De l'inversion des rôles en analyse

La partie consacrée à la Santé dans sa globalité. Principalement la psychologie, psychologie sociale, la psychiatrie, les troubles de l'humeur, de la personnalité, les handicaps, l'autisme...
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Lord Arthur Savile
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De l'inversion des rôles en analyse

Message par Lord Arthur Savile »

Bonjour,

Pendant une séance avec votre psychologue ou psychiatre, passez-vous plus de temps à l'analyser LUI plutôt qu'à VOUS faire analyser, soigner? Je crois savoir qu'il s'agit, de manière plutôt caricaturale, de l'une des caractéristiques des gamins à haut potentiel. Comme vous l'avez vu dans ma présentation, j'ai toujours eu ce rapport avec les psys. Et le problème est que cela n'a pas changé. J'ai l'impression de paraphraser un bouquin de JSF, mais j'anticipe les réactions du psychologue. Je ne me sens pas supérieure à ceux qui m'analysent, loin de là, même lorsqu'ils débitent lieux communs sur lieux communs (ce que je fais aussi, surtout sur ce forum, je n'ai même pas d'autres prétentions). Je trouve cela compréhensible, mais problème: mes questionnements subsistent.

Ma psychologue actuelle est bien aimable et fait preuve d'une neutralité salutaire. Seulement, elle me sort des analyses d'origine psychanalytiques dont je "pige que dalle" et auxquelles je ne crois pas. De plus, pour arrêter le flux de pensées, elle me conseille de faire du yoga... sérieux... comme si je n'avais jamais pensé à cela ni même essayé de me détendre. Elle me parle comme si j'étais débile, ce que je suis probablement au regard de la manière dont les autres me parlent. Quant au psychiatre que je vois actuellement, il est compétent, nul doute, mais je prévois ses diagnostics, questions et prescriptions de médocs. Il faut dire que je connais le DSM presque par coeur, hypocondrie oblige...

Et pour vous, comment cela se passe-t-il? J'attends vos récits.

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le31
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par le31 »

Salut,

Je comprends ce que tu dis. J'ai pu avoir les mêmes impressions et ressentis, j'en ai vu un petit paquet de psy.! Pour celle que je vois actuellement (et je pense que je vais enfin réussir avec elle) j'ai décidé de lui faire confiance. Elle a un HPI, cela ne fait aucun doute, et ça compte beaucoup.Je la comprends et elle me comprend. C'est grâce à elle que je connais mon fonctionnement. En revanche je pense ressentir quand elle doute ou qu'elle ne sait pas dans quelle direction m'amener mais elle est humaine et se remet beaucoup en question. Elle y arrive toujours avec moi, et puis c'est son job. Et surtout, elle est humaine et a le droit à l'erreur.Je n'aurais pas dit ça en début de thérapie!

Est-ce que tu vois la bonne psy.? De la bonne école? Connais-tu l'analyse transactionnelle?

Pour le psychiatre c'est pas mal de savoir ce qu'il va te diagnostiquer. J'ai tendance à pas mal me renseigner aussi pour mes enfants dont un qui voit régulièrement le corps médical, et donc à savoir ce qui sera prescrit.Ça aussi pour moi c'est un besoin de tout maîtriser, de tout contrôler. Ça se travaille, parfois le lâcher-prise fait du bien ; )

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Clairedelune
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Clairedelune »

Bonjour,
j'ai abordé un sujet un peu similaire dans le fil "Mythe de l'expert", mais je vais en faire un court rappel ici, au risque de lourdement me répéter (en fait je ne sais pas si c'est réellement une inversion des rôles, mais il y a clairement eu un décalage entre le rythme du psy, ou du moins ce que j'en attendais, et le mien).

