Votre rapport aux mots

l'Humanité, L'Existence, la Métaphysique, la Guerre, la Religion, le Bien, le Mal, la Morale, le Monde, l'Etre, le Non-Etre... Pourquoi, Comment, Qui, Que, Quoi, Dont, Où...?
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Tails
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Votre rapport aux mots

Message par Tails »

Alors primo, et avant toute chose, si j'ai fait une bêtise torturez-moi, écartelez-moi et brûlez mes restes en place publique mais...j'ai regardé et il me semble qu'il n'y a pas de fil concernant le sujet du rapport aux mots. Mais si par hasard il devait y en avoir hein n'hésitez pas à me fouetter violemment pour me faire comprendre mon erreur. :fouet: (Non, je ne suis pas mazochiste !)

DONC ! Le but de ce fil est de parler de la relation que vous entretenez avec les mots. "Oui merci on est pas cons on a lu le titre" me direz-vous. J'explique donc ma démarche et ce que j'attends un peu de cette discussion :mrgreen:. Je remarque souvent que lorsque je discute avec quelqu'un, il y a souvent des malentendus dans les conversations qui peuvent mener à dévier totalement le débat de la question initiale ou même mener à des engueulades avant de se rendre compte qu'en fait on est d'accords ou que la personne en face n'avait simplement pas compris mon raisonnement.

J'attribue souvent ces malentendus à une incapacité de ma part à exprimer concrètement, clairement et de manière précise ce à quoi je pense ou que je ressens. Parfois des idées qui trottent dans ma tête ou des sentiments que je ressens sont tout bonnement indescriptibles et malgré des mots variés et "parlant" pour les décrire souvent la personne en face, même si elle dit qu'elle comprend ce que je peux ressentir ou penser, ne comprend en fait pas, tape complètement à côté lorsqu'elle essaye de répondre ou pire : pense mieux savoir que moi ce que je ressens et ce qu'il y a dans ma tête.

J'écris souvent sous le coup de l'émotion, une émotion joviale ou triste peu importe, mais il faut que je ressente cette "explosion intérieure" pour pouvoir écrire de manière fluide, je ne réfléchis pas, les mots sortent tout seuls. J'utilise souvent le terme "résonner" pour parler de ces mots qui me viennent. Un mot doit "résonner" à l'intérieur, partir en écho et faire vibrer chaque petite parcelle de mon corps, me donner la chaire de poule pour qu'il apparaisse dans mes textes. Souvent ce sont des mots qui ont un "son" particulier : lorsque je dis "pierre", "rocher" ou "caillou" par exemple, pour certaines personnes c'est juste une question de dimension différente mais pour moi c'est une sonorité du mot qui est différente, j'entends la pierre tomber quand j'écris "pierre", j'entends les rochers débouler au fond d'une vallée pour un rocher, bref vous voyez le genre."

Et donc ces mots ont "un sens" sur le moment, voilà les mots "résonnent" et doivent avoir "du sens" pour moi. Et souvent quand je discute, quand je débat, vu que j'adore ça, je m'emballe et pleins de mots résonnent ou font sens. Du coup quand je discute je m'emporte physiquement : je gesticule, je bouge les mains, comme si j'essayais de délimiter physiquement la discussion dans un espace précis. Et le problème quand je m'emballe comme ça, c'est que les mots viennent les un après les autres, c'est comme une cascade qui sortirait de ma bouche sans que je puisse les contrôler, et je me noie littéralement dans mes mots, parce que le flot est trop grand.

Ce flot de mots vient aussi du fait que j'ai toujours besoin de préciser exactement ma pensée, dans les moindres détails, parce que si la personne en face ne comprend pas, le débat me fatigue tout de suite parce que je sais que ça va partir dans des questions de définitions et que ça va monter dans les tours assez vite et je m'emporte tout seul.

Mes questions au fond sont donc les suivantes : Est-ce que vous aussi vous avez l'impression parfois d'être "handicapés" par les mots lorsque vous discutez ? (langue française pas assez riche, mots pas assez précis pour décrire une émotion) Est-ce que les mots doivent vous "parler" aussi ? Doivent-ils "s'entendre" se "voir" ou se "toucher" lorsque vous écrivez ?

Voilà j'espère que j'ai été assez précis dans ma question et dans mon sujet, je préciserai volontiers si tout à coup je n'ai pas été assez clair, notamment quant aux mots qui ont une "texture" un "son" une "aura" particulière, je peux vous donner des exemples si vous voulez.

Voilà voilà merci d'avance pour vos réponses. =)

Invité

Re: Votre rapport aux mots

Message par Invité »

Bonjour Tails,

ma relation au langage est passionnelle, je babille, je fais du sens avec la parole, c'est comme si la parole était charnelle, on ne peut pas se tromper, effacer, revenir en arrière, ce qui est dit est dit, ce qui est mal dit c'est comme une pierre dans le larynx.
Je m'emporte comme toi, j'ai comme toi besoin de justifier, d'apporter de l'eau au moulin, j'en fais des caisses tant j'ai peur de n'être pas comprise, ou de l'être mal,
je suis souvent seule dans ce flux, j'ai l'impression qu'en face on attend que ça s'arrête tout seul,
sauf avec quelques rares personnes qui souhaitent avec moi comprendre, élever, aller loin.
Tails a écrit : Mes questions au fond sont donc les suivantes : Est-ce que vous aussi vous avez l'impression parfois d'être "handicapés" par les mots lorsque vous discutez ? (langue française pas assez riche, mots pas assez précis pour décrire une émotion) Est-ce que les mots doivent vous "parler" aussi ? Doivent-ils "s'entendre" se "voir" ou se "toucher" lorsque vous écrivez ?

