se donner le maximum de chances de comprendre ce qu'on souhaiterait ce qu'on souhaiterait éviter et comment. Je doute qu'on puisse faire plus. Il y en aura toujours pour faire moins et devenir les figures qu'on étudie en cours d'histoire.
Si c'est ça, c'est plus clair.
Oui, dans les grandes lignes.

Mais parlons un peu de la place qu'occuperait dans cette culture du doute l'individu qui s'entête à ne pas douter. A observer les phénomènes avec des instruments biaisés dont il n'accepte pas de questionner la validité. Qui ne veut pas comprendre, mais avoir compris, et revérifier constamment qu'il a compris, en effectuant les mêmes opérations. Et qui veut par-dessus le marché être entendu, avoir raison avec son savoir absolu contre la relativité du monde. Le bonhomme du train en somme, ou les autodidactes dans l'extrait donné par Armie.
Pour bien répondre à ça, il me semble qu'il faut considérer que ce dont je parle comme concept sociétal n'a probablement jamais existé à grande échelle (sur de petites communautés si, il semblerait). Et probablement pas non plus avec les moyens radicaux de technologie ou de transmission qu'on a à disposition. Alors on ne peut pas savoir ce qui se passerait. Ma théorie est que la plupart des "blocages" genre le type borné sont liés à la pression psychologique qui a cours dès l'enfance sur les egos (basé sur ce fameux dualisme, et ses corrélats comme "norme" "conformisme", "mérite", "élite", blabla...).
Donc si on désamorce la cause dès l'enfance (ça peut prendre 2 ou 3 générations) on a moins de chances de retrouver la conséquence.

Bien sur c'est simpliste, linéaire, sur papier etc. Mais donc il faut tester. Ensuite, je pense que le modèle unique ne fonctionnant pas, c'est la variété des alternatives qu'il faudrait valoriser. Ce qui déboucherait vers des sociétés assez variées. Tant qu'un principe de non agression est envisageable ça règle énormément de problèmes. (pas de radinerie non plus sur les ressources etc.)

Enfin, eh bien problème éventuel. Ne pas nier le conflit fait partie des idées dynamiques. Donc faudra bien trouver une solution et voir toutes les manières de formuler le problème.

J'ai en effet du mal à démontrer un "bien fondé" de mes idées plus avant, déjà parce que j'ai pas fini de m'éduquer ^^ (trouvé pas mal de trucs à potasser dans ce sens ces dernières semaines d'ailleurs, vaguement lié à l'école de francfort, si tu connais). On retombe un peu sur ta question initiale et je suis une réponse parmi d'autres. :)
De quoi la société que tu évoques devrait-elle douter face à lui ?
Qu'est-ce que son refus d'intégrer ce système ouvert et évolutif révèle des failles de celui-ci ?


On est déjà en pleine Science fiction, mais je dirais comme ça à la volée: la société n'aurait pas compris ou mal compris/mal assumé le rôle fondamental du conflit dans toute interaction humaine. (dialectique...). Je peux fouiller plus avant si vraiment t'es curieux, couramment j'en reste à envisager les grandes lignes évidentes qui font les faiblesses de mes représentations. J'ai un problème avec le conflit. C'est un élément observable qui me frustre et que j'inclus relativement mal dans ma représentation . Ainsi que dans les détails les questions d'exclusion et conformisme que je commence à peine à fouiller en tant que telles etc.

Au niveau des failles et en prenant la société simplement comme un déterminisme de l'individu, j'imagine qu'elle aurait failli à le satisfaire au niveau physique (qui devient métaphysique quand réfléchi). Donc il serait anxieux et insatisfait, se sentirait "trahi", revenant à des modèles plus solides et autoritaires (on observe ça dans les nationalismes et préoccupations identitaires des nations post coloniales entre autres ou dans les sociétés en crise).

En espérant avoir répondu un peu malgré mon ignorance globale sur ces points. :)

Jean-michel
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Re: Savoir

Message par Jean-michel »

Si le chercheur devenu omniscient, connecté avec l'univers entier, souhaitait porter témoignage de la plénitude de son expérience, pourrait-il être entendu et compris par ses semblables ?
Ou serait-il contraint de taire, cette vérité qui leur serait inaudible ?
Comme s'il était normal de (la) chercher mais inconcevable de (la) trouver ?
" Pour moi le plus important aprés la douance, c'est l'aidance."