Pour faire bref, mon post initial était un questionnement sur le risque d'enlisement contre-productif du psy et/ou du patient lors d'un conflit non lié à un problème relationnel. Comment savoir qui s'enferme dans son mode de pensée, à qui faire confiance etc. Suite aux discussions sur le sujet avec certains membres du forum, une grosse dose de remise en question et un peu de recul, il m'est ressorti que :
1. bien cerner ses attentes est effectivement primordial pour ne pas être déçu.
2. il ne sert à rien de persister dans un suivi qui a mal démarré (et il est intéressant, d'ailleurs, de se demander pourquoi on persiste).
3. j'avais quand même un problème de tempo avec ce psy-là.
Au final, j'en ai changé pour une que Mlle Rose m'avait conseillée, qui maîtrise visiblement le sujet de la douance, et avec qui cela se passe pour le moment beaucoup mieux.

Tout ça pour dire que ce problème a l'air fréquent si j'en crois les divers témoignages, mais qu'en prenant le temps de se poser les bonnes questions sur ses attentes, et en prenant également le temps de bien chercher le/la psy qui saura répondre à ces attentes (quelle est sa spécialité, quelqu'un peut-il te le/la conseiller et si oui, pourquoi ? La liste d'adresses de Mlle Rose m'a l'air particulièrement intéressante) on peut diminuer le risque d'aboutir à ce type de suivi frustrant et insatisfaisant.

Voilà, j'espère que mon témoignage aura une quelconque utilité !
"Regardez la lune, là-haut. Vous la voyez clairement, n'est-ce pas ? Elle est bien là ? Mais que le soleil vienne à briller, vous ne la verriez plus du tout." (Mort sur le Nil - Agatha Christie)

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Chacoucas
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Chacoucas »

Pour ma part j'hésitais à participer, j'ai commencé ma carrière de patient vers 11 ans, ça m' a suffi pour avoir tendance à "fuir" un peu le milieu (à cet âge là les infirmières et infirmiers étaient plus compréhensifs... presque...)... J'en ai tenté quelques autres par la suite, et si parfois je ne peux pas dire que ça ait été inintéresant ou que ça se soit mal passé, je n'ai jamais bien compris le but, la technique et l'intérêt(le dernier on parlait philo/littérature/société, et accessoirement exemples vécus, pendant 45mn, sur presque un an... Jusqu'à ce qu'il me vire en disant "bon eh bien là je pense qu'il ne vous reste qu'à essayer un peu tout ce dont on a parlé, ça a l'air d'aller mieux dans l'immédiat". Très intéressant, de fait (les précédents m'avaient souvent énervés, lui, on pouvait parler, et il ne rechignait pas à donner des exemples de vie perso, important pour illutrer et percevoir les limites de sens à ce qui est mentionné), même si l'intérêt s'est un peu étiolé, et que je n'ai guère perçu de changement important venant proprement de la thérapie... Mais il m'est resté quelques citations et notions, dont par exemple "la folie c'est ne plus se remettre en question, penser que l'on a raison et que les autres ont tort"... mais de fait ça reste assez bâteau, et ça fonctionne plus quand on est pris de doutes dans tellement de sens qu'on perd le nord. Et ça peut donc simplement venir d'une lecture...).

Pas faute d'avoir essayé quand même, mais ça reste assez abstrait et vraiment à considérer tous les facteurs, biais etc... ça me semble radicalement aléatoire. Quant à "lire" le psy, ben bien sur, surtout quand j'avais 11 ans et que je tâtonnais pour comprendre, tout en imaginant des super pouvoirs télépathiques et manipulateurs aux psys. Et ne plus y croire en même temps fait bien baisser l'intérêt. J'en suis venu à considérer qu'un psy en fait c'était un miroir humain, qu'à la différence d'un ami on payait, dans l'espoir d'une neutralité. Quand on ne sait plus à quoi on ressemble on paye donc un miroir pour ça. Mais bon ça ne doit pas être non plus la bonne vision...