Voilà j'espère que j'ai été assez précis dans ma question et dans mon sujet, je préciserai volontiers si tout à coup je n'ai pas été assez clair, notamment quant aux mots qui ont une "texture" un "son" une "aura" particulière, je peux vous donner des exemples si vous voulez.

Voilà voilà merci d'avance pour vos réponses. =)
Non, je ne me sens pas handicapée par les mots.J'arrive à trouver les formules exactes, en combinant les mots, de ce que je ressens.Les mots pris un par un chacun avec sa définition, c'est une chose.
Pour exprimer une sensation, c'est vrai qu'on va être limités si on s'en tient à cela.
Alors moi et sans le chercher spécialement, ça vient tout seul, je trouve dans des assemblages de mots le sens vrai.
Donc j'entends les mots, en quelque sorte, non pas comme une mélodie ( 1+1+1.....) mais comme une harmonie (des accords en gros, une superposition de notes)
Donc je les entends, oui.
J'entends une sorte de musique vocabulaire.

En revanche, ça ne me donne pas la garantie d'être vraiment comprise....mais ça augmente mes chances ;)

Utiliser l'image, la métaphore, ce n'est pas une façon très conventionnelle de communiquer, mais pour exprimer des sensations, des émotions, des sentiments, je n'ai rien trouvé de mieux.

Autant dire que, la plupart du temps, je m'exprime de manière pragmatique, sans chercher l'affect, car l'us et l'abus des métaphores me font passer pour :
une précieuse
une bipolaire en phase up versus délirante
ou
une littéraire aux fulgurances génialissimes
une rêveuse imaginative

(Tout est dans comment le "public" me reçoit)

Sinon, je suis fatigante, oui, car les mots c'est du poids que je donne, c'est consistant, et c'est une partie de mon corps, je ne supporte pas de ne pouvoir parler si je suis aphone par exemple, je ne supporte pas qu'on ne m'écoute pas, et je ne supporte pas qu'on ne me comprenne pas.
C'est chargé ce que je dis, de toute ma vie entière contenue dans un bout de phrase.
Et de sons, oui, bien sûr que les mots ont un son, les phrases des harmonies.
Alors c'est du sérieux, c'est pas rien de s'engager en langage, c'est quasi physique.

Donc j'en reste le plus souvent à une utilisation blanche et neutre de la langue et je me contrôle, mon issue c'est de dire des bêtises légères, surtout au boulot,
comme ça au pire on me trouve un peu fantaisiste et amusante.Je babille.

Mais avec les gens que j'aime, c'est autre chose....on se fatigue beaucoup à trouver LA bonne formule, et j'adore ça.

Cependant, je crois que pour toi, c'est plus "réel", plus "concret", lorsque tu attribues aux mots un son, ou une matière, ou autre.
Je crois que moi, je fais des associations naturelles, mais il me semble que c'est différent pour toi.

Peux-tu en dire un peu plus?

(Ton exemple de rocher et de caillou, je le comprends très bien.Mais moi, c'est les cailloux que je vois s'ébouler.La pierre est stable, immobile.)

Tails
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Tails »

cléo a écrit :Cependant, je crois que pour toi, c'est plus "réel", plus "concret", lorsque tu attribues aux mots un son, ou une matière, ou autre.
Je crois que moi, je fais des associations naturelles, mais il me semble que c'est différent pour toi.

Peux-tu en dire un peu plus?

(Ton exemple de rocher et de caillou, je le comprends très bien.Mais moi, c'est les cailloux que je vois s'ébouler.La pierre est stable, immobile.)
Je n'attribue pas de sons aux mots, pas consciemment en tout cas. Les sons, les textures et les émotions qui viennent avec un mot arrivent tous seuls.

Exemple : Si je parle d'une boussole (un mot qui revient fréquemment dans mon vocabulaire ces derniers temps) alors là c'est le bordel assuré. Déjà lorsque je parle de la boussole je la visualise : un petit objet en bois rond qui tient dans la main, bien compact, dont l'intérieur est cerclé d'un métal de couleur cuivre, à l'intérieur de ce rond se trouve la boussole à proprement parlé : nord, est, sud, ouest, la rose des vents est plutôt de la couleur d'un vieux parchemin, tout dans l'objet en lui-même donne une impression de vieillesse, un objet moult fois utilisé. Je sens la texture de l'objet aussi, lisse et froid (je sens même des picotements dans les doigts si je commence à m'imaginer toucher l'objet, comme si les terminaisons nerveuses réagissaient). Ça c'est pour l'objet en lui-même. Mais invariablement l'objet ne vient pas seul, il est situé dans un espace précis. En l’occurrence là une cabine de capitaine, posé sur un vieux bureau couvert de cartes les plus hétéroclites, de vieille carte sur parchemin. D'autres objets trainent par là du genre astrolabe, compas, sextants, ces objets là pourraient être décrits eux aussi mais pour simplifier l'explication je vais m'en tenir à leur simple présence. Ensuite il y a l'ambiance de la pièce : plutôt sombre, illuminée grâce à de simples lanternes, ça tangue, le navire doit être entrain de naviguer, la lumière vient d'en haut à droite.

Voilà ça c'est pour l'objet tel qu'il m'apparait et la situation de celui-ci quand je parle. Ca dure une fraction de seconde lorsque je discute mais c'est là et ça ce n'est que le premier versant, le versant visuel. Ensuite pour la boussole il y a l'émotionnel qui se met en marche : le besoin de trouver une voie, de trouver sa direction, l'impression d'être un peu paumé au milieu du monde. L'envie irrépressible de voyager aussi ! Partir ! Loin ! Et ça aussi ça résonne ! J'entends de la musique, de la musique de marin, de l'accordéon, j'imagine aussi un bar lors d'une escale. Bref là ça part dans de la pensée en arborescence je dirais.