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Re: Savoir

Message par Invité »

Mais bon le but pour l'individu est de se donner le maximum de chances de comprendre ce qu'on souhaiterait ce qu'on souhaiterait éviter et comment.
@Chacoucas : le but est une terrible limite. Il rend l'esprit étroit, avide.
Duel.
Ne vaudrait-il pas mieux garder l'esprit vaste, illimité ?
Créatif ? Libre ?
Car, s'il est un savoir, plutôt que le traquer au bout des instruments savants créés par nos désirs et par nos peurs, ne vaudrait-il pas mieux, tout simplement, lui laisser la place — l'espace — de se manifester ?

Poussière d'étoiles, pourquoi oublierais-je cet espace d'où je suis né ?

dani
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Re: Savoir

Message par dani »

Hors-sujet
merci hosen pour ces mots
hosen a écrit :
Car, s'il est un savoir, plutôt que le traquer au bout des instruments savants créés par nos désirs et par nos peurs, ne vaului laisser la place — l'espace — de se manifester ?

Poussière d'étoiles, pourquoi oublierais-je cet espace d'où je suis né ?
Voilà pourquoi selon moi un HQI part avec un handicap: c'est bien plus difficile pour lui de lâcher prise et de renoncer à ce but .... heureux les simples d'esprit.... les religions ne transmettent pas que des dogmes, mais aussi quelques vérités Bref.... voilà quoi ;-)
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PointBlanc
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Re: Savoir

Message par PointBlanc »

Jean-Michel, Dani, Hosen : vous comprenez que d'un point de vue extérieur cet état que vous évoquez peut être interprété moins comme un éveil que comme un accès à une espèce de cécité sélective. La connaissance illimitée dont la manifestation au dehors n'est finalement reconnue que par ceux qui la partagent, ou sont censés la partager, ou du moins y aspirent ; la focalisation sur l'instant présent, qui remplace l'obsession du passé et de l'avenir par un apaisement qui n'est peut-être pas davantage l'état naturel de la conscience que ne l'est l'inquiétude à laquelle il se substitue... la joie, qui procède peut-être moins de la lucidité que de l'oubli... D'autant que la joie, ou le moment présent, sont aussi des buts que le simple fait de les désirer travestit en représentations, à quoi on adhère, que l'on alimente.

Et l'on se retrouverait alors piégé dans une image de paix que l'on ne questionne plus, dans une illusion consentie. Chez les Lotophages. Ou dans l'immobilité silencieuse que condamnent les traités du Grand Véhicule, et dont je suis persuadé qu'elle peut tout aussi bien prendre l'apparence de la mobilité.

Lâche-t-on vraiment prise, si l'on fuit l'angoisse de savoir en tendant les bras vers le grand vide lumineux ?

Ce sont des questions sérieuses : j'aimerais croire en cette éventualité, mais...


Wax : c'est ce que je pense aussi.


Chacoucas : ce que j'ai envie de te demander, c'est ce qu'à titre personnel tu comprends de tes motivations à accumuler ces informations. A titre personnel. Pas du point de vue des bénéfices à grande échelle. J'essaie de revenir par là à mon questionnement de départ.

Tu pourras me répondre que distinguer entre l'individu et la société est illusoire, qu'il est impossible de prévoir l'influence des recherches individuelles sur un système plus large... Oui, d'accord, je comprends ça. Mais toi ? Qu'est-ce qui te pousse dans le dos quand tu éprouves le besoin de préciser tel ou tel point par des lectures ? A ce moment précis, que dirais-tu qu'il se produit ? Je ne sais pas si la réponse est formulable, mais c'est cela qui m'intéresse.
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Re: Savoir

Message par Jean-michel »

J'aime bien ce questionnement PointBlanc, j'aime chercher, trouver, et
chercher encore, pour trouver encore...

Alors, comment imaginer que cette quête fût terminée ?

Elle le fût, un jour, et il prît plaisir à aider les autres à chercher
Il était devenu maître du jeu et ce jeu n'aurait pas de fin
et que c'était çà, le bonheur, qu'il avait toujours cherché !