Et en fait je déteste la frustration quand un psy ne répond pas aux questions simplement et honnêtement (ce qui en ferait plus un prof? De plus je suis allergique aux psys pour institutions, les intérêts conflictuels dans l'honnêteté deviennent souvent palpables quand on les creuse un peu et qu'ils font de la résistance trop évidente...) donc je suis pas doué pour ces relations à priori :). En fait souvent je me dis qu'un psy est plus marrant comme pote que comme psy. Comme ça même si tu captes rien à la thérapie il peut quand même t'apprendre des trucs (je n'ai pas lu le dsm en entier par exemple... ça viendra surement mais un peu cher je trouve, 89 euros... et aucun ne m'a proposé de me le prêter) Mais du coup pourqui le payer et prendre rendez vous? ben voilà, retour à la case "je suis incapable d'entretenir une relation psy/patient..." Peut être suis-je un "psy troll"? Une évolution Pokemon entre la boule jaune et acide si on cherche l'intérieur, ou la masse orange d'infatuation à peau dure?

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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par soazic »

Ce que vous écrivez me renvoie aux propos de ClairdeLune: quelles sont vos attentes?
Le rôle d'un psy est il de donner des réponses ou de vous amener à trouver les vôtres?

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Hybridée
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Hybridée »

Idem, j'analyse les psy quand j'ai le courage d'aller consulter, ça se termine souvent par un abandon de la thérapie ... C'est pire depuis que j'ai commencé la fac de psycho alors que j'ai l'intime conviction que c'est du côté des coachs en développement perso que viendra le salut.

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Za
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Za »

J'ai déjà eu aussi cette impression, cette tendance. Pour moi, c'est inextricablement lié au besoin de tout contrôler, et au refus de lâcher prise.
Par contre, s'il est vrai qu'on peut se retrouver en posture d'observateur, à mon avis l'idée d'une "inversion des rôles" est généralement une pure illusion qu'on se crée. Parce qu'elle est rassurante.

(Enfin, ça dépend du cas, bien sûr : je pars du principe qu'on est face à un professionnel intelligent et compétent, et avec qui le courant passe bien. Je rejoins complètement Clairedelune sur ce point :
il ne sert à rien de persister dans un suivi qui a mal démarré (et il est intéressant, d'ailleurs, de se demander pourquoi on persiste).
Si on ne sent pas le psy, c'est pas la peine.)

J'ai eu aussi ce "travers", au début d'une analyse avec une psy (-chologue) vraiment compétente.
J'ai eu la bonne idée de le lui dire immédiatement, vu que ça perturbait vraiment mes séances, et on en a parlé. Ça a complètement désamorcé le problème, et j'ai pu par la même occasion constater que mes pseudo-analyses étaient bien ridicules, et moi avec, face à cette personne qui justement n'essayait pas de me diagnostiquer, de me faire rentrer dans une case (intentions que je lui avais injustement prêtées), mais juste de m'aider et de me proposer un regard extérieur, sans jugement.

S'il y a quelqu'un avec qui on peut, on doit discuter de ça, c'est bien le psy. Sa réaction est forcément riche d'enseignements sur le devenir du suivi.
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête...
J. Prévert

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Hybridée
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Hybridée »

Hybridée a écrit :Idem, j'analyse les psy quand j'ai le courage d'aller consulter, ça se termine souvent par un abandon de la thérapie ... C'est pire depuis que j'ai commencé la fac de psycho alors que j'ai l'intime conviction que c'est du côté des coachs en développement perso que viendra le salut.
Je reviens sur mes propos suite à ma dernière séance.
En fait je n'ai pas simplement analysé les psy que j'ai croisé en consultation, j'analyse tout le monde, et c'est naturel, surtout quand on jauge celui ou celle qui va recueillir nos mots/maux.

Le psychologue (orientation psychanalyse) qui me suit actuellement est le seul qui insiste pour que je revienne quand je déserte le champ de bataille, alors pour une fois, je me suis épanchée sans le regarder, les yeux rivés au sol, je n'ai plus besoin de me regarder à travers lui, j'arrive à me voir moi sous sa bienveillante surveillance.