Voilà, donc lorsque je parle de boussole ces deux versants sont invariablement convoqués au moment où j'utilise le mot. Tout ça se passe en une fraction de seconde, mais c'est là. Et c'est comme ça pour une foultitude de mots. Je ne dis pas que c'est comme ça pour tous les mots, mais une grande partie oui, en général des noms ou des adjectifs.

D'où l'idée du "handicap" quand je parle. Vu qu'un mot utilisé est autant chargé, il est presque impossible, à l'oral, de faire passer toutes les idées que j'ai dans une phrase. L'importance d'être compris de manière précise fait que je m'emballe, je veux aller plus vite que mes mots, j'hésite, je bégaye (je ne suis pas bègue mais quand je veux aller trop vite ça peut arriver) et parfois je cherche mes mots. Tout ça tout en ayant en tête ce que l'autre pourrait répondre. À vrai dire c'est induit par cette facette là cette difficulté parfois à trouver les mots justes : je sais pertinemment qu'on va me reprendre. Vu que j'essaye de prendre des mots les plus percutants possible, parfois en face on me reprend sur la définition du mot, sur le fait qu'il est pas exactement approprié et patati et patata. Enfin bref tout ça pour dire que quand je parle de mots "handicapants" ce n'est pas le mot en lui-même qui est dérangeant, vu qu'il fait absolument sens sur tous les points quand il est utilisé, c'est plutôt la manière que l'autre aura de le réceptionner en face qui pose problème.

Le réel problème dans cet "handicap" dont je parle c'est le passage à la verbalisation d'une idée. L'idée est si claire dans ma tête et tant des mots apparaissent pour la verbaliser que ça en devient compliquer (dans la tête les mots ont qu'à être là, pas besoin de les mettre en ordre pour que ça aille du sens, ils sont là et ça fait sens.

Donc en fait, tu me diras si je me trompe, je ne pense pas que ce soit vraiment différent, nous faisons tous les deux des associations naturelles, apparemment toi tu as plus de facilité que moi à verbaliser ces associations. Je me trompe ?
cléo a écrit :Autant dire que, la plupart du temps, je m'exprime de manière pragmatique, sans chercher l'affect, car l'us et l'abus des métaphores me font passer pour :
une précieuse
une bipolaire en phase up versus délirante
ou
une littéraire aux fulgurances génialissimes
une rêveuse imaginative
À vrai dire je ne "recherche" pas l'affect, il vient tout seul. Mais il est vrai que dans une discussion banale sur la pluie et le beau temps (mais qu'est-ce qu'il fait beau, il a fait chaud ces derniers temps etc.) là c'est clairement différent parce que l'affect n'est pas engagé. Alors que dans un débat, vu que je m'emballe et que je sens le challenge d'arriver à faire passer une idée, là c'est tout à fait différent !!

cléo a écrit :Sinon, je suis fatigante, oui, car les mots c'est du poids que je donne, c'est consistant, et c'est une partie de mon corps, je ne supporte pas de ne pouvoir parler si je suis aphone par exemple, je ne supporte pas qu'on ne m'écoute pas, et je ne supporte pas qu'on ne me comprenne pas.
C'est chargé ce que je dis, de toute ma vie entière contenue dans un bout de phrase.
Et de sons, oui, bien sûr que les mots ont un son, les phrases des harmonies.
Alors c'est du sérieux, c'est pas rien de s'engager en langage, c'est quasi physique.
Tu arriverais à donner des exemples sur ce "quasi physique" ? Ça m'intéresse. Parfois quand il y a une incompréhension pour moi dans un débat ça en devient physique : je sens les mots de l'un et de l'autre se passer à côté, si la personne est un peu sur ma gauche par exemple, ça m'arrive de sentir chauffer ma joue gauche, ce serait dans ce sens là ??

Invité

Re: Votre rapport aux mots

Message par Invité »

Tails a écrit : Donc en fait, tu me diras si je me trompe, je ne pense pas que ce soit vraiment différent, nous faisons tous les deux des associations naturelles, apparemment toi tu as plus de facilité que moi à verbaliser ces associations. Je me trompe ?
Oui, je me reconnais bien dans ton exemple de boussole ;)
Pour verbaliser, je "superpose" tout ce que je mets dans "boussole", en deux ou trois mots, le concept "boussole" se charge de ce que j'y mets
(évidemment il n'y a aucune certitude d'être compris exactement, juste celle d'être, moi, au plus près de ce que je veux exprimer)
Dans ce genre de phrases bien connue "La terre est bleue comme une orange".J'abuse de cette langue là, tout est absolument contenue et concentré en peu de mots.



Tails a écrit :
cléo a écrit :Sinon, je suis fatigante, oui, car les mots c'est du poids que je donne, c'est consistant, et c'est une partie de mon corps, je ne supporte pas de ne pouvoir parler si je suis aphone par exemple, je ne supporte pas qu'on ne m'écoute pas, et je ne supporte pas qu'on ne me comprenne pas.
C'est chargé ce que je dis, de toute ma vie entière contenue dans un bout de phrase.
Et de sons, oui, bien sûr que les mots ont un son, les phrases des harmonies.
Alors c'est du sérieux, c'est pas rien de s'engager en langage, c'est quasi physique.
Tu arriverais à donner des exemples sur ce "quasi physique" ? Ça m'intéresse. Parfois quand il y a une incompréhension pour moi dans un débat ça en devient physique : je sens les mots de l'un et de l'autre se passer à côté, si la personne est un peu sur ma gauche par exemple, ça m'arrive de sentir chauffer ma joue gauche, ce serait dans ce sens là ??
C'est dans le sens où je ressens les mots comme ayant une consistance, comme étant des objets concrets.
Si quelqu'un dit quelque-chose que je trouve "lourd", je vais sentir en moi le lourd, je vais me sentir peser, comme si ses mots étaient de vraies choses avec leur odeur, leur poids, etc.