:ensoleillé:
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sanders
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Re: Savoir

Message par sanders »

PointBlanc a écrit :ce que j'ai envie de te demander, c'est ce qu'à titre personnel tu comprends de tes motivations à accumuler ces informations. A titre personnel. Pas du point de vue des bénéfices à grande échelle. J'essaie de revenir par là à mon questionnement de départ.
Tu pourras me répondre que distinguer entre l'individu et la société est illusoire, qu'il est impossible de prévoir l'influence des recherches individuelles sur un système plus large... Oui, d'accord, je comprends ça. Mais toi ? Qu'est-ce qui te pousse dans le dos quand tu éprouves le besoin de préciser tel ou tel point par des lectures ? A ce moment précis, que dirais-tu qu'il se produit ? Je ne sais pas si la réponse est formulable, mais c'est cela qui m'intéresse.
Un élan de motivation, une excitation, de l'énergie oualà ! Ça me fait du bien, ça me chatouille, ça me donne envie en un mot, c'est cool !
C'est pour ma part ce que je recherche et que je peux parfois trouver aussi ailleurs.
Je bosse avec des enfants autistes et j'ai bossé avec des enfants polyhandicapés. J'ai trouvé ce même élan, que dans certaines de mes recherches liées à MES QUESTIONS - et je le trouve encore -, dans certaines de LEURS RÉPONSES en tant qu'acte posé.

Un truc qui si je le traduisais en mots serait "C'est ça bon sang !"

Cette étincelle, j'y suis addicte et je la recherche encore et encore. En être consciente change-t-il quelque chose ? ... Chaipas ...

Edit ET j'aime aussi paradoxalement savoir que :

[BBvideo 425,350]http://www.youtube.com/watch?v=dI_q_LMNBkU[/BBvideo]
Image
Le premier jour du reste de ma vie : Un jour, J'ai pu observer que la poutre que je voyais dans l'oeil de mon voisin, je l'avais fait devenir paille dans le mien. Alors même que nous buttions sur les mêmes (em)bûches. Depuis, plus rien n'est pareil..

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Re: Savoir

Message par dani »

PointBlanc a écrit :Jean-Michel, Dani, Hosen : vous comprenez que d'un point de vue extérieur cet état que vous évoquez peut être interprété moins comme un éveil que comme un accès à une espèce de cécité sélective. La connaissance illimitée dont la manifestation au dehors n'est finalement reconnue que par ceux qui la partagent, ou sont censés la partager, ou du moins y aspirent
Très juste. Et je n'ai JAMAIS vu personne revenir en arrière une fois l'ouverture à cette vision réalisée, ou parfois - pour les chanceux - expérimentée. La conscience semble plutôt s'élargir que se restreindre, c'est ce qui me fait apprécier l'usage du terme "d'éveil" même si personnellement je ne suis pas vraiment une éveillée, j'émerge à peine d'un profond sommeil. Un "accès à une cécité sélective " ne me parle pas vraiment, ça ne résonne pas du tout avec mon expérience. Et je ne pense pas que ce soit une fuite. Je suis trop avide et trop curieuse de "savoir" pour m'obscurcir les yeux.
la focalisation sur l'instant présent, qui remplace l'obsession du passé et de l'avenir par un apaisement qui n'est peut-être pas davantage l'état naturel de la conscience que ne l'est l'inquiétude à laquelle il se substitue...
Aucune idée ce que représente l'état naturel de "conscience". Mais mon apaisement intérieur est réel et le regard reste me semble-t-il tout de même bien lucide, pointu. Encore plus qu'avant, car il n'y a plus de Peur (ou celle-ci est bien mieux maîtrisée).
la joie, qui procède peut-être moins de la lucidité que de l'oubli... D'autant que la joie, ou le moment présent, sont aussi des buts que le simple fait de les désirer travestit en représentations, à quoi on adhère, que l'on alimente.
Je comprends ce que tu écris, mais là non plus aucune résonance avec mon expérience de la Joie. J'ai cherché bien des fois à oublier certaines choses, à éviter de les regarder en face, à les fuir. Je n'ai jamais éprouvé de Joie à cela. Du plaisir peut-être lors d'activités exaltantes (un travail abouti, un exploit sportif), mais ce plaisir passe vite et nécessite des activités supplémentaires pour renaître. La Joie c'est plus simple et plus profond à la fois et la lucidité est même plus vive.....aucun oubli, c'est au contraire plutôt faire face au démons avec confiance... mais ce qui est "vu" n'est plus angoissant. C'est accepté, c'est intéressant, les solutions arrivent. Tout m'intéresse, je n'ai plus besoin d'activités complexes pour trouver la Joie, elle émerge de choses très simples. Faire la queue à une caisse de supermarché devient passionnant. Il y a tant de personnes à regarder, observer. Tout est neuf. Je garde le goût des activités exaltantes, mais je n'en n'ai plus besoin, je n'ai plus cette dépendance. Je me sens libre.
Et l'on se retrouverait alors piégé dans une image de paix que l'on ne questionne plus, dans une illusion consentie. Chez les Lotophages. Ou dans l'immobilité silencieuse que condamnent les traités du Grand Véhicule, et dont je suis persuadé qu'elle peut tout aussi bien prendre l'apparence de la mobilité.
Toujours pas de résonance à tes mots. Des questions j'en ai toujours plus, les expériences étant toujours plus élargies et de plus en plus difficiles à partager, aussi. Sauter dans l'Inconnu c'est voyager seul, sans réponses préconçues et rassurantes. L'expérience pose les questions et donne quelques réponses. Mais le processus est tellement intéressant que c'est moins douloureux de ne pas "savoir". La vie devient un vrai jeu, l'épisode suivant est inconnu et c'est palpitant. Le vivre c'est mieux que d'en comprendre les causes.
Lâche-t-on vraiment prise, si l'on fuit l'angoisse de savoir en tendant les bras vers le grand vide lumineux ?