D'ailleurs à la base, en psychanalyse, on tourne le dos au thérapeute allongé sur un divan pour ne pas se mettre à dialoguer avec lui mais monologuer avec soi-même.

diogene

Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par diogene »

Je crois pas qu'analyser son psy soit typiquement un truc de HPI. En fait, c'est assez répandu (d'où la tendance à évoquer la "résistance" du patient). La possibilité que l'expert puisse dire des âneries prévisibles et s'appuie sur des théories assez fragiles pour être rapidement assimilables dans les grandes lignes par n'importe qui n'est, visiblement, pas sérieusement considérée.

Les psys ne sont pas les seuls concernés. On pourrait dire la même chose des coachs en développement personnel. Bref, tous ceux qui ne se contentent pas de dire les bons mots au bon moment pour que le patient comprenne lui-même le problème et trouve la solution, mais ont la prétention de savoir eux-mêmes quel est le problème et quelle est la solution - sans jamais être en mesure de le démontrer.

Face à la vérité, le thérapeute et son patient sont égaux. La plaque, le diplôme, l'expertise, l'expérience n'y changent rien : le professionnel a plus l'habitude de manier les outils qui permettent d'avancer sur ce chemin, mais en définitive il n'y a pas d'arbitre pour décréter que l'un ou l'autre a raison. Donc je ne crois pas que le rôle du thérapeute soit d'analyser, et le rôle du patient d'opiner du chef ou de se taire, ni donc qu'on puisse parler d'inversion des rôles. Libre au praticien de dire qu'un patient qui analyse est un patient qui résiste. Libre au patient d'analyser cette sentence. C'est pénible, ça "ralentit" tout, certes, mais on ne peut d'un côté dire à son patient "apprenez à dire non" et s'autoriser de son "rôle" pour le dissuader de dire non à son psy.

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Riffifi
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Re: De l'inversion des rôles en analyse

Message par Riffifi »

diogene a écrit :Je crois pas qu'analyser son psy soit typiquement un truc de HPI. En fait, c'est assez répandu (d'où la tendance à évoquer la "résistance" du patient).
Lord Arthur Savile a écrit :Je crois savoir qu'il s'agit, de manière plutôt caricaturale, de l'une des caractéristiques des gamins à haut potentiel. Comme vous l'avez vu dans ma présentation, j'ai toujours eu ce rapport avec les psys. Et le problème est que cela n'a pas changé. J'ai l'impression de paraphraser un bouquin de JSF, mais j'anticipe les réactions du psychologue.
Effectivement on trouve ça dans la littérature sur les surdoués, mais j'ai tendance à penser aussi que plutôt qu'une spécificité des surdoués ça ressemble à un biais. Peut-être que par rapport à d'autre patients qu'ont les psys la façon d'analyser ou la façon d'exprimer son analyse est spécifique aux surdoués, ou à une majorité d'entre eux ; mais pas le fait d'analyser ni de remettre en cause.
diogene a écrit :Face à la vérité, le thérapeute et son patient sont égaux. La plaque, le diplôme, l'expertise, l'expérience n'y changent rien : le professionnel a plus l'habitude de manier les outils qui permettent d'avancer sur ce chemin, mais en définitive il n'y a pas d'arbitre pour décréter que l'un ou l'autre a raison.
La vérité est ailleurs... que dans les rôles (OK je :porte: ).
On parle souvent ici de l'importance du rapport de confiance, je pense que c'est fondamental. Critiquer, questionner, tester, vérifier, ce n'est pas inverser les rôles, cela peut être nécessaire pour construire un rapport de confiance. Justement parce qu'on s'adresse à un professionnel, qui a les outils, l'expérience et les connaissances qui lui permettent de faire face (ou pas :think: ) à des demandes et des besoins du patient en face.
Si le rapport de confiance ne s'établit pas, pourquoi continuer ?
Où que tu sois, creuse profond. En bas, c’est la source.
Laisse les hommes noirs crier : « En bas, c’est toujours l’enfer".

(merci Friedrich)

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