Tiens, là, à côté de moi, quelqu'un a dit "plage", j'ai tout qui m'arrive, la consistance du sable, l'odeur du sel, et de là je fous le camps dans ma tête complètement ailleurs.

Petit Pingouin
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Petit Pingouin »

(@Cleo : Ah du coup je comprends mieux ta réaction face au terme "gratuit" dans un autre topic ! :D1)

Freud disait : "quand on commence à céder sur les mots, on finit par céder sur les choses" !

Invité

Re: Votre rapport aux mots

Message par Invité »

Petit Pingouin a écrit :(@Cleo : Ah du coup je comprends mieux ta réaction face au terme "gratuit" dans un autre topic ! :D1)

Freud disait : "quand on commence à céder sur les mots, on finit par céder sur les choses" !

;)

(Je ne connaissais pas cette phrase de Freud.Claire, concise, efficace!)

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Korydween
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Korydween »

Je vais tenter d'apporter mon modeste témoignage à cet édifice.

En ce qui me concerne, je valide totalement l'incompréhension liée au sens des mots comme tu le mentionnes dans ton premier post. Je suis très attachée au sens exact des mots, à leur signification profonde et à toutes les subtilités qui peuvent différencier deux termes que pourtant on dit synonymes. C'est pourquoi je cherche toujours à trouver le mot le plus juste pour exprimer fidèlement ce que je ressens ou pense.
Par exemple si je cherche dans un dictionnaire de synonymes ce qui est proposé comme synonymes de « bateau » j'ai : barque, embarcation, canot ». Or pour moi ce ne sont pas de réels synonymes. Je vois un bateau comme quelque chose d'assez gros avec une coque, un moteur. Le genre chalutier ou Titanic. Or la barque est une toute petite embarcation en bois, avec deux rames. Un canot est une barque mais à laquelle j'associe la notion de survie, d'urgence (sans doute lié au canot de sauvetage). Une embarcation a un sens bien plus large que bateau, tout ce qui flotte et sur lequel on peut monter est une embarcation.

Donc à la question :
« Est-ce que vous aussi vous avez l'impression parfois d'être "handicapés" par les mots lorsque vous discutez ? »
je répondrais oui, parfois, mais pas dans le même sens que toi. Ce n'est pas tant le sens et l'affect mis dans les mots qui m'handicapent que les subtilités que j'y vois et que je suis parfois seule à voir dans mon entourage. Il m'arrive même parfois d'utiliser un mot en anglais dans une phrase en français car les subtilités du mot en anglais représentent mieux ce que je tente de dire que les mots en français que j'ai pu trouver. :oops:
Je ne pense pas que ce soit un problème de la langue française pas assez riche mais plutôt qu'on n'utilise qu'une partie (de plus en plus réduite ?) de cette langue dans le langage courant (à mon grand regret) et que ces subtilités entre les termes sont peu à peu oubliées au profit au de termes « communs ».

À la deuxième question, ma réponse est oui définitivement. Je vois les mots. Pas aussi forts, pas aussi physiquement que toi. Mais pour qu'une phrase me parle, je dois pouvoir la visualiser.
Par exemple, si le mot boussole ne représente rien de plus pour moi que la boussole classique (que je vois), une phrase comme « Il prit sa boussole et l'examina longuement » me fera imaginer cet homme en train de consulter sa boussole dans une zone rocailleuse et désertée, avec son sac de voyage sur le dos. Pourquoi est-il là ? Que s'est-il passé pour qu'il arrive là ? Il a l'air soucieux. Il fait chaud...
Chez moi c'est donc plus les phrases qui doivent résonner en moi quand je les écrits ou je les dis.

J'aime beaucoup également la citation de Freud !
Never tell a young person that anything cannot be done. God may have been waiting centuries for someone ignorant enough of the impossible to do that very thing.
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Kayeza
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Kayeza »

Korydween a écrit : Il m'arrive même parfois d'utiliser un mot en anglais dans une phrase en français car les subtilités du mot en anglais représentent mieux ce que je tente de dire que les mots en français que j'ai pu trouver. :oops:
Je ne pense pas que ce soit un problème de la langue française pas assez riche mais plutôt qu'on n'utilise qu'une partie (de plus en plus réduite ?) de cette langue dans le langage courant (à mon grand regret) et que ces subtilités entre les termes sont peu à peu oubliées au profit au de termes « communs ».
Il y a aussi le fait que l'anglais a quantitativement plus de mots que le français (je n'ai pas les chiffres, désolée, mais j'avais vu ça en fac d'anglais), dû en partie au fait que le vocabulaire anglais est constitué de mots d'origine latine et d'autres d'origine saxonne, parfois pour désigner à la base la même chose. Par exemple on parle de "calf" quand on désigne le veau comme petit de la vache, mais "veal" si c'est du veau qu'on mange, on parle de "deep" et "profound", de "teenager" et de "adolescent"... Il y a plein d'exemples comme ça. Maintenant, les deux sens ont souvent un peu divergé, mais le nombre reste.
Et puis il y a les nuances : pour traduire "briller" par exemple, il y a un grand nombre de mots : shine (plus ou moins neutre), glimmer (comme la braise), glitter (comme les paillettes), shimmer (comme le soleil)...
Donc au niveau purement numérique, oui, le français est "moins riche" que l'anglais. Mais si la richesse ne se mesurait qu'en termes numériques... :fubar:
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Re: Votre rapport aux mots

Message par bôkenka »