Ce sont des questions sérieuses : j'aimerais croire en cette éventualité, mais...
Oh que oui !!! parce que sauter dans le grand vide lumineux c'est bien plus angoissant que de se questionner de manière apparemment "lucide". La logique ne sert plus à rien. La quête ne se rattache à plus grand chose de connu, les expériences deviennent de plus en plus difficiles à partager et on est assez seul sur cette route. Si on veut fuir l'angoisse, il faudrait donc au contraire éviter ce grand saut, et non pas y foncer... mais je suis trop curieuse. Et je ne suis pas déçue ;-)
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Chacoucas
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Re: Savoir

Message par Chacoucas »

Hosen:
Mais bon le but pour l'individu est de se donner le maximum de chances de comprendre ce qu'on souhaiterait ce qu'on souhaiterait éviter et comment.
@Chacoucas : le but est une terrible limite. Il rend l'esprit étroit, avide.
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Il me semble que si tu relis la citation que tu as fait de moi elle est un paradoxe en soi au vu de ce que tu dis. "se donner le maximum de chances" signifie bien rester ouvert...
Pour "but" tu as raison, on peut éventuellement critiquer cet aspect dans le concept de "but", en ça qu'il serait trop rigide et se condamnerait à être aveugle à toute vérité qui le contredise (cf mes messages précédents), comme le bouddhisme a fait avec le mot "désir" par exemple.
Après ce fameux dualisme culturel (et relativement universel probablement déjà du point de vue cognition et fonctionnement d'un lexique) imprègne notre langue. Plus tu diras de phrases, plus il sera difficile de ne pas utiliser un terme qui porte son lot de dualisme: ils sont tous nés de raisonnements plus ou moins directement dualistes. Même "neuro-diversité" dont la diversité s'oppose aux conceptions dualistes et normatives...
Ca rejoint un peu le vieux débat de l'esprit contre la lettre: on a jamais trouvé une Lettre qui puisse porter l'Esprit en elle...

Car, s'il est un savoir, plutôt que le traquer au bout des instruments savants créés par nos désirs et par nos peurs, ne vaudrait-il pas mieux, tout simplement, lui laisser la place — l'espace — de se manifester ?
Là dessus tu me rassures un peu je pensais m'exprimer trop durement contre le concept de "savoir", a priori il n'en est rien, tu me fais le reproche inverse :lol:


PointBlanc:
Chacoucas : ce que j'ai envie de te demander, c'est ce qu'à titre personnel tu comprends de tes motivations à accumuler ces informations. A titre personnel. Pas du point de vue des bénéfices à grande échelle. J'essaie de revenir par là à mon questionnement de départ.
A priori je pense qu'il s'agit de survie, simplement. Un phénomène ressenti comme une menace à plus ou moins long terme est étudié pour trouver une possibilité de survie, quelque chose comme ça. Ce qui ne se résume pas du tout à peur ou désir et se manifeste très bien aussi par el sentiment dont parle Sanders. C'est juste ce qu'on sent qu'on est sensé faire et puis la réussite est ressentie comme une mini récompense.