Kayeza a écrit : Il y a aussi le fait que l'anglais a quantitativement plus de mots que le français (je n'ai pas les chiffres, désolée, mais j'avais vu ça en fac d'anglais), dû en partie au fait que le vocabulaire anglais est constitué de mots d'origine latine et d'autres d'origine saxonne, parfois pour désigner à la base la même chose. Par exemple on parle de "calf" quand on désigne le veau comme petit de la vache, mais "veal" si c'est du veau qu'on mange, on parle de "deep" et "profound", de "teenager" et de "adolescent"... Il y a plein d'exemples comme ça. Maintenant, les deux sens ont souvent un peu divergé, mais le nombre reste.
Il y a ça:
http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=9699
et ça:
http://www.languefrancaise.net/forum/vi ... hp?id=1762

mangalore
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Re: Votre rapport aux mots

Message par mangalore »

Bonjour,
j'ai également un rapport aux mots qui est assez particulier. Je ne peux cesser de me poser des questions sur l'utilité de tel ou tel mot. Le sens des mots et parfois l'origine des mots.
Je suis commercial et j'essai (même si essayer c'est entrevoir la possibilité d'un échec ..c'est ma définition) d'utiliser avec mes clients les bons mots. Et moi même client je ne supporte pas les mots comme 'normalement ça fonctionne' 'ça devrait le faire...'
Il y a des expressions qui me rendent dingues et je fais toujours un effort parfois très fatiguant pour ne pas reprendre mon interlocuteur...le fameux 'je m'excuse' !! On ne s'excuse pas soi même, mais on présente ses excuses. Libre ensuite à l'autre de les accepter (bon gré, mal gré).
A propos de l'utilisation de notre langue, pour avoir de la famille à Quebec et en Afrique, on se rend compte que ce qui pourrait paraitre désuet reprend les fondamentaux de notre langue. Les mots sont utilisés comme il le faudrait (ex : couple qui devient féminin quand il parle de 2 choses identiques) Ou alors des néologismes qui feraient bien d'entrer dans notre dictionnaire.
Vient ensuite le fameux et trop fameux 'espèce'. Selon un article lu je ne sais où, c'est le mot qui est le plus souvent massacré car souvent mis au masculin. Tendez l'oreille, écoutez bien c'est flagrant un espèce de machin....un espèce de train... Et les hommes politiques ne sont pas en reste.
Tout cela pour dire que je pense que dans nos cas respectifs le langage peut être un vaste sujet de discussion avec des crispation, des angoisses, des déceptions, mais attention, aussi beaucoup de bonheur.
Pensez une seule minute à l'utilisation du verbe 'aimer'....il n'est pas si courant que ça dans son sens positif....

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pixelvois
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Re: Votre rapport aux mots

Message par pixelvois »

Hors-sujet
Pour cet aspect là du rapport aux mots, il y a un autre topic plus spécifique mangalore : Les fautes d'orthographe, d'expression, de langage ;)
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arizona
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Re: Votre rapport aux mots

Message par arizona »

Il y a des mots que j'adorais. Caniveau. Je pouvais le répéter des heures, caniveau, caniveau. C'était une chose terrifiante qu'un caniveau, parfois inoffensif, mais parfois terrible. Des flots d'eau qui sont emportés dans cette petite chose, prenant tout au passage, pour s'engouffrer... quelque part. Dans la terre. Lorsque le film " la lune dans le caniveau " est sorti, je devais le voir. Ce qui est drôle, c'est que je ne m'en souviens pas, sauf que la fille Kinsky, elle est aussi belle que son père est fou. On parlait de ça avec Givré l'autre jour, en buvant notre petit verre. Comment des mots peuvent être troublants, et attirants. Bratislava. Ouagadougou. Est-il possible de ne pas vouloir aller jusque là simplement pour être dans le mot ? Se noyer dedans ? Il y a des livres que je devais lire, à cause de leur titre. Ou tout au moins les avoir chez moi, même si je ne les lisais pas.
Si nous n'étions pas d'ici, nous serions l'infini.
D'une chanson.

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Givré
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Oui ... Re: Votre rapport aux mots

Message par Givré »

Oui ... les mots, les mots ... j'ai toujours été amoureux, moi, des mots ... :-)
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"La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie" Sénèque

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Re: Votre rapport aux mots

Message par Tails »

mangalore a écrit : Il y a des expressions qui me rendent dingues et je fais toujours un effort parfois très fatiguant pour ne pas reprendre mon interlocuteur...le fameux 'je m'excuse' !! On ne s'excuse pas soi même, mais on présente ses excuses. Libre ensuite à l'autre de les accepter (bon gré, mal gré).
C'est intéressant ce que tu dis là car, pour moi, justement utiliser "je m'excuse" ou "excuse-moi" dépend de la situation émotionnelle. Je m'explique : pour moi utiliser "je m'excuse" présente un côté d'affirmation, JE m'excuse, je ne baisse pas la tête, j'ai fait une connerie mais je l'assume mais ce n'est pas pour autant que je vais me dénigrer ou me sentir diminué par rapport à la personne en face. Ensuite "excuse-moi" alors là c'est tout le contraire, j'ai fait une connerie, une grosse connerie, je sais pas comment faire pour être excusé, je me sens mal, je suis sais plus où me foutre. Du coup pour moi les deux sont justes et traduisent bien ces "émotions" qui conditionnent mon langage, mes expressions.

Par contre je vois que certains ici donnent une très grande importance à la signification des mots. Personnellement, si je suis conscient que les synonymes ne sont jamais parfaits, j'avoue avoir du mal à rechercher.
Kordyween a écrit :Donc à la question :
« Est-ce que vous aussi vous avez l'impression parfois d'être "handicapés" par les mots lorsque vous discutez ? »
je répondrais oui, parfois, mais pas dans le même sens que toi. Ce n'est pas tant le sens et l'affect mis dans les mots qui m'handicapent que les subtilités que j'y vois et que je suis parfois seule à voir dans mon entourage. Il m'arrive même parfois d'utiliser un mot en anglais dans une phrase en français car les subtilités du mot en anglais représentent mieux ce que je tente de dire que les mots en français que j'ai pu trouver. :oops:
Je ne pense pas que ce soit un problème de la langue française pas assez riche mais plutôt qu'on n'utilise qu'une partie (de plus en plus réduite ?) de cette langue dans le langage courant (à mon grand regret) et que ces subtilités entre les termes sont peu à peu oubliées au profit au de termes « communs ».
En fait c'est encore plus tordu que "juste" l'affect, parce que je mélange l'affect ET le problème de définition. Du coup ça devient un bordel du diable quand je parle (en débat la plupart du temps) parce que, pour une raison on me reprend sur un mot parce qu'on ne comprend pas ce que je veux dire ou alors qu'on est pas d'accord avec ma définition, alors j'essaye de choisir mieux mes mots pour faire piger à l'autre ce que j'essaye de dire, mais l'autre (souvent) ne pige toujours pas, on me dit ensuite que j'ai tord et que je ne veux pas l'admettre et là j'ai envie de dire "Mais :swear: c'est TOI qui pige pas ce que je suis entrain de dire espèce d'imbécile !", mais je me retiens parce que j'ai pas envie de paraître pour un petit prétentieux ou un Mr-je-sais-tout, alors je m'échauffe (ça boue à l'intérieur), je devient fébrile, je m'excite, je bouge dans tous les sens, je parle plus vite, le cerveau s'emballe, ça part dans tous les sens, les mots veulent tous sortir à la fois, vite, vite ! Plus le temps de penser à une définition particulière, j'enchaine les synonymes pour préciser mon idée et BIEN SUR il faut qu'on me reprenne sur les synonymes MAIS JE SAIS QUE CE NE SONT PAS DES SYNONYMES EXACTS TRIPLE BUSE ! Mais il faudra bien que je trouve d'autres moyens de t'expliquer vu que tu as l'air d'avoir décidé de ne pas vouloir comprendre ce que je veux te dire. Tu vois le genre ? Tout es lié, j'explose parce qu'on me reprend sur les mots et que ça devient un débat de définition de tel mot plutôt qu'un débat de fond...
arizona a écrit :Il y a des mots que j'adorais. Caniveau. Je pouvais le répéter des heures, caniveau, caniveau. C'était une chose terrifiante qu'un caniveau, parfois inoffensif, mais parfois terrible. Des flots d'eau qui sont emportés dans cette petite chose, prenant tout au passage, pour s'engouffrer... quelque part. Dans la terre. Lorsque le film " la lune dans le caniveau " est sorti, je devais le voir. Ce qui est drôle, c'est que je ne m'en souviens pas, sauf que la fille Kinsky, elle est aussi belle que son père est fou. On parlait de ça avec Givré l'autre jour, en buvant notre petit verre. Comment des mots peuvent être troublants, et attirants. Bratislava. Ouagadougou. Est-il possible de ne pas vouloir aller jusque là simplement pour être dans le mot ? Se noyer dedans ? Il y a des livres que je devais lire, à cause de leur titre. Ou tout au moins les avoir chez moi, même si je ne les lisais pas.
Aaaaaah !!! :mrgreen: :mrgreen: Je suis pareil ! il y a des mots qui ont une consonance qui attire mon oreille et juste par rapport à cette consonance ça part comme dans l'idée de la boussole que j'ai décrit plus haut, je vois les mots ou je vois quelque chose qui se rapporte au mot (structure est le premier qui me vient à l'esprit, c'est un mot qu'on utilise beaucoup en science politique et moi du coup je vois la société comme un carcan ou un monument métallique qui contraindrait les invidus, bref). Après un truc que j'adore faire c'est répéter certains mots encore et encore jusqu'à ce qu'ils n'aient plus de sens, juste pour la sonorité et juste pour la contemplation du mot, le voir un peu sous toutes coutures, se demander d'où il vient etc. (comme l'a dit mangalore un peu), j'ai adoré le cours de linguistique historique j'ai pu suivre justement pour ça : savoir comment un mot évolue, et dans un autre registre je me marre comme pas deux devant "Scènes de Ménages" dans la scènette où José réfléchit au pourquoi de "Saucisse, sassigia (pas sûr de l'orthographe ><) etc." dans les langues latines et de "Wurst" en allemand pour en arriver à la conclusion que le mot originel était "Saussurst" haha ! J'adore !

mangalore
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Re: Votre rapport aux mots

Message par mangalore »

C'est intéressant ce que tu dis là car, pour moi, justement utiliser "je m'excuse" ou "excuse-moi" dépend de la situation émotionnelle. Je m'explique : pour moi utiliser "je m'excuse" présente un côté d'affirmation, JE m'excuse, je ne baisse pas la tête, j'ai fait une connerie mais je l'assume mais ce n'est pas pour autant que je vais me dénigrer ou me sentir diminué par rapport à la personne en face. Ensuite "excuse-moi" alors là c'est tout le contraire, j'ai fait une connerie, une grosse connerie, je sais pas comment faire pour être excusé, je me sens mal, je suis sais plus où me foutre. Du coup pour moi les deux sont justes et traduisent bien ces "émotions" qui conditionnent mon langage, mes expressions.

Je dois avouer que j'ai déjà pensé à cette version :)
'ouais ok j'ai merdé...je m'excuse....' mais le sens est malgré tout plus fort que le sentiment que la phrase doit donner.


Par contre je vois que certains ici donnent une très grande importance à la signification des mots.