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O'Rêve
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Re: Savoir

Message par O'Rêve »

Je doute qu'on puisse de bonne foi affirmer avoir compris quoi que ce soit. Mais ce dont je suis certain, c'est qu'on en sait assez pour - pour quoi ? C'est ma question.
Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? Veut-on élaborer une espèce de science subjective, dont la validité ne tient qu'autant qu'on n'approfondit rien, mais qui en attendant nous fait quand même un monde où habiter ?

Une autre chose qui me trouble est le peu de poids que pèse cette science face à l'évidence de la perception (ou de son absence)

Savoir ce qu'est un œil ne change rien à la façon dont je vois ni ne me fait éprouver la vision. Je n'en ferai jamais un savoir-faire. Qu'est-ce que j'y gagne, sinon la fabrication d'une image mentale qui est comme la traduction d'un langage que je ne parlerai jamais, dont je n'aurai même jamais l'utilité ?
Pour ma part, je dirais que j’y gagne en sentiment d’appartenance, en accédant à une compréhension d’ensemble(s) plus grand(s) ou plus petit(s) que moi (besoin de comprendre ce(s) ensemble(s), pour m’y associer, pour m’y inscrire, et parfois pour y agir…). Après ce n'est pas la seule manière pour toucher ce sentiment (regarder un paysage infini, ça peut me procurer la même sensation), mais c'en est une!
Et par rapport à ce qui a pu être évoqué, oui, d’une certaine manière, le sentiment d’appartenance permet de rendre supportable l’angoisse existentielle qui m’habite.

Pour autant, j’ai aussi parfois la sensation de vivre une forme de « déséquilibre/non lien » entre savoirs (objectifs) et expériences (subjectives), ce qui peut me conduire à une forme de non sens, de sentiment d’inutilité de tout ces savoirs emmagasinés, mais qui ne passent pas par une « connaissance expérientielle », ce qui peut raviver l’angoisse existentielle.
Il y a des moments proches de l’extase devant une compréhension, des liens entre différents savoirs (que je fais) ; dans ces moments j’ai l’impression que la connexion est passée par le « sensible/expérience en moi » et que c’est ce qui a donné du sens aux savoirs.
D’autres fois, je ressens une profonde lassitude, un ennui terrible, quand le savoir est déconnecté de l’expérience (quand il n’y a rien qui se passe à l’intérieur, aucune vibration qui parle de l’intérieur).

Et puis je suis intriguée par le lien au savoir qu’ont d’autres cultures (animistes par exemple)? Il me semble que les populations dites « animistes » n’ont pas autant ce besoin d’objectiver le monde, de juger, de savoir. Et je m’interroge : pourquoi dans le monde/la culture dans laquelle je vis, nous avons autant besoin de savoir, connaître… ? Et dans d’autres cultures, pourquoi n’est-ce pas si important ? Pourquoi la connaissance par l’expérience semble finalement leur suffire ?
Si j’étais née dans une culture animiste, je me demande comment j’appréhenderais le savoir, comment je le relierais à la connaissance par l’expérience et quel serait mon rapport à l’angoisse existentielle ?

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Re: Savoir

Message par Invité »

O'Rêve :
Si j’étais née dans une culture animiste, je me demande comment j’appréhenderais le savoir, comment je le relierais à la connaissance par l’expérience et quel serait mon rapport à l’angoisse existentielle ?
Tu peux lire :
Hampâté Bâ, Kaïdara, récit initiatique peul (animisme Ouest-Africain).
Pieds Nus sur la Terre Sacrée, recueil de T.C. MacLuhan (paroles d'Améridiens)

Ce ne sont que des exemples, des illustrations ; mais riches, précieuses.

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O'Rêve
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Re: Savoir

Message par O'Rêve »

Merci hosen! Je suis allée faire un petit tour pour parcourir les préambules et c'est enthousiasmant!

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