Oh oui ! Pas plus tard qu'hier soir avec mon fils (5 ans1/2, diagnotisqué) me dit en regardant d'un oeil un dessin animé et en jouant sur l'ipad en même temps 'ce qu'il a dit n'est pas juste'.....'quoi ? ' ...'oui il a dit, "il faut que tu fasses ça tout de suite, s'il te plait" et ce n'est pas juste'.
J'avais tout de suite compris ce qu'il voulait dire, mais je voulais savoir si nous étions sur la même longueur d'onde et s'il avait bien compris le sens des mots. Je n'ai pas été déçu, s'en suivi un monologue de 5 bonnes minutes sur le fait qu'on ne peut pas dire s'il te plait quand on oblige quelqu'un, mais que c'est un ordre et qu'il ne faut pas discuter...etc..etc...
Ensuite c'était à mon tour, pendant le diner en lui demandant de chercher quelque chose dans le frigo et après l'avoir remercié il me dit 'de rien', et là en famille avec sa soeur et mon épouse est venu le débat sur le 'de rien' et le 'je t'en prie'.
Oh oui, je pense que je suis sacrément perturbé, c'est ce que vous êtes en train de vous dire en me lisant :)
Mais répondre 'de rien' alors que l'on a fait un effort pour rendre service ce n'est pas juste, il vaut donc mieux dire 'je t'en prie'....
Bon, avec ça on a de quoi animer de bonnes soirées autour de la table :)

Tails
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Tails »

mangalore a écrit :Ensuite c'était à mon tour, pendant le diner en lui demandant de chercher quelque chose dans le frigo et après l'avoir remercié il me dit 'de rien', et là en famille avec sa soeur et mon épouse est venu le débat sur le 'de rien' et le 'je t'en prie'.
Oh oui, je pense que je suis sacrément perturbé, c'est ce que vous êtes en train de vous dire en me lisant :)
Mais répondre 'de rien' alors que l'on a fait un effort pour rendre service ce n'est pas juste, il vaut donc mieux dire 'je t'en prie'....
Bon, avec ça on a de quoi animer de bonnes soirées autour de la table :)
Alors je pense droit le contraire de toi. Je m'explique : De rien, pour moi, veut dire que le fait d'avoir rendu service n'était "rien" dans le sens où le fait d'avoir rendu service ne nous a pas posé problème, qu'on l'a fait de bon coeur. Par contre le "je t'en prie" pour moi serait plutôt de l'ordre du : "Je t'ai rendu service, je te prie de me remercier" et du coup forcément plus égocentrique que le "de rien". Tout dépend justement, comme je le disais plus haut, de l'état émotionnel dans lequel on se trouve. Je serais plus enclin à répondre "de rien" si le fait d'avoir rendu service me donne une réelle satisfaction (sur quelque plan que ce soit), à l'opposé je répondrais plus facilement : "Je t'en prie" si le service a demandé un réel effort (de nouveau sur quelque plan que ce soit) de ma part et que je cherche vraiment à avoir un remerciement.

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Re: Votre rapport aux mots

Message par pixelvois »

Z'avez qu'à répondre « avec plaisir ! » comme ils disent dans le Sud-Ouest : que cela soit par rapport au remerciement ou au service rendu, dans tous les cas l'implicite et/ou le sous-entendu que chacun y met reste très proche et mettra tout le monde d'accord :mrgreen: ...
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Nami Tama
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Nami Tama »

Hiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! :faitdesbonds:
J'adore ce sujet merci !

Vos témoignages me font me sentir moins seule, et moins "psychorigide du verbe", pour reprendre une charmante description dont mon entourage m'a parfois affublée.

Mon rapport aux mots, c'est une histoire d'amour. J'aime passionnément, follement les mots et la langue française. (Certes c'est la seule que je connaisse suffisamment pour jouer sur les subtilités, mais cela ne change rien à l'amour que je lui porte.)
Les mots sont mes couleurs pour transmettre mes émotions et mes idées. Et le dictionnaire est mon meilleur ami.
J'ai un tel besoin de précision dans l'expression que j'en viens à m'énerver profondément quand les gens utilisent un mot pour un autre.

Comme beaucoup ici, j'accorde beaucoup d'importance aux nuances des mots. Et je ne supporte pas qu'on me reproche de ne pas comprendre quand on me dit une chose à la place d'une autre. Pour reprendre l'exemple des synonymes d'embarcation, quand on me dit "j'ai pris le bateau" alors qu'en fait je dois comprendre "j'ai fait un tour de barque", et qu'on me dit "c'est pareil", je serais prête à casser quelque chose.

Je ne me sens pas handicapée par ce besoin de précision. J'ai plutôt l'impression que cela gêne les autres. :geek1:
Aujourd'hui, quand je sens qu'une conversation longue ou qu'un débat s'amorce, je commence par demander ce que les gens entendent par tel ou tel mot.
Trop souvent, chaque personne à sa propre définition d'un mot. Comment voulez-vous communiquer sans base commune ? :violent1:
(Le plus pénible étant quand je dois expliquer une définition à mon interlocuteur en allant chercher une autre définition parce qu'il ne saisit pas les nuances et différences. Dans ces cas là, je leur ferais bouffer le dico ! :@ )
Ceci étant, je ne vois pas de mal à avoir sa propre compréhension d'un terme, mais encore faut-il préciser dès le départ que ce que l'on entend par un mot ne correspond pas à sa signification réelle ! :coleredefeu:

Pour la petite anecdote, ce grand soucis de précision dans l'expression est si flagrant chez moi, qu'il apparaît comme commentaire de ma psy sur mon bilan de WAIS-IV. :lol:
Il fait que mes explications, ou discours, semblent souvent tarabiscotés pour mes interlocuteurs. Ils se perdent dans mes précisions, souvent parce qu'ils ne saisissent pas toujours les nuances dans mes propos et ont du coup l'impression que je me répète inutilement.
Or, je ne me répète pas, je précise ! :P

J'adore les mots, vraiment, et même si je m'énerve quand la communication est difficile, je suis toujours ravie d'avoir recours au dictionnaire : je corrige mes erreurs, j'acquière plus de précision dans mon discours et de variété dans mon vocabulaire.
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Pier Kirool
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Pier Kirool »

Mon rapport me parait simple : il faut utiliser le bon mot au bon endroit. J'ai l'impression de capter les ambiguïtés plus vite que mon ombre...C'est fatiguant à la longue.
J'aime bien aussi les textes/discours synthétiques sinon, cela me le rend suspect.
J'adore les jeux de mots.
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Re: Votre rapport aux mots

Message par mangalore »

Pierre Kirool a écrit :Mon rapport me parait simple : il faut utiliser le bon mot au bon endroit. J'ai l'impression de capter les ambiguïtés plus vite que mon ombre...C'est fatiguant à la longue.
J'aime bien aussi les textes/discours synthétiques sinon, cela me le rend suspect.
J'adore les jeux de mots.

Je ne sais plus qui disait que savoir bien s'exprimer ce n'est pas forcément avoir beaucoup de vocabulaire mais savoir s'adapter à son auditoire. Savoir parler d'jeuns à des jeunes (bon là d'accord ça tient de la langue étrangère parfois :) ).
Ce qui m'étonne aussi, c'est la perte (ou disparition) de certaines vieilles ? expressions :
A brule pourpoint
Se cogner le petit juif
avaler par le trou du dimanche
Tirer à hue et à dia
....
Triste non ? Certains disent qu'il faut vivre avec son temps, mais franchement c'est quand même mieux que 'ouaich ca s'passe ???? '.... :coleredefeu:

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Re: Votre rapport aux mots

Message par Nami Tama »

Pierre Kirool a écrit :Mon rapport me parait simple : il faut utiliser le bon mot au bon endroit. J'ai l'impression de capter les ambiguïtés plus vite que mon ombre...C'est fatiguant à la longue.
J'aime bien aussi les textes/discours synthétiques sinon, cela me le rend suspect.
J'adore les jeux de mots.
C'est un idéal à atteindre en effet. :) Encore faut-il que le bon mot soit connu de tous les interlocuteurs. Et que le locuteur ou la locutrice ne soit pas logorrhéique :P
Tu me vois bien navrée de t’apparaître suspecte.
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Korydween »

Ça ma rappelle quand ma maman, prof de math, a demandé à ses élèves de lycée :
« si je vous demande comme ça, à brûle pourpoint «
«à Qui ?»
« de manière impromptue«
«quoi ??»
Pas un ne connaissait ces deux mots.

Je suis d'accord avec toi mangalore. Oui la langue française évolue, et heureusement car elle est vivante, mais j'ai le sentiment qu'elle évolue vers un appauvrissement... Et ça me déprime.
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Pier Kirool »

Nami Tama a écrit :Tu me vois bien navrée de t’apparaître suspecte.
Qu'est-ce que j'ai dit qui te laisse penser ça ?
[edit]@ Nami : pas de problème, non, non, je n'avais (encore...) rien remarqué..[/edit]
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Re: Votre rapport aux mots

Message par Nami Tama »

Je me disais simplement que comme j'étais du genre logorrhéique, mes interventions devaient te paraître suspectes. :P
Ce n'était qu'une plaisanterie, je ne voulais pas faire de reproche, ni n'exprimais de vexation.

Désolée si je me suis mal exprimée :geek1:
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magui27
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Re: Votre rapport aux mots

Message par magui27 »

J'adore ce sujet. Je me retrouve complètement dans une partie de ce que vous dites. Je ne mettais jamais beaucoup plus attardé sur ce sujet car je pensais que tout le monde pensait comme moi.

Les mots et la lecture j'adore ça (même si je ne suis vraiment pas doué en orthographe). Quand j'étais au lycée, j'ai arrêter de lire parce qu'un professeur m'avait dégoutté de la lecture et je me suis rendu compte qu'au fil du temps, mon vocabulaire diminuait grandement.

Je me rend compte en vous lisant le pourquoi du comment de certaine situation dans lesquelles je me suis trouvée.
J'ai fait récemment un mémoire sur la coéducation chez les Scouts et Guides de France. La coéducation est différente de la mixité car c'est le fait d'éduquer les garçons et filles ensemble en prenant en compte leurs différences liées au genre (la mixité est éduquer tout le monde de la même manière). Et bien quand quelqu'un me posait des questions sur mon mémoire, je me sentais obligé dans la conversation de définir le terme de coéducation car, c'était physique, je ne pouvais pas utiliser "mixité" pour facilité la discussion (ça a même été le cas lors d'un entretient d'embauche, je pense qu'ils ont du me prendre un peu pour une folle.

Le flot continuel de parole, je connais aussi. Des fois je ne maîtrise pas du tout. Alors je parle et je pose ma chère et tendre question "vous avez compris?" Le plus souvent c'est "non".

Je trouve quand même cela embêtant quand on parle avec des gens qui n'utilise pas les mots avec leurs réelles définitions. Personnellement, je marche un peu sur des œufs. Je ne sais jamais comment cela va être perçu et certains mots ont des définitions neutres ou orientées en fonction de la représentation qu'on s'en fait (je trouve que l'exemple de "norme" et "déviance" est assez représentatif). Je n'ai donc toujours pas compris une situation de mon travail où une personne m'a dit "il faut mettre un coup de pression aux enfants, façon de parler"...?
"Le bonheur ne vient pas à ceux qui l'attendent assis!" Baden Powell

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